L’année dernière marquait les 25 ans de la série Atelier, licence de plus en plus populaire du RPG japonais par les studios Gust et Koei Tecmo. Une célébration anniversaire démarrée avec la sortie de Atelier Sophie 2: The Alchemist of the Mysterious Dream en 2022 suivie plus tôt cette année avec la sortie de Atelier Ryza 3: Alchemist of the End & the Secret Key. Certainement toujours dans l’optique de fêter cet anniversaire, le premier jeu de cette licence de plus en plus populaire du RPG japonais revient sur Nintendo Switch dès cet été à travers Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg. Nous avons eu la chance de jouer longuement à ce remake, voici d’ailleurs le bilan des expériences alchimiques que nous avons effectuées dans le jeu.
Marie a 5 ans pour obtenir son diplôme
Cela fait plus de 25 ans que le public japonais possède l’exclusivité du premier opus et plus globalement de la première trilogie de la série Atelier. À défaut de toute la trilogie, c’est le premier opus qui débarque enfin jusque chez nous avec l’arrivée de ce remake de Atelier Marie. Malgré ce statut et malgré la notoriété grandissante de la série Atelier, Gust et Koei Tecmo n’auront toujours pas jugé utile de traduire Atelier Marie en Français. Ainsi, ce remake arrive chez nous uniquement en anglais. Certes, il demande moins de capacité de compréhension dans la langue anglaise que les récents opus disponibles mais cela reste un premier défaut à relever en démarrant le jeu.
Passé ce premier défaut, nous découvrons ainsi une introduction nous racontant un genre de conte de fée. Le jeu nous présente un monde de fantaisie dans lequel de braves héros partent en quête d’aventure en vainquant des monstres et en sauvant le monde des ténèbres. Puis le narrateur nous propose de nous éloigner de ce genre d’intrigue en évoquant le cas d’individus plus lambdas du monde. Tandis que certains affrontent le chaos et font face à un quotidien dangereux, d’autres vivent simplement au jour le jour dans un monde de paix. Salburg est la capitale du royaume de Schigsal, c’est également dans cette ville que se trouve l’académie d’alchimie de Salburg. Une académie réputée, qui a formé les meilleurs alchimistes du continent.
Nous incarnons Marie, une étudiante de cette célèbre académie. Malgré la réputation de l’établissement, Marie accumule les mauvaises notes et est certainement la plus mauvaise élève de l’histoire de l’académie. Pourtant, ce n’est pas une question d’effort ou de volonté, Marie donne vraiment le meilleur d’elle-même mais tout ce qu’elle entreprend se solde par un échec. Son professeur, Ingrid, décide de changer de méthode d’enseignement et lui autorise à ouvrir un atelier. Ainsi, Marie continue ses études en pratiquant l’alchimie dans son atelier. Ingrid lance un défi à Marie : elle lui donne 5 ans pour maîtriser l’alchimie et lui créer un objet qu’elle jugera de qualité satisfaisante. Passé ce délai, si Marie remplit les conditions, elle sera diplômée de l’académie.
C’est ainsi que commence notre vie d’étudiante en alchimie avec Marie. Pour ceux qui ne connaissent que les récents jeux de la série, les premiers jeux n’étaient pas nécessairement réputés pour être longs ni même avoir une intrigue véritablement profonde et importante. Cela n’empêche pas Atelier Marie de proposer en plus de notre héroïne, une poignée de personnages jouables ou non ayant une intrigue qui se déroule progressivement sur plusieurs mini chapitres durant vos 5 années d’études. Malgré tout, notre objectif principal ici reste d’être reconnue et diplômée par Ingrid. Cela n’empêche pas Atelier Marie de vous diriger vers plusieurs fins dépendamment de vos liens, des quêtes et de ce que vous avez entrepris durant les 5 ans du jeu.
Ceci dit, en restant honnête et en se concentrant sur le fait de finir le jeu, nous en avons pour moins d’une dizaine d’heures de jeu. Une durée de vie à multiplier en cherchant les autres fins et en tentant de compléter le jeu à 100%. D’ailleurs, en terminant le jeu, nous avons la possibilité de recommencer en reprenant les données d’une run, changer le niveau de difficulté, obtenir quelques bonus en plus, conserver les évènements que nous avons déjà vus et même avoir un genre de guide donnant des indices sur l’accès aux autres fins. Soulignons au cas où, nous évoquons le fait que nous jouons les 5 ans d’études pour l’héroïne Marie, mais le temps passe à un rythme propre au jeu. D’ailleurs, vous le devinez normalement lorsque nous disons que le jeu se finit en moins d’une dizaine d’heure.
Le quotidien de Marie
Justement parlons de ces 5 ans et du rythme du jeu. À l’origine, le jeu se terminait au bout des 5 ans avec une fin dépendamment de ce que vous avez accompli durant votre run. Une limite de temps qui ramène longtemps en arrière pour les fans de la série Atelier d’avant la trilogie Ryza. Cette limite de temps dans Atelier Marie Remake est de retour en mode de jeu normal mais le développeur a jugé bon d’inclure un mode “Illimité” pour permettre aux joueurs de continuer l’aventure au-delà de la 5e année et voir la fin quand ils le désirent une fois les 5 ans passés. À vous de choisir votre mode de jeu avant de lancer votre partie, ce mode ne peut pas être changé en cours de route.
Une fois votre mode de jeu déterminé, commençons justement par cette notion de temps. Il n’est pas question d’une mécanique de temps avec une journée se déroulant selon un certain nombre de minutes et un cycle jour/nuit. La réalité c’est que les journées passent bien plus vite que vous ne l’imaginez. Le seul moment où le rythme d’une journée ne s’écoule pas c’est quand nous faisons le tour de la capitale : le temps de vivre les cinématiques importantes ou les petites scènes de développement de personnages, parler aux PNJ, entendre les rumeurs autour de Salburg pour débloquer des quêtes, aller à la taverne récupérer des quêtes ou faire des emplettes à l’académie ou à l’armurerie.
Une fois vos préparatifs effectués, votre groupe de personnages déterminé et bien formé, direction la sortie de la ville pour explorer de nouveaux horizons. Nous atterrissons alors sur une carte de la région avec des lieux à visiter que nous devons choisir. Le nombre de zones explorables dépend surtout de votre avancée dans l’histoire. Certaines quêtes spécifiques à réaliser dans ces zones dépendent de la progression de vos relations avec les différents personnages importants de Salburg. Toujours est-il que chaque zone est plus ou moins éloignée de votre ville et vous y rendre demande déjà quelques jours de voyage. Une fois votre destination déterminée, nous voyons Marie s’y rendre, et sur la route il est probable qu’elle récupère des matériaux ou que des monstres se mettent en travers de votre chemin.
Chaque combat et chaque fouille de matériaux font passer une journée supplémentaire au jeu. Une fois à destination, comme en ville nous pouvons déplacer Marie sur une aire divisée en plusieurs petites zones. Sur chaque zone plusieurs lieux de fouille de matériaux avec lesquels nous pouvons interagir et des monstres. Chaque fouille fait passer une journée. Rentrer en contact avec un monstre démarre un combat qui fera également passer une journée. Soulignons que notre panier de récolte est limité et nous ne pouvons ainsi pas récolter des matériaux à l’infini. Ceux-ci sont directement stockés dans notre inventaire en rentrant à l’atelier et il est possible de stocker 99 éléments d’un même matériau. Notons que le chemin du retour à l’atelier prend le même nombre de jours que l’aller.
Pour faire un exemple de calcul sachant que nous avons des mois de 30 jours, si nous allons dans une zone située à 6 jours de Salburg, que nous collectons 10 fois, que nous faisons 10 combats et que nous rentrons, alors 1 mois et 2 jours se seront écoulés. De plus, bien que ce soit le premier jeu Atelier, l’alchimie est déjà un élément clé du jeu. Ainsi, une fois nos matériaux en main, nous allons vouloir les utiliser dans notre atelier pour créer des nouveaux matériaux ou des objets pour répondre à des requêtes ou pour les utiliser en combat. Chaque création demande un certain nombre de matériaux mais cela fera également passer un certain nombre de jours. Ce nombre de jours dépend du nombre d’objets que nous créons en une fois et de la qualité de l’objet créé.
Ce simple cycle d’exploration et d’alchimie peut rapidement faire écouler 2 mois sans que nous ayons eu le temps de vraiment nous en rendre compte. À côté de ça, de nombreux évènements du quotidien et de nombreuses rumeurs à écouter peuvent être vécues ou ratées à Salburg. Il y a également un calendrier annuel avec des événements spéciaux à certaines dates précises comme la tenue de marché pour acheter des matériaux rares ou des soldes à l’académie. Notre progression sur 5 ans dans Atelier Marie Remake est rythmé par ce calendrier de la ville de Salburg, notre implication dans le quotidien des personnes de la ville, notre exploration du monde extérieur, notre collecte de matériaux, nos combats et nos journées passées à l’atelier à juste faire de l’alchimie voire nous reposer quelques jours. En effet, faire de l’alchimie fatigue notre héroïne. La bonne nouvelle c’est que Marie peut accumuler de l’XP et monter de niveau en créant des objets dans son atelier.
Un atelier mignon un peu cher à Salburg
En plus des explorations en ville ou dans le monde extérieur, l’autre élément qui hache un peu la progression du temps, ce sont les combats. Des combats relativement simples et classiques au tour par tour avec 3 personnages jouables dont notre héroïne Marie. Une mécanique de formation à l’arrière, au milieu ou au front influençant les différentes stats de nos personnages dépendamment de leur place sur cette formation. Les différents personnages que nous recrutons ont chacun leur style de combat, leurs armes, leur spécialité et leur technique de combat. Les affrontements sont rythmés par un historique de tour que nous avons en visuel en bas à droite de l’écran.
Il est possible de simplement attaquer, utiliser des objets, se défendre ou utiliser des techniques consommant des PM. Il est possible d’équiper les personnages avec nos créations à l’atelier et les utiliser en combat. Des produits faisant dormir les monstres ou infligeant de gros dégâts aux ennemis parmi bien d’autres possibilités. Il y a une dimension tactique assez basique : tenir compte de l’historique des tours et utiliser les meilleures attaques ou objets contre chacun des ennemis du jeu. Ajoutons à cette dimension tactique, le fait que les ennemis progressent sur un quadrillage 3×3 en face de nos personnages. Certaines techniques infligent des dégâts de zone et peuvent faire la différence dépendamment de la formation des ennemis. RPG oblige, gagner des combats permet de monter de niveau et devenir plus fort. Bien que le jeu en soit est facile et qu’il ait peu de boss marquants ou coriaces. Autre changement moderne, des animations de combat simples mais apportant plus de dynamisme à Atelier Marie.
Après cet aparté sur les combats, nous avons ainsi fait le tour des éléments du jeu. Gardons en tête que le titre du jeu est Atelier Marie Remake, en tant que tel il y a un certain nombre de différences entre le jeu que nous avons aujourd’hui et le jeu d’origine. Globalement le remake permet à l’expérience d’origine de se moderniser, gagner en ergonomie et d’être bien plus jouable. Nous avions évoqué une première différence et élément moderne, celle du mode de jeu normal ou illimité. Ensuite avant même de parler visuel, ce qui nous interpelle au lancement du jeu c’est la bande sonore à l’écran titre. En parcourant les options il y a la possibilité de choisir la bande sonore originale ou la bande sonore arrangée. Une option qui plaira aux fans de la première heure si l’instrumentalisation plus claire, moderne et orchestrale ne plait pas.
En restant sur la partie sonore, le doublage japonais n’est pas intégral mais le casting original de 1997 est de retour. Un travail toujours de bonne qualité pour donner suffisamment de personnalité et de vie à chaque personnage de ce monde. Il est juste dommage qu’il ne soit pas intégral et certains vont déplorer l’absence de doublage anglais. Cela concerne surtout le public anglophone et la poignée d’européens qui préfèrent jouer avec les voix anglaises plutôt que les voix originales. Encore une fois, au-delà de ces quelques manques, le doublage japonais est satisfaisant et permet aux joueurs d’avoir une bonne représentation de chaque personnage important du jeu. Globalement, la bande sonore est à l’image du jeu, la modernisation des sons est agréable à l’oreille, les thèmes sont entraînants à défaut d’être nombreux mais le jeu étant court, le tout s’arrête avant que les musiques ne tournent en rond dans nos oreilles.
Afin d’aider les joueurs à avoir une meilleure représentation des personnages et du monde du jeu, le remake entreprend une refonte graphique. Les personnages, leurs artworks et les illustrations clés du jeu sont redessinés sur un style à la fois moderne mais avec des traits uniques et matures rappelant les travaux d’origine, se démarquant du style générique japonais de nos jours. Puis surtout le jeu présente désormais plusieurs lieux en 3D cel-shading coloré dans lequel nous pouvons évoluer en dirigeant Marie à commencer par la ville de Salburg. Une réalisation mignonne et colorée accompagnée d’une modélisation des personnages en Chibi SD pour renforcer le mignon et le faire déborder. Une modélisation très mignonne mais un contraste in-game qui fait regretter d’avoir des illustrations des personnages plutôt matures durant les dialogues et de les voir finalement en Chibi dans le jeu.
Le mignon et les couleurs ne permettent pas nécessairement de cacher la réalisation assez simple des lieux, contrastant avec la richesse et les détails des récents jeux de la série Atelier. Ceci dit, la différence entre le jeu original et le remake 2023 reste très importante. Dommage, pas de mise en scène folle et des présentations de personnages tout aussi simples saupoudrées d’une espèce de gros effet de flou autour de Marie lorsque nous explorons les lieux. Pourtant, au vu du rendu, la Switch peut certainement faire plus propre sans avoir à surcharger ces effets visuels. Ceci témoigne certainement d’une différence de budget entre ce remake anniversaire et les nouveaux jeux. Au moins techniquement le jeu est très solide sur notre TV ou entre les mains en portable. Le rendu reste d’ailleurs équilibré entre les deux modes de jeu avec une différence de résolution qui ne sera perceptible que par l’œil d’un expert.
Pour le reste, le remake se permet de nombreuses modernisations comme les lieux explorables qui n’existaient pas dans le jeu d’origine, et l’adaptation de l’exploration des lieux d’origine sous le format d’une collecte rapide. Par le passé, explorer un lieu nous amène sur un enchaînement d’événements aléatoires entre collecte et combat. Si vous êtes fatigué d’explorer une zone avec Marie, il est possible d’appuyer sur + pour effectuer une collecte rapide qui permet ce même enchaînement d’événements aléatoires. Les quelques mini-jeux d’origine sont également de retour et adaptés dans le style de nos jours avec même un mode où nous pouvons y rejouer à notre guise. Puis l’interface globale du remake, les informations des matériaux, le calendrier, l’interface du jeu, tout est bien plus propre, moderne et lisible que dans le jeu original. Cela permet ainsi aux nouveaux curieux de jouer et découvrir bien plus confortablement Atelier Marie, surtout en portable pour des sessions rapides afin d’étirer et profiter de la courte durée de vie du jeu. Il appartient ensuite à chacun de jauger si l’expérience vaut son prix de 50 euros. Pour une durée de vie assez courte et un remake qui a plutôt des allures de production AA, il est juste de penser que c’est excessivement cher.
Conclusion
Cette année sur Nintendo Switch, nous avons la chance de pouvoir jouer au dernier opus en date de la série Atelier concluant la trilogie Ryza, mais également au premier jeu de la série et premier opus de la trilogie Salburg. Koei Tecmo et Gust nous proposent cet été de vivre ou revivre les évènements d’Atelier Marie à travers un remake tout mignon, moderne et coloré du premier représentant d’une série de RPG désormais ancrée dans le patrimoine du genre. Beaucoup découvriront d’ailleurs pour la première fois cet opus puisque c’est officiellement la première fois que le public occidental a la possibilité de jouer au premier jeu Atelier. Malgré le ticket d’entrée onéreux et une traduction en français absente, Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg est finalement la meilleure version à ce jour du premier jeu Atelier. Puis malgré ses défauts, il reste un titre et un opus sympathique de la série pour ceux qui lui donneront sa chance.
LES PLUS
- Réalisation et remake visuel mignons et colorés
- Les illustrations clés et les traits des personnages
- Un framerate solide en TV et portable
- Bande sonore originale ou arrangée au choix
- Doublage japonais de bonne facture
- La modernisation de l’expérience Atelier Marie
- Le mode normal ou illimité
- Les apports QOL donc gain de confort et lisibilité
- Un rythme de jeu taillé pour de petites sessions rapides
- Une durée de vie convenable pour le 100%
- La possibilité de New Game + pour aider au 100%
- Une écriture simple et un objectif principal clair dès le début
- Des scénarios de personnages découpés en mini arcs
- Le menu extra pour retrouver toute la galerie du jeu et les mini-jeux
LES MOINS
- Un effet de flou fortement dosé et bizarre
- Assez simple visuellement
- Le contraste des illustrations matures et du Chibi mignon
- Les musiques peuvent être redondantes sur de longues sessions
- Doublage uniquement japonais pour les amateurs de dub anglais
- D’ailleurs, le doublage n’est pas intégral
- La progression hachée par le rythme du calendrier peut rebuter
- Assez facile sans gros challenge ou boss marquant
- Un scénario qui ne décolle jamais et sans véritable rebondissement
- On ne s’attache pas nécessairement au casting
- Durée de vie extrêmement courte
- Assez cher pour l’expérience proposée
- De plus, pas de traduction FR à soutenir dans le prix