Que propose une grosse partie des jeux de tir sur notre Nintendo Switch ? Tout simplement de la petite culotte ou du zombie. Alors nous ne chercherons pas à savoir si ces morts-vivants sont 100 % coton ou si ces sous-vêtements cherchent à manger notre cerveau, mais nous aborderons plutôt l’angle de la diversité avec le dernier titre des développeurs taïwanais de chez Enheart, à savoir Spooky Spirit Shooting Gallery, qui nous propose tout simplement de nous amuser dans une fête foraine envahie d’esprits malins. Et il est maintenant temps d’ajuster notre mire pour viser juste avant d’entamer ce test et vous fournir de quoi juger sur pièce.
Une déception d’entrée
Entre Gal*Gun et House of the Dead, le petit monde du Shooter, avec ou sans rails, tourne vite en rond sur nos Nintendo Switch et il faut bien souvent nous contenter de mini jeux disponibles dans des titres familiaux du type Mario Party. L’arrivée de Spooky Spirit Shooting Gallery va-t-il rebattre les cartes pour nous offrir un nouveau vent rafraîchissant ? La première chose que nous allons étudier concerne la narration. S’il ne veut pas être un énième titre déjà vu et revu, il va falloir taper fort et justement le monde des esprits s’y prête à merveille. Et c’est justement ce que ne fait absolument pas le titre d’Enheart.
Aucune histoire ni aucun background n’est à aucun moment mentionné. Nous sommes parachutés sur un menu qui nous propose de sélectionner entre trois modes de jeu différents. Pas de cinématique, de texte introductif, mais pas la moindre trace d’un petit quelque chose pour nous amuser. Tu prends ton pistolet de foire et tu tires ! Alors bien sûr les trois modes de jeu sont bien différents, mais il n’empêche que ce manque de fantaisie fait cruellement défaut et laisse présager de peu de choses pour la suite.
Nous commençons par le mode Carnival. Sans aucune traduction en français, nous comprenons que nous devons tirer sur tous les objets présents sur l’écran fixe auquel nous faisons face. Que chaque objet nous apporte des jetons que nous pouvons dépenser dans de nouveaux tirs. De temps à autre, un esprit ou un bonus sort de l’objet fracassé. Une fois un timer vidé de sa substance, nous passons au tableau suivant et ainsi de suite jusqu’à avoir débusqué l’ensemble des fantômes requis pour débloquer la phase de boss.
Nous partons alors affronter des hordes d’esprits belliqueux avec notre arsenal composé d’un bouchon, coûtant deux jetons, d’une bille métallique, coûtant cinq jetons et d’un missile, demandant dix jetons pour être utilisé. En fonction de notre loot dans les tableaux précédents, nous avons en stock des protections sous forme de tas de sel ou de sceaux, qui nous permettent de résister aux attaques de ces viles créatures. Un timer sévit toujours et nous avançons ainsi jusqu’au boss final avant de recevoir notre récompense pécuniaire.
De retour dans le menu de départ, nous pouvons alors dépenser notre manne dans un magasin nous permettant de débloquer cinq mini-jeux supplémentaires ainsi que des objets inutiles à collectionner. Malheureusement pour nous, ces reliques tombent dans notre poche via un système de loot aléatoire et forcément, les statuettes en double, en triple voir en sextuple seront notre lot quotidien. Il va falloir de la chance et de la ténacité pour obtenir un 100 % de complétion.
Ce premier mode Carnival ainsi que les récompenses disponibles atteignent trop vite leur limite en terme d’intérêt pour le joueur. Nous avons trop vite l’impression de faire toujours la même chose durant de trop longues minutes. L’impression de tourner en rond devant les mêmes tableaux jusqu’à avoir trouvé où se cachaient les esprits est rageante et ce ne sont pas les récompenses obtenues qui nous motivent à aller plus loin. Notons toutefois que nous pouvons partager notre expérience jusqu’à trois joueurs. Les niveaux défilent alors bien plus vite et la compétition pour obtenir le plus grand nombre de jetons fait vite rage.
À plusieurs sinon rien
Le second mode disponible, simplement nommé mini-jeu, nous permet de configurer une partie comme nous l’entendons. Nous sélectionnons combien d’épreuves différentes nous voulons effectuer, puis leur difficulté avant enfin de choisir le nombre de joueurs, toujours limité à trois. Les mini-jeux n’ont rien d’extraordinaire. Il va falloir tirer dans ce qui nous fait face et seul le pourquoi est différent. Faire rebondir un ballon pour qu’il ne touche pas terre ou survivre un temps donné en sont deux exemples parmi d’autres. La diversité n’est que de façade et nous avons encore vite l’impression de tourner en rond. Que ce soit en coop ou en versus, les sensations sont les mêmes tout comme notre objectif.
Passons donc directement au dernier mode disponible : l’escalator maudit. Celui-ci consiste à enchaîner un certain nombre de mini-jeux avant de passer à un combat de boss. C’est donc à une fusion entre les modes Carnival et mini-jeux auquel nous avons droit. Notons que ce mode permet de quitter la partie pour y revenir plus tard et ainsi monter de plus en plus haut jusqu’au sommet débloquant l’escalator suivant. Là encore, les sensations sont les mêmes et seul le fait de pouvoir profiter de ces missions jusqu’à trois joueurs vient mettre un peu de piment dans ce titre qui nous propose de faire toujours la même chose sans y mettre les formes.
Ce côté décevant et bâclé, nous le retrouvons lui aussi dans la partie technique. Spooky Spirit Shooting Gallery, comme son nom l’indique est un shooter. Et la seule prise en main disponible utilise le gyroscope d’un seul de nos joy-cons. Mais même celui-ci se montre étrangement capricieux. Nous nous retrouvons à devoir régulièrement appuyer sur la touche Y pour recentrer notre mire. Le choix des touches est lui aussi étrange. Le X nous permet de changer de munitions, c’est très bien. Pour tirer nous pouvons soit utiliser le A ou ZR, pourquoi pas ? Mais pourquoi avoir placé la recharge sur la touche R ?
Il nous faut régulièrement nous réalimenter en jetons, et devoir trouver un système pour nous déboiter un doigt ou utiliser l’autre main pour appuyer sur R est franchement pénible, d’autant que la touche A ne sert jamais et que la touche B n’est pas utilisée. Un choix très étrange que seul le mode nomade atténue, mais qui limite notre expérience à un jeu solo. Permettre aux joueurs de modifier l’assignation des touches aurait, à minima, permis de limiter ce problème, mais nous n’y avons pas le droit et c’est donc un manque d’optimisation des contrôles qui vient s’ajouter à la liste des problèmes du titre d’Enheart.
Le reste de la technique est lui aussi oubliable. Les décors sont toujours les mêmes tous comme les musiques et les bruitages qui vont très rapidement nous sortir par les oreilles. Les modèles 3D sont simples et nous sommes très loin de la diversité et du nombre des esprits que proposent un Shin Megami Tensei ou même un Yokai Watch.
Conclusion
Malgré un concept de Shooter plein de promesses dans le monde des esprits, Spooky Spirit Shooting Gallery n’est jamais à la hauteur de nos attentes. Aucun scénario, des modes de jeux qui tournent en rond, des monstres trop peu nombreux ou différents, des décors qui ne se renouvellent jamais et une bande-son répétitive et agaçante sont autant de manque qui ne nous permettent jamais de profiter des parties que nous lançons. Le manque d’optimisation de la prise en main vient parfaire cette sentence pour un jeu qui ne cherche qu’à profiter du succès de la console du plombier moustachu pour vendre quelques copies sans faire d’effort.
LES PLUS
- Il est possible de jouer jusqu’à trois joueurs
- Les premières minutes sont agréables…
LES MOINS
- … mais nous tournons très vite en rond
- Les décors sont toujours les mêmes
- Les mini-jeux fonctionnent tous sur le même principe
- Aucun scénario pour nous amuser
- La prise en main est loin d’être optimale en docké
- La bande-son est horripilante au bout de cinq minutes
- 40 € pour ça, c’est très douloureux
- Tout en anglais