Tirant son inspiration des travaux de Lovecraft, Byte Barrel nous embarque dans une enquête effrénée où il faudra se battre pour collecter les pièces du puzzle. Incarnant soit une journaliste, soit un prêtre, Chacun ayant leurs spécialités, nous partons à la recherche de la vérité dans une ambiance FPS bien rétro.
Un départ sur les chapeaux de roues
Directement immergés dans l’histoire, nous évoluons rapidement à travers de longues pièces peuplées d’ennemis prêts à nous déchiqueter. Armés d’un pistolet et d’un couteau, cherchant armes et de rares points de vie, nous sommes immédiatement à la merci de ce monde peuplé d’angoissantes créatures. Le rythme est vif, la musique entraînante, et nous voilà à nous battre corps et âme, lisant quelques documents disséminés dans le décor, pour comprendre ce qui nous a menés là.
Le focus est définitivement placé sur le combat et sur le ‘die and retry’ pour les moins aguerris. Au niveau du sentiment et du level design, on pourrait le comparer à Doom et à cette impression d’arrivée sans fin d’ennemis.
Une mécanique intéressante introduite dans le jeu est celle du ‘niveau de folie’, qui change durant la partie et permet de gagner de nouveaux pouvoirs, ce qui est un clin d’œil sympathique à l’univers de Lovecraft.
Une ambiance 90’s réussie
Le style graphique du jeu est très bien réalisé et rappellera de vieux souvenirs à certains. Les ennemis sont étranges, angoissants, impressionnants parfois, et surtout très bien réalisés. Des lignes noires épaisses, de grandes hachures, des bruits écrits lors d’explosions à la manière de comics, la BD des années 90 revient au goût du jour ! Celui-ci se marie très bien avec la Switch, parfois limitée au niveau visuel, et permet un jeu sans lag qui suit bien le rythme instauré par la musique. Celle-ci se marie très bien avec chaque environnement, et donne également beaucoup de profondeur aux différents mondes. Le sound design est très réussi, tous les petits effets sonores rendant ce monde très réel, nous plongeant véritablement dedans. L’atmosphère étant le point principal appuyé ici, c’est un véritable petit bonbon sur ce point, et donne une ambiance old school intéressante. Les commentaires régulièrement faits par les personnages jouables sont aussi bienvenus et ajoutent à cette atmosphère, leur donnant une réelle personnalité qui se ressent à travers le jeu.
Le level design est également bien pensé, avec de nombreux types d’environnements, passant d’un grand manoir à une cave, en passant par des marais, des toits exigus ou de grandes pièces sombres emplies d’ennemis… Ces différents niveaux permettent ainsi de re-dynamiser le jeu, changeant la manière de jouer en fonction des possibilités.
La folie au centre du gameplay
En tuant des ennemis, s’aventurant dans les recoins les plus sombres, en utilisant de l’alcool ou des drogues, la jauge de folie augmentera petit à petit. Cela booster les capacités des personnages, mais changera votre environnement. Le joueur entendra des bruits horribles venant de nulle part, l’écran deviendra de plus en plus gris, rendant difficile la navigation, et le joueur deviendra beaucoup plus faible face à certains ennemis – tout en augmentant grandement ses capacités offensives. Ce fonctionnement, qui pourra faire penser à nombre de modes berserk, comme celui d’Alice: Madness Returns par exemple, permet de rendre le jeu encore plus rapide et stressant. C’est un détail intéressant de Lovecraft qui est ici utilisé, un clin d’œil qui crée une mécanique intéressante qui permettra aux plus aguerris de s’amuser.
Une maniabilité pas toujours idéale
Il est parfois difficile d’adapter des jeux à différentes consoles et plateformes, et c’est légèrement le cas ici. La Switch n’est pas forcément le meilleur choix au niveau des contrôles concernant les FPS, et cela se ressent ici. Les Joy-Con ne sont pas aussi réactifs, les contrôles parfois peu intuitifs, et il est possible de modifier l’axe X-Y, l’aide à la visée et la sensibilité, ce qui est déjà une bonne aide, mais est commun à la plupart des FPS.
L’utilisation des gyroscopes aurait pu également être un point intéressant à explorer, ou au moins un choix qui pourrait être fait par les joueurs au début, mais ce n’est malheureusement pas le cas ici, ce qui ajoute à la frustration de ne pouvoir utiliser que les pads, pas forcément pratiques. La visée au Joy-Con s’avère ainsi parfois compliquée, surtout durant les moments de combat assez rapides et haletants où le moindre retard ou faux pas peut tout nous faire perdre.
L’utilisation de puzzles et de l’environnement
Quelques puzzles sont ainsi répartis dans le jeu, comme des clés à trouver, des secrets à atteindre au moyen de sauts, ou bien encore des choix qui peuvent mener à de grandes récompenses, mais parfois pour un prix un peu trop lourd… Ceux-ci ajoutent quelques petits moments de réflexion au jeu, mais attention, le temps reste compté et les ennemis continuent d’arriver. Les niveaux sont également truffés de tonneaux explosifs et autres petites joyeusetés, qui permettront au joueur de se sauver la mise – ou, au contraire, de se blesser si mal utilisés -, ce qui rajoute du calcul et de la tactique à la manière de jouer.
Un sentiment de complétion satisfaisant
Il existe de nombreux secrets à trouver dans les niveaux, ainsi qu’un bestiaire qui nous permet d’en apprendre plus sur les différentes créatures que nous rencontrons. Pour les fans de Lovecraft, c’est un bon moyen de pouvoir se plonger plus en détail dans l’univers et ses ramifications. Un arbre de compétences est également disponible, qui nous permet de personnaliser notre jeu en fonction de notre manière de jouer, ce qui est très agréable et permet au joueur d’avoir l’impression de pouvoir véritablement façonner le gameplay à sa manière.
L’arbre permet également de glisser quelques petites références, comme un livre contenant un « ancien pouvoir » permettant d’annuler temporairement la douleur – et donc, les dégâts. Les armes, compétences, la santé, la rapidité au niveau du gain d’expérience, et même la lampe permettant d’éclairer l’environnement peuvent être améliorés.
Bien entendu, tout ne pourra être augmenté, ce qui ajoute à la réflexion contenue dans le jeu.
Les différentes possibilités avec les différentes armes utilisées, comme le couteau, le shotgun, la mitraillette, etc., permettent de réellement jouer avec nos armes préférées. En fonction du joueur sélectionné au début, certaines armes seront disponibles. Le prêtre, par exemple, pourra utiliser la croix pour se soigner ainsi que de l’eau bénite, permettant de paralyser les ennemis pendant un court laps de temps. La journaliste, elle, utilisera une poupée vaudou ainsi qu’un appareil photo.
Lovecraft en toile de fond
L’histoire reste néanmoins au second plan, ce qui peut s’avérer agréable pour certains joueurs. Ainsi, il y a la possibilité de ne pas lire les documents et simplement d’avancer, comme dans un FPS classique où l’histoire est facilement reléguée au second plan. Mais au final, à part le bestiaire, certains boss et quelques moments du jeu, nous n’avons pas tant d’échos faits au fameux auteur. Par exemple, malgré le fait que cela soit répété à plusieurs reprises et illustré par des changements visuels et des capacités, nous n’avons pas un fort sentiment de sombrer dans la folie. Les répliques sont souvent reprises en boucle, ce qui fait qu’il n’y a pas tant une impression d’évolution qui est faite, de descente aux enfers, comme cela est souvent le cas dans ses œuvres, et ce que nous aurions pu attendre d’un jeu tel que celui-ci. Cela peut convenir à certains, qui sont là pour un ‘boomer shooter’ et un véritable challenge, mais pourront décevoir certains.
Il y a néanmoins différentes fins possibles, en fonction des joueurs utilisés et de la manière de jouer, ce qui rajoute quelques petites tranches d’histoire en plus.
Un défi qui plaira aux plus aguerris
La difficulté, quant à elle, est bien présente à travers le jeu, allant crescendo. Elle peut être modifiée, et donc laisse au jeu la possibilité d’être rejoué. Le joueur peut ainsi choisir de se mettre au défi, ce qui est toujours un plus dans les jeux de FPS. Un mode « sans fin » est également disponible, pour ceux qui souhaiteraient relever le challenge. Un mode multijoueur aurait pu être intéressant en co-op, surtout avec les deux personnages jouables, et rajouterait un peu de pep’s à ce jeu dont, malheureusement, nous faisons vite le tour.
Forgive Me Father est disponible à vingt-cinq euros sur l’eShop de la Nintendo Switch.
Conclusion
Pour conclure, Forgive Me Father est un jeu qui possède une bonne ambiance et une histoire agréable à suivre. Le gameplay est rapide, saccadé, mais parfois difficilement adapté sur la Nintendo Switch. De nombreux points sont attrayants, comme le style graphique, le système de folie et les différents secrets et compétences à trouver, mais cela reste un peu linéaire et répétitif, le joueur ayant ainsi du mal à retrouver les miettes Lovecraftiennes parsemées le long du jeu. C’est un FPS agréable, qui mettra au défi certains, mais qui décevra peut-être les plus grands fans de l’auteur.
LES PLUS
- De magnifiques graphismes
- Un bon level design
- Une ambiance haletante
- Des mécaniques de FPS réussies
- Une personnalisation chiadée
- La jauge de folie est bien exploitée
- Une bonne rejouabilité
LES MOINS
- Une maniabilité pas toujours au point
- Des difficultés à être pris dans l’histoire
- Assez redondant sur certains moments
- Plein de bons points mais n’est pas spécialement mémorable
- Les boss sont un peu longs parfois