Certaines inspirations proviennent de titres célèbres, des titres qui sont parvenus à faire leurs preuves, parfois même en prolongeant le défi avec l’exploit de suites et de remake successif sur plusieurs années, tous autant réussis que les originaux. S’inspirer, c’est bien… mais parvenir à insuffler quelques nouveautés afin de mettre au point un titre unique, avec des mécaniques propres et un univers singulier, voilà qui s’avère nettement plus délicat et fastidieux. L’inspiration du jeu que nous allons vous présenter en détail provient sans équivoque de Pokémon : un nouveau titre de capture de bestioles, répondant au drôle de nom de Cassette Beasts. Parviendra t-il a relever l’impétueux défi d’être à la hauteur de son modèle ? Question subsidiaire : vous avez toujours un vieux lecteur de cassettes audios chez vous… ? Voilà qui pourrait bien vous être utile…
Développé par Bytten Studio et édité par Bytten Studio et Raw Fury, Cassette Beasts est disponible depuis le 25 mai dernier sur Nintendo Switch. Sa promesse est audacieuse : sa fiche technique annonce la collecte d’un grand nombre de monstres, capables de fusionner, grâce à une capture dans de petites cassettes audio (whaaaat ?), le tout dans un monde ouvert, peuplé de nombreux habitants à découvrir, presque tout autant à combattre. De quoi aguicher le joueur… à raison ?
Le petit village de Bourg… de Port-la-Ville
Avec grand plaisir, le titre commence par une brève personnalisation de son personnage (c’est toujours plus agréable !) : la coupe de cheveux, la couleur de la-dite tignasse, mais aussi des yeux voire même du maquillage pour celles et ceux qui le désirent. L’identification du genre est parfaitement libre, il, elle, et iel. Tout le monde est invité à prendre part à l’aventure sans la moindre discrimination. Nous aimons toujours.
Après une arrivée mystérieuse sur une plage déserte, le joueur fait rapidement ses premiers pas sur le titre. Première GROSSE déconvenue, sujet fâcheux et malheureusement fortement redondant : le jeu souffre d’importants ralentissements, allant jusqu’à hacher lourdement la partie, à la fois lors des déplacements, jusqu’à la musique. Nous avons eu la crainte de ne pas pouvoir tester le titre tant cette malheureuse découverte est frappante dès les premières minutes de jeu… il était donc important de débuter le test par cette mise en garde. Nous espérons (et demandons !) l’arrivée prochaine d’un patch pour remédier à cela : le cas contraire, il faudra s’en contenter sans sourciller, mais la frustration est là ! D’autant plus que le titre ne manque pas d’atouts par ailleurs… il serait dommage de le laisser de côté.
Avec une attitude, de fait, un peu saccadée (fluidité horrible oblige…), le joueur prend en main son petit personnage. Capable de sauter, de courir (mais attention à l’endurance qui s’épuise très – trop – vite !), les premières rencontres arrivent rapidement et l’histoire se profile. Si le passé de notre héros est encore flou, le présent, lui, le rattrape rapidement : désormais résident de la petite ville de Port-la-Ville, elle même installée au sein de l’île de la Nouvelle-Wirral, les découvertes sont nombreuses. Les monstres sont à la porte de la ville et se répandent sur tout le territoire. Les Veilleurs sont là pour remettre un peu d’ordre dans cette zizanie, tout en aidant les villageois pour le moindre petit boulot : tel sera l’un de vos objectifs, rejoindre cette valeureuse communauté. Le chemin sera long et semé de nombreuses rencontres, mais il est nécessaire de prouver ses compétences pour rentrer dans l’élite ! Encore simple stagiaire, les villageois ne manquent pourtant pas de multiplier les requêtes et les missions s’avèrent être particulièrement nombreuses au sein du titre : répertoriées au sein d’un journal de quêtes, lui même découpé en fonction du statut de ces dernières, la carte vient peu à peu à se dévoiler au fil des déplacements.
La carte du monde, en sus de la mini map disponible en bas de l’écran, est un véritable repère pour avancer plus sereinement dans l’aventure, sans se perdre dans des pérégrinations inutiles. Répertoriant les points d’intérêts importants, comme la ville principale ou les gares, mais aussi les feux de camps (indispensable pour faire une halte, nous y reviendrons !), sans oublier l’objectif de la quête en cours. Cette carte permet aussi quelques voyages rapides, idéaux pour retourner au plus vite en ville après un combat un peu trop coriace… et des combats, vous allez devoir les enchaîner !
Un jour je serai… le plus grand collectionneur de cassettes !
Grâce à un didacticiel discret qui s’échelonne au gré de la première heure sur le titre, le joueur peut rapidement prendre en main toutes les ficelles (assez intuitives, surtout pour les amateurs de Pokémon !) du titre. Tout comme son modèle, le joueur est invité à capturer un maximum de petits monstres (tous si possible !), grâce à un procédé original de transformation de forme. Il ne s’agit dès lors pas ici de lancer la bestiole au combat mais bel et bien de se transformer en la dite bestiole afin d’être directement sur le champs de bataille. Le principe général repose sur la bonne gestion de cassettes audio : ces dernières peuvent, en effet, chacune comporter en leur sein un petit monstre, agrémenté de multiples compétences grâce aux autocollants apposés dessus. Sans grande surprise, chacun des monstres dispose de ses propres caractéristiques, avec les classiques éléments de base (le feu, l’air, l’eau et la terre), et bien d’autres plus exotiques à découvrir. Ces particularités s’imbriquent les unes aux autres, elles se font face afin de devenir plus fort, plus fragiles, ou annuler ses compétences. Les développeurs ont tout particulièrement poussé cet aspect avec des implications sur le combat particulièrement présentes : prenons pour exemple un monstre de type Plastique (assurément le plus original !). Ce dernier se voit transformer en type Poison sous l’impact de compétences de type Feu ! De quoi renverser toute la suite du combat… de telles situations sont très fréquentes et donnent lieu à de nombreux rebondissements.
Les combats s’avèrent dès lors particulièrement stratégiques, avec un choix judicieux de monstres à maîtriser pour faire face à ceux qui se dressent contre le joueur. L’écran se présente alors comme à l’accoutumée, avec les alliés d’un côté et les ennemis de l’autre. Le joueur sélectionne l’action qu’il souhaite lancer (une compétence – alors active ou passive – contre un point d’action), l’utilisation d’un objet, le changement de forme (de monstre en cours de combat, n’oubliez pas VOUS êtes le monstre !), la fuite, ou l’enregistrement. L’enregistrement ? Parfaitement ! Rien n’est laissé au hasard dans Cassette Beasts, et nous ne pouvons que féliciter le travail porté sur la parfaite cohésion des tâches. Ainsi, la capture des monstres se fait par l’enregistrement de ces derniers sur une cassette audio (une cassette qui peut être totalement neutre, ou bien plus spécialisée dans la capture de monstres de tel ou tel type) : afin de faciliter l’enregistrement, le monstre doit être affaibli, soumis d’ores et déjà à quelques bonnes attaques des alliés. L’enregistrement demande un certain temps : le monstre est dès lors incapable de fuir ou même de mourir ! C’est le bon moment pour garder sous le coude une attaque dévastatrice et le bombarder afin de décupler les chances de captures…
Une fois la capture réussie, le monstre en question rejoint sa cassette. Il peut alors être utilisé dans l’équipe pour participer aux prochains combats. L’ensemble des enregistrements est disponible dans un répertoire dédié et permet ainsi de connaître l’étendu du bestiaire disponible. Comptez 120 monstres à collectionner ! Chaque bestiole comporte une fiche détaillée, avec ses compétences et quelques petites informations à son sujet. Certains monstres sont aussi à l’origine de nouvelles compétences directes pour le joueur… dès le début de l’aventure, ce dernier devient ainsi rapidement capable de planer quelques secondes (moyennant un peu d’endurance…) et peut ainsi atteindre certaines plate-formes qui lui semblaient auparavant un peu trop éloignées.
Les combats peuvent aussi laisser la place à une nouvelle stratégie, particulièrement destructrice : la fusion. Deux monstres s’unissent alors pour n’en former qu’un seul et même surpuissant. L’ensemble des capacités des deux monstres initiaux devient disponible et la confrontation plus musclée. Cette faculté peut s’avérer particulièrement intéressante pour venir à bout de certains monstres plus coriaces que d’autres… vous en croiserez !
Afin de rester dans le combat, il est impératif de ne pas perdre (voilà une phrase philosophique !). Le joueur doit ainsi prêter attention aux points de vie de ses monstres lorsqu’il en endosse la forme, mais aussi à ceux de ses alliés. Une fois l’ensemble des monstres tombés au combat, le joueur retrouve sa forme humaine et devient dès lors particulièrement vulnérable à la moindre des attaques… le retour sur un brancard vous guette !
La victoire, quant à elle, donne lieu à l’acquisition de nombreux collectables, mais aussi d’expérience et de nouvelles capacités. Contrairement à ce qu’il est possible de trouver auprès d’autres titres, il n’est pas nécessaire ici de faire travailler chacun des monstres pour le faire grimper en niveau. Le joueur gagne en effet en niveau, et emporte avec lui les cassettes du même niveau. En revanche, le gain de capacité, lui, requièrent de partir au combat ou l’achat/le gain d’autocollants. Ainsi, la progression au sein de Cassette Beasts est particulièrement agréable et il n’est pas nécessaire de passer un temps fastidieux à faire progresser l’ensemble de ses monstres. Certaines de ces progressions peuvent donner lieu à des évolu… pardon, à des monstres qui se « rematricent ». Bon, bref ils évoluent quoi (il en s’agit que d’un changement de mot !). Il s’agit parfois de la seule solution pour atteindre certaines espèces… néanmoins, ces évolutions ne se font pas n’importe où (et ne sont pas obligatoires, le joueur est libre de les accepter, ou non). Il convient en effet de prendre le temps de faire une petite pause afin de pouvoir les atteindre. Ces pauses sont, par ailleurs, souvent les bienvenues… !
Les temps de repos sont l’occasion de recharger toutes les cassettes (et ainsi retrouver tous les points de vie de tout le monde), faire rematricer (ahaha) ses monstres, refaire le point sur son équipe ; mais aussi de taper le bout de gras avec ses copains de voyage. Le fruit de ces discussions est en effet capital afin de croître les liens tissés avec les autres personnages. Plus le lien sera fort, plus la confiance sera réciproque. Les fusions seront alors d’autant plus efficaces ! L’aspect social n’est donc, en aucun cas, à laisser de côté. Soulignons par ailleurs que la fusion n’est guère possible sans restriction : une jauge de fusion est en effet visible pendant les combats et se remplit progressivement.
Ces temps de pause peuvent d’effectuer à la fois dans des cafés, mais aussi autour de feux de camps, qui deviennent alors de véritables lieux de confidences !
Enfin, pour conclure sur les combats jumelés à l’aspect social du titre, ces derniers peuvent être de différents types : les monstres sauvages sont nombreux, mais visibles. Ainsi, les confrontations peuvent être évitées si le joueur souhaitent avancer plus rapidement vers son point d’intérêt. En revanche, certains amateurs de cassettes audio ne vous laisseront guère passer sans faire un combat de monstres avec vous. Tiens tiens…
L’ensemble de ces combats se déploie dans un monde ouvert assez vaste, avec différents environnements, passant de la plage à la forêt ou la prairie, au delà de contrées plus automnales encore. Dans tous les cas, il faudra faire face à quelques minis énigmes mettant en scène des interrupteurs divers et quelques déplacements de rochers afin de faire office de poids sur certaines plaques notables. Rien de bien difficile, mais il faudra parfois faire preuve d’un brin de logique pour trouver la bonne solution.
Moulti tâches !
Les villageois sont particulièrement friands de rumeurs… pouvant dès lors donner lieu à quelques objectifs, parfois même jusqu’à l’offrande de quelques cadeaux ! Le joueur est ainsi invité à se battre, mais aussi à discuter avec tout le monde, tout en fouinant les alentours qui peuvent parfois s’avérer emplis de quelques surprises. Quelques passages « secrets » sont ainsi à découvrir, des coffres par ci par là, mais aussi quelques objets camouflés dans des meubles, etc.
L’inventaire va donc rapidement se remplir… jusqu’à saturation. Fort heureusement, il est possible (contre une ressource un peu plus rare) de le rendre un peu plus consistant. Néanmoins, la structuration de ce dernier s’avère intéressant : il est en effet impossible de porter plus d’un certain nombre d’objets en particulier (fonction du niveau de l’amélioration du sac). Par exemple, les rechargeurs (pour retrouver de la vie, comme si vous rembobiner une cassette… le tout avec un symbole de crayon… quel joli clin d’œil d’une époque révolue !) ne peuvent pas être détenus sans limite, et au début de son aventure, le joueur devra se contenter d’une ridicule poignée de certains objets ! En revanche, ces derniers ne s’acquièrent pas tous avec la même ressource : les cassettes vierges et les rechargeurs ne s’échangent pas contre la même monnaie d’échange, chacun semble ainsi se ranger dans une poche différente. En d’autres termes, vous n’hésiterez pas entre les échangeurs et les cassettes avec une seule source monétaire, et pourrez ainsi prendre les deux sans le moindre souci. Nous qui aimons partir les besaces pleines à craquer, et notamment un stock conséquent pour la capture de monstres, voilà qui nous ravit.
Avan….. ceuh !
L’univers rétro de Cassette Beasts séduira les amateurs de pixels, avec cette belle impression de se plonger à nouveau dans une aventure des années 2000. Dans ce style bien particulier, les graphismes sont propres, sans fioriture (forcément…) malgré quelques décors charmants, avec un bestiaire plutôt bien dessiné et varié, sans être aussi attachant et mignon que celui du Pokédex. Les noms des monstres sont, par ailleurs, moins qualitatifs et ne prêtent globalement pas à sourire comme ceux des Pokémon.
La musique nous a surpris ! S’il est coutume d’être accompagné par un BO plus ou moins de qualité, mais toujours (ou presque) instrumentale, Cassette Beasts laisse plus de place à la version chantée… et ça marche ! L’ambiance est bonne et le choix musical adapté, même s’il peut parfois sembler un peu redondant.
Le titre pèche en revanche énormément sur sa fluidité… à se demander comment il peut sortir avec de tels ralentissements. Le confort de jeu est lourdement influencé, avec des expéditions parfois fortement ralenties…
Cassette Beasts est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 20 euros environ. Un tarif particulièrement attractif pour un titre aussi riche.
Le saviez-vous ?
Pour allez plus loin sur le titre, rendez-vous sur le wiki du titre, juste ici !
Conclusion
Cassette Beasts est une alternative particulièrement intéressante à Pokémon. Utilisant sensiblement les même techniques générales, le titre se distingue par un choix de capture original, en poussant les détails au paroxysme pour rester dans le thème de la musique vintage. Le bestiaire est assez riche et varié, avec de nombreuses rencontres à venir, donnant lieu à des combats stratégiques avec des rebondissements nombreux et audacieux. L'aventure laisse aussi une part conséquente aux relations avec autrui, afin d'être plus performant encore sur le champs de bataille mais aussi pour atteindre certaines quêtes et objectifs. Le titre est disponible en français et dispose d'un contenu varié, intéressant et assez addictif pour les amateurs de captures de bestioles. En revanche, à l'écriture de ce test, Cassette Beats souffre d'importants ralentissements qui diminuent le plaisir de jeu... nous espérons l'arrivée très prochaine d'un patch afin de remédier à cela (et nous serons alors ravis de modifier la note en conséquence) !
LES PLUS
- Une idée originale, avec la capture de monstres dans des cassettes audios, et une bonne cohérence dans ce choix audacieux des développeurs, jusqu'à la mise en scène des combats et des objets disponibles.
- Un contenu riche et varié, notamment un bestiaire intéressant, avec de nombreux monstres aux multiples compétences.
- Une aventure qui laisse autant de place aux combats, qu'à l'exploration du monde ouvert, sans oublier les relations à tisser avec ses alliés et les nombreuses rumeurs à découvrir auprès des villageois.
- Un didacticiel clair et progressif afin de se sentir pleinement à l'aise sur le titre et ainsi permettre une parfaite prise en main des joueurs quelque soit leur niveau.
- Traduction française disponible.
- Prix très correct.
LES MOINS
- Aaaaaaaaah mais qu'est-ce donc que ces ralentissements oppressants ?!!
- De grande similitudes avec Pokémon... tout de même !