Initiateur d’un genre, le « run and gun », Berzerk a marqué, en salle d’arcade et sur console, les joueurs au début des années 80. Le temps a balayé peu à peu les souvenirs et l’ambiance électronique d’antan, faite de bip-bip (de zap-zap aussi) et de fond noir, pour laisser place à l’ultra-réalisme d’aujourd’hui. Atari a choisi de réinvestir son passé en le modernisant à sa façon : par petites touches pour ne rien dénaturer. Ici, c’est une formule en vogue, le twin-stick shooter, qui est accolé à ce mortel labyrinthe.
Doom featuring Pac-Man
Perdu dans une suite de salles générées aléatoirement, emplies de méchants robots, notre héros gambade pour sa survie et azimute les tas de tôle qui se présentent à nous. Notre bonhomme en combi se protège pourquoi pas en se réfugiant derrière un mur et en s’en sert sinon pour faire de magnifiques embuscades. Notre tir est multidirectionnel comme autrefois, mais c’est désormais le stick droit qui nous permet de le diriger (notre bras, tenant l’arme létale, tournant dans tous les sens) tandis que ce bon stick gauche nous permet de bouger nos jambes.
Outre un mode mission qui nous propose des objectifs « variés » (en gros, elles ne le sont pas : ce sera toujours détruire un nombre d’ennemis décidé à l’avance), les ajouts de ce Berzerk Recharged, ce sont ces items posés sur le sol nous octroyant nouvelles armes et santé et un nouvel antagoniste : une grosse boule qui ressemble à son lointain cousin Pac-Man. Cette dernière, reprise fièrement par les visuels du jeu, apparaît au bout d’un certain temps par une des portes de la salle et est là pour éviter que l’on traîne trop.
Surtout, elle fait monter le rythme cardiaque pour pas cher : elle est invincible, nous pourchasse sans cesse et son contact est un magnifique « one shot » avec game over et retour à la case départ. Ces ajouts sont efficaces, sympathiques et apportent un peu de personnalité à ce remake, même si les nouvelles armes et bonus auraient pu être plus délires encore. Le triple tir, la super vitesse, les mines et autres points de santé, nous avons vu ça cent fois.
Du classique, de l’efficace
En dehors de ça, les sensations sont celles d’antan, les décors sont minimalistes, le noir prédominant comme autrefois. Les ennemis, suivant leur niveau, change de couleur (une teinte unie et flashie : jaune, vert, bleu, rouge…) et ressortent bien afin de les shooter sans l’ombre d’un doute. En mode arcade, la fin du labyrinthe étant illusoire, nous serons surtout là pour scorer et monter dans un classement mondial, principal motif pour jouer et rejouer encore.
L’action est sympathique, renoue avec l’esprit du jeu original avec quelques pièges d’antan comme ces dangereuses parois électriques. La jouabilité s’avère correcte dans l’ensemble, et comme la fluidité est rarement mise en défaut, elle est agréable. Néanmoins, compte tenu de ce qui nous est présenté, ça semble aller de soi. Lorsque l’animation fait, une fois par heure de jeu, défaut en laguant devant des ennemis et des tirs qui pullulent, il y a de quoi tiquer.
Pire que les lags, nous avons croisés des bugs, des approximations de collision à l’abord des portes, notre personnage restant étrangement bloqué quelques secondes dans un coin de mur quelque soit la direction pressée. Néanmoins, rappelons-le, c’est très rare.
L’autre défaut est plus subjectif : c’est le fait d’avoir le doigt vissé sur la gâchette pour tirer, n’aurait-il pas été plus confortable de tirer uniquement en bougeant le stick qui imprime sa direction comme dans beaucoup de twin-stick shooters. Sur des parties un peu longues, ce pauvre index (ou majeur, c’est selon) peut tétaniser alors que nos pouces s’activent joyeusement, et ce dans tous les sens.
Du néo-rétro plus rétro que néo
Mais Bezerk souffre d’un défaut plus insidieux qui limite sa portée, en dépit de toute la sympathie que nous lui portons. Là où les autres jeux de la franchise « Recharged » parvenaient à captiver – au hasard, les excellents Yars ou Caverns of Mars-, c’est dans leur capacité à revitaliser des concepts oubliés de tous.
Le problème de Berzerk Recharged, c’est que ce concept d’origine est loin d’avoir été oublié. Il y a eu un nombre incalculable de clones, de classiques et d’évolutions dans le genre « run and gun » depuis le Berzerk de 1980 : comme les shoots d’arcade explosifs à la Commando, Mercs ou Metal Slug (en vue de profil), le « run and gun » SF avec des couloirs étroits à la Alien Breed, à la Loaded, les FPS labyrinthique à la Doom, Quake et nous en passons, les TPS Survival Horror à la Dead Space etc…
Et la comparaison entre cet héritage, immense et inestimable, et ce remake juste amélioré a de quoi plomber l’ambiance. Berzerk Recharged a du mal à se rendre réellement moderne et emballant au-delà d’une poignée de parties.
Berzerk – Recharged est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch
Conclusion
Oui, ce Berzerk Recharged reste jouable, agréable et amusant quelques parties mais il déçoit aussi. Le problème de Berzerk Recharged, c'est que son concept du labyrinthe et du run and gun a été vu et revu un nombre incalculable de fois ailleurs, depuis quatre décennies. Les améliorations proposées ici (armes et nouvel antagoniste) sont sympas mais ne sont pas assez nombreuses pour moderniser et vivifier l'expérience. Un bon petit jeu neo-retro, sans plus.
LES PLUS
- La formule twin-stick shooter fonctionne
- L'antagoniste en forme de boule qui nous pourchasse, une bonne idée pour faire monter le palpitant
- Jouabilité correcte
- Bonne fluidité... en général
- Le tableau de score mondial
LES MOINS
- Un run and gun sommaire
- Graphiquement pas très inspiré
- Se retrouver bloqué dans un mur de manière incompréhensible
- Très peu de contenu, comme d'habitude avec la série « Recharged »