À l’aube du jeu vidéo indépendant sortait sur PC un titre qui reste encore aujourd’hui l’un des meilleurs métroïvania aquatiques, à savoir Aquaria. Pour nous rappeler cette expérience prenante, les développeurs taïwanais de chez 18Light Game nous proposent Pronty : Mystères des Profondeurs. Alors pourquoi le métroïdvania aquatique est un sous-genre à part qui possède ses propres codes et pourquoi Pronty a su s’extirper de l’ombre d’Aquaria ? Beaucoup de questions qui trouveront une réponse dans les lignes qui vont suivre.
Welcome to Rapture City
Mais commençons par évoquer le monde qui va voir se dérouler nos aventures. Dans le titre de 18 Light Game, nous avançons dans un futur lointain qui voit les hommes conquérir les fonds marins pour les coloniser avant de doucement tomber en déliquescence à cause de la pollution qu’ils ont eux-mêmes générée. Ce futur a aussi vu des monstres mutants prendre forme et se retourner contre cette civilisation qui ne cherche qu’à dominer la nature sans jamais la respecter.
Dans ce monde, nous incarnons Pronty, un jeune poisson qui rêve de devenir un protecteur des cités. Il doit pour cela subir un entraînement auprès de maîtres robots. Mais au moment où ceux-ci lui donnent ses premières missions, une attaque a lieu et il doit se rendre au plus vite dans la cité de Royla. Il comprend vite que quelque chose cloche dans celle-ci, car elle est complètement submergée et l’ensemble de ses habitants semble avoir disparu.
C’est alors que commence véritablement notre périple. Il va nous falloir explorer librement ces lieux et découvrir pourquoi cette cité, rappelant fortement par ces codes graphiques la cité de Rapture dans Bioshock, se trouve en si mauvaise position tout en tentant d’y remédier. Avec une bonne dose d’humour noir, le message principal véhiculé par ce Pronty : Mystère des Profondeurs est bien entendu en lien avec l’écologie.
Les monstres ont muté à force de se nourrir d’ordure. Ces créatures que nous rencontrons en sont devenues difformes tout en profitant de cette manne nauséabonde pour se doter de caractéristiques nouvelles ou pour fusionner avec les éléments de leur environnement. Le résultat est une narration qui prend place dans des lieux qui peuvent être tout aussi bien envoûtants que dégoûtants dont les tenants et aboutissants sont vite posés, mais qui ne manquent pas de révélations.
Entre deux phases d’exploration, nous avons droit à de petites saynètes réalisées sous la forme de planches de bandes dessinées animées succinctement. Le résultat est agréable à parcourir et nous sommes rapidement pris par cette histoire au personnage principal attachant et à l’univers si lointain et pourtant si proche des thématiques auxquels nous devons nous intéresser tous les jours. Notre seul regret vient de la relative passivité de notre héros qui se contente de suivre les directives qui lui sont données.
Mono ou Twin, il faut choisir
Pour arriver au bout de son aventure, Pronty sera aidé par une limande mécanique, du nom de Bront, qui lui servira aussi bien d’arme que de bouclier. Une fois les commandes de notre avatar prises, nous nous retrouvons face à un mixte entre un twin-stick et un monostick shooter. En effet, nous pouvons laisser Bront en mode autolock lorsque nos ennemis sont dans un rayon d’action assez proche, il nous suffit alors de marteler ZR tout en évitant les monstres.
Mais nous pouvons aussi viser avec notre stick droit, l’ennemi visé se verra marqué d’un carré de cible et Bront se jettera sur lui à chaque appui sur ZR. Notre distance de frappe en devient plus grande, mais il va falloir faire preuve de plus de précision. Si les plus sensibles de nos lecteurs peuvent se dire qu’ils vont profiter de cette mécanique pour s’éloigner bien planqués, c’est sans compter sur la perfidie des développeurs de chez 18 Light Game.
En effet, il faut déjà compter sur un ratio taille du sprite/taille d’écran plutôt à notre désavantage. Il n’est jamais facile de nous éloigner tant notre Pronty prend de la place. Mais ce n’est pas tout. Dans leur ignominie, ces développeurs ont mis en place une mécanique qui va nous obliger à nous tenir proches de nos ennemis. En effet, il est possible de dasher. Ce qui sert d’habitude à esquiver les projectiles va ici servir à marquer nos ennemis, ce qui rendra l’attaque suivante de Bront bien plus efficace.
Mais ce n’est pas tout. Nous pouvons aussi, en laissant appuyer sur le bouton ZR, mettre Bront en position défensive. Il encaissera pour nous les attaques, mais cela nous ralentira fortement et nous empêchera de le lancer sur nos ennemis. Nous pouvons tout de même foncer sur eux via le dash, mais notre portée sera moindre. Il va nous falloir constamment jouer avec ces mécaniques pour nous sortir des griffes des monstres que nous croiserons.
Et le mot est loin d’être faible. En effet, Pronty est loin d’être facile et les combats de boss sont de vrais moments de bravoure qui nous demandent une concentration importante couplée à un apprentissage des paterns des attaques de ces monstres qui, dans un premier temps, vont nous mettre facilement au tapis. Dans leur bonté, les développeurs de chez 18Light Game nous permettent de conserver ce que nous avons acquis entre cette mort honteuse et le dernier point de sauvegarde. Il est donc très rare de se sentir frustré durant notre progression.
L’accessibilité pour tous
Mais le sens du détail ne s’arrête pas pour Pronty : Mystères des Profondeurs. En effet, durant notre progression, nous allons pouvoir récupérer des améliorations pour notre couple Pronty/Bront. Mais il nous sera impossible d’équiper l’ensemble de ces capacités. Il va nous falloir choisir lesquelles nous allons mettre en place. Les builds possibles sont nombreux et les combos disponibles nous permettent de nous préparer efficacement à l’ensemble des situations rencontrées.
Malgré tout, avec sa vitesse de base relativement faible comparée à celle de ces ennemis et la taille importante de Pronty comparée à celle de l’écran, il n’est pas rare de prendre un grand nombre de dégâts. Pour prendre soin des joueurs en délicatesse avec ces mécaniques, il est possible de personnaliser grandement la difficulté du jeu. Avec des curseurs permettant de passer de 0 % à 100 % en termes de dégâts subis, de mana consommé et de chauffe subie par Bront, chaque joueur peut trouver le bon équilibre entre challenge et plaisir d’explorer et ainsi découvrir la fin de cette histoire comme il le souhaite.
D’un point de vue technique, la réalisation mise en place est impeccable. Pronty et Bront répondent parfaitement à nos sollicitations et le peu de touches nécessaires à ce gameplay est parfaitement adapté. Nous en venons presque à regretter qu’il n’y ait pas plus de mécaniques de jeu mises en place pour mettre en œuvre l’ensemble des touches de nos joy-cons.
Terminons par les graphismes et la bande-son. Les deux sont extrêmement soignés. Nous déambulons dans des environnements pleins de détails et qui se renouvellent régulièrement. Entre la ville de Royla délabré, rappelant Rapture City et les fonds marins, il y a tout un écosystème, pollué ou sain, que nous parcourons avec plaisir, le tout en écoutant des musiques faisant la part belle aux sonorités atmosphériques. Seuls les combats de boss sont bien plus rythmés et augmentent sensiblement la tension ressentie.
Conclusion
Avec son concept de métroïdvania aquatique magnifié lors de combats de boss dantesques, Pronty : Mystères des Profondeurs est un titre qui nous happe directement dans son univers. Sa narration est imprégnée d’écologie et portée par une touche d’humour noir qui marche parfaitement. Son système de combat nous demande sans cesse de prendre des risques pour être efficace et il est rare de sortir d’un affrontement sans avoir laissé une trace de sueur sur ses Joy-cons. Enfin sa direction artistique est parfaitement maîtrisée et nous laisse profiter de ses magnifiques environnements. De plus son système d’aide lui permet d’être accessible à tous les joueurs, une bonne porte d'entrée pour le genre.
LES PLUS
- Les décors sont magnifiques et regorgent de détails
- Les boss, de belles tailles, possèdent beaucoup d’attaques différentes
- Le système de combat nous pousse toujours à nous approcher de nos cibles
- Les mécaniques de personnalisation permettent beaucoup de combinaisons
- La bande-son sait toujours s’adapter à l’action en cours
- La narration est prenante avec une bonne dose d’humour noir
- Et si le vrai héros n’était autre que Bront, notre arme ?
- Le système d’aide est très intelligent et personnalisable
- La durée de vie d’une petite dizaine d’heures, hors complétion, est correcte
LES MOINS
- Pronty manque cruellement de charisme
- Les animations de notre personnage sont un peu simples
- Nous aurions souhaité encore plus de mécaniques pour combler les trous sur nos Joy Con