Certaines annonces portées par les « Nintendo Direct » font plus mouche que d’autres… Certains titres attirent l’attention du plus grand nombre quand d’autres restent plus discrets. Blanc, à l’évocation déjà si atypique, a su sortir du lot et rapidement susciter curiosité et intérêt des joueurs par une présentation aussi bien poétique que minimaliste. Que pouvait-il bien se cacher derrière ce titre laissant esseulés un faon et un louveteau face à une épaisse couche de neige qui vient à ensevelir tout leur univers, et dès lors, tout notre écran ?
Développé par Casus Ludi et édité par Gearbox, Blanc est un titre qui s’adresse à première vue aux joueurs rêveurs et aux ambitions oniriques. L’histoire y est succincte et se résume en quelques lignes, retranscrites par quelques secondes graphiques à l’écran : chacun de leur côté, un faon et un louveteau se retrouvent isolés des leurs, suite à une imposante tempête de neige. Leur univers se pare d’un épais manteau blanc, tandis que leurs congénères ont disparu. Si nos deux jeunes animaux tentent dans un premier temps d’avancer chacun de leur côté, ils vont très rapidement unir leurs forces et ainsi mettre tout en œuvre pour retrouver les leurs.
L’union fait la force
Le menu général propose rapidement au joueur de choisir s’il préfère avancer en solo ou en multi. A plusieurs, l’aventure peut dès lors se faire en local ou en ligne. La réalisation de ce test ne nous a bien entendu pas permis de tester le mode online mais sa présence est une excellente chose et nous espérons qu’il sera riche d’occupants…
L’aventure se veut avant tout intéressante en multi et assez délicate en solo (voire clairement enquiquinante !). A deux, chacun pourra sélectionner l’animal de son choix (parmi le faon et le louveteau hein… N’imaginez pas vous prendre pour un ours ou pour un aigle !) et activer les attributs qui lui sont rapportés. Le déplacement s’effectue toujours au joystick et peu de boutons sont utilisés : sauter, interagir, aider son prochain (pour le faon), tout cela se fait assez simplement. Sur le papier tout du moins, puisque nous avons tout de même noté une certaine rigidité de nos petits héros qui se retrouvaient parfois dans des positions peu confortables, nous obligeant même à relancer la partie lors d’une première tentative visiblement sans option de sortie.
Louveteau et faon devront faire appel à leurs capacités respectives afin de suivre les traces de leurs congénères qui jonchent le sol. Le louveteau peut ainsi grignoter les cordes qui maintiennent par exemple quelques troncs (parfaits pour ouvrir le passage), ou encore tirer sur quelques mécanismes pour actionner une porte. Notre petit faon, quant à lui, sera à même de pousser des charges plus lourdes, mais aussi l’équipier idéal pour aider le louveteau à atteindre des plateformes trop hautes pour lui. La cohésion dans notre binôme est assez mignonne, même si elle manque de profondeur pour être totalement touchante.
La grande majorité du chemin est parfaitement visible pour nos deux acolytes et il suffit de rester dans les rails pour que l’aventure se déroule sans encombre. Quelques petites énigmes viendront parsemer la route, avec notamment la présence d’autres animaux. Ces derniers sont une véritable plus-value pour le titre, qui a tendance à tourner toujours autour des mêmes paysages. Les quelques espèces croisées donneront ainsi lieu à de nouvelles petites quêtes, voire même à l’éveil de quelques émotions. Néanmoins, elles restent peu nombreuses et ne viennent que parsemer le paysage blanc de désolation.
En solo ? Eh bien il faudra gérer les deux animaux en même temps ! Le Joy Con droit pour l’un, le Joy Con gauche pour l’autre. Et là, clairement, ça devient nettement moins poétique : la configuration des touches laissent imaginer une trajectoire parallèle des deux animaux, avec une prise en main simultanée. Dans les faits, il va falloir un petit temps d’adaptation pour vous y faire et les passages les plus délicats impliqueront très probablement le déplacement de l’un puis de l’autre. Ce n’est pas insurmontable, mais le confort de jeu est indéniablement plus important avec le contrôle d’un seul animal.
Plus blanc que blanc !
Véritable parti pris des développeurs, le blanc sera au cœur même de l’aventure. Il est à ce point présent qu’il semble être le héros de l’aventure, un protagoniste essentiel qui détient une place bien à lui tout au long de la balade. La neige sera l’élément central, mais elle sera complétée par quelques parcelles gelées, mais aussi par quelques brises plus ou moins fortes, voire carrément des tempêtes qui vous causeront à vous et à vos quelques amis, bien des désagréments.
L’impression de froid est bien présente, avec une enveloppe glaciale réussie tout au long du parcours. Néanmoins, ce plongeon dans la fraîcheur s’accompagne aussi de quelques incohérences graphiques. Puisque le jeu est uniquement en noir et blanc (avec plus de blanc tout de même, ce héros !), certains passages manquent dès lors de visibilité puisque blanc sur blanc… ça reste blanc.
Par ailleurs, la caméra fait parfois des siennes et peut camoufler lourdement la visibilité du joueur sur ses deux protégés. Bien entendu, il n’est pas toujours évident d’avoir deux protagonistes mobiles à l’écran, mais il nous est arrivé plus d’une fois de ne plus voir du tout notre louveteau ou notre faon, malgré quelques astuces classiques permettant la visibilité au travers de quelques éléments.
L’immersion dans cet univers est d’autant plus forte que la musique reste discrète, marquant simplement certains passages importants, certaines transitions de chapitres (au nombre de 10) ou quelques scénettes. Les bruitages laissent une part confortable aux bruits de pas, majoritairement dans la neige, mais aussi sur la glace avec une jolie réalisation sonore sous les sabots du faon. C’est délicat, presque subtil, mais cohérent. Le froid semble ainsi avoir dévoré tout sur son passage, y compris les bruits… Un peu comme lorsque nous partons tôt un dimanche matin tandis qu’il a neigé toute la nuit. Le « musical silence » de la neige épaisse…
Blanc comme neige
Les mécaniques de Blanc sont assez simples, le joueur est invité à suivre le chemin tracé, avec plus ou moins d’aide (selon les options sélectionnées dans le menu). Hormis les quelques rencontres, peu de surprises sont au rendez-vous, et au-delà d’une jouabilité discutable en solo, il s’agit du plus gros point noir (pour contrer un peu tout ce blanc !) du soft. Comptez 3 à 4 heures environ pour atteindre le générique de fin, avec une certaine lassitude qui risque de s’installer rapidement puisque l’impression de répéter sans cesse les mêmes tâches s’installe. Un seul moment véritablement fun se dégage du jeu, à toute vitesse… Nous n’en dirons pas davantage. Cet univers si particulier en méritait tellement plus !
Par ailleurs, et malgré un attachement certain pour le peuple animal, nous n’avons pas été particulièrement charmés par la (faible) faune présente dans le jeu. Le louveteau et le faon eux- mêmes manquent de charisme, avec des attitudes sans grand charme ou reflétant le déjà-vu. La fin elle-même manque de profondeur, rappelant qu’il ne suffit pas de mettre des bébés animaux pour émouvoir, même les plus sensibles (oooooooh que oui !).
Blanc est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 15 euros environ.
Le saviez vous ?
Casus Ludi est une agence qui travaille sur de nombreux projets variés mais tous porteurs de sens. Nous ne pouvons que vivement vous recommander leur site web présentant l’ensemble de leurs projets.
Conclusion
Véritable éloge au blanc, ce titre éponyme offre le temps de quelques heures un voyage dans la peau d'un louveteau et d'un faon qui parcourent quelques kilomètres pour retrouver leur famille respective. Si les mécaniques de jeu sont simples, ces dernières s'avèrent rapidement répétitives, avec bien peu de surprises au fil de la balade enneigée. L'univers, quant à lui, est cohérent avec un consistant manteau blanc de neige omniprésent et des aléas climatiques fréquents. En solo, l'aventure peut rapidement devenir laborieuse, néanmoins le multi est disponible en local et en ligne, décuplant les possibilités auprès des joueurs. Malgré l'épaisseur de la neige, l'ensemble manque malheureusement de profondeur et c'est restés sur notre faim que nous atteignons le générique de fin.
LES PLUS
- Une ambiance cohérente, avec une impression de fraîcheur réelle.
- Multi disponible en local et en ligne.
- Adapté à tous les âges avec une aide plus ou moins prononcée selon les options choisies par le joueur, et peu de touches utilisées.
LES MOINS
- Un mode solo qui peut vite rendre chèvre
- Une caméra qui fait parfois des siennes.
- Peu de surprises, avec des mécaniques qui se répètent.
- Un manque de profondeur générale dans l'histoire et dans ses personnages.
- Une durée de vie un peu faible.
Merci pour ce test !
c’est dommage que la forme soit privilégiée sur le fond,
dans le même genre j’attends beaucoup de Dordogne, j’espère qu’il ne sera pas décevant comme Blanc