La série Shin Megami Tensei s’est déclinée en plusieurs branches de spin-off d’une quantité telle que le tronc principal de l’arbre n’est même plus visible. Ces derniers temps, une de ces branches a un atteint une beauté telle que le fruit qu’elle a donné a fait pousser un nouvel arbre masquant presque le premier dont il est issu. Shin Megami Tensei : Persona est un spin-off de la série Shin Megami Tensei qui a su gagner une popularité dépassant ses origines. Cette branche de la série est restée exclusive aux consoles de Sony jusqu’à aujourd’hui, où Atlus a réuni deux de ces brillantes équipes pour créer Persona Q, un spin-off du feu de dieu exclusif à la Nintendo 3DS. Quand Persona 3 et Persona 4 sont assemblés en un seul jeu inédit par l’équipe de la série Etrian Odyssey, c’est un honneur pour nous de pouvoir goûter à cette recette unique et vous faire part d’une critique culinaire digne de ce cocktail explosif.
Un étrange festival rassemble deux classes de Lycéens !
Le scénario de Persona Q peut être un peu dur à comprendre dans son début pour ceux qui ne connaissent ni Persona 3 ni Persona 4. Dès, le début, on vous demande de choisir un niveau de difficulté ainsi que le groupe avec lequel vous voulez commencer. A savoir commencer avec les protagonistes de Persona 3 ou ceux de Persona 4. C’est uniquement au début que le scénario peut sembler différent selon le groupe que vous aurez choisi, ensuite les différences sont assez mineures et limité à certains points de vue. Dans les deux cas, il est difficile de comprendre l’histoire dans le sens où celle-ci démarre en plein milieu de la trame des deux jeux réuni pour la spin-off. Pour les fans, aucun problème, ils reconnaîtront les personnages, le moment en question et les divers termes employés durant la scène de prologue. Pour les autres, il est possible qu’on soit bourré de scène, de noms, de termes et qu’on se retrouve dans une situation dans laquelle on ne s’identifie que très difficilement. Dans tous les cas, le prologue vous fera atterrir dans le Lycée Yasogami (établissement principal de Persona 4) où un festival bat son plein. L’établissement en lui-même semble provenir d’un monde différent de Persona 4, ce qui intriguera beaucoup ses protagonistes pour ceux qui auront choisi le groupe de cet opus. Dans les deux cas, ce qui pousse à la curiosité est la présence dans la cour d’une étrange tour avec une cloche sonnant de temps à autre, on dit de celle-ci que ceux qui entendent la cloche sont voués à mourir. Avec plus ou moins de différence dans le déroulement selon le groupe choisi au début, vos protagonistes rencontreront le duo Rei et Zen qui semblent appartenir à cet établissement mais leur souvenir ont été effacé. Ils rejoindront vos rangs et par la suite les deux groupes de protagonistes se rencontreront unissant leur force afin de traverser les divers labyrinthes du Festival du Lycée Yasogami. Chacun d’entre eux semblant refermer au plus profond d’eux les souvenirs de Rei et Zen et une partie de la clé qui leur permettra de comprendre le monde dans lequel ils ont atterrit et retourner dans leur univers respectifs. Hormis ce début assez brouillon pour les non-initiés, le reste étant inédit il ne vous ait pas forcément demandé de jouer à Persona 3 et Persona 4 pour comprendre toute l’intrigue. Il vous ait encore moins demandé de jouer à Etrian Odyssey pour comprendre l’histoire vu qu’aucune référence scénaristique provenant des Etrian Odyssey n’a été retenue. En revanche, c’est son gameplay qui a été repris et c’est cela que nous allons aborder !
Initiation à la cartographie pour certains, simple routine pour d’autres
On l’a énoncé, le scénario de Persona Q est assez confus au début surtout pour les non-connaisseurs et on poursuit l’histoire en s’interrogeant autant que les protagonistes sur l’univers dans lequel on a atterrit. Ainsi, quatre cadenas et chaînes bloquent deux portes de la Velvet Room, chambre à partir de laquelle vous avez atterrit dans ce nouveau monde. Vos doutes s’en verront confirmés mais les deux portes sont l’unique sortie de ce monde vers les univers des deux groupes respectifs. En vous baladant dans le Lycée Yasogami, vous sentez la présence d’ombre à l’intérieur de certains stands du festival. Ces ombres sont nés du cœur et personnalité des humains, autrement dit des ennemis. C’est en vous rendant dans votre premier stand que vous découvrez un labyrinthe aux couleurs et thèmes d’Alice au Pays des Merveilles. En fait, chaque labyrinthe est un stand et possède ainsi un thème. Les fans d’Etrian Odyssey commencent sûrement à mieux comprendre après cette longue introduction où l’on va, tandis que les fans de Persona ne connaissant pas Etrian Odyssey ne comprennent peut-être pas où nous voulons en venir. En effet, chaque labyrinthe possède également plusieurs étages à explorer, des coffres à ouvrir, des passages secrets voire des raccourcis. Et si l’écran tactile se dévoilait à chaque pas que vous faites dans ce labyrinthe, dessinant ainsi une véritable carte du lieu que vous explorez ? Et si vous aviez la possibilité de placer des icônes de coffre, flèches de raccourci, icône de porte, et plein d’autres indications sur votre carte avec votre stylet faisant office de crayon? C’est cela qui fait le succès du gameplay d’Etrian Odyssey et c’est cela que nous retrouvons dans Persona Q. Autant pour ceux qui connaissent Etrian Odyssey c’est un élément de gameplay connu et automatique. Autant pour les fans de Persona, il faudra bien s’y mettre car si vous ne marquez rien, il se pourrait bien que vous perdiez la vie dans les méandres de ces labyrinthes. En effet, il y a un autre aspect qui fait l’identité d’Etrian Odyssey, c’est la difficulté. Persona Q n’échappe pas à la règle, bien que plusieurs niveaux de difficultés sont proposés. Notons que vous pouvez changer à tout moment. Les combats sont aléatoires, seule une espèce de boule sert d’indicateur celle-ci devenant rouge lorsqu’un ennemi est proche. Cependant, il suffit que vous soyez sur le chemin du retour car vos protagonistes sont mal en point, que vous ayez oublié d’emprunter un raccourci que vous n’aviez pas noté pour qu’un combat se lance laisse l’avantage à l’ennemi qui vous achèvera. Le Game Over ne vous renverra qu’à votre dernière sauvegarde avec comme seule compensation de pouvoir conserver les dernières notes effectués sur votre carte. D’ailleurs en difficulté maximal, il suffira que votre héros principal soit K-O pour que le Game-Over survienne, de quoi avoir une frustration encore plus grande. Soyez rassurez fans de Persona, les labyrinthes et les éléments de notations sur la carte de Persona Q n’atteignent pas la complexité des derniers jeux de la série Etrian Odyssey, ce qui frustrera sûrement les fans de cette licence. Il faut bien du bon et du moins bon. Notez également, que vous pouvez également acheter un objet peu cher pour vous téléporter hors des labyrinthes, certes on aurait pu vous le dire avant que vous soyez mort.
Persona Odyssey
Parlons plus en détail à présent des combats. Nos protagonistes ne sont pas forcément des lycéens ordinaires et cela même dans leur monde. Ce sont des utilisateurs de Persona et leur union semblent n’être que le fruit du destin ici. Toujours est-il que les utilisateurs de Persona combattent les ombres, Bien entendu on l’évoquait, les labyrinthes sont infestés d’ombres. Contrairement à Etrian Odyssey, nos unités n’ont pas forcément de classe. Cependant, tous ont leurs affinités et faiblesses élémentaires liés aux Persona combattant avec eux. Ainsi selon les ombres de chaque labyrinthe, il convient de choisir les membres ayant les meilleurs attributs élémentaires faces à ces ennemis pour progresser au mieux. En effet, pour véritablement aborder le système de combat de Persona Q, on se retrouve avec un tour par tour similaire à la série Etrian Odyssey. A ceci près que déclencher un coup critique ou exploiter la faiblesse d’un ennemi octroie à votre personnage un boost pour le prochain tour lui permettant déjà d’agir en priorité en début de tour et d’utiliser n’importe quelle technique sans dépenser un rond d’énergie ou de magie. La stratégie de base est alors simple, utiliser une petite magie efficace pour bombarder votre sort le plus puissant ensuite ou également lancer un gros sort de soin dans les moments critiques. Par ailleurs, en exploitant les faiblesses, vous avez également une chance de faire tituber vos adversaires et les priver d’action durant un tour, en bonus il est également possible qu’un de vos personnages soit prêt pour un puissant assaut supplémentaire à la fin du tour voire même que tout le groupe soit prêt à infliger une explosion de coup à tous vos ennemis en fin de tour. Attention tout de même, obtenir un boost est facile mais le perdre est tout aussi simple. Si vous agissez en début de tour, il suffit que vos ennemis vous touchent avec une attaque pour que votre boost vous soit retiré. Vous pouvez respirer, les ennemis ne lance pas d’assaut supplémentaire et n’obtiennent pas de boost en exploitant vos faiblesses. Ceci dit, ils restent suffisamment puissant pour vous envoyer directement en enfer sans avoir besoin de boost donc ne les sous-estimés pas, surtout dans un Cross-over avec la licence Etrian Odyssey. La mort est omniprésente à chaque combat, une seule maladresse peut vous être fatale. Petite originalité provenant de Persona, vous pouvez également choisir un personnage de soutien parmi deux jeunes filles, Fuuka et Rise. Seul votre protagoniste pourra invoquer leur pouvoir en combat moyennant une jauge qui se rempli à chaque attaque que vous portez, celle-ci peut se remplir plusieurs fois et un chiffre est visible en bas de celle-ci. Les techniques de ces deux personnages consomment cette jauge, ainsi vous pouvez demander à Fuuka de soigner légèrement votre groupe durant trois tour en échange d’une jauge complète ou encore à Rise de garantir la priorité d’attaque d’un de vos héros pour un tour. Les deux proposent un soutien différent, il vous appartient d’utiliser au mieux leurs pouvoirs. On constate que certains éléments du gameplay d’Etrian Odyssey ont été adapté à la formule Persona mais rien ne surprendra véritablement les fans qui s’adapteront très vite, on peut dire la même chose pour les non-connaisseurs. D’ailleurs, Etrian Odyssey oblige, on oublie également de mentionner la présence de F.O.E ces fameux puissants ennemis visibles sur la carte pour mieux éviter des affrontements futiles tant votre défaite est déjà décidé avant même de lancer le combat. Du moins, la première fois que vous voyez un F.O.E dans un labyrinthe, il vaut mieux chercher à l’éviter qu’à l’affronter, conseil de fan d’Etrian Odyssey… Maintenant, si vous êtes plus Persona addict et que vous choisissez l’assaut frontal, vous pouvez chronométrer le temps de votre résistance. Bien entendu, la victoire devient possible après une certaine progression mais les combats resteront toujours beaucoup plus tactique et dangereux en comparaison à une ombre standard. En ce qui concerne les boss, les commentaires seront assez similaires à ceux des F.O.E à ceci près que vous ne pouvez pas fuir ou éviter un boss et que vous serez toujours obliger de faire preuve de tactique pour mieux les défaire. Petit bémol sur les magies de mort instantané propre à la série Shin Megami Tensei (Hama ou Mudo et toutes leurs évolutions). Le jeu peut être dur même contre des ombres standards, la mort plane à chaque instant, cependant dans Persona Q contrairement à la normale des Shin Megami Tensei l’utilisation des magies de mort instantané est possible dès le début et à un coup de PM relativement bas voire inexistant avec les boost. Ainsi, on a une difficulté qui peut être excessive tout comme inexistante. Jusqu’à un certain point, les F.O.E et les Boss étant heureusement immunisé contre ces sorts. Une vraie torture pour ceux qui espérait tricher.
Une exploration et des combats proches d’une expérience Etrian Odyssey adapté à la sauce Persona. Mais alors sauf les affinités élémentaires où se situe l’expérience Persona ? Persona Q est un spin-off des deux séries, ainsi le titre propose bien un élément de gameplay provenant de Persona et qui est pour ainsi dire évident pour leur fan. La Velvet Room est certes la clé du scénario mais on vous accueillera dans la pièce pour fusionner vos Persona. En fait, il convient surtout de fusionner vos Sub-Persona pour en créer d’autre. Sauf Rei et Zen, tous les protagonistes de Persona 3 et Persona 4 sont liés à un Persona principal, c’est celui-ci qui constitue vos attributs et faiblesses élémentaires. Arrangement du scénario et distorsion de l’espace-temps oblige, tous les protagonistes peuvent invoquer un Sub-Persona qui n’ajoute aucune faiblesse en plus à vos personnages mais leur octroie des sorts en plus et quelques statistiques physiques et de soutien en plus pour vos combats ou votre exploration. Ainsi par exemple en vous liant avec une Sub-Persona d’affinité électrique, bien que votre personnage soit utilisateur de magie de vent, il est possible que vous obteniez des sorts de foudre. En plus, le sub-Persona vous ajoutera quelques PV et PM max en combat et peut également vous permettre de détecter plus facilement les F.O.E lors d’exploration en labyrinthe. C’est cette Sub-Persona que vous pourrez fusionner avec d’autres Persona afin d’obtenir un Persona encore meilleur ! Le dilemme étant que les Sub-Persona progresseront à une vitesse différente de vos Persona Principaux. Petite reprise agréable de Shin Megami Tensei IV, vous avez une liste de fusion conseillée pour éviter que vous ayez à fusionner vos meilleurs Persona et finir avec un Persona beaucoup plus faible. Il est également possible pour la créature né de la fusion de conserver quelques techniques des Persona utilisés à son obtention. Autre possibilité également, sacrifier quelques Persona pour permettre à l’une de vos créatures de progresser plus vite. Un mélange de gameplay fort original dont seule la difficulté représentera un réel obstacle à la progression.
Une Odyssey pleine de Persona-lité mais non sans défaut
Outre le développement sur l’exploration et les combats, parlons un peu plus technique. Le jeu est réalisé en SD, on a ainsi un univers assez coloré, un jeu très jolie, tourné vers le mignon et l’humour. Pourtant, on le voit dès l’introduction en animation du jeu avec une scène par exemple où une jeune fille pleure des larmes de sang, on reste dans un Persona et ce n’est pas un style choisi qui empêchera l’équipe de proposer quelques choses de sérieux derrière cette ambiance innocente. D’ailleurs, sans parler de l’introduction, le jeu propose d’autres scènes en animation plutôt jolie à voir. Le scénario global est intéressant et vous entraînera une bonne quarantaine voire cinquantaine d’heure pour finir le jeu en ligne droite, sans parler des quêtes annexes et de ceux qui voudrait refaire le jeu en sélectionnant le second groupe. Petite surprise pour ceux terminant l’aventure avec les deux groupes. Evoquons ensuite une bande sonore assez tourné dans les notes jazzy et collant parfaitement à l’univers que propose le soft. Les thèmes sont excellent, entrent bien dans nos têtes et se permettent même quelques variations parfois selon le groupe que vous aurez choisi au début. Différence selon les groupes, différences de perception entre les fans d’Etrian Odyssey et Persona, c’est d’ailleurs cela comme vous le constatiez déjà au-dessus qui constitue un certain défaut ou non du jeu. La perception qu’auront tel ou tel fan de la série, d’ailleurs parlons d’un dernier élément dont la perception dépendra encore de cette différence de groupe de fan. Le jeu se déroule dans un lycée et c’est cet établissement qui sert un peu de QG. Ainsi, on a un menu semblable à la série Etrian Odyssey avec un lieu pour acheter, vendre, obtenir de nouveaux équipement ; un autre pour enregistrer des quêtes annexes ou vous soigner, la Velvet Room pour vos Persona, un menu pour la constitution de votre groupe, une catégorie de sélection de vos labyrinthes et enfin l’option de sauvegarde. Un autre menu lié à une composante de Persona est également de la partie, celle des conversations. Dans la série Persona, surtout apparut à partir du troisième opus, une composante nommé Social Link fait partie intégrante de l’expérience Persona et c’est celle-ci d’ailleurs qui a véritablement permis à la branche Persona de jouir d’une telle notoriété aujourd’hui. Cette composante permettait de créer des liens avec les autres personnages afin que cela ait un certain effet de bonus ou de malus à l’obtention d’autres Persona. On préfère prévenir les fans, on n’a pas de système de Social Link dans Persona Q. Les conversations de Persona Q sont plus ou moins sérieuses. Elles peuvent être directement liées au scénario du jeu mais ces conversations peuvent également être des petits moments sympathiques où chacun des protagonistes montrent comment ils profitent tout de même du festival scolaire de cet étrange monde, échangeant parfois sur leur monde respectif pour mieux se connaitre. Ainsi, on n’en arrive à comprendre un peu plus sur chacun des groupes et des membres, certes le système est très loin du Social Link mais pour les fans d’Etrian Odyssey ces conversations sont assez nouvelles et peuvent provoquer une certaine curiosité pour la série Persona. On s’attache tout de même à ces personnages et naît ainsi cette envie de découvrir un peu plus leurs opus respectifs. Encore une fois, un élément intéressant pour certain et une routine imparfaite pour d’autres comme pour la cartographie. En fait, il convient de dire que ce Cross-Over ne fera peut-être pas l’unanimité selon les fans qui y jouent, en fait aussi surprenant que ça en ait l’air seul celui ne connaissant rien de Persona et Etrian Odyssey pourra soit détester soit complètement aimer le jeu. Outre ce défaut lié au groupe de fan, on pourrait évoquer une utilisation secondaire du Street Pass et abusive des pièces de la console 3DS pour ouvrir des coffres demandant sinon l’exploration à 100% des labyrinthes pour les ouvrir. On préfère nettement plus explorer que payer vu leur contenu parfois. Autre défaut propre à Etrian Odyssey, la progression qui peut sembler très laborieuse, certes quarante ou cinquante heures en ligne droite mais combien de Game Over et de frustration avant d’y arriver ? Dernier défaut surtout lié à votre maitrise de la langue, le jeu n’est traduit qu’en Anglais !