C’est intéressant de noter que la France a été un des pays les plus ouverts à la culture japonaise que ce soit par le manga, les dessins animés ou les jeux vidéo. S’il existe autant de salons dédiés au Japon et à sa culture tant traditionnelle que plus moderne, il reste pourtant un type de produit culturel typiquement japonais qui a encore du mal à prendre dans l’hexagone, c’est le visual novel. Un genre à part du jeu vidéo qui raconte des histoires en s’aidant de beaucoup de textes et de quelques images pour souligner le propos.
Deux femmes qui se tiennent la main, ça n’a rien qui peut gêner la morale.
Blackberry Honey est un visual novel qui conte les aventures d’une jeune domestique qui travaille pour une riche famille anglaise à l’époque victorienne. Au fil de l’histoire, le joueur en apprendra plus sur les intrigues entre domestiques, sur les querelles avec leurs patrons et sur la vie des servantes à cette époque. Tout se joue sur des écrans fixes avec des personnages au premier plan et leurs dialogues dans une boîte de dialogues en bas de l’écran.
Lorina est donc au service de la famille Lennard : Louisa et Albert les parents, et leur fille Constance, une petite chipie de 12 ans à peine qui se comporte comme une enfant gâtée qu’elle est. Heureusement pour survivre à cette famille, Lorina peut compter sur les autres domestiques, des jeunes filles d’horizons divers : Isobel, Pauline, Ada, Effie, Lieselotte mais surtout Taohua, qui trouble de plus en plus Lorina à chaque rencontre.
Blackberry Honey est un jeu très bavard, et disponible en anglais uniquement. Le jeu ne propose pas de choix à faire dans les dialogues ou dans les déplacements de l’héroïne. Tout est très cadré et très dirigiste. Il s’agit d’un “roman photo” ou plutôt d’un “roman dessin animé”.
Les graphismes peuvent être jolis et fins, étant donné qu’il n’y a quasiment aucune animation, si ce n’est un mouvement robotique d’un bras ou des cheveux en même temps que Lorina parle. Le jeu se veut un peu grivois, certaines allusions sexuelles dès les premières minutes pourraient laisser penser que le jeu va aller loin dans ce domaine et finalement le soufflé retombe aussi vite.
Là où le doute s’installe, c’est que ce geste se fasse sous la table.
Sur le plan musical, les développeurs promettent une bande-son avec dix-huit morceaux inédits et effectivement, la musique est très présente. Mais les morceaux au clavecin sont assez entêtants, à la limite du supportable à la longue. Ensuite, on retrouve une alternance de morceaux au piano, et aussi de temps en temps, lorsque Lorina va à l’église, des chants de type religieux a cappella à plusieurs voix. C’est très joli mais c’est hélas très présent et cela devient insupportable à la longue, surtout que les morceaux tournent en boucle et qu’on a souvent l’impression d’entendre toujours la même chose. Les seuls moments de répit auditif sont les moments où l’on entend les chants des oiseaux ou les bruits de la nature dans la nuit.
Entre cette musique trop présente, et le fait que le jeu nous impose de subir beaucoup de discussions futiles entre les domestiques, Blackberry Honey est finalement plus agaçant qu’intéressant. Les sous-intrigues ne sont pas intéressantes, les personnages ne sont pas tous bien développés, et la représentation caricaturale des servantes avec leurs opulentes poitrines est plus risible qu’utile au déroulé de l’histoire.
Enfin, les lieux où se déroule l’action sont toujours les mêmes : la chambre de bonne, le salon, la cuisine, le couloir, le jardin. Le temps passe aussi lentement dans le jeu que pour le joueur qui se retrouve à appuyer mécaniquement sur une touche pour faire défiler l’histoire. Pour ajouter de la frustration à l’agacement et à l’ennui, les développeurs font une utilisation des fondus au noir de la même façon maladroite que des étudiants sur leurs présentations Powerpoint ou George Lucas dans sa saga Star Wars ! Et pour couronner le tout, l’intrigue se traîne et l’histoire d’amour lesbien entre les deux femmes de chambre Lorina et Taohua est pénible et insipide.
Conclusion
Le visual novel est vraiment un genre particulier qui, s’il est apprécié au pays du soleil levant, a du mal à décoller dans nos contrées. Déjà l’obstacle de la langue, ensuite l’absence totale d’interaction dans le jeu et donc le sentiment de subir une histoire pas vraiment passionnante donne envie d’en finir au plus vite, soit de se plonger dans la vision d’un animé soit de se plonger dans un « vrai » jeu, mais pas de rester coincé dans cet entre-deux pendant presque une dizaine d’heures.
LES PLUS
- La musique, mais à petite dose
- Des graphismes fins
LES MOINS
- Aucune interactivité
- Uniquement en anglais
- Une histoire longuette et fade