Durant la grande conférence Nintendo Switch de Janvier 2017, Square Enix annonça un nouveau projet en collaboration avec le studio Acquire et l’équipe en charge de la série Bravely sur Nintendo 3DS. Le projet garda finalement son nom initial et c’est ainsi que Octopath Traveler sortit sur Nintendo Switch en Juillet 2018. Le succès du titre marque un tournant pour la Team Asano qui s’attelle sur d’autres projets pour la Nintendo Switch en utilisant ou non leur dernier bijou technologique, le moteur HD-2D. Square Enix profite de leur dernier atout technique pour proposer un remake de Live A Live ou Triangle Strategy sur Nintendo Switch. Toujours content du résultat, Square Enix continue sur la lancée avec l’annonce d’un second opus d’Octopath Traveler sur console. Nous avons eu l’occasion de toucher à Octopath Traveler II et quoi de mieux que de vous donner un avis rapide sur ces nouveaux voyages.
Huit nouveaux voyages inoubliables?
De la même manière que dans le premier jeu, en lançant la partie, Octopath Traveler II nous propose de commencer le jeu en choisissant de jouer un des 8 nouveaux personnages du jeu. Nouveau casting et nouveau monde mais toujours une traduction du texte propre en de nombreuses langues dont le Français ainsi que le choix de doublage japonais ou anglais disponible d’entrée de jeu. Sur les quelques heures que nous avons pu effectuer, nous pouvons vous confirmer que pareillement au premier jeu, le choix initial importe peu puisque votre voyage vous permet de croiser librement la route des autres personnages et de jouer leurs histoires. Chaque histoire est divisée en plusieurs chapitres vous envoyant d’un bout à l’autre du monde en vivant les péripéties de chacun des 8 héros du jeu.
Ceux-ci répondent aux noms et aux professions suivantes: Osvald un érudit, Temenos un prêtre, Throné une voleuse, Pochette une chasseuse, Castti un apothicaire, Partitio un marchand, Agnéa une danseuse et Hikari un épéiste. Ceux ayant les références remarquent une nouvelle fois que la première lettre de leur nom forme le titre Octopath. Chacun des personnages possède son intrigue propre avec parfois des récits aux allures profondes et d’autres récits aux allures innocentes. Nous voguons entre scénario allant d’une histoire de lignée maudite sur fond de lutte de trône pour Hikari à celle d’une jeune fille souhaitant suivre la glorieuse carrière de vedette d’une mère décédée aux côtés de la danseuse Agnéa. Comme pour le premier jeu, chaque récit et chaque personnage semble avoir une intrigue à lui plus ou moins pertinente à suivre dans l’écriture mais difficile d’affirmer à ce jour si l’intrigue de l’un influencera sur les autres. Chose qui manquait un peu dans le premier jeu.
Pareillement, difficile de jauger la durée de vie globale de l’expérience. Nous avons joué quelques prologues de personnages sur quelques heures de jeu. Il nous semblait au moins entrevoir une durée similaire au précédent jeu. Ceux ayant fait le précédent titre reconnaîtront directement le style de progression mais également le gameplay d’Octopath Traveler II. Une expérience faisant directement écho aux anciennes gloires du JRPG de l’époque 16-bits. Un gameplay partagé entre exploration de ville reliée par différentes routes du monde, des donjons mais aussi des combats au tour par tour. Pour ce qui est de l’exploration, Octopath Traveler II reprend les bases du genre, notamment de l’exploration de villes et de donjons en 2D. Les villes vous permettent d’interagir avec les PNJ, récupérer des quêtes, vous soigner à l’auberge ou faire votre plein en objets et équipements dans les boutiques. Notons la présence d’un voyage rapide entre les villes que vous avez traversées au moins une fois. Les routes entre chaque ville et les donjons sont le refuge de nombreux monstres non visibles sur la carte. Nous revenons ainsi à la mécanique de rencontre aléatoire classique du genre et semblable au premier jeu.
Pour développer un peu plus la partie exploration du jeu, la mécanique de talent des personnages, présente dans le premier jeu, revient pour donner une dimension toujours plus profonde à votre aventure. En effet, Octopath Traveler mise sur les interactions avec les PNJ de son monde pour vous immerger bien plus que d’habitude dans son lore et son univers. Vos personnages ont chacun leur histoire, leur profession et ainsi donc leur talent pour interagir avec les PNJ. Un guerrier comme Hikari a la possibilité de provoquer un PNJ en duel. Remporter le combat vous permet de gagner de l’XP, de l’argent et des PC mais surtout d’apprendre une compétence de combat du PNJ. Agnéa peut danser pour un PNJ pour tenter de le charmer et l’inciter à vous accompagner dans votre aventure. Il devient ainsi possible de faire appel au PNJ en tant qu’unité de soutien en combat.
Les fans du premier jeu le remarquent déjà sur ces quelques lignes mais le second opus apporte des nuances et quelques changements subtiles sur ces interactions. Par exemple, Hikari reprend le talent d’Olberic dans le premier jeu, la subtilité étant que Hikari peut apprendre une compétence du PNJ. Ainsi chaque PNJ du jeu possède des compétences plus ou moins différentes pour motiver les joueurs à les affronter. Afin de ne pas se retrouver avec une liste interminable de compétences, l’apprentissage des compétences est limité à 5 techniques remplaçables. Visible d’emblée sur l’écran titre, le changement majeur lié à cette mécanique de talent provient du cycle jour/nuit d’Octopath Traveler II. Ainsi, nos protagonistes n’ont pas 1 seul talent mais 2 selon que nous interagissons avec les PNJ le jour ou la nuit.
Le cycle est interchangeable d’une simple pression sur la gâchette ZR permettant ainsi de ne pas obliger les joueurs à faire les 100 pas sur la carte ou des aller-retours à l’auberge comme ce qui se fait très souvent sur d’autres titres du genre. Pour donner un exemple, de jour Hikari peut provoquer les autres en duel tandis que le soir il peut soudoyer les PNJ afin d’obtenir des informations utiles à la résolution de certaines quêtes du jeu. La somme à dépenser dépend de chacun des PNJ. Par ailleurs, certains PNJ apparaissent ainsi uniquement le jour ou la nuit, influençant ainsi l’acquisition et la résolution des quêtes annexes. Le prologue de chacun des protagonistes sert à présenter le début de chacune de leurs histoires mais également de vous faire la main sur leur talent de jour et de nuit. Il s’agit maintenant de voir le caractère unique et pertinent de ces talents. Il serait dommage d’avoir des talents qui se retrouvent chez un autre protagoniste, faisant ainsi un genre de doublon diminuant l’intérêt d’un personnage sur d’autre.
Arrivera-t-il à briser la routine du premier jeu?
Pourtant, au-delà de leur talent, durant l’exploration, la pertinence des protagonistes prend également une autre dimension en combat. Avant tout, rappelons que les rencontres sont aléatoires et nous nous souvenons du taux de rencontres abusivement élevé dans le premier jeu. La correction est subtile dans Octopath Traveler II et elle est directement liée au cycle jour/nuit. Ainsi, de jour, les rencontres sont moins fréquentes que la nuit. Par ailleurs, il est possible de sprinter mais les rencontres faites en plein sprint peuvent être plus dangereuses.
En additionnant ces éléments, si le jeu nous demande de farmer de l’expérience, il sera certainement plus aisé de le faire tandis que l’avancée dans l’histoire sera potentiellement mieux rythmée. Nous élaborons cela au conditionnel dans la mesure où sur ce que nous avons fait, nous avons pu constater une grande différence sur le taux de rencontres entre le jour et la nuit mais il arrive que le hasard ne joue pas en notre faveur même de jour. A voir si cela arrive plus qu’il ne faut et si le farme devient aussi lourd que le premier jeu à la longue.
Rentrons dans le vif du sujet en parlant des combats. Basiquement, l’expérience est similaire au premier jeu avec quelques changements subtils comme dans la phase d’exploration. Pour rappel, nous sommes sur un tour par tour avec un groupe formé de 4 protagonistes sans compter d’éventuels renforts de PNJ. Un historique de tour est visible en haut de l’écran pour nous informer de l’ordre des tours de nos unités et des ennemis. Lors du tour d’action d’un de nos personnages, nous choisissons l’action à jouer parmi les classiques: Attaquer, Aptitudes, Objet, Défendre ou Fuir. Quelques subtilités tout de même, la possibilité de choisir l’arme de l’attaque si notre unité peut s’équiper de plusieurs armes.
Les aptitudes sont divisées entre nos compétences de classe et ce qui s’apparente à des spécialités propres à chacun de nos personnages. L’originalité d’Octopath Traveler provient de sa mécanique de “Break and Boost” qui vous demandera justement d’user des subtilités du système que nous avons cité. Le “Break and Boost”, c’est la possibilité de pouvoir totalement briser la garde ennemi et de grandement booster vos compétences ou attaques. Dans les détails, les ennemis ont un certain nombre de points de défense, en utilisant les faiblesses de ces ennemis nous pouvons faire descendre leurs points de défense. Ces faiblesses ne sont pas juste élémentaires mais potentiellement liées à une arme précise, d’où la pertinence de choisir l’arme de votre attaque.
Une fois le compteur à zéro, la garde de l’ennemi est totalement brisée, son action à venir est annulée puis celui-ci ne pourra pas agir durant son prochain tour. Totalement à notre merci, c’est à ce moment qu’il faut sortir nos meilleures attaques et en finir au plus vite. Pour assister vos offensives, la mécanique de “Boost” sera votre atout. Chaque tour, chacun de nos personnages gagnent 1 PE (Point d’exaltation), chacun peut accumuler jusqu’à 5 PE et il est possible d’utiliser 3 PE maximum en un tour. L’exaltation augmente le nombre d’attaques que nous effectuons et/ou booste les effets de vos aptitudes. Plus nous utilisons de PE en une fois, plus le boost sera conséquent.
Et repousse-t-il les limites de la HD-2D?
Venir à bout de nos ennemis demandera une certaine réflexion quant à la meilleure utilisation de nos aptitudes combinée à la mécanique de “Break and Boost”. Octopath Traveler II ajoute à cela, une mécanique de “Réserve d’énergie”, une sorte de compétence spéciale puissante propre à chaque personnage et utilisable uniquement en consommant la totalité de ladite “Réserve d’énergie”. Celle-ci se remplit au fur et à mesure du déroulé des combats. Autrement dit, cette mécanique fait office de “Signature move” propre à chaque personnage, mécanique que nous retrouvons finalement dans beaucoup de JRPG de nos jours. Il est également possible de booster les effets de cette “Réserve d’Energie” avec les PE.
Toujours dans la subtilité, Octopath Traveler II semble enrichir l’expérience proposée dans le premier opus. Au-delà de la “Réserve d’Energie”, nous avons pu observer dans les menus la présence d’Aptitude Spéciale encore labellisée de point d’interrogation à notre stade de jeu. Puis, il y a potentiellement aussi de subtils changements dans la mécanique de classe de personnages du jeu que nous n’avons pas encore pu beaucoup approcher sauf pour dépenser des PC (Point de Classe) afin d’obtenir plus de compétences à utiliser en combat puis débloquer des compétences passives à équiper.
Pour terminer sur ce que nous avons pu faire du jeu, il est important de parler de la partie technique du titre. D’autant plus que les développeurs de Square Enix n’hésitent pas à faire l’éloge de leur nouveau bébé sur ce point et d’en parler comme d’un nouveau palier atteint dans l’utilisation de la HD-2D. Au premier coup d’œil, le jeu est juste très similaire aux autres productions utilisant ce rendu HD-2D et par extension similaire au premier jeu. Un style pixel art 2D sublime mais avec un peu de clipping et un effet de flou en arrière plan. C’est surtout dans la grandeur du jeu et dans les détails que nous observons une différence. Les zones explorables, les routes ou les donjons ont plus de relief, plus de profondeur et plus de volume tout en restant une expérience 2D. Cela permet une exploration moins plates et monotone des zones avec, par exemple, des pontons sur lesquels embarquer sur des barques et explorer les rivières.
Puis l’augmentation de détail s’observe également avec plus de végétation, l’affichage de plus d’éléments de décor dans les villes comme sur les routes et donjons puis même en combat. Le cycle jour/nuit permet également subtilement de varier les décors en jouant sur les lumières. Nous constatons également un gain de détail à travers les animations de certaines scènes du jeu et à travers certaines animations de combat. Pour accompagner tout ça, la bande sonore semble toujours d’un niveau divin et il est fort probable en vu des sonorités que le compositeur du premier jeu, Yasunori Nishiki, soit également derrière l’OST du second opus. Des transitions sonores toujours maîtrisées et certainement aussi quelques expérimentations dans d’autres genres. Nous avons pu noter des thèmes légèrement plus inspirés du jazz. Il faut voir maintenant si les réalisations sonores et visuelles restent équilibrées sur la totalité de l’expérience. Ceci étant dit, sur ce que nous avons pu traverser, le jeu semblait bien adapté en TV comme en portable.
Impression:
Octopath Traveler II semble proposer une expérience aussi solide que le premier opus. Sans pouvoir développer sur tous les aspects du titre à ce jour. L’expérience semble enrichie et certains défauts du premier opus semblent corrigés pour avoir un titre mieux équilibré. Cet enrichissement se constate également avec les yeux avec ce qui semble être un gain considérable en détail proposé par une meilleure maîtrise du moteur HD-2D. Ainsi, nous ressortons plutôt confiants de cette première expérience sur Octopath Traveler II. Confiants que ce second opus puisse proposer une expérience efficace et maîtrisée du JRPG en ce début d’année 2023. Cependant, pour définitivement trancher sur la question, nous retournons tout de suite sur notre Nintendo Switch afin de vivre nos prochaines journées et nos prochaines nuits à parcourir le jeu.