Lorsque nous testons un jeu arrivant sur nos Nintendo Switch, en dehors des titres Nintendo, il est courant d’avoir affaire à un portage venu du monde PC. Les moteurs de développement actuels tel Unity ou l’Unreal Engine propose d’ailleurs d’un simple clic de rendre les productions des studios directement accessible sur nos consoles hybrides préférées, reste ensuite à optimiser le résultat pour en faire un hit en puissance. Et c’est malheureusement là que les choses se corsent. En effet, si ces formidables outils de développement ont permis à bon nombre d’amateurs de créer leur jeu sur des machines surpuissantes, le travail de polissage est d’un tout autre niveau et nous nous retrouvons avec des titres allant du tristounet à carrément injouable. Et si cette introduction laisse présager le pire pour The Companion, elle est malheureusement parfaitement adaptée.
Quand ton opticien va devoir faire des heures sup…
Ne tournons pas autour du pot, The Companion sur Nintendo Switch est une catastrophe technique. Dans le but de le rendre à peu près fluide, ce qu’il n’est pas, le développeur David Fazzio a tout simplement mis la qualité graphique en mode Gamecube. Nous nous retrouvons à déambuler dans des environnements où la moitié des éléments apparaissent à une distance d’affichage correspondant à trois pas de notre avatar et dans lesquelles les textures sont proches d’un coup de peinture uniforme.
Et même ainsi, il n’est pas rare d’avoir droit à des sauts de framerate et à des problèmes techniques. Même dans des environnements nocturnes, dans lesquels la distance d’affichage pourrait être baissée, notre écran a tendance à sauter d’une image à l’autre. De plus, régulièrement nous avons dû faire face à de petits bugs, comme le fait pour notre renard de ne plus savoir nager. Il arpente alors très lentement le fond de l’eau sans nous laisser la possibilité de remonter, c’est extrêmement frustrant, d’autant plus que nous ne faisions que suivre le trajet indiqué. Et la plupart de ces défauts n’existent pas sur la version PC, c’est là que nous voyons qu’il est difficile de s’improviser programmeur lors d’un portage.
Si ce Companion est indigne de sortir sur Switch, il faut aussi reconnaître que le matériel de base, malgré toutes les bonnes intentions de son auteur, n’a rien de transcendant. Nous incarnons un esprit renard qui suit le parcours d’une famille au beau milieu de divers environnements sauvages. La narration prend la forme de petites saynètes dont les acteurs sont rendus en nuages de petites billes. Malheureusement, la définition est tellement basse que ces nuages sont loin d’avoir une quelconque charge émotionnelle. Nous subissons donc cette narration dont seul le doublage, entièrement en anglais, vient relever le niveau.
Une histoire bien mal mise en valeur
Si dans un premier temps, nous ne faisons qu’écouter les dialogues, notre esprit renard va pouvoir par la suite prendre forme pour ainsi faire partie intégrante de cette histoire. Chaque personnage a ses propres démons et intérêts. Les enjeux et les mystères se dévoilent petit à petit pour nous offrir un monde complexe empli de fantastique. C’est à une histoire de famille touchante et prenante auquel nous avons droit. Malgré tout, sa cohérence est parfois mise à mal et nous en venons encore à nous demander à quoi servent certains artefacts.
En termes de gameplay, The Companion est un simulateur de marche. Comprenez qu’il va nous falloir arpenter en long, en marge et en travers des lieux et ce sera quasiment la seule chose nécessaire pour avancer dans le récit. Des titres tels Firewatch ou What Remains of Édith Finch avaient su nous conquérir avec un tel gameplay. Malheureusement, c’est loin d’être le cas pour The Companion.
Les déplacements que nous devons effectuer sont tout sauf logiques et rien ne vient nous indiquer vers quoi nous devons nous diriger. Il nous faut alors récolter des esprits pour lancer un guide qui nous enverra vers le prochain point d’intérêt. C’est encore pire qu’un GPS. En effet, celui-ci a au moins l’amabilité de nous indiquer des chemins praticables. Là nous nous retrouvons régulièrement face à des falaises dont nous allons devoir faire le tour, en perdant ainsi la trace de nos lucioles.
Une fois un point d’intérêt atteint, une saynète se lance et nous empêche de sortir de la zone, nous subissons alors la narration et ses nuages de billes si peu immersives. Le tout est extrêmement répétitif dès la demi-heure de jeu et les problèmes de rythme engendrés par la cassure des saynètes sont vite pénibles. Atteindre la fin de ce récit prend tout de même un bon cinq heures et ce temps passé, nous le regrettons bien vite.
Seul la bande son ressort grandi de ce marasme. Les titres, composés par Hew Wagner réussissent à se renouveler à chaque nouvel acte. Les compositions, tantôt joyeuses dans les vastes prairies, savent aussi se montrer plus mélancoliques dans les niveaux nocturnes. Le reste du design sonore est bien plus fantomatique. Les bruitages sont quasi inexistants et l’impression de nous promener dans des lieux vides de vie est vite omniprésente.
Conclusion
Malgré une narration énigmatique, intéressante et bien doublée, The Companion est un simulateur de marche à éviter sur nos Nintendo Switch. Très loin de la qualité d’un Firewatch, nous nous déplaçons sans trop savoir ni où ni pourquoi dans des environnements ternes et sans vie à l’aspect graphique dépassé de plusieurs générations et qui arrive pourtant à générer un clipping énorme et des chutes de framerate. Des mises à jour viendront peut-être améliorer notre expérience de jeu, mais pour l’instant il est très difficile de jouer au titre de David Fazzio.
LES PLUS
- La narration est énigmatique
- Le monde est suffisamment complexe et intéressant
- La bande-son sait se renouveler
- Le doublage en anglais est sérieux
LES MOINS
- L’aspect graphique est désastreux
- Le gameplay est très pauvre et répétitif
- Nous déambulons sans jamais savoir où aller
- Il est nécessaire de consulter un ophtalmo après chaque séance
- Des petits bugs qui entachent un peu plus notre expérience