Annoncé discrètement lors du Nintendo Direct japonais de Février, Square Enix nous présente un tout nouveau projet narratif de type Visual Novel. Celui-ci s’intitule Paranormasight : The Seven Mysteries of Honjo et tente de nous immerger dans un récit terrifiant dans la capitale japonaise de l’ère Showa (1926-1989). Nous avons eu la chance d’être invité à découvrir cette mystérieuse expérience que nous allons brièvement vous présenter.
La Nintendo Switch au service du VN paranormal?
Commençons par dire que le jeu démarre dans une ambiance assez étrange avec un vieil homme se présentant comme le narrateur du récit et nous posant des questions étranges. Celui-ci tente notamment de savoir jusqu’où irions-nous pour ramener une personne à la vie en nous proposant plusieurs réponses possibles au choix. Une fois son petit topo sur les malédictions et phénomènes mystiques de notre monde terminé, nous nous retrouvons dans la peau de Shogo Okiie, jeune employé de compagnie de produits chimiques. Nous avons peu d’indications sur son âge mais nous devinons un début se situant dans les années 70 ou 80. Par ailleurs, nous constatons surtout la traduction uniquement anglaise du texte du jeu.
Nous devinons que notre jeune protagoniste n’a pas d’attache particulière avec son travail ou la région dans laquelle il vit. Cela dit, un mois avant notre récit, il rencontre et fréquente la jeune Fukunaga Yoko, une jeune femme ayant un certain interêt pour le paranormal et les phénomènes supernaturels. Elle nous introduit notamment sur les 7 mystères de Honjo et nous démarrons d’ailleurs le récit en plein milieu de la nuit, en sa compagnie, dans un parc vide de monde. A peine le temps de bien comprendre tout le contexte et toutes les informations qu’on nous donne que des évènements paranormaux s’enchaînent et nous assistons à la mort de notre amie.
En pleine confusion et en faisant des liens sur tout ce qui nous a été présenté, il semblerait que les sept mystères de Honjo soient liés à un rituel de résurrection des morts. Fukunaga Yoko effectuait des recherches à ce sujet dans l’intention de ressusciter son compagnon canin. A côté de sa dépouille, nous trouvons une étrange pierre. En mettant la main dessus, notre héros fait face à d’étranges apparitions spectrales d’une jeune fille. La pierre est un genre de joyau maudit renfermant des âmes de défunts. Il semble y avoir plusieurs joyaux du genre liés à chacun des mystères de Honjo. Ces joyaux ont la capacité d’infliger la mort à autrui en respectant différentes conditions. En mettant la main sur un de ces joyaux, nous devenons un porteur de malédiction.
En utilisant ainsi le pouvoir de notre joyau pour infliger la mort à autrui, l’âme de celle-ci est absorbée par notre pierre et est convertie en une sorte d’énergie. L’objectif étant de remplir notre pierre à 100% d’énergie car il est supposé qu’il s’agisse d’une condition nécessaire au rituel de résurrection. Nous parlons au conditionnel et en supposition car c’est ce que le récit nous raconte sur le 1er chapitre que nous avons parcouru avec Shogo Okiie. Toutefois, sur ce premier chapitre, certains événements semblaient approfondir le mystère autour de ce rituel et des mythes de Honjo. L’histoire semblait finalement évoluer à travers un récit découpé en plusieurs embranchements et nous allons devoir parcourir un peu plus l’histoire pour avoir une idée de la durée de vie et de la qualité d’écriture du jeu. Par ailleurs, le récit semble dirigé par Ishiyama Takaya qui a notamment écrit les scénarios des séries de VN Detective Ryosuke Kibukawa.
Cela étant dit, malgré la mention de récit fictif, il est également important de noter que l’équipe du jeu a collaboré avec des spécialistes de la région, ainsi que des mythes et légendes japonaises autour des mystères de Honjo qui sont donc des mythes réels au Japon. A la manière du studio Kadokawa ayant collaboré avec des spécialistes de la préfecture de Shimame sur les jeux de la licence Root, Square Enix reproduit ainsi la zone de Honjo dans l’arrondissement de Sumida à Tokyo avec un soin particulier donné à certains décors apportant un côté très authentique au jeu. Un soin qui se retrouve à travers les légendes racontées par le jeu et permettant éventuellement d’enrichir votre culture du folklore japonais au moins sur les mythes de Honjo. De la même manière, ce soin est également présent dans la reproduction du contexte temporel et nous permet de vivre à travers ce Japon de l’ère Showa.
Sur ce que nous avons parcouru, Paranormasight est un jeu qui ne prétend pas nécessairement réinventer le genre du Visual Novel. Ainsi les connaisseurs seront habitués sur le type de gameplay et de progression. Pour les autres, le titre propose une expérience d’aventure textuelle. Le genre d’expérience dans laquelle la traduction uniquement anglaise est un frein énorme pour un amateur français. Une expérience où le gameplay se résume surtout à faire défiler du texte et choisir des réponses pour faire progresser l’histoire. Ceci étant dit, Paranormasight tente quelques approches particulières et rares au genre : notamment une grande utilisation de point de vue 3D pour multiplier les effets de surprise et jumpscare propre à un scénario d’horreur, puis même des éléments qui limite franchissent le 4ème mur afin d’immerger d’autant plus le joueur dans cette aventure ou comme le fait de devoir paramétrer les “voix” à 0 pour échapper à la mort infligée par un porteur de malédiction dont le sortilège de mort nécessite que nous entendions des voix.
Il nous faudra continuer à pousser l’expérience afin de voir si d’autres originalités du genre sont de la partie. Au-delà de ça, Kobayashi Gen est au chara-design du jeu et ceux ayant éventuellement joué à NEO: The World ends with you reconnaîtront peut-être sa patte. La réalisation globale est dans un genre animé aux traits noirs très prononcés sur les personnages. Les environnements semblent également moins chatoyants que beaucoup de VN pour donner un côté oppressant attendu d’une œuvre d’horreur. Ils ont un côté également moins propre et flou certainement dû au gameplay nécessitant justement de regarder à 360° afin de recueillir des indices, repérer des personnages clés ou des menaces en approche. A voir si certains décors ressortent mieux dans ce style mais de notre point de vue le jeu n’est pas toujours très beau. Toutefois, en même temps, ce parti pris et cette réalisation donnent un grain unique à Paranormasight qui le distingue des autres VN. Par ailleurs, Iwasaki Hidenori est chargée de l’ambiance sonore du jeu avec des compositions accompagnant très bien le jeu et le genre horrifique. Il manque peut-être un doublage pour apporter plus de vie et de crédibilité à tout ça. Effectivement, paramétrer des “voix” sans avoir de voix nous laisse un peu…sans voix.
Impression:
Ce premier contact avec Paranormasight dans le genre du Visual Novel d’horreur est assez marquant. De prime abord, nous avons une expérience textuelle assez classique du genre. Toutefois, certains partis pris des développeurs participent à nous plonger encore plus dans les mystères du jeu. D’abord les recherches effectuées sur l’arrondissement de Sumida de Tokyo afin d’accentuer sur le côté authentique du récit malgré son statut de fiction puis des éléments de gameplay rarement autant mis en avant dans le genre afin de réadapter efficacement les codes de l’horreur dans une œuvre VN. C’est sur ces mots que nous replongeons dans l’œuvre afin de constater si cette première bonne impression n’est que le fruit d’une malédiction propre à chaque jeu résultant de l’effet de surprise propre à la découverte d’une nouvelle œuvre. Nous ne pouvons que souhaiter être d’autant plus surpris par ce que Paranormasight pourrait encore nous réserver et qui sait si son rite de la résurrection pourrait s’appliquer au genre lui-même.