Vendredi 13 est passé, Halloween approchant, Atari et Orbit Studio dépoussièrent cette vieille gloire vidéo-ludique qu’est Haunted House, un classique de l’Atari 2600 devenu le moteur d’une petite série pour l’éditeur. Pour rappel, le jeu originel a plongé dans le noir, et fait dressé des cheveux sur la tête de milliers de bambins dans les années 80, période bennie de l’horreur.
Quelques toiles d’araignée, un plancher qui craque, nous sommes cramponnés à notre lanterne, dont la flamme vascille alors que notre souffle s’accélère. Nous voilà repartis à pas de velours, à tromper la vigilance des terribles fantômes, et autres créatures de Frankenstein, et trouver une fois pour toute la sortie de ce manoir.
Jeu d’infiltration nimbé d’une délicieuse ambiance « Spooky » à la Scooby-Doo, ce labyrinthe est également un « Roguelite ». Comprenez par là qu’il y aura de l’aléatoire côté pièces visitées et objectifs. ֤Également, et c’est le genre qui veut ça, nous goûterons au supplice que provoque la mort : elle nous renverra d’emblée à la porte d’entrée. Nous devrons reprendre toute l’aventure à 0… Ou presque. Pour nous consoler de nos piteux échecs, collectibles et monnaie trébuchante resteront dans notre sac-à-dos de Ghostbuster.
Des bonbons ou la mort
Disons-le d’emblée, Haunted House est un ravissement pour les mirettes, en dépit d’une animation légèrement guindée, le jeu est vraiment très joli avec des détails croustillants et de belles couleurs dans les décors, lesquels se découvrent sous le faisceau tremblant de notre lampe. Le jeu d’ombres et de lumières est habile et participe à l’infiltration. Quoi de mieux, en effet, pour nous cacher, que l’obscurité. A l’inverse, nous devrons faire face à une contrainte : celle de contourner des obstacles, que nous avons ommis d’éclairer, alors que l’ennemi nous pourchasse… C’est intelligent, et cela rend le principe de jeu immédiatement compréhensible, et prenant.
En termes d’objectifs, le jeu nous propose des mini-jeux d’infiltration une fois la porte d’une pièce passée : trouver une clé dans les poches d’un voleur, trouver une statue magique et la placer sur un socle (magique, il va de soi) ou rallumer des chandelles avec notre lanterne. Voilà pour les principales missions, les plus fréquentes en tout cas. Nous aurons droit également à quelques boss, ils sont rares (trois gros boss à l’étage) et effrayants car particulièrement dangereux.
Difficulté en dents de scie sauteuse
La difficulté oscille, que ce soit en termes de quantité de mobs et d’obstacles dans une pièce mais également en fonction de la nature de la mission. Préparez-vous à passer sans grand risque l’épreuve « survivre pendant 1 minute ». Il suffit de camper dans un coin sombre (et c’est encore mieux derrière un coffre), de patienter pendant une longue minute sans rien faire.
A contrario, il faudra parfois « tuer tous les ennemis ». Là, débutent les problèmes, les sérieux problèmes. C’est clairement une des pires missions à jouer, souvent responsable d’échecs avec retour à la case départ, car le jeu, rappelons-le, est principalement axé sur l’infiltration. Et les combats, c’est une volonté du développeur, sont rarement à notre avantage avec des ennemis souvent increvables (ou difficilement crevables). Pire, le ciblage de notre lanterne pour asperger d’une lumière mortelle l’ennemi n’est franchement pas fameux, la faute à des défauts de collisions et de lisibilité liés à la 3D isométrique. Nous croyons toucher l’ennemi, nous ne brassons que de l’air. Par contre, lui s’en donne à cœur joie.
Les objets nous permettant d’agir contre l’ennemi ne sont pas forcément adéquats, surtout dans le feu de l’action. Pire, certains sont même contre-productifs et nous l’apprendrons à nos dépens : le « freeze » nous permettra, par exemple, d’immobiliser l’ennemi en le givrant, mais nous ne pourrons pas lui faire de dégât. Pourquoi ? Autre exemple, nous pourrons assomer des ennemis avec des boites libérant des gants de boxe montés sur ressort. L’idée est géniale en soi, mais dans les faits, l’ennemi n’est étourdi que quelques secondes, c’est réellement insuffisant pour en profiter. D’ailleurs, souvent, autant courir à toute berzingue vers l’objectif que de la jouer finaude, notre barre de santé nous en sera redevable.
Vendredi 13, un jour sans fin
Les missions s’enchaînent, et finissent, au fil des tentatives, par se ressembler. Il y a de l’aléatoire, mais cet aléatoire redistribue les mêmes cartes, même si elles ne sont pas dans un ordre prédéfini. Au bout d’un certain temps, nous aurons les mêmes tactiques d’une mission à une autre, même si les objectifs diffèrent.
La lassitude a pointé le bout de son nez, d’autant que le jeu frustre et freine un maximum notre progression avec des quêtes de collectibles, disons-le, nombreuses, variées (et parfois sympas comme celle de trouver des cartouches Atari 2600) mais souvent interminables.
Trouver des chatons perdues dans le manoir, nous disons pourquoi pas. Il en faut 20 mais il nous a fallu bien 5 heures et une vingtaine de tentatives pour trouver notre premier chaton. Ne parlons pas de nos stats qui réquisitionnent, pour évoluer, un nombre incalculable de pierres précieuses. Tellement précieuses que le jeu nous les livre au lance-pierre histoire de gonfler nos tentatives, si nous ne perdons pas patience avant, et cette fameuse durée de vie, si nous ne préférons pas en dernier recours une mort définitive. Mort qui nous va tellement bien au final.
Conclusion
Les débuts sont prometteurs avec une exquise ambiance "spooky" et un principe de jeu -de l'infiltration dans une maison hantée - excellent. Le choix d'en avoir fait un "roguelite" est plus discutable, car nous aurions aimé nous perdre dans ce labyrinthe sans devoir reprendre à 0 (ou presque) à chaque mort. Les séquences se répétent trop, la progression est beaucoup trop lente. Le coté aléatoire, incluant une difficulté en dent de scie, est également très désagréable. Le risque en y jouant, c'est non pas de quitter la maison hantée, effrayés, mais énervés.
LES PLUS
- Ambiance Spooky excellente
- Graphiquement très joli
- Le jeu d'ombres et de lumières
- Un bestiaire amusant
- Les plus patients en auront pour leur argent, avec un challenge de taille
LES MOINS
- Cibler correctement les ennemis est problématique
- Progression trop lente, avec des quêtes de collectibles interminables
- Trop d'aléatoire
- Répétitif, très répétitif
- Certains effets d'objets nous paraissent peu efficace
- La difficulté aléatoire peut finir par agacer
- Pas de traduction en français