Comment rédiger le test d’un jeu quand le concept même de celui-ci nous paraît très éloigné de ce que nous attendons d’un jeu vidéo ? En voilà une question qu’elle est bonne et à laquelle il nous a fallu nous attaquer pour ne serait-ce que lancer ce Hidden Through Time sur notre Switch. En effet, si le concept de « Où est Charlie ? » nous semblait amusant lorsque nous passions un temps en famille avec nos enfants de quatre ans, transposer le même concept en jeu vidéo nous semble un pari bien audacieux qui devra au moins répondre à cette question, mais à qui s’adresse-t-il ? Mais avant d’aller plus loin dans nos investigations, détaillons un peu plus en détail ce qui nous attend.
Where is Bryan ?
Pour les quatre du fond qui auraient zappé les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, Où est Charlie est une série de livres-jeux de Martin Handford qui nous demandait de trouver un petit personnage, dénommé Charlie donc, au beau milieu d’une foule bigarrée. Très vite, des personnages annexes ont fait leur apparition ainsi que des objets le tout dans des décors divers et variés. Une série de sept livres qui aura fait le bonheur des enfants et de leurs parents qui pouvaient alors passer un temps en commun tout en faisant face à une activité à leur portée respective.
Hidden Through Time du Crazy Monkey Studio reprend à la lettre ce concept de base, mais sans Charlie. À la place, il nous faut découvrir de petits personnages ainsi que des objets dans des tableaux de plus en plus grands et surtout animés. Comme son nom l’indique, ce voyage se fera à travers le temps pour nous faire découvrir le quotidien, très imaginaire, des hommes de la Préhistoire jusqu’au colon d’Amérique.
Dans chaque tableau, un nombre d’objets ou de personnages fixé est à découvrir et en fonction de nos réussites, nous pouvons ainsi débloquer le tableau suivant pour avancer dans le temps et dans les niveaux du mode histoire. Petit point important, une aide est disponible pour chacun des objets via une petite phrase nous expliquant le contexte lié à l’objet tel « je suis au pied d’un arbre », nous indiquant qu’il faudra donc chercher… ben au pied d’un arbre. Cela évite les prises de tête trop longues, sauf que le principe même de Où est Charlie est de se prendre la tête. Nous avançons ainsi très rapidement dans ces tableaux sans quasiment aucun défi.
Bien sûr, les amateurs du genre me diront qu’il suffit de ne pas appuyer sur l’objet pour obtenir un indice, et nous leur répondrons gentiment que quitte à s’amuser avec ce type de jeu, autant ne pas dépenser les 20 € de la version boîte ou les 8 € de la version eShop, sans compter l’achat de la console, mais plutôt de prendre un abonnement à n’importe quel journal d’information proposant un jeu des huit erreurs en plus d’un Sudoku et d’un mot fléché, pour ainsi lié l’amusement à la prise d’informations.
Nous en venons donc à notre première question, quel plaisir peut-on prendre face à un jeu qui nous demande de rechercher des objets dans une image alors que nous connaissons parfaitement les prouesses que peut réaliser notre Nintendo Switch ? D’autant plus que pour découvrir ces objets, il va nous falloir zoomer et observer notre écran par petite partie, l’image globale étant trop large pour nous permettre un niveau de détail suffisant.
Bryan is at the Skate Park
Le jeu en nomade est donc à proscrire, qu’en est-il du jeu en docké. Le principe de s’amuser en famille pour retrouver les sensations d’antan est plaisant sur le papier, sauf que dans les faits, mettre un jeune enfant face à un écran fixe durant de longues minutes n’est jamais une bonne idée, mettre un jeune enfant devant un écran n’est jamais une bonne idée en fait, et mettre un enfant moins jeune face à un écran fixe durera le temps pour lui de dégainer son fameux « Ouais c’est nul, j’vais au skate park. ».
Nous en avions parlé en introduction, mais à qui s’adresse ce Hidden Through Time ? Et nous n’avons qu’une seule piste de réponse. Celle des créateurs de niveaux. Car si le titre de Crazy Monkey Studio se montre vite lassant dans son mode histoire, il est bien plus intéressant dans son mode construction qui nous laisse la possibilité de créer les tableaux que nous souhaitons en mélangeant aussi bien les personnages que les objets et les époques et cela avec trois couches superposables. Autant dire que le nombre de créations possibles est immense et que la possibilité de les partager par la suite en ligne nous offre un réservoir infini d’amusement.
D’autant plus que nos Switchs, avec leur écran tactile, s’adaptent parfaitement à ce mode en le rendant intuitif et très rapide à mettre en place, du moins avec la limite imposée par la taille de nos écrans. Car c’est encore là que le bât blesse. Disponible également sur n’importe quelle tablette pour un tarif de base de 3 €, Hidden Through Time se voit alors doté d’un écran bien plus grand pour une maniabilité identique, les fans inconditionnels préféreront sans doute passer par ce support pour créer leur niveau.
Pour le reste, la technique est à la hauteur avec des graphismes mignons et détaillés qui savent se renouveler à chaque nouveau biome que nous débloquons. Notons d’ailleurs que des mondes supplémentaires sont disponibles en DLC, à chaque fois pour un prix de 2 €. Pour ce tarif, nous obtenons juste 10 niveaux supplémentaires, mais plus de 300 objets alors disponibles dans le mode construction.
La maniabilité en tactile est parfaitement adapté, mais console hybride oblige, il nous est aussi possible d’y jouer en mode docké, c’est bien plus pénible et lent. Nous déplaçons la caméra via un stick et le curseur via un autre rendant le tout très vite indigeste, ce qui explique sans doute aussi la réaction de notre jeune. Pour finir, la bande-son se renouvelle à chaque tableau, mais elle se montre vite répétitive, nous obligeant rapidement à couper le son.
Conclusion
Hidden Through Time est un jeu dont le seul public semble être les créateurs de niveaux ou les fans absolus d’Où est Charlie, peut-être sont-ils les mêmes d’ailleurs. Si la prise en main en tactile semble parfaitement adaptée, la taille de nos écrans limite le plaisir pris à découvrir ces tableaux pleins de personnages et d’objets tandis que jouer en mode docké à la manette est franchement pénible. Il ne reste que le mode création et son partage en ligne comme intérêt pour ce titre mignon, mais trop vite répétitif et sans renouvellement.
LES PLUS
- Le mode création est complet et facile d’utilisation
- Le mode en ligne regorge de création de joueurs
- Les graphismes sont mignons et détaillés
- La prise en main en tactile est efficace
LES MOINS
- La bande-son se répète bien vite
- Le gameplay est quasi inexistant
- La taille de nos écrans en nomade limite le plaisir pris
- La prise en main à la manette est vite frustrante
- La comparaison avec une pleine page d’Où est Charlie fait très mal
Test très sympa et bien écrit, merci pour celui-ci !
Dommage que le jeu ne soit pas adapté à la taille des écrans Switch. Curieux de savoir ce que le 2 va ramener, à part des nouvelles cartes.