« Employé brillant dans le prestigieux univers informatique, me voilà un jour pris d’une grande considération pour la nature, loin de mes lignes de codes et des écrans qui viennent éclater ma rétine. Comme épris par un besoin viscéral de me reconnecter à la terre, me voilà parti pour de nouvelles aventures au cœur de la maison familiale laissée à l’abandon, afin de la transformer en un joli refuge où il fait bon vivre ». Ce discours fait-il écho en vous ? Si vous répondez par l’affirmative, prenez quelques instants pour découvrir Garden Simulator et toutes ces facéties entre les brins d’herbe.
Développé par Produktivkeller Studios et édité par SunDust, Just for Games et Toplitz Productions, Garden Simulator tente l’audacieux pari d’offrir aux joueurs une simulation de jardinage accessible, ludique, et dans l’idée, réaliste. La partie commence au cœur de la maison familiale laissée pour compte, avec un jardin jonché de détritus. Grâce aux commandes rappelées sur la partie gauche de l’écran, le joueur est invité à dégager le terrain des sacs poubelles, des palettes et de tout autre déchet suspect : hop direction la grosse benne à ordures. La consultation des tâches à réaliser s’effectue via une boite aux lettres accolée à la maison (oui, nous avons un peu tourné en rond au début… nous l’admettons !). Non loin de cette dernière se trouve un recueil des compétences, siège de quelques améliorations notables au fil des multiples interventions. Nous y reviendrons, puisque pour le moment, mis à part jouer les éboueurs, nous n’avons guère fait grand-chose.
Le tutoriel sert de fil conducteur au joueur, ainsi guidé par différentes tâches pour découvrir et prendre en main le titre. Le jardin est, initialement, assez petit, mais il dispose déjà de suffisamment de place pour mettre en œuvre toutes sortes d’activités, à commencer par quelques plantations. Avant toutes choses, un passage par la boutique s’impose. Il faut vivre avec son temps… et tous les achats se font en ligne via une boutique accessible sur l’ordinateur : une pelle, un arrosoir et quelques graines : de quoi commencer l’aventure sereinement.
« Un jardin, même tout petit, c’est la porte du paradis » (M. Angel)
Bientôt, les premières plantations donneront naissance à quelques plantes comestibles (en l’occurrence des aubergines). Afin de rendre le temps un peu moins longuet (et dès lors éviter de tourner en rond sur la belle pelouse, encore un peu haute), il est possible de passer rapidement au jour suivant. Ouf, voilà qui aurait été fort fastidieux (et ennuyeux) le cas échéant !
Les petites fleurs font rapidement leur apparition et suivent sensiblement le même chemin que le potager : préparer la terre, planter, arroser, attendre, arroser, attendre, arroser… l’attente sera plus ou moins longue selon l’espèce considérée, tout comme le gain réalisé lors de la récolte. Contrairement à de nombreux opus de ce calibre, le joueur n’est pas dans l’obligation de passer par la case dépôt afin de pouvoir récolter – le fruit – (aha !) de ses efforts. En effet, il suffit simplement de récolter les légumes et autres variétés arrivés à maturation pour obtenir quelques pièces de jardin (la monnaie du titre), ainsi que de l’expérience.
Cette expérience permet d’obtenir à son tour des points d’expérience, à dépenser selon les préférences du joueur : vendre un peu plus cher ses petites fleurs, ses légumes, ou encore obtenir un arrosage un peu plus performant. Avec un peu de patience, l’expérience s’acquiert relativement vite, puisque la moindre tâche permet d’en obtenir (y compris le déblayage des ordures). Pourtant, de la patience, il va en falloir…
« Venez au jardin, je voudrais que mes roses vous voient ! » (R. Brinsley Sheridan)
Le titre se destine avant tout aux joueurs en mal de calme et de quiétude. Loin d’être difficile, Garden Simulator ne demande que de la patience et de la persévérance afin de débloquer l’ensemble des outils et des récoltes disponibles. Pour y parvenir, il convient le plus souvent de travailler l’espèce en amont, d’agrandir son terrain ou encore de vendre un certain nombre de fleurs, de fruits (ils ne sont pas bien nombreux de cette catégorie !) et de légumes.
Quelques outils plus ou moins efficaces viennent compléter votre arsenal initial, assez miteux il faut le reconnaître. Ainsi, une seconde pelle sera bientôt disponible, mais aussi d’autres tondeuses (dont une automatique), ou encore quelques arrosoirs plus efficaces (assurément les articles sur lesquels vous jetterez rapidement votre dévolu !) y compris quelques arroseurs automatiques pour des zones bien définies.
La boutique détient aussi quelques éléments de décorations, quelques nains de jardins et autres clôtures pour mettre un minimum en sécurité vos cultures. Pour plus de facilités, la boutique en ligne est organisée par groupes d’articles : les outils, les graines avec des plantes à repousses multiples (idéales pour se faire un maximum de pépettes !), les graines à usage unique, les graines de fleurs ou encore les sentiers/clôtures/bordures, mais aussi les haies et les éléments en bois. C’est aussi par l’intermédiaire de la boutique qu’il est possible d’agrandir son jardin.
Sans amélioration préalable, la livraison de l’ensemble de ces articles s’avère particulièrement… surprenante, voire franchement brutale, totalement en décalage avec le reste du jeu, calme et reposant. Les caisses de livraison sont balancées avec violence dans le jardin, telles des petites bombes qui viennent heurter le sol avec fracas. Fort heureusement, ces dernières n’engrangent guère de dégâts et le joueur est libre d’en libérer le contenu tout en marchant sur ses plantations sans la moindre conséquence. Au cours de la partie, il devient possible de construire une zone dédiée à la livraison… ce qui rend la manœuvre tout de même un peu moins chaotique !
La partie s’agence au fil des journées, elles-mêmes rythmées par une redondance des tâches particulièrement affirmée. Malgré les améliorations disponibles (qu’il ne sera possible de débloquer qu’après plusieurs heures de jeu !), la part consacrée à l’arrosage des cultures est importante. Trop importante. Certes, les arroseurs automatiques facilitent la tâche, mais il va falloir faire des choix puisque l’argent n’est pas difficile à obtenir en soit, mais demande du temps. Alors parfois, il vaut peut-être mieux se retrousser les manches… avec une certaine lassitude. Les arrosoirs disposent au fil des améliorations d’une zone d’action un peu plus grande, mais afin de débloquer l’ensemble des articles disponibles, le joueur n’a pas d’autres choix que de transformer son petit coin de paradis en un véritable champs aux multiples cultures ! La décoration devient donc quelque peu secondaire, et le jardin risque de se voir découper un deux zones : l’une pas trop vilaine avec quelques pierres, nains de jardin et une jolie fontaine… tandis que l’autre partie (plus importante !) n’est qu’un champ de terre prêt à accueillir moult et moult récoltes. Il faut bien vivre !
L’extension du jardin donne lieu à une mignonne petite mise en scène, donnant l’impression au joueur qu’il s’agit d’une véritable petite fête… nous n’en dirons pas davantage afin de conserver le mystère, mais l’idée, un peu fanfaronne et protocolaire, nous a tout de même séduite.
Afin de guider le joueur dans sa besogne répétitive, de nombreuses quêtes sont disponibles au sein de la boite aux lettres du titre. Cohérente avec la progression linéaire, elles permettent de prendre en main toutes les facettes du jeu sans laisser de côté tel ou tel aspect. L’achat de décorations est dès lors nécessaire, mais aussi de certains articles plus originaux comme le bac à compost. Ce dernier permet d’obtenir très rapidement de l’engrais après l’avoir rempli à son paroxysme de plantes sauvages qui poussent sans vergogne dans votre jardin. Il devient dès lors aisé d’obtenir des récoltes d’excellente qualité, simplement en prenant le temps (avec la patience…) de semer de l’engrais chaque jour sur chacun des pieds.
La tonte fait aussi partie intégrante de la vie au jardin. Les tondeuses manuelles sont disponibles en trois modèles, plus ou moins performants, et ratiboiser du gazon ne nous a pas semblé être une mince affaire lors de notre initiation avec la première bête. Pourtant quasi automatique, la tondeuse ne semblait pas vouloir tondre correctement, avec un résultat très mitigé au final. Ce n’est qu’en améliorant la bête que la tonte est devenue plus agréable et surtout plus efficace. Par ailleurs, afin de débloquer l’ensemble des tondeuses, il est nécessaire de tondre une certaine surface… vous ne pourrez donc pas y échapper ! La tondeuse automatique, elle, s’avère pratique mais dangereuse si vous n’avez pas mis en sécurité vos diverses cultures… elle rase tout sur son passage, l’herbe, mais aussi les mauvaises herbes… et les plantations !
Mon beau gazon
Le cœur esthétique du titre est incontestablement mis en avant lors de la promotion du titre. Les graphismes généraux s’avèrent en effet plutôt jolis (quelques papillons viendront même butiner vos petites fleurs !), avec des couleurs réalistes et des textures agréables. En revanche, une sensation de flou persiste en mode portable. Aussi, nous aurions tout de même apprécié plus de personnalisations, surtout pour un titre proposé à un tel prix. La richesse du contenu n’est malheureusement pas exceptionnelle. Par ailleurs, quelques bugs d’affichage sont à souligner : les récoltes apparaissent… puis disparaissent une fois le joueur reculé de quelques pas, avant de réapparaître par la suite. Rien d’affreux, mais rien de parfait non plus.
Le manque de réalisme reste réel… nous n’avons eu aucun jour de pluie au cours de nos 70 jours de labeur. Poussant le titre dans ses retranchements, nous avons tenté l’expérience de laisser notre jardin à l’abandon avec de nombreux déchets sur le sol. Il ne s’est rien passé… aucun rongeur n’est venu fanfaronner chez nous. Enfin, que dire de la gestion de la terre lorsque celle-ci n’est pas régie par une saisonnalité marquée. Il n’en est rien dans Garden Simulator, tant au niveau des graphismes que dans la gestion des cultures. Seul un décompte des jours est visible, mais impossible de connaître la période dans laquelle nous sommes, les fraises poussent donc sans mal quel que soit le jour en question, et le décor reste à l’image du climat : inchangé. Hey, pratique en soi ! Pas bien réaliste en revanche…
Imprégnés d’une ambiance zen, la musique et les quelques bruitages viennent s’intégrer sans mal à la douceur du temps passé au jardin. Seules les livraisons viennent dénoter dans ce cadre bucolique ! Le chat rode aussi quotidiennement, avec quelques miaulements mignons les premiers jours, plus agaçants par la suite puisque sans grand intérêt. Sachez qu’il est possible de caresser le félin afin de lui prodiguer votre amour…
Garden Simulator est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 25 euros environ. Une version boite est, elle aussi, disponible auprès des revendeurs habituels.
Le saviez-vous ?
À l’antiquité, les penseurs et les savants de l’époque ignoraient le fonctionnement de la reproduction des plantes. Ces dernières étaient alors perçues comme d’une pureté mais aussi d’une chasteté remarquables… ainsi, lorsqu’une demoiselle perdait sa virginité, le terme « déflorer » est rentré dans le langage courant : cette demoiselle n’avait dès lors plus la pureté d’une fleur !
Conclusion
Garden Simulator est une simulation de jardinage zen qui se destine aux joueurs amoureux des titres reposants et sans aucune prise de tête. La progression est assurée avec de la patience et de la persévérance. La gestion de la terre avec de multiples plantations, mais aussi la tonte ou encore la décoration extérieure, sont autant de points d'intérêts disponibles. L'immersion dans le jardin est plutôt bonne malgré une impression de flou en mode portable, avec des mélodies reposantes. Le contenu général n'est en revanche pas bien élevé, et la redondance des tâches particulièrement sensible malgré les quelques améliorations disponibles au cours de la partie. Enfin, un manque profond de réalisme quant au climat persistant et aux saisons inexistantes est à préciser...
LES PLUS
- Une immersion calme et reposante au sein d'un petit jardin.
- Aucune difficulté véritable. Il suffit d'être patient !
- Traduction française disponible.
LES MOINS
- La redondance des tâches est particulièrement importante !
- Un contenu un peu faible.
- Légère impression de flou en mode portable.
- Manque de réalisme...
- Un peu cher.