The Gallery (La Galerie) est un film interactif en Full Motion Vidéo (FMV) de Paul Rashid et développé par Aviary studios. Nous lui devons également le bon The complex sorti en mars 2020 et Five Dates sorti en novembre 2020 mais produit par Wales Interactive.
Sortie le 8 septembre 2022 sur PS4 / PC / XOne ainsi que Nintendo Switch au prix de 14,99€ sur l’eShop.
Nous suivons Morgan Haynes, un galeriste exposant au Argyle Manor qui se retrouve pris en otage par un mystérieux inconnu. Pile la veille du jour le plus important pour sa galerie puisqu’il doit exposer une pièce maîtresse.
Pris en otage, Morgan va se faire tirer le portrait jusqu’à l’aube. Enfin si nous y survivons !
Car toutes les décisions prises influencent les événements de la nuit et il est possible que nous en sortions vivant avec en prime un beau portrait final.
En quelques mots voici le pitch : simple et efficace ; écris comme cela nous pourrions penser à un titre comme les Dark pictures à la différence que ce n’est pas un jeu tirant vers l’horreur mais plutôt un thriller psychologique en huis clos et qu’ici nous prenons des décisions pendant le film et non durant un jeu. Nous sommes face à un vrai film interactif avec de vraies séquences d’acting et de prise de caméra.
Deux salles, deux ambiances !
Paul Rashid a décidé de nous plonger dans deux époques différentes de l’Angleterre pour nous présenter ce thriller artistique et engagé : 1981, l’Angleterre de Margaret Thatcher faisant face à l’IRA provisoire ce qui provoque moult troubles civils dans le pays et 2021, l’Angleterre du Brexit qui divisera cette fois ci le pays accompagné de la Covid19.
Mais ces deux périodes se mêlent et se confondent, et ne cherchons pas bien loin car l’histoire reste identique dans la forme mais pas dans le fond.
Peu importe la date choisie pour commencer l’aventure, cela se passera toujours à l’Argyle Manor, cela sera toujours Morgan la victime et Dorian le preneur d’otage, possible d’y avoir les mêmes choix de discussion au mot près, et possible d’y voir la même fin.
Mais alors pourquoi faire les deux périodes ?
Là les différences entre chacune des deux auront de l’importance mais ne seront peut être pas utiles pour la plupart des joueurs. Certains n’en feront qu’une et dans ce cas nous ne saurions que conseiller celle de 1981 car elle possède douze fins avec cent cinquante-cinq scènes différentes pour six fins mais cent quatre-vint-quatre scènes pour celle de 2021.
Les deux acteurs principaux échangeront leur rôle entre chacune des histoires :
En 81 Morgan est une femme campée par l’actrice Anna Popplewell (Susan dans Narnia, Sylva Chiler dans Halo 4 Aube de l’espérance) et Dorian est campé par George Blagden (Athelstan dans Vikings, Louis XIV dans Versailles). Mais en 2021, Anna P. est Dorian et George B. est Morgan, le reste du casting les entourant eux ne changera pas hormis quelques exceptions (les agents de police de 81 sont deux hommes tandis que ce seront deux femmes en 2021).
Tous jouent à merveille leur rôle, les séquences de prises de décisions peuvent se faire en temps limité pour plus d’immersion, ou en mettant la séquence sur pause le temps de choisir la réponse que nous voulons associer au contexte. De plus, nous n’avons constaté aucune erreur de traduction que ce soit dans ce que l’on entend comme dans les sous-titres. Pas de saccade ou de bug après chaque décision, l’histoire s’enchaîne parfaitement.
D’un point de vue décor, vestimentaire, contexte historique etc, rien ne choque. Au contraire, selon nous, tout est plutôt bien respecté.
D’un côté nous avons l’aspect de 1981, d’un point de vue vestimentaire assez ancien et de l’autre l’aspect technologique des portables et réseaux sociaux.
D’un point de vue gameplay, étant donné que c’est un film interactif, pas de manipulation particulière. Assis au fond de son canapé, on se la laisse couler douce comme devant un téléfilm le dimanche après-midi, mais sans s’endormir ! car il faudra prendre des décisions. Donc nous gardons manette en main et nous nous retrouvons au côté de Morgan pour connaître le fin mot de l’histoire (et sa fin tout court : va-t-il y rester ?).
Du coup la touche A pour envoyer sa tirade, et la touche B pour le menu.
Ce dit menu aura une certaine importance car on y retrouve quelques infos : le nombre de fins que nous avons pu obtenir, le nombre de scènes découvertes, le nombre de décisions prises durant le visionnage actuel ; mais aussi des miniatures représentants toutes les personnes croisées et susceptibles de réapparaître par la suite selon vos échanges avec ces personnes.
Au départ miniatures en couleur, puis contourée de rouge si nous avons un peu brusqué ou offusqué la personne qui, le cas échéant, ne reviendra pas dans l’aventure ! (Hop ! “la sentence est irrévocable” comme le dit si bien notre cher Denis Brogniart dans une certaine émission télévisée). Par contre, et peut être par chance, si c’est contouré de vert, alors la personne pourra surgir et nous sauver la mise (ou du moins nous lancer une bouée de secours).
Mais alors si la miniature passe en noir et blanc… c’est le drame. Nous n’en dirons pas plus mais n’espérez pas revoir cette personne avant la prochaine partie car son retour est nettement compromis.
Et enfin l’élément le plus important de ce menu : notre relation avec notre preneur d’otage ! Ce cher Dorian, cet être si mystérieux qui dépeint notre portrait tout en nous brimant sur nos actes et notre état d’âme, nous confrontant à cette société dont nous sommes un privilégié ou encore nous captive par son intellect dans le domaine de l’art (Et oui c’est pas dans tous les films que le preneur d’otage a de la ressource et de la culture !). En bref, plus nous serons proches de celui-ci, et plus nos chances de nous en sortir augmentent, et inversement bien sûr ! Et cela aura aussi une incidence sur le portrait final que Dorian peint de nous : nous par exemple nous avons pu obtenir un portrait fait seulement de tâche et donc aucun visage car nous l’avons défié à maintes reprises, mais nous avons pu aussi obtenir un portrait plus fidèle de Morgan, du moins dans une certaine mesure, car nous avons tenté d’être proche de lui et de ses convictions.
La lecture culture :
Les premiers jeux en Full Motion Video apparaissent en 1983 en salles d’arcade sur Astron Belt sur Sega. Pour l’époque, l’intérêt est de s’affranchir de contraintes techniques pour avoir des graphismes plus réalistes. Le style est tombé en désuétude par la suite.
Depuis 2016, le studio Wales Interactives tente de renouveler les films interactifs FMV.
The Complex a été nominé 8 fois au British Film Festival Awards 2020.
Conclusion
En conclusion, pour le prix, ce jeu vaut le coup ; pour l’histoire il vaut le coup ; pour la rejouabilité il vaut le coup (surtout que l’option “passer la scène” se déverrouille une fois chaque histoire terminée une fois) ; Avoir deux périodes différents mais un contexte identique, là nous n’avons pas trop vu l’intérêt, surtout que le fil rouge est à l’identique que ce soit en 1981 ou 2021. Dommage pour ça ! Mais nous saluons par contre le jeu d’acteur qui est très bon, les séquences qui s'enchaînent tel un vrai film de 2h sans saccade (ni pub ! du coup adieu la pause pipi ou grignotage dans le frigo durant les films sur nos si belles chaînes françaises publiques) ainsi que la vostfr qui est nickel. Peut être dommage pour celles et ceux qui ne jurent que par la Vf car absente du jeu, mais pour les adeptes de la Vo sous-titrée français ils s’y retrouveront aisément.
LES PLUS
- Encore un bon film interactif de Paul Rachid, après The complex.
- L’ambiance est au rendez-vous.
- La vostfr est au poil ! (de pinceau)
- Les acteurs sont bons, très bons !
LES MOINS
- L’histoire à peu de choses près identique que ce soit en 1981 ou 2021
- Parfois c’est explosif au Argyle Manor !