Il y a pratiquement 20 ans au Japon, Bandai Namco proposait en exclusivité son premier opus phare de la série Tales of en Cel-Shading 3D exclusivement sur Nintendo GameCube. Le fameux Tales of Symphonia fut plus tard porté sur de nombreuses plates-formes dont un remaster HD pour ses 10 ans en 2013. Aujourd’hui, le jeu revient sur les plates-formes actuelles pour que les fans et ceux qui ne connaissent pas ce bijou du JRPG soufflent les 20 ans du jeu. La Nintendo Switch est concernée par ce retour et nous avons justement pu parcourir Tales of Symphonia Remastered afin de vous dresser notre bilan sur cet énième périple à la Régénération du monde.
L’élue vient régénérer la Nintendo Switch
Quand le mana, source d’énergie indispensable au monde, commence à manquer, la Déesse Martel choisit une élue pour entreprendre un périple autour du monde afin de restaurer le niveau de celui-ci. Dans l’équation s’ajoute la consommation de mana des fermes humaines de Désian, puissante faction armée semant la terreur sur le monde. Le périple de la Régénération du monde est un périple permettant à l’élue désignée par la Déesse Martel de restaurer le mana et éventuellement d’affaiblir l’impact des Désians sur le monde. Au début de notre aventure, nous incarnons Lloyd Irving mis au coin de sa classe au village d’Isélia. Le professeur Raine Sage profite de son cours pour nous présenter la légende du héros Mithos, expliqué une nouvelle fois le rôle de l’élue et du périple de la Régénération.
La séquence nous permet également de découvrir les camarades de classe de notre héros, Colette Brunel et Génis Sage. La première semble destinée à être la prochaine élue tandis que le second est le petit frère du professeur Raine. En plein milieu de la leçon, le Temple de Martel situé près du village émet une lumière scintillante interpellant les élèves et interrompant le cours. Le professeur Raine ordonne aux élèves de rester calmement en classe pendant qu’elle se rend au temple pour voir ce qu’il en est. Quelques minutes après, Lloyd curieux de la situation propose à Génis et Colette d’aller au Temple vérifier ce qu’il se passe. Il s’agit peut-être même, selon eux, de la prophétie annonçant le début du périple de la Régénération.
En arrivant au Temple, nous constatons que les prêtres sont attaqués par ce qui semble être un bataillon de Désian. Notre élue prédestinée ne veut pas rester les bras croisés et est prête à faire face à ces derniers. Lloyd et Génis lui portent alors assistance mais face à un ennemi plus coriace, nos jeunes étudiants semblent dos au mur. C’est alors qu’un mystérieux et puissant mercenaire apparaît et nous aide à forcer les Désians à la retraite. Celui-ci se présente comme étant Kratos et se propose de remplacer les prêtres pour accompagner Colette lors de son voyage pour recevoir sa prophétie et réaliser sa mission en tant qu’élue. Lloyd et Génis se proposent de les accompagner. Après quelques énigmes et combats de monstre, l’ange Remiel apparaît au cœur du temple et se présente comme étant le vrai père de Colette Burnel.
Il fait apparaître la Tour du Salut aux yeux du monde, une tour culminant au-delà des cieux et symbole du début du périple de la Régénération du monde. Il invite alors sa fille à entreprendre son périple d’élue et à aller prier dans des sanctuaires aux quatre coins du monde afin de le retrouver, mais aussi d’acquérir progressivement ses pouvoirs d’ange et de restaurer le monde. L’ange Remiel repartira alors aussi soudainement qu’il fut apparu et nos protagonistes retournent au village. Colette se prépare pour son périple avec le mercenaire Kratos et le professeur Raine tandis que Lloyd et Génis sont écartés du voyage. Lloyd, habitant à l’écart du village, est raccompagné par Génis jusqu’à chez lui. Ils passent alors par la ferme humaine des Désians, proche de leur village. Génis prend le risque de s’en approcher afin de parler à une vieille dame du début du périple de la Régénération. Lloyd constate que celle-ci porte une exsphère sans serti-clé et en explique les risques en promettant de trouver une solution pour l’amie de Génis. Alors que les Désians constatent la présence de Lloyd et Génis, notre héros arrive à faire diversion et à s’en sortir.
Pourtant, les Désians retrouvent la trace de nos héros et considèrent leur acte comme une violation du traité de non-agression signé avec le village d’Isélia. Par conséquent, les troupes Désians mettent le feu à tout le village. Arrivant tant bien que mal à repousser les envahisseurs, Lloyd doit faire face aux conséquences de ses actes et il est ainsi banni d’Isélia avec Génis. Qu’à cela ne tienne, nos héros y voient un bon prétexte pour rattraper le groupe de l’élue et tenter de se faire racheter en accomplissant le périple de la Régénération du Monde. Un très long voyage au bout duquel le sort d’un monde peut cacher bien d’autres révélations. Entre fin du monde, trahison et histoire de personnages attachants aux fins multiples sur une bonne cinquantaine d’heures avec parfois quelques cinématiques en animation par le studio Production IG, Tales of Symphonia vous emportera à travers ses nombreux rebondissements afin de vous prouver encore une fois qu’il est bien un des opus les plus inoubliables de la saga Tales of. Et cela, sans compter les quelques mini-jeux amusants pour se détendre entre deux grandes sessions.
Quand Tales of passait pour la première fois en 3D!
Tales of Symphonia est le 5ème opus de la série mais c’est également le plus populaire encore aujourd’hui en Occident et le premier à tenter la transition 3D. Cela n’empêche pas Tales of Symphonia de se reposer d’abord sur des bases solides et efficaces du genre. Une exploration des villes proposant des infrastructures très basiques comme des boutiques pour effectuer ses achats d’équipes et d’objets ou des auberges pour permettre à nos héros de reprendre leur force. Des donjons sont parfois situés sur la carte du monde, parfois m au sein même d’une ville et dans lequel il faudra progresser en résolvant diverses énigmes avec au bout un boss lié ou non au scénario à affronter. Le jeu présente une carte du monde immense explorable à pied puis en avançant dans le jeu avec divers moyens de transport. Puis, surtout, il y a des ennemis visibles avec transition fluide vers un combat en rentrant en contact avec eux.
Avant de nous attarder sur les combats, il faut revenir sur l’exploration du monde et du récit de Tales of Symphonia haché entre passage très linéaire et passage plutôt libre. Effectivement, les passages linéaires sont beaucoup plus présents sur une bonne moitié voire sur les deux tiers du scénario du jeu. Cela n’empêche pas d’avoir la surprise d’avoir une progression plus ouverte à certains moments. Par exemple, peu après le premier sceau où le jeu nous suggère de suivre un certain itinéraire mais qu’il est tout à fait possible d’explorer le monde et briser les sceaux restants sans suivre l’itinéraire suggéré. Malgré tout, il n’est pas rare qu’en atteignant un certain endroit, le jeu ne nous laisse plus de liberté jusqu’à être venu au bout du passage. Il n’est également pas rare d’enchaîner de longues séquences et des boss sans pouvoir effectuer de sauvegarde. Il n’était certainement pas si compliqué en 2023 d’ajouter une auto-save.
Tales of Symphonia est également encore de cette époque du JRPG où beaucoup d’événements secondaires et des quêtes ne sont possibles que durant un temps limité du récit sans que rien ne nous l’indique clairement. Si vous êtes du genre complétionniste, cela signifie qu’il est fort probable qu’un 100% vous demande plusieurs New Game + et d’interminables allers-retours. Toutefois, la série Tales of offre toujours la possibilité d’avoir une run parfaite simplifiée en New Game + avec les bonus que vous pouvez acheter avec vos points accumulés sur une run terminée. Des bonus comme de l’XP décuplé, conserver notre compendium ou encore le fait de garder ses techniques les plus puissantes parmi d’autres possibilités. Il existe bien des bonus avec même la possibilité de rejouer sur des niveaux de difficulté plus élevés et vous confronter à des boss annexes d’un tout autre niveau que ceux du récit.
Le passage à la 3D sur les phases d’exploration apportait de la profondeur et un sentiment de grandeur des environnements nouveaux à la série. D’ailleurs, pour la première fois dans la série, les rencontres n’étaient plus aléatoires et cela restait un sentiment nouveau de voir ce monde envahi d’ennemis à combattre. Venons en justement aux combats, Tales of Symphonia introduit une évolution majeure de son système de combat en temps réel sous la longue appellation de Multi-Line Linear Motion Battle System. Ce terme barbare explique que contrairement aux précédents opus 2D où les combats en temps réel se jouaient sur un seul axe, cette fois-ci les axes sont multiples puisque l’aire de combat passe également en 3D. Tales of Symphonia propose pour la première fois des aires de combat plus vastes que jamais et de la stratégie impliquant votre positionnement sur cette zone en 3D.
En tout cas, dans la présentation et sur le papier, c’est la promesse qui nous est faite. La vérité c’est que Tales of Symphonia présente les prémices de la mécanique de “Free Run” que nous retrouverons plus tard dans d’autres opus 3D de la série. Dans les faits, quand nous jouons en mode “Manuel”, mode dans lequel nous avons le contrôle total de notre personnage, il n’y a aucun bouton ou fonctionnalité qui nous permettent de faire librement le tour de la zone de combat. Nous jouons des combats qui sont simplement présentés en 3D mais l’action en temps réel est surtout sur un axe 2D avec quelques déviations d’angles dépendamment de la caméra ou du hasard. En mode “Semi auto” les déplacements étant gérés par le jeu, celui-ci nous permet d’avoir un plus grand semblant de déplacement en 3D.
Pourtant, comme le nom du mode le suggère, le contrôle du personnage n’est plus totalement nôtre. Nous contrôlons uniquement les attaques et les artes de combat. Les possibilités sont très vite restreintes et il est préférable, soit de laisser l’I.A. tout gérer, soit de contrôler totalement notre personnage. Il est possible en combat de changer de personnage à contrôler, changer ses artes, son équipement ou utiliser des objets. Nous pouvons également jouer les combats en multijoueur local. Les combats font appel à 4 personnages où chaque joueur peut en contrôler un et venir vous assister à la place de l’I.A. Nous pouvons gérer les stratégies de cette dernière mais dont les actions seront toujours moins pertinentes que celui d’un véritable joueur.
Le Remastered incomplet?
Nous ne faisons que développer en surface le système de combat et sa nouveauté amenée par la 3D, mais qu’est-ce que le Linear Motion Battle System (LMBS) de la série Tales of? C’est un terme barbare qui définit les combats en temps réel de la série. Une fois en combat, nous contrôlons un de nos protagonistes et nous avons une touche pour utiliser des attaques normales et une autre pour enchaîner avec des artes classés en plusieurs niveaux. Il est ainsi possible de faire des combos de plusieurs dizaines de coups en enchaînant attaque de base, artes basiques, artes avancées, artes modifiées puis artes mystiques. Soulignons que la plupart des artes consomment des MP et il s’agit ainsi de combattre en gardant un œil sur son niveau de MP ainsi que ses PV afin de ne pas tomber à 0 et mourir. Tales of Symphonia introduit aussi la mécanique d’attaque à l’unisson, utilisable entre 2 alliés sur la pression d’une touche après avoir remplie la jauge d’attaque à l’unisson.
Nos alliés sont contrôlés par l’I.A. que nous avions mentionné en évoquant leur intelligence imparfaite malgré les stratégies et formations paramétrables. Nous avions oublié de le dire, mais en cas de jeu multijoueur la caméra s’éloigne pour que chacun puisse mieux voir ses personnages sur la grande zone de combat. Un système de combat dynamique et dont les développeurs n’ont eu de cesse de faire évoluer jusqu’à aujourd’hui afin de proposer toujours plus d’action, de spectacle et de dynamisme. En tant que 5ème opus de la série et premier à proposer une zone de combat en 3D, Tales of Symphonia nous présente un point important de l’évolution du LMBS. Pourtant, il y avait certainement beaucoup de points potentiellement améliorables avec des éléments des opus récents, même sur un Remastered.
Par exemple, laisser la liberté aux alliés d’utiliser des objets par eux-mêmes plutôt que d’interrompre 300 fois l’action pour afficher le menu. Faire en sorte de pouvoir changer de personnages en combat de manière plus fluide plutôt que de passer encore par le menu, simplifier l’activation des artes mystiques, rendre l’état d’adrénaline plus visible ou simplement introduire le “Free run” pour permettre un jeu en mode “Manuel” bien plus confortable. Pourtant, malgré nos idées, rien n’a été fait en ce sens, certainement que du point de vue des développeurs et éditeur, c’est un travail qui s’associe plus à un genre de “Remake” que du simple Remastered. Au-delà du système de combat, il y avait également du travail de simplification et d’explication à apporter sur le système de capacité passive apporté par l’équipement des Gemmes et Capacité EXP.
Le système de cuisine peut être aussi un menu pour mieux répertorier les quêtes. Vous le devinez, Tales of Symphonia reste un chef d’œuvre encore aujourd’hui, mais il possède également des défauts archaïques au genre, propre à l’époque de la sortie du jeu et facilement améliorable aujourd’hui. Ceci étant dit, la question est de savoir ce que nous apporte ce Remaster du jeu en 2023 et ce qui justifie qu’un fan repasse à la caisse avec ses 40 euros. Pour un joueur découvrant la série que récemment, le tarif est loin d’être malhonnête pour Tales of Symphonia Remastered qui reste un monument du genre et de la saga Tales of. Mais pour un fan, la réponse est pas grand chose sauf si vous êtes de ces élus qui ont opté pour la version physique limitée avec ses goodies et son steelbook pour 10 euros de plus. Autrement dit, des goodies et un steelbook, le reste du jeu étant simplement le même. Et même là, il manque peut-être un CD ou un code pour avoir l’OST du jeu. Une OST de Motoi Sakuraba plutôt bonne pour un Tales of avec du très bon et aussi quelques pistes oubliables.
Il y a tout de même un travail effectué sur la possibilité de skip des évènements ou le contrôle du bateau, mais surtout sur la partie graphique du jeu avec une hausse de la résolution à 1080p en mode TV et en 720p en mode portable. Nous pouvons constater les traits désormais plus fins des décors et surtout des personnages, faisant peut-être perdre un peu du charme apporté par les gros traits crayonnés de l’époque. Mais le travail s’arrête là. Nous pourrions même enfoncer le clou en disant que le travail est quasi-inexistant puisque la hausse à 720p a déjà été faite en 2013 sur Tales of Symphonia Chronicles sur PS3. Ceci dit, le travail de remaster est légèrement plus relevé et fin que le rendu sur PS3. Reste qu’en 2013, le remaster était bien plus généreux puisque Tales of Symphonia Chronicles proposait le remaster HD de la version PS2 du premier Tales of Symphonia accompagné d’un remaster HD de sa suite Tales of Symphonia: Dawn of the new World sorti sur Wii. Suite mal-aimée qui avait le mérite d’exister et d’être inclue dans la compilation remaster Tales of Symphonia Chronicles.
Tales of Symphonia Remastered ne propose que le Remaster HD de la version PS2 de Tales of Symphonia. Disons même la version PS3 puisqu’elle inclut les modifications de cuts-in et le choix de doublage anglais ou japonais. D’ailleurs, il convient de rappeler que les doubleurs anglais n’ont jamais été rappelés pour doubler les saynètes en anglais, pas même pour cette version “Remastered”, laissant ainsi de gros passages sans voix lors des scènes bonus entre chaque personnage. Nous avons parlé de la version PS2 puisque le jeu GC a été porté sur PS2 mais avec de nombreux bonus en termes de contenu annexe et de technique de personnages. Cette version a longtemps été restée exclusive au Japon avant l’arrivée de Tales of Symphonia Chronicles. Le seul atout de la version GC encore aujourd’hui et toujours non inclus dans Tales of Symphonia Remastered est le fait que la version GC était en 60 FPS, instable à certains moments mais bien en 60 FPS comparativement au 30 FPS de la PS2 et du remaster.
Conclusion
Presque 20 ans après sa sortie initiale sur GameCube, Bandai Namco nous amène Tales of Symphonia Remastered sur les plates-formes actuelles dont la Nintendo Switch. Malgré ses défauts d’époque, c’est l’occasion pour les nouveaux fans ayant tout juste découvert la série de se plonger à présent sur le jeu le plus populaire de la série en Occident, un monument du genre, et découvrir le jeu qui fut un tournant majeur pour la série à l’époque. Le prix en devient bien plus justifié que pour un fan. En effet, pour les connaisseurs de ce “Remastered”, il ne reste alors que le steelbook et les bonus physiques pour justifier cette nouvelle édition ainsi que le plaisir de rejouer ce chef-d'œuvre du JRPG en 2023. Ceux-ci pointeront même l’absence de Tales of Symphonia: Dawn of the New World, pourtant présent dans la compilation HD Tales of Symphonia Chronicles en 2013. Une belle opportunité pour un amateur de JRPG mais un retour incomplet, timide et cher pour un fan de la première heure, voilà ce que nous raconte l’histoire de Tales of Symphonia Remastered.
LES PLUS
- Une réalisation Cel-Shading colorée toujours appréciable
- Les cinématiques de Production IG
- Le rendu plus fin et la résolution 1080p en TV et 720p en portable
- Le framerate à 30 FPS stable, même en portable
- Le système de combat dynamique et jouissif
- Jouable jusqu’à 4 en local
- Gameplay global classique et efficace au genre
- Quelques améliorations QOL bienvenue…
- Un scénario plein de surprises et de rebondissements
- Personnages bien écrits et attachants
- Une durée de vie immense et un New Game+
- Basé sur la version PS2 et son contenu bonus
- Les belles musiques de Motoi Sakuraba
- Le doublage japonais ou anglais au choix
- Prix convenable pour découvrir ce chef d’œuvre
- La nostalgie partout avec nous !!!
LES MOINS
- C’est Tales of Symphonia Chronicles sans la suite
- Le charme des gros traits noirs style manga manque
- Le 60 fps toujours exclusif à la GC
- Ça manque d’encore plus d’améliorations QOL
- Des éléments assez archaïques aujourd’hui
- Des quêtes et contenus pas toujours bien indiqués
- Beaucoup d’allers-retours
- Quelques personnages clés osef ou moins bien écrits
- Quelques musiques moins bien
- Les saynètes toujours non doublées en anglais
- Les fans payent surtout les goodies en fait…
Trop cool. Je l’avais fait sur GameCube à l’époque.
Trop hâte d’y rejouer.