Commençons ce test par un avis bien tranché : l’âge d’or du RPG c’est sur Super Nintendo et puis c’est tout. Chrono Trigger, la saga des Mana, EarthBound, Super Mario RPG, Breath of Fire, quelques Dragon Quest et bien évidemment la trilogie d’or des Final Fantasy, pour ne citer qu’eux. Des centaines d’heures de jeu pour les heureux possesseurs de la console du plombier moustachu que nous étions à l’époque et que nous sommes toujours. Seulement voilà, la Switch, non contente de truster les hit-parades aussi bien en termes de software que de hardware voudrait ravir ce titre à sa grande sœur et elle a pour elle de sérieux arguments puisqu’entre les Xenoblade et le moteur HD-2D, elles accueillent en plus les remasters de nombreuses œuvres culte. Et c’est justement l’une d’entre elles que nous allons tester aujourd’hui avec le vilain petit canard de la trilogie Super NES des Final Fantasy, l’épisode V.
La narration qui baisse d’un ton
Si nous, pauvres européens, avons tendance à placer les Final Fantasy de l’ère PlayStation bien au-dessus des autres, c’est bien souvent par simple ignorance. En effet, l’épisode IV est considéré comme l’un des meilleurs en termes de narration et d’univers tandis que le V met en place un système de gameplay d’une profondeur incroyable pour finalement offrir à l’épisode VI une synthèse des deux et en faire l’épisode absolu de la série. Mais pourquoi alors parler de vilain petit canard pour cet épisode V qui fait pourtant partie des meilleurs titres de la série ? Eh bien juste par comparaison avec les épisodes qui l’entourent et c’est dire si leur qualité est grande au vu de ce qui nous attend.
Sorti initialement en 1992 sur une console qui venait de connaître une grande claque avec l’épisode IV de la série, l’introduction de la jauge ATB et une narration incroyable, cet épisode a eu la lourde tâche de proposer une expérience à la fois différente et pourtant dans la continuité des titres précédents. Et ce rôle repose sur les épaules de Bartz, notre protagoniste principal ainsi que sur celles de Galuf, Lenna et Faris, qui vont devoir mettre un terme aux vils agissements du sorcier maléfique ExDeath, et ceci à travers plusieurs mondes.
Si cette galerie de personnages semble pouvoir nous apporter un récit intéressant avec un voyageur, une princesse, un pirate et un amnésique venu d’un autre monde, force est de constater que la tension dramatique mise ne place dans les épisodes IV et VI est loin d’être présente dans Final Fantasy V. Jouant bien plus sur l’humour, que ce soit via les animations des personnages ou via leurs dialogues, il propose cependant des moments de bravoure devenus des classiques du jeu vidéo, mais de manière générale, la sensation de capillotracté est trop souvent présente. Et c’est sans doute pourquoi cet opus n’a jamais eu droit à autant de ressortis que ses compères de la trilogie Super NES.
Les mécaniques de l’infini
Et c’est bien dommage, car sa rejouabilité est sans aucun doute l’une des meilleures de la série des Final Fantasy et cela du fait de la personnalisation incroyablement complète que nous pouvons effectuer sur notre équipe. Si le système de combat et d’exploration est le même que celui des autres épisodes de la série, considérant bien sûr que les XV, XIII et VII Remake sont des aberrations bien évidemment. Nous allons pouvoir nous déplacer sur une grande carte ou dans des donjons pour y affronter des monstres rencontrés aléatoirement via un système de choix entre attaques, magies et capacités spéciales d’une rare densité dans le monde du jeu vidéo.
Mais à ce système de base, nous avons droit à un système de classes nous offrant des variations incroyables. Au fur et à mesure de notre avancée, nous débloquons de nouvelles classes que nous pouvons alors monter en expérience. Cette expérience acquise nous permet de débloquer des compétences pour notre personnage que nous pouvons alors utiliser comme bon nous semble, peu importe que la classe de base ne soit plus la même. Il est donc tout à fait possible d’être un guerrier en armure lourde, avec les attributs qui vont avec, tout en étant capable de manier la magie blanche, à condition d’avoir débloqué celle-ci précédemment.
Il existe en tout et pour tout vingt-deux classes différentes dans ce Final Fantasy V Pixel Remaster, vingt-six pour la version GBA, mais nous y reviendrons plus tard. Ce qui nous donne, et les amateurs de dénombrement se régalent d’avance, 22×21 possibilités de personnalisation pour chaque personnage. Multiplions donc ce résultat par 4 et nous obtenons 1848 compositions d’équipe possibles. Ajoutons à cela l’importance du placement en profondeur et la possibilité de modifier tout cela à la volée entre deux combats, voire en plein affrontement pour notre position, et nous obtenons l’un des systèmes de combat et de personnalisation les plus touffus du genre qui laisse libre court à toutes nos envies de création.
Quand le farm s’en va, tout va
Bien sûr, RPG à l’ancienne oblige, pour réussir à construire notre équipe de rêve il nous faudra passer du temps en farming aussi bien pour l’expérience (pour le niveau de base de nos avatars), les Gils (la monnaie du jeu) et les points de compétence (pour améliorer notre classe active). Et c’est là que la mention Pixel Remaster va faire toute la différence pour les joueurs modernes que nous sommes. Nous avons droit à de petits ajouts qui peuvent transformer radicalement notre expérience de jeu.
Commençons par celle sans importance et donc primordiale. La police de caractère. Si dans un premier temps, nous déplorons des textes lissés version smartphone, qui nous sortent complètement par les orbites, un petit tour dans les options et nous découvrons un petit paradis pour le rétro gamer. Remettons d’abord la police en version originale et pixelisée et passons à la ligne suivante : l’orchestration.
Si la bande originale est toujours signée par l’incroyable Nobuo Uematsu, nous avons, de base, droit à la version orchestrale de ces titres emblématiques de la série. Le mélange entre ces sonorités et les pixels affichés à l’écran commencent par nous faire bizarre à nous, joueurs de l’ancien temps, avant de nous paraître naturel, jusqu’au moment où nous découvrons cette option : version originale/version orchestrale. Et là, notre choix est vite mis en place, le plaisir de retrouver les sonorités de notre Super Nintendo n’a pas d’égal sur Terre.
Une fois ce petit tour commencé dans les options, une dernière nous intrigue. Simplement nommés « réglages », celle-ci cache tout simplement une modification complète de notre expérience de jeu puisqu’elle va nous permettre, premièrement, de sauter les combats aléatoires, deuxièmement d’ajouter des coefficients multiplicateurs à notre expérience, à nos Gils et à nos points de compétence. Les joueurs que nous sommes pouvons profiter de la vie à nouveau et ne plus avoir à passer un temps considérable pour monter son équipe à un niveau suffisant pour ne pas mourir dès la première attaque du boss en cours.
Terminons cette section dédiée aux petits plus et aux petits moins en précisant que nous avons droit à un remaster de la version originale du titre, c’est à dire la version Super NES et que donc la mission supplémentaire ainsi que les quatre classes ajoutées dans la version GBA sont absentes, adieu le nécromancien… Mais séchons ces larmes, car nous pouvons désormais profiter des aventures de Bartz dans un français de qualité, afficher une mini-map bien pratique et nous perdre dans les artworks de Yoshitaka Amano et les compositions de Nobuo Uemastu dès l’écran d’accueil et cela sans aucune restriction.
Conclusion
S’il n’a pas l’aura des épisodes IV et VI, Final Fantasy V n’en fait pas moins partie des meilleurs titres de la série des Final Fantasy avec un système de classes et de compétences d’une densité incroyable qui nous permet de laisser libre cours à toutes nos envies de personnalisation. Avec cette version Pixel Remaster, c’est à un incontournable du JRPG auquel nos Switch ont droit et aucun amateur du genre ne peut se permettre de passer à côté de cette pépite bien trop méconnue en Europe. De plus les différents ajouts nous permettent de progresser comme nous l’entendons dans cette narration prenante à l’animation pleine d’humour et aux systèmes de combat toujours aussi sérieux et tactiques.
LES PLUS
- Le système de classe est d’une rare densité
- Le système de combat en jauge ATB est toujours aussi efficace
- Les graphismes sont rehaussés, mais conservent le charme du pixel art d’époque
- La bande-son réorchestrée est splendide tout en respectant celle d’origine
- Entièrement traduit en français dans une police en pixels d’époque
- Les animations des personnages sont amusantes
- Spéciale dédicace à Boco le Chocobo
- Même si elle n’atteint pas les sommets des IV et VI, la narration est intéressante
- Les ajouts adoucissent nettement la nécessité de farm
- Les extras de Amano et Uematsu disponibles dès le menu de lancement
- La mini-map disponible, c’est peut-être un détail pour vous…
LES MOINS
- La comparaison avec le VI fait toujours mal
- On aurait aimé voir le moteur HD-2D sur un tel bijou
- Trop de facilité dans le scénario