Dans la mythologie grecque, Charon est le passeur des morts, celui qui fait traverser le Styx aux âmes des défunts moyennant une obole… Sur Nintendo Switch, il emprunte des escaliers (si l’on traduit littéralement le titre du jeu). Mais trêve de blabla, prenez une pièce et traversons ce jeu ensemble !
L’escalier de Charon
De primes abords, le titre du jeu rappelle (un peu) l’Échelle de Jacob, un excellent film de 1990 dont on dit d’ailleurs qu’il a inspiré des jeux comme Silent Hill. Nous vous en recommandons donc vivement le visionnage, mais ce n’est pas le sujet qui nous intéresse aujourd’hui !
Reprenons donc le chemin des escaliers de Charon, titre indépendant que l’on doit à Indigo Studios. Créé par Kim Planella et Judit Hierro, deux professionnels qui ont fait leurs armes dans le domaine de l’audiovisuel et l’écriture de scénarios. L’objectif du studio étant de proposer des jeux avec une histoire solide et capables de proposer une ambiance immersive. Charon’s Staircase n’est pas la première réalisation du studio, il a également réalisé Seven Doors qui ne nous avait pas spécialement convaincu à l’époque…
Pour Charon’s Staircase, le postulat de base est un peu différent, car le jeu propose une histoire ! (ce qui n’était pas le cas de Seven Doors). Ainsi, l’histoire se déroule dans les années 70, dans un pays de l’est sur le point de rejoindre l’Union européenne… Seulement, voilà, le gouvernement de l’époque a commis certaines expériences peu ragoûtantes dont il y a lieu de faire disparaître les traces pour faire bonne figure devant les autres états membres et espérer rejoindre l’union. Pour ce faire, pas de problème, vous incarnez Desmond un agent du gouvernement qui doit se rendre à Oack Grove (lieu où ont été réalisées les expériences) pour récupérer et faire disparaître les documents secrets faisant mention des horreurs commises au nom de la science (et de l’armement).
Nous n’en dirons pas plus sur l’histoire, sachez juste qu’au fil de votre progression les découvertes seront de plus en plus effroyables, avec en toile de fond des expériences sur plusieurs enfants (de préférence, des jumeaux), afin d’analyser et de développer des compétences psychiques qui ont bien évidemment mal tourné !
Le projet Alpha
Charon’s Staircase se présente donc comme un FPA (First person Adventure), rappelant un peu Myst (pour les plus anciens d’entre-nous). Le personnage que nous incarnons se retrouve seul au domaine de Oack Grove, ne croisant finalement que des spectres d’une histoire passée. Vous évoluerez dans 5 zones (la maison du gardien, le manoir, le jardin, l’hôpital et enfin les sous-sols) jusqu’à atteindre l’escalier de Charon pour vous sortir de cet enfer…
Qui dit FPA, dit aussi interactions un peu plus limitées. Le personnage est capable d’avancer, de courir, de regarder dans toutes les directions et de ramasser certains objets. Mais de manière générale, le jeu est très linéaire et il faudra généralement exécuter une action bien spécifique pour espérer débloquer certains passages. Parfois, ce sera un document à ramasser pour déclencher une séquence. De plus, l’impression de liberté donnée par les décors sera mise à mal par des murs invisibles vous empêchant de « sortir des clous » dans lesquels vous devrez avancer.
Il nous est par exemple arrivé de rester bloqués à un endroit, car nous n’avions pas récupéré un document qui déclenchait une séquence pour avancer dans l’histoire. Pour le reste, vous devrez donc avancer, bien observer votre environnement et ramasser des documents (et parfois des clés) pour progresser vers la zone suivante. Notons que certains portes sont verrouillés à l’aide d’un code, celui-ci sera à découvrir en vous aidant d’un indice pour déterminer les différents chiffres (par exemple le nombre de lions, le nombre de chaises rouges autour d’une table, etc.). Il faudra donc explorer les lieux et compter le nombre d’objets pour chaque occurrence afin d’obtenir le code. Vient ensuite le moment où il faut le « taper » sur le pavé numérique et là, ça se complique un peu… En effet, les touches à l’écran sont relativement petites et il faudra bien positionner le curseur sur la touche en utilisant le joycon, qui il faut l’avouer, n’est pas aussi précis qu’une souris… Cela donnera lieu à des erreurs de saisies, qui auraient pu être évitées avec une interface un peu plus simple pour la saisie des codes. Les énigmes ne seront finalement qu’histoire d’observation et c’est finalement un peu dommage… On note à quelques rares exceptions (le piano et les statues), une petite variation vous demandant un peu plus de réflexion que de l’observation !
Attention également aussi à la fin du jeu, où vous serez confronté à des ennemis contre lesquels vous ne pouvez rien faire et qu’il faudra éviter. Ce changement au niveau du gameplay arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et à tendance à nous désarçonner un peu la première fois, surtout qu’il entraîne la mort de notre personnage (par chance, le jeu dispose d’une fonction de sauvegarde automatique.). Ces phases dénotent avec le reste du jeu, mais restent par chance assez limitées (deux passages de ce genre) et montrent surtout que la maniabilité native du titre ne s’y prête pas forcément.
Les secrets de Oack Grove
Ces aléas de la maniabilité mis à part, parlons un peu du côté graphique du jeu. Autant le dire tout de suite, ce n’est pas forcément folichon. On sent que les auteurs ont voulu bien faire, mais au niveau des textures l’ensemble est franchement fade et parfois peu détaillé (ce qui gêne parfois la lisibilité). Cela se ressent d’autant plus pour les trop grandes étendues (surtout dans la forêt au début et dans le manoir) qui ont tendance à faire ralentir le jeu.
Par contre d’un point de vue sonore, c’est un sans-faute ! Premier point positif, le jeu est intégralement en français que ce soit pour les textes ET pour les voix. C’est assez rare pour être souligné, car généralement, seuls les textes sont traduits (un minimum pour ce genre de jeu). Même si notre personnage est le seul à s’exprimer, la prestation de Christian Grenier (qui assure la voix française de Desmond) est convaincante. Il en est de même pour les différentes ambiances sonores (cris, bruits étranges, etc.) qui favorisent l’immersion et parviennent à provoquer quelques « jumpscare » en ajoutant des apparitions ectoplasmiques pour nous conter certains éléments de l’histoire. Nous vous recommandons d’ailleurs l’usage d’un casque pour profiter au mieux du jeu.
Quant à l’histoire, justement, comptez entre 4 et 5 h pour en voir le bout (en fonction de vos qualités d’observateur), notez qu’il y a quelques documents et photos à récupérer pour compléter un album, mais qu’il n’y a rien d’obligatoire à le compléter et il faut avouer que rien ne vous poussera forcément à reprendre une partie pour récupérer les quelques photos manquantes. C’est souvent le problème avec ce type de jeu ou le potentiel de re-jouabilité est réduit, il l’est un peu plus ici du fait des quelques soucis de maniabilité et de l’aspect visuel pas toujours terrible. Il n’en demeure pas moins que l’histoire est relativement bien menée, même si elle ne surprendra pas forcément les habitués du genre !
Conclusion
Loin d’être un incontournable du genre, Charon’s Staircase a le mérite de proposer une expérience entièrement en français. On peut souligner le soin tout particulier apporté par ses développeurs à l’ambiance sonore du jeu. On regrette par contre la relative platitude des énigmes qui n’en sont pas vraiment… Reste donc une histoire globalement intéressante, mais qui s’avère techniquement décevante !
LES PLUS
- Entièrement en français (textes ET voix)
- Une histoire relativement bien écrite (pour les non-habitués du genre)
- Une ambiance parfois pesante et flippante (surtout au casque)
LES MOINS
- Des textures un peu fades
- Des énigmes uniquement basées sur l’observation
- Très linéaire et peu de potentiel de rejouabilité
- La maniabilité, notamment pour la saisie des codes