Le Japon est une destination prisée par les plus grands amoureux de voyages, en quête de dépaysement et de découvertes, grâce à ses paysages incroyables et à ses temples uniques, autant de souvenirs et d’instants précieux qui restent gravés dans la mémoire des voyageurs. Pour d’autres, le territoire nippon est une inspiration sans limite pour la création de mangas et de jeux vidéos. Mais aujourd’hui, nous vous proposons un tout autre défi, une aventure singulière au cours de laquelle vous devrez faire vos preuves, aussi bien physiques que morales : une excursion dans un petit village traditionnel avec un objectif bien précis : sauver le monde…
L’humanité n’a guère eu d’autres choix que de quitter la Terre, il y a 8 mois, afin d’élire domicile dans l’espace, seul lieu encore protégé, tandis que la planète est désormais sous l’emprise des Keigai, des entités qui n’ont de cesse de vouloir anéantir l’humanité toute entière. Malheureusement, les contrées célestes ont elles aussi été peu à peu englouties par les flammes du désespoir, et le retour sur la planète bleue est inévitable. Le joueur contrôle alors Nini, un jeune homme d’apparence réfléchie, plus enclin à la discussion qu’aux grandes épopées héroïques. Les apparences peuvent parfois être trompeuses, et l’avenir du jeune homme pourrait s’avérer bien plus tortueux qu’il ne l’aurait imaginé. Accueilli par Konoha Oyama, l’espoir semble renaître tandis que l’été se déploie sous un généreux soleil. Nous sommes le 1er août 1983. Nini rejoint la résidence de Konoha, qui n’est autre que sa cousine, où réside aussi sa grand-mère mais alors mystérieusement absente. Les deux jeunes gens habitent la jolie ville de Ashihara Nakatsu, véritable havre de paix qui semble avoir été laissée pour compte par les Kengai. La ville est encore intacte… Nini la découvre au cours des deux prochains jours, qu’il occupe aussi par quelques cours supplémentaires délivrés par le lycée du coin, aux longs couloirs un peu effrayants, tandis qu’une poignée de professeurs se dévoue corps et âme pour les élèves, dont une charmante Kouni. Cette dernière met rapidement l’accent sur l’importance de l’apprentissage, soulignant avec une certaine justesse la rigueur de l’éducation japonaise. L’impact social d’une telle discipline est indéniable, avec l’acquisition du respect de l’adulte à l’image de notre implication au travail. Nini est ainsi libre de se rendre au cours dès 9h, et cela jusqu’à 13h. Il ne s’agit que de cours additionnels, les élèves sont officiellement en vacances… Pourtant, cet apprentissage reste capital, nous y reviendrons.
Les camarades de classe sont peu nombreux, Béni (damoiselle croisée avec un renard) fait partie de la modeste classe ne comptant que quelques courageux d’élèves. Alarmiste, Béni rentre souvent dans quelques excès d’angoisse, soulignant un grand danger imminent… La classe reste en retrait face à ces mises en garde, trop répétitives (pierre et le loup, vous connaissez ?) et dès lors moins réceptives. Néanmoins, le joueur est assurément plus clément à cette alerte qui semble rappeler la situation ô combien dangereuse de la ville face au Keigai.
Après une escapade spirituelle et une halte dans un petit restaurant de la ville, Nini retourne chez lui et s’endort. Pourtant, l’heure est grave (Béni aurait-elle vu juste…?) : les Kegai ont franchi la barrière de Ashira et se sont incrustés au cœur de la ville. L’urgence de la situation semble habiter Nini, et le joueur retrouve rapidement ses amis non loin de là, à proximité du temple découvert peu auparavant. Les graphismes semblent dès lors comme passés derrière un filtre, soulignant la situation périlleuse. Nini se voit contraint de quitter le confort fragile dans lequel il semblait enfin pouvoir se plonger depuis quelques jours afin de rejoindre l’entrée de Yomotsu Hirasaka, le monde d’en bas. Néanmoins, afin de rejoindre les Kegai, le joueur n’a d’autre choix que réussir une première épreuve, indispensable pour dissiper la barrière qui se dresse devant les ennemis. Cette épreuve n’est autre qu’un premier combat : ce dernier fait bien entendu office de tutoriel et permet de rappeler que la partie ne sera guère qu’un amoncellement de dialogues entre jeunes personnes plus ou moins assidues à leurs cours. Les premières ficelles offensives du titre se mettent en place… Tout comme la toute première défaite lors de la rencontre des Kegai.
Avec surprise, une boucle temporelle se produit alors et emporte avec elle le joueur qui retourne immédiatement au 1er août, lors de son arrivée. Le cycle se poursuite avec la rencontre de sa cousine, la découverte des lieux et du lycée… avec cette angoisse permanente de l’attaque des Kegai qui plane dans l’esprit de chacun des habitants. Bienvenue dans Loop 8 : Summer of Gods…
Prendre soin des autres, c’est prendre prendre de soi !
Tandis que les démons semblent peu à peu devenir omniprésents au cœur du quotidien des résidents de Ashihara Nakatsu, les liens sociaux tissés avec autrui restent d’une importance capitale. C’est bien connu, tout seul nous allons plus vite, mais ensemble, nous allons tellement plus loin ! Un adage lourdement mis à contribution dans ce titre qui laisse une large place à toutes formes de communications afin de pouvoir se forger autour de soi des amitiés (et plus) solides… aussi solides que nécessaires pour affronter ensemble les pires ennemis.
La journée s’articule selon le bon vouloir du joueur, mais les axes principaux seront toujours sensiblement les mêmes (mis à part quelques événements particuliers, sur lesquels nous ne manquerons pas de revenir ) : la journée débute tôt le matin et les cours délivrés au lycée restent un point d’ancrage récurrent dans la partie. La classe débute à 9h, et prend fin à 13h. L’implication du joueur est nulle, il suffit de se rendre à l’heure sur sa chaise pour améliorer son intelligence, tandis que le statut social sera lui aussi positivement impacté. Les retardataires sont acceptés… Mais il est préférable d’être ponctuel. Ces cours ne sont pas obligatoires, mais ils permettent d’atteindre facilement une amélioration de certaines stats, tout en se rapprochant de bon nombre d’élèves qui, eux aussi, se montreront rigoureux dans leur apprentissage. Tous rassemblés dans une classe, il devient plus facile de faire un brin de causette après les cours, plutôt que de les chercher dans toute la ville (et dès lors perdre un temps précieux).
Les statistiques de votre personnage, mais aussi de tous les résidents de la ville, sont au cœur même de la stratégie du jeu. S’il est possible de les améliorer par les études, bien d’autres options s’offrent au joueur, comme l’entraînement sur des barres de fer non loin du lycée (qui permet d’augmenter sa force, à condition de lui consacrer 90 minutes), ou encore la lecture de quelques magazines dans la rue principale (pour accroître cette fois-ci son charme). Bien que nécessaires, ces activités ne seront guère les plus addictives du titre, puisque c’est véritablement auprès de tous vos amis (enfin, amis… plus ou moins !) que vous batifolerez le plus (en attendant la fin du monde aha !).
Pour cela, il suffit de se rapprocher de l’un d’entre eux, et de lui parler (quelques discussions se lanceront automatiquement tout de même). La conversation peut alors se faire tout naturellement, sans donner lieu à quoique ce soit. Mais la majorité d’entre elles sera à l’origine de multiples propositions : Discuter, flatter, charrier, ou encore, se promener et bien d’autres à découvrir… Ces propositions requièrent pour chacune un certain nombre de points d’énergie et/ou d’endurance. Le joueur dispose dès lors sous les traits de Nini d’un certain capital qu’il peut dépenser à loisir. Par ailleurs, sachez qu’il est possible de restaurer l’énergie et l’endurance de différentes manières, les plus simples étant d’aller au restaurant, ou tout simplement de dormir !
Chacune des propositions disponibles vis à vis d’un autre personnage est bien loin de découler sur une réaction positive de ce dernier ! En effet, les différents protagonistes ne se montrent pas toujours très aimables… et pour cause : ils peuvent être de mauvais poil ! L’humeur fait en effet partie des points capitaux à prendre en considération avant d’aborder une personne… Fort heureusement, Nini est capable d’une certaine clairvoyance vis à vis des autres et bien qu’il ne soit pas infaillible, son sens de l’observation est d’une grande aide. Certaines réactions restent surprenantes, flatter autrui et se faire rembarrer… Voilà qui n’est pas bien fairplay ! Les conversations découlent peu à peu sur d’autres propositions, similaires à de petits événements. Néanmoins, à nouveau, il est nécessaire d’attendre le bon moment, et le bon niveau d’amitié, pour se lancer dans de telles actions. Les relations tissées entre Nini et les autres habitants de Ashihara Nakatsu sont d’une grande importance dans la poursuite de l’histoire ainsi que sur la tournure des événements à venir. Il est donc crucial d’y consacrer un temps conséquent, avec patience et persévérance pour ne pas agacer autrui… même s’il va falloir, d’une certaine façon, presser le pas : n’oubliez pas, la fin du monde est proche et le menu principal le rappelle sans cesse avec un décompte journalier qui ne cesse de dégringoler suite à chaque nuit écoulée.
La ville compte différents lieux au sein desquels il devient possible de renforcer ses stats, d’accroître son niveau social tout en tissant des liens de plus en plus forts avec autrui, mais aussi de découvrir un grand nombre de bénédictions. Ces dernières se camouflent dans des endroits récurrents mais donnent au joueur une amélioration notable des statistiques des personnages (DES personnages, en effet, les bénédictions ne sont pas uniquement pour Nini… Ce qui est plutôt de bonne augure puisque, rappelons-le, c’est à plusieurs que vous parviendrez à vaincre les démons !). Ces bénédictions sont en effet permanentes, et cela, malgré le chaos. Voilà qui commence à tisser progressivement toutes les ficelles du jeu, ses rouages et son challenge… Délivrées par un semblant de polatouche, un messager divin avec une queue touffue enflammée, ne les négligez surtout pas afin de pouvoir progresser sereinement dans l’aventure.
De nombreux faits ponctuels surviennent dans l’aventure, et mettent l’accent sur l’urgence de se préparer au combat afin de ne pas laisser les Kegai prendre possession de lieux, tandis que la ville semble peu à peu perdre de sa protection…
Le ver est dans la pomme…
L’alerte est donnée, les Kegai ont franchi la barrière de Ashihara Nakatsu, et commencent à s’enraciner. Le conflit est inévitable afin de repousser l’assaut des envahisseurs. Le « monde d’en bas », aussi appelé Yomotsu Hirasaka, trouve sa porte d’entrée dans les zones les plus pieuses de la ville, à proximité du temple. La confrontation avec le grand ennemi n’est pas immédiate puisqu’il est d’abord du devoir de Nini de remporter certaines épreuves afin d’avoir la capacité de dissiper les barrages menant aux Kegai grâce à l’obtention de magatamas.
Le combat se déroule au tour par tour, le joueur contrôle les actions de Nini en commençant par sélectionner la cible de l’action à venir. Ennemi ou allié, les propositions seront dès lors différentes (attaquer ou épauler). Plusieurs types d’attaques (ou de soutiens) sont disponibles mais requièrent, bien entendu, un certain nombre de points d’énergie sur lesquels il convient de garder un œil… L’attaque peut dès lors être affectée par différentes émotions : l’amitié, la tendresse, ou la haine. Si cette dernière peut donner lieu à une puissance un peu supérieure, attention à l’utiliser avec parcimonie, au risque sinon de renforcer l’ennemi ! Vos alliés, et vos ennemis, restent libres de leurs choix… Il est de fait particulièrement important d’avoir noué une relation solide avec son partenaire ! Toutes ces heures de parlotte vont pouvoir servir à quelque chose…
Les nombreuses discussions, mais aussi les combats plus ou moins ardus, permettent de comprendre les ficelles de l’histoire, et d’en apprendre toujours plus sur les résidents de Ashihara Nakatsu mais aussi sur Nini. Le joueur parviendra t-il à enrailler la machine infernale qui semble frapper progressivement la ville, et mettre un terme à ces boucles temporelles, conséquences de la défaite, par l’anéantissement du chaos ? A vous de faire les bons choix, de prendre les bonnes décisions, et de vous allier avec les bonnes personnes…
Et pourtant, «L’enfer, c’est les autres» (Sartre) ?
Reflet de nous-même, les autres permettent d’en apprendre un peu plus sur soi-même tout en enrichissant son point de vue sur autrui. Ces relations sociales s’avèrent complexes et subtilement mises en avant dans le titre de Marvelous. Au-delà d’une carte aux déplacements faciles entre les différents points d’activités de la ville, le menu donne accès à toutes sortes de données nécessaires à la bonne compréhension de l’ensemble des stats, mais aussi des relations tissées avec autrui. Ainsi, pour chacun des personnages, l’ensemble des niveaux de tendresse, d’amitié et de haine (ça ne rigole pas !) sont récapitulés sous la forme d’un graphique clair et coloré. Le joueur perçoit ainsi d’un simple regard avec qui ses affinités sont les plus fortes (et réciproquement) ! Le menu est aussi l’occasion de faire le point sur les précieuses bénédictions d’ores et déjà obtenues mais aussi sur l’ensemble des statistiques avec leur niveau de bases et les bénédictions associées : force, agilité, intelligence, compétence, pouvoir divin, statut social, charme… Tout est passé au crible ! Sans oublier les différentes compétences liées au combat. Les statistiques des personnages qui ont rejoint l’équipe s’affichent en premier, associées à l’humeur et au désir de ces derniers : impossible de ne pas s’apercevoir d’une petite baisse de moral !
Enfin, le titre offre la possibilité de sauvegarder à loisir, ce qui soulagera un grand nombre de joueurs frileux des aventures qui manquent de points de sauvegardes pour revenir sans mal sur les choix effectués. De nombreuses sauvegardes automatiques ponctuent aussi le déroulement de l’aventure, mais aussi moult temps de chargement…
De l’espace à Ashihara Nakatsu
Si la gravité perturbe l’arrivée de notre charmant Nini, ce dernier jouit en revanche d’une sensibilité sans équivoque avec notamment une vision respectueuse de la nature et plus largement, des environnements qui l’entourent. Nous ne pouvons que soutenir cet aspect, le titre s’avère particulièrement réussi graphiquement avec une impression de quelques peintures aquarelles délicates. Les personnages, eux, sont dessinés dans un style manga, avec les expressions (et les corpulences féminines…) associées.
L’ambiance musicale de Loop 8 est assez agréable, avec un accompagnement de musiques classiques plus ou moins rythmées. L’ambiance bascule du tout au tout lorsque le danger survient, laissant place à une atmosphère plus pesante et oppressante.
Le titre est, avec bonheur, traduit en français et permet une meilleure accessibilité, sans le barrage de la langue.
De nombreux atouts pour ce titre, mais un bémol avec des temps de chargement d’une durée correcte, mais assez récurrents. Sans aller jusqu’à briser le rythme du jeu, ils surviennent un peu trop régulièrement et peuvent partiellement agacer. Néanmoins, nous n’avons subi aucun retour brutal sur le menu ou quelconque autre bug. Le titre s’est montré fluide et stable tout au long de notre partie.
Loop 8 : Summer of Gods est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch comme en boutique au prix de 50 euros environ.
Le saviez-vous ?
Les polatouches sont des rongeurs volants particulièrement exceptionnels grâce à leur membrane, dite patagium, qui leur confère la capacité de planer sur plusieurs dizaines de mètres. Mais ce n’est pas tout… Ils font partie des très rares mammifères capables de fluorescence sous ultraviolets ! Les scientifiques sont encore partagés sur la raison d’une telle spécificité… Nos petits polatouches sont décidément des êtres bien mystérieux qui ne nous ont pas encore délivrés tous leurs secrets !
Conclusion
Plongé au cœur d'une ville japonaise qui tente de tenir debout face à la menace permanente du chaos, Loop 8 : Summer of Gods place le joueur au centre d'un enchevêtrement d'événements jusqu'au déploiement du combat final. Dans la peau d'un jeune homme lui même un peu sonné par un retour brutal depuis l'espace, ce dernier doit pourtant rapidement occuper ses journées à l'amélioration de ses compétences personnelles, sans jamais oublier les liens qu'il convient de tisser avec autrui. Les relations sont incontestablement la pierre angulaire du titre, qui se veut unique en fonction des choix effectués par le joueur. En fonction des propositions, des affinités et des actions réalisées, l'histoire pourrait bien prendre une tournure bien différente... les journées passent très vite sur Ashihara Nakatsu, entre les études, les bénédictions, les liens sociaux et la hantise de quelques combats. La boucle temporelle permet un retour en arrière, avec la conservation de certaines statistiques précises, afin de se préparer un peu mieux encore aux combats contre les Kegai. La réalisation générale du titre est bonne, avec des graphismes et une ambiance sonore de qualité, le tout pourvu d'une bonne traduction française.
LES PLUS
- Une aventure qui avance progressivement au fil des relations (toutes aussi progressives !) qui se tissent et se « détissent ».
- Le joueur est libre d'orienter ses choix comme il le désire, avec des statistiques qui seront fluctuantes en fonction de ses activités, mais aussi des propositions faites à l'ensemble des personnages.
- Une aventure unique, dont l'évolution dépend des choix réalisés par le joueur au fil de la partie.
- Une réalisation générale réussie, avec des graphismes doux et colorés avec soin, tandis que la musique classique accompagne le joueur au fil de son aventure.
- Traduction française disponible !
LES MOINS
- Une certaine redondance des tâches indéniable...
- Vous n'aimez pas la parlotte ? Passez votre chemin !
- Un peu trop de temps de chargement.
- Tarif un peu élevé
Euh… Concernant la technique, c’est comment ? Si les graphismes font très ps3, l’animation des personnages faisait très ps1, très hachée en 10 fps, sur les différentes vidéos et bandes-annonce. C’est toujours le cas sur la version finale ?