Les Tactical-RPG japonais ne sont pas si rare sur 3DS et surtout au Japon. Commencé par Marvelous, Lord of Magna : Maiden Heaven a surtout gagné une certaine popularité lorsque Neverland (studio en charge des Rune Factory) a fait faillite et que le développeur a retenu une partie des membres clés de ce studio pour finir le jeu. La question est de savoir si ces talentueux renforts sont un réel argument pour donner plus d’intérêt au jeu et si celui-ci pourra leur permettre de rebondir dans le monde du J-RPG.
Possèdes-tu le pouvoir ? Es-tu l’élu ?
C’est ce que vous ne cesserez pas d’entendre durant pratiquement toute l’intrigue très plate du jeu. Vous incarnez Luchs, un jeune responsable d’une auberge familiale dont un principe s’est transmis de génération en génération : lorsqu’un nouvel arrivant frappera aux portes de l’établissement, il s’agira de la traiter comme un membre de la famille. Lors d’une exploration de grotte et confronter à des monstres, il fera rapidement la rencontre de Charlotte une étrange jeune fille sorti d’un cristal et totalement amnésique. Peu de temps après, il rencontre une autre fille amnésique et mystérieuse clamant toutefois être la sœur de Charlotte. Les deux filles verront une partie de leurs souvenirs revenir en elle, notamment le fait qu’elles ne peuvent survivre qu’en usant de l’énergie du Magna que notre héros peut produire grâce à un étrange bracelet et surtout qu’elles ont cinq autres sœurs. Luchs sait ce qu’il lui reste à faire pour les aider à retrouver la mémoire. A vous de l’aider à arriver au terme de cette quête et former une nouvelle famille avec ces étranges filles. L’histoire en elle-même part d’un simple conflit avec des monstres à une trame plus ou moins profonde et dramatique. Pourtant, il n’est pas faux de dire que le scénario n’a rien de surprenant et en progressant on devine sans mal ce qui se passera dans les prochaines heures de jeu voire à la fin. Disons-le franchement, nos ex-développeurs de chez Neverland nous avait quand même habitué à mieux. En fait, ce n’est peut-être pas tant que le scénario soit ennuyeux, il reste aussi classique qu’un Rune Factory si l’on ose la comparaison. Les personnages sont plus ou moins attachants et l’on a d’ailleurs des quêtes annexes centrées uniquement sur l’approfondissement des liens entre Luchs et chacune des filles.
Cependant, si l’on fait la comparaison avec Rune Factory justement, la série phare de Neverland de son vivant, le jeu est extrêmement linéaire. Fini les heures à cultiver des légumes ou élever des monstres. Fini les explorations de donjon aux mécanismes plus ou moins casse-tête. On contrôle un responsable d’auberge mais on n’a jamais l’occasion de jouer à une espèce de simulation de gestion d’auberge. Il ne s’agit tout simplement que d’un statut et l’on est condamné à poursuivre la quête principale en ayant parfois l’occasion de parler avec une des protagonistes à des moments précis de l’intrigue pour accéder à une quête annexe. On ne peut bouger que dans l’auberge avec la possibilité d’acquérir quelques bonus pour le prochain combat en allant prendre un bain dans les sources chaudes, parler rapidement avec les autres personnages, faire le plein en objet ou acheter des nouvelles techniques. Une fois que l’on sort de l’auberge, on ne fait que choisir un champ de bataille faisant progresser l’histoire ou tout simplement faire un combat pour augmenter le niveau de vos personnages si encore le jeu était difficile pour justifier que l’on ait à farmer nos personnages. La durée de vie du jeu sera plutôt courte au final vu qu’on est juste condamné à progresser dans l’histoire, même avec les quêtes annexes vous pourriez voir la fin du jeu en une quinzaine d’heure si vous ne prenez pas la peine de faire des combats à blanc. En fait, la durée de vie est artificiellement augmenté en vous obligeant à faire un New Game +.
En effet, Luchs a la possibilité à quelques moments précis du jeu de parler aux autres filles pour enclencher un évènement qui lui permet d’augmenter d’un cœur sa relation avec une des filles. Il s’agit pour la plupart du temps de combattre et après un petit mélodrame, la jeune fille gagnera une technique spéciale utilisable en combat. Luchs peut faire monter sa relation avec chacune des filles de trois cœurs, il y a donc trois techniques spéciales à débloquer pour chaque fille et une petite scène à ajouter à la galerie du jeu lorsque le dernier niveau est atteint. L’inconvénient, c’est qu’à certains moments, plusieurs filles ont leur évènement annexe au même moment et vous ne pouvez en choisir qu’un puisque après cet évènement la quête principale reprend. Ainsi, pour voir tous les évènements, voir toute les techniques spéciales et compléter la galerie du jeu il sera impératif de refaire le jeu pour sélectionner les annexes que l’on n’a pas pu choisir lors du précédent run. Pour augmenter également la durée de vie du jeu, il y a des espèces de défi à relever avec des conditions à remplir mais même sans prêter attention à ces intitulés vous aurez pratiquement relevé la plupart d’entre eux une fois la fin du jeu atteinte. En fait, avec Lord of Magna, il ne s’agit pas de savoir si vous avez le pouvoir mais plutôt la volonté d’aller jusqu’au bout du jeu, serez-vous l’élu ?
Pas très Tactique mais un beau petit RPG
L’autre gros défaut de Lord of Magna est de se définir comme un Tactical-RPG. Soyons franc, malgré les nombreuses missions à côté pour faire du leveling, vous pouvez aller jusque la fin du jeu sans jamais en faire. Aussi le jeu n’a rien de véritablement tactique et si ce n’est vers la fin où vous pourriez avoir réellement besoin de vous creuser un peu plus les méninges pour accéder à la victoire. Toutefois, le système reste intéressant et fun à jouer. A la manière d’un Tactical pour réussir une mission, vous avez un objectif accompagné parfois de sous objectif facultatif à remplir et des conditions à respecter pour ne pas perdre. Le tout est un tour par tour où l’ordre des actions se défini selon les statistiques d’agilité de chacune des unités en jeu. Vous n’avez le droit qu’à 4 unités maximum par combat dont obligatoirement le héros Luchs qui devra parfois selon les missions être accompagné d’un autre personnage précis. Il convient tout d’abord de parler des ennemis. On parle pour la plupart d’entre eux de groupe d’ennemi. C’est-à-dire qu’en commençant les missions on distingue la plupart du temps les ennemis principaux dont il faudra venir à bout. Cependant, en commençant leur tour, chacun de vos opposants paieront souvent une petite quantité de point de vie pour invoquer autour d’eux une dizaine de petits sbires à leur côté formant ainsi un groupe d’ennemi. Sachez toutefois que seules les unités centrales sont réellement importantes car c’est elle qui commande l’action et c’est elle qui donnent des points d’Expériences. Les sbires se déplacent avec elle et attaquent en même temps, ajoutant ainsi des dégâts supplémentaires à ce que vous infligerez initialement l’ennemi central. En fait, plus qu’être dangereux, ces sbires sont une gêne. Si vous ne faites que les attaquer, votre ennemi en invoquera d’autre moyennant des PV jusqu’à un certain point, l’I.A. ne va tout de même pas jusqu’à se suicider.
Pour vaincre définitivement un groupe d’ennemi, il faudra se défaire de son pilier central. Vous pouvez user d’un de vos protagonistes pour écarter les différents sbires avec une première attaque puis concentrer l’offensive des autres personnages sur le principal ennemi. Le pilier central des groupes d’ennemi est toujours celui qui inflige le plus de dégât et celui qui possède le plus de PV. Il convient donc de maximiser les dégâts pour l’empêcher de pouvoir invoquer d’autres sbires puis en venir à bout rapidement. Notez que cela se passe ainsi sur les premières missions mais en progressant, des machines voire des boss avec énormément de PV invoque ces ennemis que l’on qualifie de « pilier central », inutile de vous dire vers quoi diriger vos attaques en sachant cela. En ce qui concerne vos personnages, une fois que leur tour arrive ceux-ci gagne un point d’action (PA) cumulable. Il s’agira d’abord de bouger votre unité librement sur une zone délimitée par un cercle autour de celle-ci unité. Une fois placé, il vous appartient de choisir l’action de votre personnage, que ce soit de simplement passer son tour pour cumuler les PA avec ceux des prochains tours, se défendre, utiliser des objets ou encore attaquer. En ce qui concerne les attaques, vous pouvez tout simplement attaquer ou utiliser des techniques consommant un certain nombre de PA. Il s’agit très souvent d’attaque de zone ou de magie permettant ainsi d’écarter les sbires tout en infligeant des dégâts à plusieurs « piliers centraux » voire machine en même temps. Il peut également s’agir de technique de soutien voire de sort de soin. Petite note supplémentaire à propos des techniques, il est possible d’acheter à l’auberge ou avant un combat des techniques à équiper selon un système limité par des points. Il peut s’agir de technique utilisable en combat comme de technique passive vous permettant par exemple d’obtenir 2 PA au début de chaque tour. D’apparence Sachez qu’en tuant plusieurs sbires en une attaque, un compteur de combo démarre. En atteignant 10, vous avez la possibilité d’agir encore une fois avec la même unité. Pour en finir avec le système de combat, en avançant dans le jeu et en tissant des liens avec les autres filles, une jauge de Tension se remplira en effectuant des combos. Selon le niveau de relation que vous avez atteint avec chacune des filles vous pourrez remplir la jauge de tension de 100 à 400 points. Chaque centaine vous donnant accès à une attaque spéciale toujours plus efficace. En lisant tout cela, le jeu semble proposer un système complexe et tactique mais foncer droit devant en attaquant tout ce qui bouge, sans vous soucier des PA et des techniques, peut également vous mener à la victoire.
On le répète mais le jeu n’est pas du tout difficile, la difficulté semble avoir été remplacé par des ennemis avec un gros stock de PV plus chiant que difficile à battre. Mais il est tout même plaisant de pouvoir jouer sans trop se casser la tête puis voir des dizaines d’ennemis s’envoler et mourir en se heurtant les uns avec les autres peut être une vision comique. Visuellement, le jeu est assez mignon en optant pour un rendu Chibi des différents personnages. Un artwork de ceux-ci est visible lors des dialogues. Parfois un peu de fan service mais contrairement à ce qu’on pourrait croire au premier abord, c’est assez limité. Sauf peut-être une seule scène en animation mais on a vu bien plus sur 3DS. Soulignons que le jeu est loin d’être aussi moche qu’on pourrait le penser. C’est mignon, coloré et lors des plans de zoom on constate que les décors sont plutôt détaillé en terme de trait. Les cinématiques et l’introduction en animation sont jolies. En revanche, si l’on veut critiquer un peu, le bestiaire n’est pas très varié en plus de ne pas être très inspiré. Outre cela, la bande son accompagne bien les situations que l’on rencontre dans le jeu. Petit bémol, sur quelques niveaux où l’on note une belle chute de framerate en combat. Enfin, vous devinez bien que la 3D reste facultative et se limite à un effet de profondeur banale, si ce n’est dans l’introduction où elle est plutôt belle. Puis inutile de parler de Spot Pass, quant au Street Pass il se limite à un échange d’objet si par chance vous croisez quelqu’un qui possède le jeu. Aussi, pour ne pas perdre quelques habitudes, le jeu est uniquement en anglais.