Xenoblade et The Last Story était les deux gros J-RPG attendus comme étant un tournant dans le genre et jeu pour patienter en attendant Dragon Quest X, annoncé depuis 2008. Si tous s’attendaient à ne plus rien voir en RPG depuis The Last Story afin d’attendre Dragon Quest X, Nintendo Japan surprend en annonçant, encore discrètement, Pandora’s Tower au début de l’année 2011. Nous voici donc un an plus tard en possession de Pandora’s Tower, développé par Nintendo et GANBARION. Est-ce le RPG qu’il fallait en plus pour patienter jusqu’à Dragon Quest X ? Le jeu est-il aussi prometteur qu’annoncé ou bien est-il un jeu qu’on peut oublier très vite?
Une malédiction à briser.
L’histoire prend place sur le continent de Graecia. Nos protagonistes Ende et Ceres sont des habitants du pays d’Elysium. À première vue, la trame semble classique pour un RPG, des continents, des pays. Ceres et Ende sont amis d’enfance. La jeune fille est une prêtresse qui un beau jour est appelée à chanter pour le festival des récoltes. Malheureusement pour notre chère Ceres, ce qui est un beau jour ensoleillé pour danser et chanter devant la foule devient vite le jour le plus horrible de sa vie. En effet, lors de sa remarquable entrée en scène et en plein milieu du spectacle, un groupe de monstre attaque la ville. Après l’attaque, alors que les soldats cherchent la fille pour l’interroger sur les monstres, Ende la retrouve inconsciente et l’emmène avec lui. C’est guidé par un étrange marchand ambulant, Graiai, que le groupe se dirige vers une étrange tour. Celle-ci fait face à un étrange lieu où 13 autres tours ont été bâties et regroupé. Et pourquoi aller là-bas ?! Tout simplement parce qu’à cause de l’attaque précédente, Ceres est désormais maudite et destinée à se transformer en un monstre. Le seul rempart face à cette malédiction est la chaire bien fraiche de monstre. Pour en apporter, Graiai donne à Ende la chaîne d’Orichalcum. On en vient vite à découvrir que la viande de monstre seule n’est pas suffisante pour venir à bout de la malédiction et qu’elle ne fait que ralentir le processus. Graiai énonce clairement le fait que la malédiction prendra fin quand le tatouage au dos de Ceres aura disparu, pour ce faire, il faut apporter la viande des 12 gardiens de tour. C’est comme ça que dans la peau de Ende vous allez sillonner les 12 tours avec pour arme principale une chaîne. Tout cela dans le but de redonner définitivement une forme humaine à Ceres, qui vous attendra gentiment dans la tour observatoire.
T’aurai pu me passer un fouet, c’est la même avec plus de sensualité!
Un jeu Nintendo ?!
C’est la grande question qui se pose quand on joue quelques minutes au jeu. Les grands mots qui nous viennent très vite sont « Horrible, cruel, affreux » et en voyant la mention Nintendo/GANBARION on s’interroge sur la part de Nintendo dans le développement du jeu. Il parait évident que Nintendo ait une grande place vue que GANBARION non seulement n’est pas un studio très réputé mais est aussi un petit studio de développement. Pourquoi s’interroger sur ça ?! Est-ce un si mauvais jeu ?! Non, loin de là, c’est un très bon jeu mais aussi très loin des habitudes de Nintendo. On imagine mal Sakurai, Miyamoto ou Eiji travailler sur un jeu tel que Pandora’s Tower à la limite la partie de Nintendo s’occupant des Metroid avec Sakamoto. En effet l’ambiance de Pandora’s Tower est bien glauque et sombre et pour bien commencer en ce sens c’est en voyant Ceres en début de transformation au début et ce dès les quelques minutes amorçant le jeu. On y voit une personne mi-femme mi-monstre, pas très belle, des tentacules lui sortant du dos et des épaules. Pour ne rien gâcher, si vous penser que c’est une vision lointaine détrompez-vous, Nintendo à la bonne idée d’en faire une cutscene et de bien zoomer. En second point pour aller en ce sens, les cutscenes montrant Ceres manger la viande, là encore on se demande comment Nintendo a bien pu faire ça ? Allant du regard sur le morceau de viande, aux dents s’enfonçant dans le cœur de monstre encore battant. C’est comme si Nintendo avait eu une illumination ou provocation de fans les amenant à se dire « Ah ouai Nintendo ne sait faire que des jeux de gamin ? Prenez ça pour voir ». L’ambiance n’est pas le seul point à interroger, c’est aussi la structure ou gameplay. Là où Nintendo aime donner des aides, et encore plus ces temps-ci avec toutes les dispositions telles que le Super guide de « Mario Galaxy 2 » et de « DK Returns » avec un gameplay évoluant en avançant, Pandora’s Tower vous livre tout dès le premier donjon et vous dit « Débrouillez-vous », le tout avec des tours de plus en plus difficiles et des boss de plus en plus complexe à cerner. Je répète bien que ceci ne fait pas de Pandora’s Tower un mauvais jeu mais apporte une nouvelle vision que nous avons sur Nintendo. Pandora’s Tower met donc dès le début les points sur les « i », ce jeu n’est pas à mettre entre les mains des nouveaux venus et des plus jeunes.
Nintendo nous en met plein la vue, Cero C
La touche Nintendo, le pseudo Zelda.
La touche Nintendo se fait sentir déjà dans la structure du jeu, une espèce de savant mélange d’un Mario et d’un Zelda mais surtout du second. En effet, la structure « ancien Mario » ne se manifeste pour moi que du fait qu’on ne voit en aucun cas de monde gigantesque et ouvert. On enchaine les tours et on revient à la tour observatoire tel Mario enchainant les Mondes 1 à 8. Ce qui peut plus ou moins faire de Pandora’s Tower un Donjon-RPG. Pas de monde ouvert juste un gros enchainement de donjon. Enfin la touche dominante est Zelda. En effet venir à bout de chacune des tours est un vrai défi. En fait plus particulièrement c’est un Zelda Majora’s mask-like. Chaque tour demandera une certaine réflexion afin de déclencher les mécanismes qui vous permettront d’avancer, de briser les chaines bloquant la porte de chaque gardien de tour. En effet pas de clé de boss, de carte de donjon ou de boussole à débloquer dans chaque donjon mais progresser à travers les tours pour chercher et briser le nombre de chaîne indiqué au début de chaque donjon pour débloquer la porte du gardien. Si au début vous n’avez qu’une chaine à trouver et briser, le nombre augmente considérablement en avançant. Les combats ressemblent plus ou moins à un Zelda ou un Beat’em all selon le joueur et ses choix. Un premier peut se la jouer stratégique, trouver le point faible de tel ou tel monstre, utiliser ses armes et sa chaine à son avantage, par exemple enchainer le montre pour l’empêcher de bouger temporairement et l’achever à l’épée, ou utiliser la chaine pour retirer l’armure d’un monstre et lui infliger des dommages plus considérable. Le second plus bourrin, peut se dire qu’il n’a peur de rien, s’armer de la grande hallebarde et faire le ménage sans se préoccuper du nombre. Une certaine liberté d’action donc, d’autant plus qu’Ende est aussi dynamique que Link dans ses enchainements et esquives. Pour autant comme dans un Zelda, les boss demanderont une stratégie plus prononcée et particulière sauf les premiers. Sans être particulièrement difficiles, ils sont pour certains particulièrement agaçant. Le motion control est aussi de mise et tire bien parti de la Wiimote et du nunchuk, vous devez secouer la Wiimote pour retirer la chaine des monstres, ou tirer de la viande du monstre, pointer pour viser les monstres etc … Tout ça sans pour autant que ce soit fatigant ou mal exploité. La touche Majora’s mask vient du fait que vous avez en direct durant votre progression dans les tours, la jauge de transformation de Ceres et qu’il vous faudra redescendre des tours pour lui donner de la viande si jamais vous sentez que vous êtes encore loin d’affronter et battre le gardien de la tour. Si vous laissez la jauge se vider, Ceres se transforme et c’est le Game Over assuré. Enfin la patte graphique du jeu est au-dessus de la moyenne Wii mais reste cependant en dessous de The Last Story et surtout de Xenoblade sauf dans le character Design (Bien que Xenoblade arrive à le faire oublier autrement…), le titre propose tout de même quelques cinématiques CG très bien réalisé ! Pour autant chaque tour présente une expérience et un décor plus ou moins différent grouillant de détail à percevoir comme dans un Zelda pour pouvoir avancer. On termine sur la bande sonore qui a le mérite d’être soit très bien et présente ou carrément répétitive ou absente. Et pour ne pas trahir le côté Zeldaesque, en deux gros points, le héros est pratiquement muet sauf onomatopées et quelques petites répliques dans les cinématiques et enfin une musique de combat qui ne change jamais sauf les boss. Pour le reste de la bande sonore on a certains gros originals ou alors des arrangements de grand chef d’œuvre musicaux tel que « Dies irae» de Verdi ou « Liebestraume No.3 » par Franz Liszt.
Voilà, mon ami Link m’a souvent dit qu’un truc du genre déclenchait des trucs de ouf dans les donjons….
Drague et Conséquence
En fait dans le jeu, faire des aller-retours entre les tours et Ceres ne se limite pas à rapporter de la chaire de monstre à la belle, on ramène aussi des petits cadeaux, ou des objets qu’on forge pour ainsi développer une relation avec Ceres. Celle-ci étant assez réactive dans le sens où ses répliques doublée Mamiko Noto, sont assez variées et que, selon les moments de la journée et l’heure dans le jeu, elle n’est pas toujours dans la même pièce assise sur une chaise. Elle fait la cuisine, le ménage etc…. Le niveau de relation est représenté à la tour d’observation avec un halo de lumière montant. Et pour éviter que cette relation ne soit futile et fasse de Pandora’s Tower un jeu de drague, celle-ci influence les différentes fins possible du jeu au nombre de 5 selon les dires incluant celle du Game Over assuré. Pour que ce ne soit pas d’une simplicité absolue, il vous faudra bien entendu offrir de bons objets à la belle et pas de poison par exemple qui ne ferait que diminuer la jauge. Aussi, si vous revenez dans les limites du temps pour lui donner de la viande sans pour autant que ce soit déjà la fin, la relation avec Ceres diminue. Autant dire qu’il y a un vrai travail pour obtenir la meilleure relation avec la belle et obtenir « The Happy End ». Derrière les gardiens des tours et la malédiction de Ceres se cache une véritable histoire lié à un passé sur l’origine des tours, au monde et divers évènements passés. Quels en sont les défauts vous me demanderez ? Disons-le de suite, les retours à Ceres sont assez fréquents voire trop fréquents étant donnée la vitesse de réduction de la jauge, et si pour les premières tours cela n’est pas un problème, en progressant redescendre et regravir les tours peut vite devenir une vraie plaie pour certains joueurs. De plus, trouver de la viande et/ou des cadeaux pour Ceres aurait été tellement plus facile si deux points avait été mieux travaillés, la gestion de l’inventaire et la caméra dans les donjons…..Celle-ci étant gérée par le jeu, c’est un véritable handicap parfois pour combattre des monstres, récupérer des objets ou visionner la salle où l’on est. Plus ou moins un défaut selon les personnes, Ende, Ceres et Graiai sont bien les seuls personnages réellement mis en avant dans ce jeu. Et surtout Ceres qui est très bien développée et évolue en progressant dans l’aventure. On arrive même à se sentir concerné par celle-ci au côté de Ende et à vouloir à tout prix terminer la quête des maitres des tours, de leur viande pour qu’elle n’ait plus à manger cette horreur. Pour autant prétendre au genre RPG avec ce nombre de personnage est peut être trop osé et ceux qui aiment avoir des groupes de personnages monstrueusement grands et variés seront déçus de ce côté. Justement terminons sur le genre du jeu, le côté RPG n’est que peu présent, juste sur la montée de niveau, et de stats de Ende qui pour autant ne semble pas être un réel besoin dans le jeu. Disons qu’on a pas le besoin de faire du levelling par exemple pour finir le jeu en ligne droite. On ne remarque que très peu cette progression de niveau, si ce n’est dans l’espace disponible dans l’inventaire qui augmente avec le niveau ou les PV qui augmentent (oui, pas de réceptacle de cœur ici) ou alors le fait qu’on tue les monstres des premières tours en 1 coup. Sans cela, le côté RPG reste très discret. Le jeu n’est surtout qu’un bon Donjon/Action/Exploration/Beat’em all avec supplément drague. Le jeu se veut être un Hybride qu’on ne discerne pas vraiment au final au plaisir ou non des joueurs.
ça c’est de la caméra! Envoyez juste le monstre un peu plus loin et vous voyez plus rien!