Du Lovecraft, en veux-tu, en voilà ! Après Lovecraft à la mer dans Dredge, Lovecraft dans l’Angleterre du dix-neuvième siècle avec The Excavation of Hob’s Barrow, et Lovecraft style metroidvana dans Elderand, nous voici avec Lovecraft en mode comique, avec l’étonnant Shadows Over Loathing. Suite du jeu West Over Loathing, ce RPG à l’humour absurde est développé par les Américains d’Assymetric Publications. Le jeu est disponible depuis le 19 avril 2023 au prix de vingt-deux euros sur l’eShop. Arrivera-t-il à faire chavirer nos cœurs ? C’est ce que nous allons voir.
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un niveau courant en anglais est nécessaire pour jouer à Shadows Over Loathing.
Un RPG à l’humour absurde !
Shadows Over Loathing commence avec une lettre de notre oncle Murray. Ce dernier nous demande de venir l’aider mais lorsque nous arrivons dans sa boutique d’antiquités à Ocean City, il a disparu. Nous allons alors mener l’enquête pour le retrouver.
Shadows Over Loathing est un RPG qui lorgne sur l’exploration et la réflexion. Le gameplay est assez classique. Notre personnage possède trois statistiques (muscle, moxie, mysticality) qui nous permettent de faire des dégâts physiques, magiques et avec des pistolets.
Nous avons aussi un équipement que nous pourrons acheter, mais que nous trouverons majoritairement pendant l’aventure qui nous permet d’augmenter nos statistiques et d’avoir de quoi nous protéger.
Nous sommes dans un RPG au tour par tour et notre personnage, en fonction de ses points d’action, va pouvoir réaliser plusieurs mouvements. Avant de frapper, il pourra utiliser ses objets ou un de ses nombreux talents qu’il va acquérir au fil de l’aventure.
Nous nous ne battons pas seuls, nous sommes accompagnés de Gabby, l’employée de Murray ainsi que d’un animal de compagnie. Les statistiques de Gabby augmenteront aléatoirement après un dialogue avec elle, alors que notre animal, lui, gagnera des statistiques uniquement après les combats.
Les combats remportés nous rapportent de l’XP qui s’utilise pour débloquer de nouveaux talents, mais aussi pour augmenter nos statistiques. A contrario, la défaite peut nous faire baisser nos statistiques.
Hormis toute cette partie RPG, le jeu propose énormément d’énigmes à résoudre tout au long du récit. Nous aurons par exemple des cours d’astronomie où nous devons retrouver les constellations manquantes dans le ciel, ou alors, nous aurons à explorer une copie du Stonehenge, le Mudhenge, dans lequel nous devons traverser des portes temporelles afin de trouver le bon chemin.
Il y a la quête principale qui nécessite de retrouver notre oncle, mais aussi, comme tout RPG, une flopée de quêtes annexes pour débloquer de nouveaux équipements, de nouveaux talents, etc. De plus, nous pouvons choisir certaines quêtes et comment résoudre celles-ci, ce qui nous permet d’avoir une expérience qui nous est propre.
Un jeu qui ne manque pas une occasion pour nous faire rire…
En plus de tous ces éléments de gameplay, Shadows Over Loathing est un jeu où l’humour est omniprésent. Il y aura toujours des répliques pour nous faire rire et des choix improbables à prendre. Les équipements aussi sont amusants : nous pouvons par exemple porter des chaussures qui ne nous apportent pas grand-chose en termes de statistiques, mais qui va permettre à notre personnage de se déplacer de façon étrange.
Nous nous sommes beaucoup amusés pendant toute l’aventure à réaliser des quêtes improbables. Le RPG et la réflexion se marient parfaitement bien avec l’humour que le jeu déploie. Le contenu est si généreux qu’il y en aura forcément pour tous les goûts.
En plus de l’humour et du gameplay qui vont de pair, nous avons beaucoup apprécié cette accessibilité et ce confort apporté par les développeurs de ce jeu. En mode docké ou en mode portable, nous sentons les efforts pour rendre ce jeu agréable pour le joueur. Il est tactile même si celui-ci est quasiment inutile. Nous pouvons aussi moduler la difficulté en cours de partie si celle-ci devient trop compliquée.
Cependant, à force d’être généreux dans son humour, Shadows Over Loathing perd le joueur dans un flot de dialogues certes drôles, mais qui peuvent devenir lourds à force. Nous avons perdu totalement le fil du récit et réalisé des quêtes très amusantes, mais sans vraiment savoir pourquoi. Le récit aurait mérité d’être un peu mieux calibré pour que l’humour n’empiète pas sur l’histoire et inversement. Certaines énigmes sont parfois trop compliquées.
Une certaine lassitude s’installe au bout de trois heures, et nous finissons par accélérer les dialogues pour éviter de lire un contenu aussi dense qu’un visual novel. Malheureusement, les informations importantes sont noyées avec l’humour et le joueur finit par ne plus savoir ses objectifs malgré la to-do-list disponible. C’est un jeu qui finalement ne peut se savourer que sur de courtes sessions pour profiter au maximum de la qualité des blagues.
… Mais qui noie le joueur avec énormément de dialogues
Le jeu a une durée de vie assez conséquente. Nous avons terminé le jeu en douze heures en laissant de côté une partie des quêtes annexes et en restant en difficulté normale. Pour vingt-deux euros, c’est un prix intéressant, même si nous avons un peu la sensation que le jeu offre un contenu presque trop étouffant pour l’expérience proposée.
Les graphismes, malgré les stickmans, sont une vraie réussite. Il y a un charme à évoluer dans ces mondes divers et variés avec des dessins qui sont toujours au service de l’humour.
La bande-son est vraiment excellente, le sound design est travaillé, et alors que certaines quêtes nécessitent le son pour être accomplie, nous avons énormément apprécié cette mission assez étrange où un certain Monsieur Zimmer (comme un certain compositeur) jouait une musique très stressante pour éviter d’être envahi par les ombres.
Malheureusement, le jeu n’est pas traduit en français. Il faut un niveau courant pour comprendre des dialogues qui sont très nombreux, les jeux de mots et le langage parfois très haché de certains personnages.
Conclusion
Qu’il est difficile de juger ce Shadows Over Loathing. Ce RPG à l’humour absurde affiche de très belles qualités. Nous pouvons parler évidemment de son humour qui est omniprésent, mais aussi de ses graphismes et sa bande-son qui sont très réussis. Cependant, à force de vouloir faire rire, Shadows Over Loathing noie le joueur dans des pavés de dialogues aussi longs que ceux d’un visual novel. De plus, le jeu n’est pas traduit en français et il faut un très bon niveau en anglais pour comprendre toutes les subtilités du titre.
LES PLUS
- Un jeu très drôle
- Que ce soit dans le gameplay, les graphismes ou la bande-son
- Toujours le mot pour rire
- Accessible
- Un gameplay classique mais sympathique
- Les graphismes qui ont un vrai style
- La bande-son excellente
- Grosse durée de jeu pour son prix (plus de dix heures pour une vingtaine d’euros)
LES MOINS
- Pas de traduction française
- Un humour tellement présent qu’il absorbe l’histoire
- Un sentiment de perdition
- L’humour masque les informations importantes
- Une certaine lassitude qui se ressent après quelques heures