Il est enfin là ! Eh oui mine de rien, le premier Oxenfree était sorti plus d’un an avant l’arrivée sur le marché de nos Nintendo Switch, alors dire que son successeur était attendu, comme celui de la console hybride de Nintendo d’ailleurs, est un léger euphémisme. Arrivé à un moment où le jeu indépendant commençait tout doucement à se faire ses lettres de noblesse, le premier épisode avait su attirer les joueurs amateurs d’aventure narrative et de fantastique. Alors sa suite tiendra-t-elle les promesses de son aîné ? C’est ce que nous allons voir de suite.
Retour vers le futur
Disponible sur l’ensemble des plateformes de jeux vidéo, le premier Oxenfree nous emmenait, aux côtés d’Alex, suivre les aventures d’une bande d’adolescents sur Edwards Island, ce qui avouons-le sonne bien mieux en anglais. Fini l’esprit teen movie dans cet épisode 2 puisque nous prenons cette fois le contrôle de Riley, une jeune femme ayant quitté la ville de Camena, faisant front à l’île d’Edwards. Et nous vous avions prévenu, ça sonne vraiment moins bien en français…
Elle souhaite toutefois renouer avec ses racines et, pour reprendre contact avec la ville qui l’a vue naître, elle a trouvé un job chapoté par Evelyn, une chercheuse travaillant sur les ondes. Arrivée sur place, Riley devra entrer en contact avec Jacob, son partenaire qui la suivra tout au long de cette histoire, pour aller installer sur les hauteurs de Camena une antenne. Forcément rien ne se passera comme prévu et c’est à un dérèglement du continuum espace-temps ainsi qu’à une secte auxquels devra faire face notre duo de scientifiques.
Tout le plaisir de cet épisode tient encore dans sa narration parfaitement maîtrisée. Nous suivons avec un intérêt croissant l’histoire de Riley et Jacob tout au long des six heures que dure ce récit. Dès les premières minutes de jeu, le fantastique y tient la part belle et les amateurs du genre retrouveront avec plaisir les thèmes liés. Cette narration est surtout mise en valeur par des dialogues, là aussi, parfaitement maîtrisés qui sonnent toujours parfaitement justes et ne semblent jamais forcés.
Notons d’ailleurs que si des liens existent avec l’épisode premier, il n’est en rien nécessaire d’avoir joué à celui-ci pour profiter pleinement de cette histoire et comprendre tout ce qui s’y passe. Toutefois, de petites références existent et les joueurs ayant gouté l’épisode 1 pourront avec plaisir retrouver des noms connus. De manière générale, ce récit et ces dialogues sont le cœur d’Oxenfree II: Lost Signals et c’est leur intégration dans le gameplay qui rend le titre de Night School Studio.
Fréquence interdite
En effet, Oxenfree II ne cherche en rien à modifier son ADN de base. C’est toujours un jeu qui, manette en main, nous demande de nous déplacer d’un point à un autre, ce qui représente un bon 90 % de ce que devra faire le joueur. Mais là où de nombreux autres titres se contentent de laisser le joueur seul au monde, nous sommes accompagnés de Jacob et disposons d’un talkie-walkie. Nous allons ainsi, durant chacun de nos trajets, avoir des interactions verbales avec un nombre croissant de protagonistes.
La qualité d’écriture de ces personnages nous permet de profiter de ces dialogues qui peuvent se montrer tout aussi drôles que touchants. Pour leur donner la réplique, Riley, sous notre contrôle, aura plusieurs réponses possibles. À nous de choisir laquelle nous paraît la plus adaptée. Ces choix auront un impact sur la suite des événements. Nous regrettons juste que cette influence soit limitée essentiellement à la fin du jeu et qu’il n’y ait pas davantage d’embranchements scénaristiques. De même, une seule énigme est venue ralentir notre progression. C’est dommage, car celle-ci était plutôt inattendue et bien amenée.
Le talkie-walkie nous permettra aussi d’en apprendre davantage sur les différents protagonistes de notre aventure. Nous pourrons aussi récupérer différents éléments disséminés un peu partout pour compléter le tableau général de l’aventure à laquelle nous prenons part. Les amateurs de la complétion seront aux anges tandis que ceux cherchant les clés du dénouement pourront passer outre. Le dernier point concernant le gameplay concerne l’utilisation d’une radio. En nous promenant sur les ondes, nous pourrons soit déclencher différentes actions, plutôt guidées, soit continuer notre collecte d’informations sur l’île.
Le labyrinthe de Pan
L’ensemble de ces mécaniques est parfaitement intégré à la narration et nous avons toujours cette sensation de faire partie, aux côtés de Riley et Jacob, de ce récit. Notons toutefois que les dialogues prennent une place importante et qu’il est impossible de les zapper. Du coup, recommencer une nouvelle partie pour y faire de nouveaux choix est plutôt laborieux. Pour le reste, la prise en main ne souffre que des défauts rédhibitoires du genre, à savoir une légère imprécision dans les déplacements, mais rien de vraiment gênant.
Les graphismes sont toujours aussi soignés. Nous déambulons dans des tableaux fixes pleins de charme et de détails. Chaque lieu possède son style propre et nous pouvons ainsi passer d’une grotte humide à une plage enchanteresse en passant par des monts pentus. Les personnages se déplacent dans ces décors sans soucis. Leurs animations sont soignées et notre seul regret concerne une distance d’affichage plutôt éloignée qui ne permet pas de profiter du travail des graphistes en mode portable.
La bande-son de ce second épisode a été confiée, comme pour l’épisode fondateur, au compositeur SCNTFC qui réalise, une fois encore, un ensemble de titres qui savent toujours s’adapter parfaitement aux émotions qu’ont cherché à véhiculer les développeurs et scénaristes. Entre des titres au piano doux et calmes pour les moments d’introspection et ceux plus électroniques lorsque la normalité part à vau-l’eau, chaque titre vient mettre sa pierre à l’ambiance générale du titre de Night School Studio.
Conclusion
Tout en abordant des thèmes plus matures, mais en gardant le même amour et la même maîtrise du conte fantastique, les développeurs de Night School Studio nous offrent, avec Oxenfree II: Lost Signals, une digne suite à leur jeu narratif. Avec son gameplay mettant en exergue les dialogues et ne laissant aux joueurs aucun moment d’ennui, les six heures de durée de vie passent très vite tant il est difficile de poser la console une fois l’aventure commencée. Techniquement, les graphismes et la bande-son sont toujours en adéquation avec le récit et nos seuls regrets viennent de l’unique énigme présente qui laisse un goût de trop peu, ainsi que d’un système de choix qui n’encourage que peu la rejouabilité.
LES PLUS
- La narration est parfaitement maîtrisée de bout en bout
- Nous sommes happés dès les premières minutes dans ce récit
- Les personnages et les dialogues sont très bien écrits
- Les graphismes sont détaillés et soignés
- Les animations ne souffrent d’aucun défaut
- Les mécaniques de jeu s’intègrent parfaitement au récit
- La bande-son est un modèle du genre qui nous met parfaitement dans l’ambiance
- Entièrement traduit en français et doublé en anglais
LES MOINS
- L’unique énigme laisse un goût de trop peu
- Des déplacements un peu rigides (mais c’est pour chipoter)
- La rejouabilité, malgré différentes fins, est assez limitée