On critique souvent Nintendo pour le manque de nouvelles licences depuis 10 ans. Malheureusement les tentatives de nouvelles franchises ne se sont pas toujours avérées fructueuses au niveau des ventes comme avec Hotel Dusk, Forever Blue ou encore Disaster (mais en dématérialisé des jeux plus modestes comme Pullblox ont pu connaître le succès). Splatoon est bien une toute nouvelle licence de Nintendo et la première orientée essentiellement vers le multijoueur en ligne !
Une nouvelle licence ce n’est jamais très facile à lancer et Nintendo a en plus choisi un genre auquel il ne s’accrochait pas vraiment : le jeu de tir à la troisième personne. Comme toujours avec Nintendo ce n’est pas la violence viscérale d’un Gears Of War qui va être mise en avant, bien au contraire. Il faut dire que le mode principal du jeu n’a pas vraiment pour but d’éliminer les joueurs adverses (du moins pas directement), c’est plutôt rare pour un jeu du genre. Le principe de Splatoon se base sur la peinture, les armes des joueurs ne tirent pas des balles mais de l’encre colorée.
Dans Splatoon l’équipe qui réussit à recouvrir le plus le terrain de sa couleur gagne la partie. Il faut donc principalement asperger le terrain mais aussi ralentir la progression des ennemis en les éliminant si vous en croisez. Les parties durent trois minutes et s’enchaînent assez vite. A la fin d’une partie la caméra donne une vue aérienne du terrain et on voit quelle couleur a le plus recouvert la map. Le suspense est là jusqu’à la dernière seconde lorsque le score semble serré, jusqu’à ce que le résultat soit donné par Charbitre (oui oui). Malheureusement le matchmaking est vraiment simpliste pour le moment et on a le choix entre les parties classiques et les parties pro (à partir du niveau 10). Et si on peut bien rejoindre nos amis, rien n’assure par la suite que vous serez dans la même équipe. La création d’équipes entre amis pour affronter le reste du monde arrivera lors d’une grosse mise à jour, tout comme les parties privées. A sa sortie on a simplement des parties en ligne contre le monde. C’est un peu light mais suffisant pour profiter du jeu pour le moment.
Le jeu donne vraiment un sentiment d’amusement car même si on n’arrive pas toujours à éliminer des membres de l’équipe adverse, on recouvre facilement le terrain de peinture et on ne se sent pas inutile. Le fait d’envahir le terrain donne une dimension stratégique, mais la façon de le faire dans Splatoon (avec la peinture) fait que même les joueurs les plus bourrins seront utiles à l’équipe en aspergeant le terrain. Chaque joueur peut se transformer en calamar en plongeant dans des zones recouvertes de sa couleur. Les déplacements en calamar sont bien différents et beaucoup plus rapides et grisants. En revanche vous ne pouvez pas tirer et si vous touchez un sol recouvert de la peinture adverse vous serez au ralenti, de la même façon que si vous rouliez dans l’herbe sur Mario Kart. En calamar vous pouvez aussi grimper les murs et c’est là qu’on voit qu’asperger les surfaces verticales s’avérera utile, ça ajoute un peu de verticalité au gameplay alors que les sauts du personnages sont timides. L’analyse du terrain est assez utile. En effet si la map ne change pas de forme, les zones peuvent vite être recouvertes par l’équipe adverse et devenir moins praticables alors que vous y passiez peut être à toute allure en calamar quelques secondes plus tôt. Le concept se révèle plus profond que ce que l’on croit.
Les cartes sont d’ailleurs un peu petites mais le jeu est limité à du 4 contre 4. Ce n’est pas vraiment un défaut car cela colle avec le principe des parties rapides de trois minutes, c’est surtout sans prise de tête si on veut juste s’amuser quelques minutes. En revanche on peut reprocher au jeu de ne proposer que cinq maps à la sortie… C’est vraiment peu et avec le manque de modes et d’options de matchmaking on sent vraiment le manque de contenu, même si le prix du jeu est un peu plus doux que la normale. Heureusement tout cela arrive dans de futures mises à jour totalement gratuites mais c’est une politique assez douteuse. Au moins on a l’assurance que le contenu s’étoffera, c’est déjà ça. En attendant deux maps sont choisies toutes les deux heures (pour tous les joueurs du monde) et toutes les parties se déroulent de toute façon uniquement sur l’une des deux maps pendant ces deux heures. Encore une fois c’est assez bizarre mais ça ne gâche pas vraiment le capital fun du jeu.
Toutefois un vrai manque se fait clairement ressentir quand on a l’habitude des jeux en ligne… Splatoon est totalement dépourvu de moyen de communication, on ne peut pas parler aux autres joueurs, même aux amis. Nintendo l’avait annoncé mais même en étant prévenu on sent en jeu que ça aurait pu être vraiment utile afin d’organiser un plan d’attaque et s’organiser un peu. De plus le jeu propose quelques armes différentes : les armes classiques (équilibrées), le sniper (dévastateur mais recouvre peu de surfaces) et le rouleau (efficace pour tout recouvrir mais peu efficace face aux armes). Chacune ayant ses points positifs et négatifs, une meilleure communication aurait permis de monter des équipes plus équilibrées.
Chaque joueur personnalise au départ un personnage basique (sexe, couleur des yeux…) mais le modèle reste le même pour tous, on peut même le changer plus tard. Au début ça m’a paru très sommaire mais en fait la vraie personnalisation ne se fait pas ici mais une fois en jeu. Les parties remportées nous donnent de l’argent à dépenser dans les boutiques de la ville… Et oui il y a une ville ! En fait c’est plutôt un hub assez petit sur lequel on retrouve des boutiques et les avatars d’autres joueurs un peu comme à l’interface de la Wii U ou sur Nintendo Land (on peut même voir leurs équipements et les commander). Ce hub sert de menu avec des bâtiments à rejoindre pour lancer chaque mode. On trouve d’ailleurs un mode dojo qui représente la partie versus local de Splatoon. Jouable uniquement à deux (le second joueur doit utiliser une manette Wii U Pro), le but est simplement d’éclater des ballons… Mais sur la place principale il y a surtout des boutiques, on peut y acheter des armes mais aussi des équipements. Ces derniers sont les vêtements qui permettent d’attribuer des atouts à notre personnage. Si vous aimez faire attention à votre look, il faudra donc tout de même jeter un oeil à ce que vous équiper. Un t-shirt pourra vous faire aller plus vite en calamar, une paire de chaussure augmentera peut être votre puissance de feu et une casquette vous rendra peut être plus résistant. Les équipements s’améliorent si vous les portez au fil des parties et c’est une composante importante du multijoueur. Ils remplacent tout simplement les atouts qu’on pourrait attribuer à notre personnage dans un Call of Duty, sauf qu’ici ils ont aussi un rôle visuel car vous changez de look.
Techniquement, Splatoon est aussi assez joli à voir. On note une différence de framerate entre la place centrale et les parties (beaucoup plus fluides). En action le jeu tourne à 60 fps en 720p. Mais c’est du détail technique, pour le reste les personnages aux formes très rondes ont de bonnes bouilles (avec des noms / jeux de mots traduits en français). Les maps ont un enrobage plus classique et presque un peu vide mais c’est aussi le concept du jeu qui veut ça afin que l’on puisse recouvrir le plus de surface possibles avec nos pistolets à peintures. Les musiques sortent elles du lot avec quelque chose de différent des autres productions de Nintendo. On entend souvent des guitares avec quelques bruitages bizarres, l’OST semble assez variée (mais les morceaux ne sont pas pour autant nombreux). Elle est d’assez bonne facture et elle mérite qu’on s’attarde dessus.
Au niveau de la visée, le jeu vous propose le choix d’utiliser le gyroscope (sélectionné par défaut) en bougeant le Gamepad, soit le second stick. Le gyroscope s’accompagne tout de même de l’utilisation du stick droit pour les mouvements horizontaux. La visée au gyroscope demande un temps d’adaptation et même ceux qui n’arrivent pas à s’y faire reconnaîtront tout de même qu’elle permet d’être plus réactif et précis. La visée au second stick est beaucoup plus classique mais même les habitués seront un peu destabilisés. L’accélération donnée quand on reste appuyée dans une direction semble différente des autres jeux de tirs, c’est un sentiment bizarre mais on s’y fait. L’écran du Gamepad est utilisé pour afficher une carte utile pour voir où en est la partie et on peut aussi toucher l’un de nos coéquipiers pour se téléporter à côté d’eux, pratique. Il n’est pas possible de jouer en Off-TV sur l’écran du Gamepad c’est un peu dommage. Les autres types de manettes ne sont pas supportés (sauf la manette Wii U Pro uniquement pour le second joueur en mode Dojo).
Le jeu comporte bien un mode solo mais vous en aurez vite fait le tour, en quatre heures maximum. Comme le laissait présager le Direct, il sert de gros tutorial, même si des boss viennent ponctuer la progression. L’ensemble donne une progression à la Mario Galaxy avec des poissons charge à récupérer à la fin de chaque niveau. On passe de structures en structures et on élimine les ennemis qui nous barrent le passage avec des phases plus ou moins variées impliquant surtout de la plateforme, ce qu’on ne voit pas dans les parties multi. L’utilisation du liquide pour se défaire des ennemis fait penser elle à Mario Sunshine. Au final le solo est une bonne surprise quand on s’attendait à un titre entièrement multi au départ. Il n’est pas fou, c’est assez classique et même un peu fade par moment mais c’est loin d’être désagréable à jouer, c’est un petit plus vraiment sympathique. Et certains boss sont vraiment réussis et auraient largement eu leur place dans un Mario 3D (Sunshine 2 ?).
Mais il est dommage de constater que des défis supplémentaires sont à débloquer en achetant les différents Amiibo du jeu en magasin. Ces défis se passent dans les niveaux déjà complétés mais avec des objectifs différents. Jusque là les Amiibo permettaient de déverrouiller des costumes à l’effigie du personnage choisi, ça avait un sens, comme si notre Amiibo intervenait presque dans le jeu. Là la figurine n’est qu’une vulgaire clé car de tout ce que l’on déverrouille, rien n’a vraiment un rapport avec l’Amiibo utilisé, en dehors du fait que ce soit un Amiibo Splatoon… Ce sont de bêtes clés pour déverrouiller du contenu sans même donner l’illusion d’une interaction entre la figurine et le jeu.