En général, les jeux vidéo aiment suivre une trame célèbre : lorsqu’un royaume se retrouve bien tranquille dans sa petite routine quotidienne, le sort ne le laisse pas bien longtemps à l’abri des pires fléaux. Tout part alors joyeusement en cacahuète, avec des révoltes et quelques morts collatérales, tandis que le valeureux héros arrive pour délivrer tout ce petit monde. Manquerait plus qu’il y ait une affaire de princesse dans le lot, et nous avons rempli toutes les cases… oh wait !
Développé et édité par Marvelous Europe, Silent Hope reprend sensiblement cette trame bien huilée – mais qui fonctionne toujours à merveille – pour lancer le joueur dans une grande épopée. Un royaume paisible et sans difficulté apparente se retrouve soudainement bien accablé : le bon roi d’hier est devenu mystérieusement incontrôlable, jusqu’à voler les mots du monde et soudainement abandonner ses sujets, avant de se jeter dans les tréfonds d’un abîme. Dès lors, plus personne ne l’aperçut… et sa fille, la princesse, devint inconsolable. Elle pleura encore, et encore… pendant un siècle, jusqu’à former autour d’elle un cocon de larmes de cristal (oh wahou…). Un beau jour, sept lumières s’échappèrent de l’abîme avec en leur sein, sept voyageurs emplis de mystères qui aussitôt se présentèrent devant le grand cristal, parvenant à déceler la peine perpétuelle de la princesse. Depuis son précieux écrin, la demoiselle implora alors les sept voyageurs de l’aider dans son vœu le plus cher : secourir le roi, son père, et le sortir de l’abîme. La vaste profondeur au sein de laquelle repose son papa est juste devant eux. Mais il va falloir faire preuve d’un grand courage pour braver les ténèbres qui s’y logent… La princesse propose tout de même d’encadrer ses nouveaux compagnons de toute sa bienveillance, mais elle ne peut offrir sa protection qu’à un seul héros à la fois. Il va donc falloir faire un choix… et alterner les voyages avec l’un ou l’autre des héros, pour espérer exaucer le souhait le plus cher de la princesse.
La princesse et les 7 héros
L’aventure débute dès lors par le choix initial du héros : un petit personnage à la frimousse assez enfantine. De nombreux corps de métiers sont disponibles, avec tous leurs distinctions, comme il se doit : le voyageur (polyvalent, maniement de l’épée), l’archer (attaques longue distance), la fermière (maniement de la fourche), l’artiste martiale (maniement des poings), le magicien (maniement du bâton), l’épéiste (maniement des lames doubles) et la guerrière (maniement des épées longues). Le choix est donc assez varié, avec une jolie présence féminine, sans pour autant mettre outrageusement leurs charmes en avant comme cela peut être le cas dans certains titres.
Ces sept personnages disposent assurément de leurs capacités propres, mais la prise en main générale reste sensiblement la même. Le déplacement s’effectue par le joystick gauche, l’attaque de base avec le bouton A (les boutons X, Y et B, eux, sont utilisés pour les compétences spécifiques, et laissés au bon vouloir du joueur afin de personnaliser son jeu), et l’esquive avec le bouton R. Si celle-ci est parfois laissée de côté dans certains jeux, il n’en est rien ici : l’esquive s’avère être d’une grande utilité et permet de palier à bien des attaques ennemies. Vous risquez d’en faire usage sans la moindre parcimonie !
Bien qu’un aspect gestion soit présent, le cœur du titre se trouve véritablement dans les combats… En effet, toute l’aventure chemine vers un cycle répétitif mais addictif : autour d’un village central utilisé pour devenir de plus en plus fort avant de partir au charbon, le joueur est invité à s’enfoncer toujours plus profondément dans l’abîme qui trône au sud. A force d’enchaîner les allers/retours et le perfectionnement de ses troupes, le (ou les) petit héros devient de plus en plus féroce et à même de découvrir les entrailles de l’abîme.
Un pour tous et tous pour un !
Après une petite préparation (notamment par la confection de quelques plats culinaires au préalablement concoctés afin d’être un peu plus efficace au combat), il est temps de rejoindre le cœur de tous les dangers, et ce pourquoi vous êtes là : l’abîme.
Cette dernière s’organise autour de plusieurs niveaux, eux-mêmes organisés par différentes strates identifiables (celle de démarrage, la strate gelée, la strate volcanique, etc). Bien entendu, il va falloir y aller progressivement, et ce n’est qu’étape par étape, ou plutôt, étage par étage, que vous découvrirez l’abîme.
Chaque niveau est l’occasion de se confronter à une multitude d’ennemis. La grande majorité (pour ne pas dire tous) dispose d’une mécanique très facile à appréhender, et avec de l’entraînement et un peu d’observation, il devient assez facile d’appréhender leurs attaques. De là à dire que vous vous baladerez, n’exagérons rien… ! Les boss sont aussi de la partie, avec d’autres subtilités à découvrir et à prendre en main afin d’en venir à bout…
Sans être véritablement aiguillé, le parcours reste néanmoins avec une liberté très limitée : le joueur doit retrouver les portails de l’étage afin de pouvoir accéder à une profondeur un peu basse, avec parfois quelques passages annexes. La profondeur est visible sur le côté droit de l’écran et donne quelques informations importantes sur les différentes étapes importantes à venir : ainsi, certains niveaux seront bornés de cristaux (des bornes d’échanges avec les autres héros, mais aussi de retour vers votre QG), d’autres de feux de camps (des check-points pour éviter de recommencer tous les étages d’une strate !), mais aussi des hordes d’ennemis et les boss. Ces petites annotations (qui ne sont pas exhaustives pour autant puisque quelques surprises – parfois difficiles ! – sont à prévoir…) permettent ainsi de parfaitement se préparer et d’éviter, un minimum, d’aller au casse-pipe…
En effet, les ennemis peuvent se montrer un peu coriaces et les points de vie (visibles sur votre petite jauge de PV) peuvent bien vite dégringoler. Tout du moins, nettement plus rapidement que ceux de vos ennemis (visibles eux aussi). Quelques potions sont disponibles mais il convient de les utiliser avec parcimonie afin d’espérer descendre de plusieurs niveaux : les feux de camps ne sont en effet guère disponibles à tous les étages, jusqu’à se raréfier ! Le décor peut aussi vous venir en aide (ou vous faire perdre de la vie, à vous de rester bien vigilants !) : une épaisse boule de neige balaiera joyeusement vos ennemis sur son passage… Mais vous serez aussi emportés si vous n’y prêtez pas attention ! Quant à ce cratère, il pourrait bien se réveiller à tout instant… Enfin, de nombreux tonneaux explosifs permettent de soulager quelques zones de combats particulièrement riches en ennemis… des ennemis que vous prendrez parfois soin de ramener tout autour de ce piège afin de tous les faire exploser ! Attention à ne pas rester dans le coin tout de même…
Afin de rendre les descentes plus jouissives encore, quelques défis sont disponibles : battre un certain nombre de monstres, éliminer tous les affreux d’un étage pendant le temps imparti, ne pas utiliser de potion de soin… autant d’objectifs à mener à bien pour gagner des shoots d’expérience.
Quelques mignons petits animaux seront aussi présents, de temps en temps, afin de vous redonner de la vie. Nous ne saurons que vous conseiller de ne pas foncer sur eux dès que vous les apercevez… Souvenez-vous des annotations relatives aux étages. Il peut s’avérer plus judicieux d’éliminer tous les ennemis avant de revenir voir la bestiole guérisseuse… et ainsi de repartir nettement plus confiant vers le prochain niveau, avec sa barre de vie bien remplie !
Le combat en lui-même s’articule autour d’actions en temps réel : marteler le bouton A à proximité de l’ennemi et vous allez lui casser la figure. Esquivez… et revenez à la charge ! Quelques compétences bien choisies, et hop l’affaire est dans le sac ! Lors de nos premiers combats, nous avons noté une légère latence entre la pression du bouton A et l’action. Néanmoins, après quelques ennemis malmenés, la prise en main ne posait plus aucun souci, et il ne nous restait plus qu’à parfaitement appréhender chacune des compétences pour les utiliser au moment opportun, où les dégâts seraient maximums !
La victoire sur chacun des combats est synonyme d’un gain double : à la fois de quelques ressources et autres objets plus ou moins remarquables, mais aussi d’expérience. La barre d’expérience vient alors à se remplir progressivement, jusqu’à vous faire acquérir des cristaux indispensables pour améliorer vos compétences propres. Trois compétences sont disponibles, mais chaque héros dispose de deux bottes secrètes : en effet, derrière ces petits personnages se dévoilent trois classes différentes. La première est celle qui vous est confiée d’office, tandis que les deux autres sont à déverrouiller selon des objectifs bien précis (atteindre un certain niveau d’expérience, et battre un ennemi féroce !). Ainsi, le voyageur peut devenir aventurier ou vagabond, tandis que la fermière peut prendre le rôle de patrouilleuse ou de géomancienne. Pour chacune des classes, les compétences sont à développer : sachez néanmoins qu’il est possible de remettre les compteurs à zéro et d’attribuer à nouveau les différents cristaux pour améliorer les compétences de votre choix. Voilà qui est plutôt pratique afin de pouvoir pousser chaque classe avec ses compétences à son maximum.
Du beurre dans les carottes
Les différentes expéditions sont aussi l’occasion d’une riche récolte. Les développeurs ont été particulièrement généreux sur le déploiement de ressources et vous ne descendrez jamais vraiment pour rien dans les abîmes. Ces ressources peuvent se trouver sur les monstres, mais aussi dans des coffres, ou encore simplement sur le sol. N’hésitez pas à les ramasser outrageusement afin de ne manquer de rien une fois de retour au village. Pour vous faciliter la tâche et vous assurer de ne rien manquer, les ressources sont visibles sur la petite carte en bas de l’écran. Une carte bien utile aussi pour retrouver la petite bébête qui offre des points de vie !
Votre quartier général dispose de différentes petites échoppes, indispensables pour mener à bien votre aventure. Ces dernières sont tenues par les différents héros, telle une petite famille qui travaille main dans la main pour venir en aide à la malheureuse princesse emprisonnée dans son cristal de larmes ! Ça beau !
Les ressources récoltées sur le terrain sont particulièrement utiles pour fabriquer toutes sortes de choses… de la pierre au cristal, en passant par du bois plus ou moins dur, sans oublier les multiples recettes après la transformation des ingrédients. Tout cela demande un peu de temps et votre temps de combat sera mis à contribution par vos compatriotes pour fabriquer tout ce dont vous avez besoin. En revanche, les quantités (et les objets eux-mêmes) sont limités et ce n’est qu’à force de perfectionnements et de collectes dans les plus grandes profondeurs, que vous parviendrez à avoir un quartier général bien productif. La forge et la cuisine, elles, sont automatiques. De quoi s’armer et se préparer au mieux…
Vous l’aurez compris, la gestion reste finalement assez sommaire. Indispensable malgré tout (pas facile de combattre dans les tréfonds de l’abîme avec un bâton de niveau 2 !), cet aspect du jeu reste globalement assez automatisé : n’espérez pas partir dans votre champ pour récolter vos carottes ! La fermière s’en chargera très bien pour vous… Quand bien même vous déciderez d’endosser son rôle, un autre héros prendra sa place auprès des cultures. Ceux qui aiment être au plus proche de l’action seront ravis de ne pas s’enquiquiner avec cela… Tandis que les amateurs de jeux de gestion pourraient bien être un peu las de ne pas gérer eux-mêmes tout cet aspect.
Malgré ce manque léger d’implication du joueur, vous aurez tout de même quelques choix à faire ! La forge reste assurément le cœur de vos décisions : quelles armes allez-vous créer afin d’être à même de combattre ces fripouilles qui vous font face dans l’abîme ? Les armes et les accessoires peuvent être classés selon les critères de votre choix, tandis qu’un code couleur permet de mettre en avant leur rareté. Par ailleurs, votre équipement peut être perfectionné ou encore, parfois, amélioré avec des pierres. Ainsi, chaque joueur peut créer l’équipement de son choix et parfaire son jeu selon ses propres désirs.
Le plaisir de la progression s’avère bel et bien présent, d’autant plus que la mort dans l’abîme n’est que partiellement punitive : vous conservez l’expérience acquise et une partie des ressources récoltées. Néanmoins, jusqu’à quel point persisterez-vous à retourner dans les ténèbres… ?
Tomber 7 fois et se relever 8 ?
L’un des points forts du titre repose sur sa faculté à offrir aux joueurs différents types de jeu grâce à ses sept petits héros. Jusque-là, le contrat est rempli ! Les ennemis seront par ailleurs plus ou moins sensibles à certaines attaques. Néanmoins, nous émettons quelques doutes sur la volonté des joueurs à faire évoluer l’ensemble des petits héros… En effet, malgré quelques différences entre les strates et une descente toujours différente (changement des cartes, des ressources…), les environnements sont assez similaires, et cela, jusqu’au bestiaire. Les ennemis sont, certes, de plus en plus coriaces au fil de votre enfouissement dans le sol, avec des attaques de plus en plus rapides et dévastatrices, mais ils se ressemblent globalement. Les lapinous dans la strate volcanique, ils sont quand même assez mignons… mais ressemblent aux précédents malgré tout ! Nous sommes donc en mesure de nous questionner sur les dangers d’une telle redondance au sein du titre face à la détermination des joueurs.
Afin de devenir de plus en plus fort, il va falloir retourner encore et encore dans l’abîme. Soulignons tout de même que la progression des nouveaux héros peut être un peu plus rapide, puisque, avec un petit niveau, il peut être un peu long et difficile de battre quelques ennemis plus costauds que soi, mais l’expérience acquise lors de la victoire est alors plus conséquente qu’auprès d’une simple bestiole de faible niveau (et vous aurez d’ores et déjà récolté de quoi fabriquer des armes de bon niveau !). La progression devient nettement plus rapide qu’avec le premier héros sélectionné. Néanmoins, afin de parvenir à descendre toujours plus profond, deux stratégies peuvent être mises en place : pousser un héros à sa pleine puissance ou bien jouer de plusieurs héros afin de les intervenir via les cristaux, et ainsi avancer étape par étape. Par ailleurs, lors de l’interversion d’un héros, le nouveau en selle gagne un petit bonus… de quoi orienter franchement la stratégie à mettre en place ! Mais chut, nous ne vous avons rien dit… les cristaux sont relativement fréquents au sein de l’abîme : à vous d’en faire bon usage, soit pour revenir au village (et assurer la récolte acquise…), soit pour intervertir vos héros et ainsi poursuivre l’aventure…
Une certaine répétitivité s’installe puisqu’il va falloir réemprunter des chemins similaires pour progresser… Malgré les qualités indéniables du titre et le plaisir intact de ramener toujours plus de babioles et de pépites pour les travailleurs de surface !
Une question nous taraude alors.
Le multijoueur n’était-il pas la solution à cette répétitivité ? En duo sur la carte, chaque joueur aurait été capable de faire progresser son héros. Ainsi, l’évolution aurait été deux fois plus rapide… Et en coop, la redondance moins marquée puisque plus fun. Malheureusement, cette capacité n’est pas disponible au sein de Silent Hope, et c’est en solo qu’il faut braver l’abîme… D’ailleurs, la princesse ne peut apporter sa bienveillance qu’à un seul héros à la fois… Mais quel dommage tout de même !
Plongée dans l’espoir silencieux
Silent Hope ne dispose pas de graphismes incroyables, mais ces derniers sont suffisamment propres et colorés pour nous plonger avec plaisir dans son univers. Les héros, avec leurs looks très gamins, sont attachants, et le bestiaire, certes répétitif, n’en demeure pas moins assez joli. Aucune bavure n’est à déplorer. Un léger ralentissement est à souligner lors du passage d’un étage à un autre, mais il s’agit d’une animation redondante sans conséquence directe sur le jeu.
Les voix peuvent être anglaises ou japonaises. Les textes, eux, sont, avec grand plaisir, disponibles en français. En revanche, que la princesse nous bassine une fois dans le village ! Et que je te donne mon avis sur tout, et que je radote… Un petit passage par le menu s’impose pour lui fermer son petit clapet !Silent Hope est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 40 euros environ.
Le saviez-vous ?
Contrairement au cristal de roche qu’il est possible d’extraire du sol, le cristal d’une grande clarté et transparence est issu de la fusion à très haute température d’un mélange de silice, de plomb et de potasse. Quelques produits annexes peuvent aider à la fusion.
Conclusion
Silent Hope ne manque pas d’atouts : accessible, agréable et addictif, les joueurs amateurs de RPG d'action avec un soupçon de gestion, prendront grand plaisir à plonger dans les ténébreuses abîmes pour en extirper une multitude de ressources et une expérience toujours plus importante pour faire progresser leurs héros. L'ensemble des sept personnages disponibles permet d'offrir un style de jeu adapté à tous les joueurs selon leurs préférences respectives. Une abondance de personnages qui met néanmoins en relief une certaine redondance au sein du titre, avec des excursions qui se ressemblent malgré des cartes et des ressources distinctes à chaque descente, dans des environnements similaires, y compris son bestiaire. Le jeu reste néanmoins très plaisant, avec une difficulté progressive, la descente dans l'abîme est toujours excitante... Nous aurions néanmoins adoré y plonger en duo !
LES PLUS
- Une aventure addictive qui s'adapte au style de jeu des joueurs grâce à ses différents personnages.
- Une collecte de ressources jouissive : au sol, dans les coffres, sur les ennemis... vous allez bien vite vous remplir les poches !
- Une progression véritable, avec un Game Over qui n'est guère trop punitif (ouf).
- Quelques surprises à découvrir au fil de la progression (impact du décor, arènes de combat, stèles d'informations...).
- Traduction française disponible.
LES MOINS
- Un aspect gestion que l'on imaginait un peu plus poussé.
- Une redondance des environnements et du bestiaire qui donne un aspect répétitif au titre.
- Le grand absent : le multijoueur !