Etrian Odyssey est l’une de ces nombreuses séries DS et 3DS qui nous est parvenue de façon assez discrète. Le premier épisode est disponible depuis 2007, et la série a vite su se faire une place de choix dans le cœur des joueurs. Si vous aimez les dungeon crawler, vous n’avez pas pu passer à côté de cette série. Et c’est dans la surprise générale, après un Etrian Odyssey Nexus sorti en 2019 en occident de façon toute aussi discrète, que la série ressuscite sur Switch en 2023. Le tout dans une édition HD et pour la première fois disponible intégralement en français. Alors, on ressort sa carte et son compas et on se prépare à plonger dans le monde merveilleux des labyrinthes.
Avant l’exploration, la préparation !
Dès les premières minutes de jeu, Etrian Odyssey vous plonge directement dans la création de votre guilde et de vos personnages. Ici, vous n’incarnez pas un héros directement, mais une guilde, et vous devrez sélectionner vos héros avec soin. Le titre vous laisse le choix entre 9 classes, dont 7 disponibles immédiatement. Pour le Ronin et l’Envouteur, il faudra patienter et explorer ! Heureusement, côté classe restante, il y en a pour tous les goûts. Vous aimez les guerriers physiques qui tiennent la première ligne ? Le Lansquenet et le Protecteur seront vos plus fidèles alliés. Vous préférez la magie ? Aucun souci, l’Alchimiste et le Guérisseur vous aideront dans votre exploration. Attention tout de même, vous ne pouvez partir à l’aventure qu’avec 5 personnages. Il faudra donc faire un choix. D’autant plus que le jeu fait la part entre ligne de front et ligne arrière. Vous pourrez organiser votre équipe comme vous le souhaitez, mais sachez que la ligne de front sera la plus sévèrement attaquée. Chaque classe de personnage possède aussi son propre arbre de compétences. Vous pourrez à chaque augmentation de niveau, attribuer un point dans une compétence, ou bien économiser et débloquer plusieurs techniques d’un coup. Le jeu proposant une option pour dépenser un certain nombre de points et débloquer directement une compétence choisie et les sous-compétences requises. Pratique quand on se perd dans l’arbre de compétences parfois complexe.
Une fois votre équipe réunie, vous voici lâché dans la ville. Dans Etrian Odyssey le scénario est simple. Presque anecdotique pour tout vous dire. Vous prenez vos missions, vous vous lancez dans le donjon et… c’est tout. Le scénario réserve tout de même une ou deux surprises, mais l’intérêt principal reste avant tout dans la cartographie et l’exploration. Pour vous la faire courte, vous êtes dans la cité de Etria, et vous devrez résoudre les mystères liés au Labyrinthe d’Yggdrasil. Le tout à travers diverses missions, consistant à atteindre un étage précis ou battre un adversaire dangereux pour faciliter l’exploration.
La ville de Etria servant de hub est divisée en plusieurs sections. L’auberge du Coq sera votre point de chute régulier. C’est ici que vous pourrez sauvegarder mais aussi soigner toute votre équipe et stocker quelques objets. Le tout bien sûr, moyennant finance. Et dans Etrian Odyssey, la gestion du budget reste importante. Les soins coûteront de plus en plus cher au fil de l’aventure, et votre inventaire étant limité, stocker des objets peut être très utile.
L’herboristerie de Ceft vous permettra d’acheter divers objets de soin, mais surtout de ressusciter vos compagnons tombés au combat. Là encore, tout à son prix et la résurrection finit vite par coûter une certaine somme. Après tout il n’y a pas de petits profits.
Le Bazar de Shilleka sera votre armurerie. C’est ici que vous vendrez vos butins obtenus sur vos adversaires, et que vous pourrez refaire votre équipement. C’est aussi ici que se vend l’objet le plus utile du jeu, le Fil d’Ariane. Objet vous permettant de remonter directement en ville depuis les profondeurs du labyrinthe.
Le Pub du Cerf d’or sera votre fournisseur de quêtes secondaires. Qu’il s’agisse de retrouver un aventurier, collecter des ressources, abattre des adversaires, les quêtes secondaires sont assez variées et vous forcent à explorer le labyrinthe sous tous les angles.
La guilde des aventuriers est le premier endroit que vous visiterez, pour créer votre guilde et votre équipe comme expliqué précédemment. La Salle du Radha quant à elle sera pratique pour avancer dans la quête principale et noter vos découvertes. Vous pourrez enregistrer chaque ennemi rencontré dans le donjon, mais également chaque objet que vous aurez pu récupérer au fil de vos aventures. Une fois votre tour de la ville effectué, vos achats réglés et votre groupe prêt, vous pourrez enfin passer au cœur d’Etrian Odyssey. L’exploration et la cartographie du Labyrinthe d’Yggdrasil.
Un labyrinthe douloureux.
Ceux qui connaissent la série le savent : Etrian Odyssey est exigeant et particulièrement difficile. Parfois même injuste, il faut l’avouer. Vos premiers pas seront légers, avec un petit tutoriel vous expliquant comment cartographier le labyrinthe. Outre des commandes compliquées à prendre en main que nous aborderont plus tard, nous allons d’abord parler de la partie principale du titre, les donjons. Dans Etrian Odyssey, vous avancez dans un labyrinthe en 3D à travers une vue à la première personne. Vous devrez donc avancer à travers le labyrinthe, le cartographier et trouver le moyen d’atteindre l’étage suivant. Le labyrinthe est divisé en plusieurs étages, qui eux-mêmes forment des « strates ». Chacune ayant d’ailleurs son propre environnement. Tous les 5 étages, le joueur change de « strates » et donc d’ambiance. À noter qu’à chaque changement de strate, le joueur dispose d’un pôle géomagnétique, lui permettant de remonter à la surface et de sauvegarder. Ces différents pôles permettent aussi de plonger directement à une strate voulue. Heureusement, vu l’enfer du labyrinthe.
Etrian Odyssey est dur. Parfois même beaucoup trop. Le jeu emprunte certains éléments aux jeux de rôles classiques et proposera lors de votre exploration, des choix parfois vicieux. Imaginez. Vous passez de longues heures à lutter contre des monstres acharnés, et le labyrinthe vous propose une petite clairière ensoleillée pour faire une pause. Qu’allez-vous faire ? Prendre un repos bien mérité et prendre le risque de vous faire agresser dans votre sommeil par une horde de monstres ? Ou passer votre chemin, et continuer sans pouvoir profiter d’un repos salvateur ? Dur choix n’est-ce pas ? Eh bien Etrian Odyssey, c’est ça. Des choix cornéliens et beaucoup de souffrance. Ajoutez à cela la présence d’adversaires terriblement forts et hostiles, les F.O.E (acronyme de « Formido Oppugnatura Exsequens »). Ces derniers servent le plus souvent de boss à abattre, ou parfois carrément d’adversaire à fuir sous peine d’une défaite cuisante. Ces derniers apparaissent sur la carte du labyrinthe et se déplacent en même temps que vous. Prenez garde à bien les éviter, ou vous le regretterez amèrement.
Pour le reste, Etrian Odyssey propose un schéma de progression des personnages assez classique. Vous combattez, vous recevez un montant d’expérience, et vous progressez. Mais attention petit piège. Le montant d’expérience que vous recevez n’est pas celui affiché. Eh oui, vous êtes un groupe. Ce montant est donc divisé par le nombre de membres du groupe. Vous pensiez affronter un groupe de monstres et gagner un joli pactole ? Perdu. Vous divisez ça entre chaque membre de votre équipe. Ce schéma rend la progression horriblement longue et ennuyeuse.
Heureusement, le jeu propose un mode « Histoire ». Mais ce dernier casse complètement le jeu. En passant en mode histoire, vos dégâts sont multipliés par 5. Et les dégâts reçus deviennent anecdotiques. Même les F.O.E et les monstres censés être intouchables deviennent anecdotiques, et chaque combat peut se finir en mode automatique en fermant les yeux. On aurait clairement préféré un entre-deux. Le jeu proposant soit une difficulté normale qui est vraiment complexe, ou ce mode histoire, où l’on roule sur le jeu. Heureusement, vous pourrez choisir la difficulté d’un simple passage dans les options.
L’art de tracer sa voie.
Pour ce qui est de la cartographie, le passage sur console de salon ne réussit malheureusement pas au titre. À l’époque de la DS et 3DS, le titre proposait une expérience claire. L’écran supérieur servait pour le jeu, et tout le côté cartographie se passait sur l’écran tactile. Un choix logique et efficace, puisque le stylet permettait de placer ses icônes et de gérer sa carte facilement.
Dans ce Etrian Odyssey HD, gros changement de ce côté. Déjà, visuellement, ça fait mal. L’écran se retrouve séparé en deux à la verticale. Le côté gauche vous permet de vous repérer dans le labyrinthe, et à droite vous avez votre carte. La touche X permet de passer dans un affichage plein, mais dans ce cas le jeu propose une carte réduite dans un coin de l’écran, ce qui n’est absolument pas pratique pour se repérer. Lorsque vous voulez cartographier une zone, tout devient pénible.
Le joueur se déplace dans le labyrinthe à l’aide de la croix directionnelle. Les touches L et R permettant des déplacements horizontaux. Jusque-là, tout va bien, rien de très compliqué.
Les problèmes commencent maintenant. L’écran de carte, situé à droite est lui-même divisé en deux. Une partie globale en haut, représentant la carte complète, et une partie zoomée en bas sur laquelle vous mettrez vos annotations. Déjà, première chose que l’on remarque, de base seul notre trajet, coloré en bleu est indiqué. Si vous voulez que votre carte dessine automatiquement les murs, il faudra aller dans les options et demander un marquage automatique complet. Enfin, complet mais… pas vraiment. Le marquage n’affichera que le trajet parcouru et les murs. Vous devrez donc placer toutes les icônes sur la carte. Les escaliers, les pièges, les coffres. Tout le reste donc. Et pour cela les commandes de base sont vite cauchemardesques.
Prenons exemple. Vous avez mis votre traçage de carte en mode « complet » dans les options, et vous voulez poser une porte que vous venez de franchir. Vous devrez donc appuyer sur + pour ouvrir le menu des icônes. Ensuite, vous devez vous déplacer avec le stick droit, pour sélectionner la porte. Comment sélectionner ? Avec le bouton ZL, ou ZR. Oui. Le bouton A étant utilisé pour les actions contextuelle dans le donjon. Ensuite, vous devrez toujours avec le stick droit, le placer sur la carte, et valider à nouveau avec ZL ou ZR. Pour peu que vous vouliez vous déplacer sur la carte zoomée pour indiquer un point un peu plus éloigné que vous auriez oublié, il faudra déplacer la carte avec le stick de gauche. Autant dire que c’est pénible. Au mieux. En mode portable, le jeu propose des commandes tactiles un peu plus efficaces, mais là encore c’est compliqué. Avec de gros doigts on perd vite en précision. Un stylet aurait été agréable, malheureusement la Switch n’en propose pas, et le jeu n’étant vendu qu’en dématérialisé, vous devrez vous débrouiller sans.
Un remaster qui a quand même du bon.
Si la cartographie ne vous fait pas peur, la version HD d’Etrian Odyssey reste tout de même intéressante. Les versions DS et 3DS commencent à dater, et cette version HD reste visuellement très agréable, même si la série des Etrian Odyssey a toujours été simpliste de ce côté. Après tout, le cœur du gameplay se situe surtout dans l’exploration et la cartographie. Cependant, la version HD reste de bonne facture, avec des illustrations HD de toute beauté et un labyrinthe aux couleurs chatoyantes. Et surtout, pour la première fois le titre est intégralement en français. Et ça, c’est une bonne nouvelle. De quoi découvrir une série solide pour ceux qui aiment le genre. On regrette cependant que les menus n’aient pas été un peu plus retravaillés. Et surtout l’ergonomie déplorable de la carte. Gros point fort également de cette version HD, la bande-son qui est remasterisée. Certains thèmes ne sont pas exceptionnels, c’est sûr. Mais dans l’ensemble, l’ambiance sonore reste très agréable et on sent qu’un travail sérieux a été effectué dessus.
Conclusion
Le remaster d’Etrian Odyssey possède de solides qualités et un vrai intérêt. La traduction française fait très plaisir, et l’amélioration des graphismes et de la bande-son reste un gros plus. On regrette fortement ce choix d’écran divisé et une prise en main absolument horrible en mode TV. Malheureusement, ce qui faisait le cœur du gameplay d’Etrian Odyssey se retrouve être maintenant un gros point faible. On espère que si la suite nous parvient également en HD, Atlus améliorera sensiblement l’ergonomie de ce côté.
LES PLUS
- Etrian Odyssey en français.
- Un retour de la série qui fait plaisir.
- Une version HD de qualité.
- Le mode de difficulté « Histoire ».
- Les nombreux fichiers de sauvegarde possibles.
LES MOINS
- Une difficulté bien trop déséquilibrée entre le mode normal et histoire.
- La séparation de l’écran.
- L’ergonomie déplorable de la carte.
- Le prix qui pique.
- Le scénario ? Quel scénario ?