Les codes du rogue-lite commencent petit à petit à être bien définis et de plus en plus de productions, sans pourtant apporter de nouvelles pierres à cet édifice, se montrent convaincantes et addictives. Il est donc temps de mettre Hadès ou Dead Cells de côté pour un court instant et de découvrir le dernier titre de Hook Games, qui n’a rien à voir avec le capitaine crochet, mais qui nous emmène plutôt du côté des mondes de H.P. Lovecraft. Il s’agit de Madshot: Road to Madness et il est temps maintenant d’entrer dans le vif du sujet.
Un univers non respecté comme il faut
Plutôt que de commencer en mettant en avant le scénario qui nous attend, qui de toute façon n’existe pas, évoquons d’abord le prix du titre de Hook Games. Si de base, il est vendu à 20 €, ce qui vu le manque de narration et le minimalisme de la production nous semble un peu élevé, son prix de sortie n’est plus que de 2 €, ce qui pour le coup est de suite une bonne affaire pour les amateurs de jeu d’action 2D. Toutefois, mettre en place une telle réduction juste pour être en haut de l’affiche des titres soldés sur l’eShop nous semble être une bien mauvaise méthode pour augmenter sa visibilité surtout au vu des autres titres faisant de même.
Nous partions donc avec un a priori vraiment négatif pour ce Madshot: Road to Madness. Comment ne pas flairer l’arnaque au vu d’une telle réduction ? Nous démarrons alors notre première partie, et là nous sommes mis devant une petite cinématique qui nous laisse penser, vu l’ésotérisme du texte, que notre bien aimée est décédé et que nous n’avons pas réussi à la récupérer malgré notre dévotion pour Cthulhu, un dieu extra dimensionnel pour lequel l’Homme n’est rien. Bien décidés à nous venger, nous commençons alors un périple pour mettre un terme à sa vie.
Alors oui, ce scénario renie entièrement l’œuvre d’H.P. Lovecraft pour n’en garder que les grosses bébêtes méchantes qui nous serviront de défouloir. Un effort est toutefois fait sur le bestiaire puisque nous retrouvons ainsi des noms connus tels la bête des marais, Edward Hutchinson ou encore le fléau chtonien. De même, nos aventures prennent place dans une ville dont la carte générale semble librement inspirée de la ville côtière d’Innsmouth, célèbre pour avoir accueilli l’un des romans du maître de l’horreur.
Un rogue-lite sachant rogue-liter
Pour le reste, autant il ne faut attendre aucune cohérence de la part du studio Hook Games, mais l’essentiel est ailleurs puisque c’est maintenant que nous allons évoquer le gameplay. Rogue-lite oblige, il va nous falloir réaliser un grand nombre de tentatives pour pouvoir débloquer de nouvelles capacités et ainsi aller toujours plus loin dans cette aventure. Chacun de ces essais commence par un niveau fixé. Relativement courts, nous allons pouvoir y affronter des monstres qui apparaissent au fur et à mesure pour y remplir une jauge qui nous débloquera la sortie. Une sorte de rituel sans doute puisqu’une fois la jauge pleine, les monstres encore présents explosent joyeusement.
Une fois ce niveau terminé, nous pouvons choisir le niveau suivant en fonction de la récompense que nous souhaitons obtenir. Entre de l’argent à dépenser durant la tentative et différents bons à échanger contre des améliorations pérennes, à nous de choisir notre parcours. Point intéressant, de nombreux lieux sont marqués d’un point d’interrogation. Nous pouvons dépenser des points d’exploration pour mettre à jour ce qu’il contient une fois terminé. Une idée qui fonctionne très bien puisque finir par un point d’interrogation juste avant le boss du niveau risque bien de nous faire tomber sur un mini-boss ravageur ou sur une récompense dévastatrice pour nos ennemis.
En fonction de notre parcours, une fois notre tentative terminée par une mort honteuse, nous revenons dans ce qui doit être notre manoir pour y découvrir moult possibilités. Il y a d’abord la possibilité de lancer des rituels. Ceux-ci consistent en un défi à réaliser durant notre prochain essai qui, en cas de réussite, nous octroieront une nouvelle capacité ou une nouvelle arme. Il y a ensuite la gestion des capacités. Nous pouvons les améliorer et en équiper quelques-unes en fonction d’un nombre d’emplacements extensible.
Nos premières tentatives se concentrent donc sur ces points. Une fois notre personnage bien badass et personnalisé comme nous le souhaitons, nous pouvons alors passer à l’étape suivante qui va consister à dépenser de nouveaux items pour changer de pouvoir spécial, de costumes ou d’ajouter de petites aides durant les phases de boss ou les niveaux. Le tout est très équilibré et notre progression se fait de manière plutôt linéaire. Toutefois, rien ne nous empêche de partir à l’aventure en diversifiant nos approches pour éviter une trop grande répétitivité.
Du nerf, de l’apprentissage et des choix
À l’intérieur de ces tableaux, nous prenons en main notre avatar, dont nous ne connaissons toujours pas le nom d’ailleurs. Celui-ci possède de base deux pistolets de huit balles. Nous allons pouvoir les mettre en branle pour mettre un terme à la vie de toutes les créatures qui cherchent à faire de même avec nous. En plus de ces armes, nous avons à disposition une roulade, qui permet évidemment d’esquiver les tirs et ennemis, et un saut, qui peut se voir transformer en double voire triple saut en fonction de nos capacités.
Nous pouvons aussi prendre les objets qui jonchent le sol pour les balancer sur nos ennemis. Une fois le premier tableau terminé, nous obtenons une capacité temporaire. Celle-ci débloque un arbre de capacité dont nous pouvons obtenir la suite en terminant les niveaux adéquats, mais nous pouvons aussi l’améliorer avec un autre type de récompense. Le choix de notre parcours prend alors tout son sens et le choix de combattre un mini-boss peut aussi avoir son importance puisque ceux-ci offrent deux récompenses.
Chaque tableau ne dure que quelques minutes, mais nous demande de connaître les différents types d’attaques des monstres qui apparaissent pour nous mettre dans les meilleures conditions pour en venir à bout sans perdre le moindre point de vie. Car oui, rogue-lite oblige, la jauge de vie est un bien précieux qui est loin de se remplir facilement. Nous enchaînons ainsi les roulades et les sauts tout en essayant d’utiliser au mieux les capacités que nous avons récupérées jusque-là. Le tout nous offre un gameplay nerveux qui se renouvelle constamment et qui nous laisse progresser à notre rythme tout en nous permettant de petits moments de gloire quand un boss qui nous résistait finit par céder.
Le bouton A sur le bouton B
Pour nous permettre d’avancer et de prendre en main ce gameplay, le nombre de capacités de base est assez limité. Et c’est sur ce point que nous sommes mitigés. Si dans un premier temps, chaque nouvel ajout à notre palette stratégique est un plus, recommencer encore et toujours depuis le premier tableau avec les mêmes capacités finit forcément par manquer de charme, tout en nous permettant de ne pas nous disperser et de nous adapter plus facilement à celles, pérennes, que nous avons débloquées. Un bien pour un mal dont le ressenti dépend de la façon de consommer du rogue-lite. Pour notre part, vu la liste de jeux en retard longue comme le bras, nous permettre de nous concentrer sur quelques éléments, plutôt que de devoir passer de longues heures d’essais infructueux pour être capable de répondre présent, peu importe le loot, nous a bien plu.
Il en va de même avec les armes secondaires. Celles-ci manquent cruellement d’équilibrage et nous nous retrouvons très vite à prendre toujours la même lorsque nous avons la chance de pouvoir la choisir. Ce manque de peaufinage touche aussi les boss. Certains manquent cruellement de difficulté ou de mouvements différents, pour représenter un quelconque danger tandis que d’autres vont nous faire bien mal, et malheureusement, ces monstres n’arrivent pas forcément dans l’ordre, rogue-lite oblige. La plupart du temps, il ne faut que quelques tentatives pour en comprendre les mécaniques, et la durée de vie de ce Madshot en pâtit un peu, ce qui ne gêne en rien vu son prix de lancement, mais devient problématique si le plein tarif est sérieux.
La partie graphique du titre de Hook Games est plutôt sérieuse. Les graphismes se renouvellent à chaque nouvelle partie de la ville, depuis le marais jusqu’à la haute ville. Nous avons droit à de petits niveaux agréables à l’œil et bien détaillés dans lesquels beaucoup d’éléments mobiles apportent leur lot de petites surprises sur lesquelles nous pouvons prendre appui. Les animations sont plus limitées, mais elles permettent de faire la part belle à l’action sans jamais nuire à la fluidité de ce qui se passe à l’écran.
La prise en main ne souffre d’aucun défaut même si elle semble être un copié-collé de la version PC. Il nous faut valider les éléments du menu avec le bouton B et annuler avec le bouton A, ce qui est l’exact inverse de nombre de productions actuelles et ce qui entraîne donc souvent des erreurs de notre part, voire une dépense en item non souhaitée. De même de petits bugs d’affichage, notamment concernant les barres de vie des boss sont à noter, et une fois notre partie a complètement planté au moment de la sauvegarde automatique, entraînant un reboot de la console, heureusement sans conséquence sur notre progression.
Conclusion
Madshot du studio Hook Games a tout du petit projet sérieux parfaitement bien réalisé qui nous permet de profiter durant quelques heures de ses bienfaits. Avec son action/plateforme nerveuse et technique dans des niveaux fermés qui se renouvellent régulièrement, et ses mécaniques de rogue-lite parfaitement maîtrisées qui nous permettent de progresser à notre rythme et à notre convenance, sans ressentir de lassitude, il réussit tout ce qu’il tente pour nous accrocher à son univers lovecraftien, certes largement remanié, mais prenant. Ses graphismes et sa bande-son nous plongent dans son ambiance sombre et seul son manque de scénario est un crève-cœur, tout comme les légers bugs que nous espérons vite patchés avant sa sortie.
LES PLUS
- Le tarif de lancement de 2 € est une bonne affaire…
- La prise en main en phase de jeu est efficace…
- Les graphismes se renouvellent régulièrement et sont détaillés
- La bande-son sait nous mettre dans l’ambiance requise à nos hauts faits
- Les mécaniques de rogue-lite sont nombreuses et parfaitement maîtrisées
- Le gameplay est nerveux et efficace
- La palette de capacités pérennes ou non est variée sans être trop importante
- Le sentiment de progression est réel
LES MOINS
- … contrairement au plein tarif de 20 €
- … mais elle est contre-intuitive dans les menus
- L’équilibrage de certaines armes et certains boss est à revoir
- Un scénario manque cruellement
- Les petits bugs sont, certes sans conséquence, gênants