Les plus anciens d’entre vous se souviennent peut-être de la série Sprint, initiée par Atari dans les années 1970 sur les bases de Gran Trak. Ces jeux de course en vue du dessus ont en effet fait le bonheur des joueurs d’arcade à l’époque et ont connu plusieurs déclinaisons permettant jusqu’à 8 joueurs de s’affronter sur circuit. Les deux dernières versions ont d’ailleurs connu quelques “remixes” sur consoles récentes. Aujourd’hui, Atari nous propose une nouvelle version de son jeu de course, baptisée NeoSprint, à la technique plus évoluée vu que l’on passe à présent sur de la 3D Isométrique. Mais est-ce que la sauce prend toujours ? C’est ce que nous allons voir !
Sprint, un ancien succès d’Atari
Le premier jeu de la série Sprint, baptisé Sprint 2, voit le jour en novembre 1976 dans les salles d’arcade ; jouable seul ou à deux, sa principale innovation comparé à Gran Trak 10 et 20 (deux autres jeux de course sortis précédemment par Atari), c’est que les joueurs ne sont pas seuls en piste. En effet, d’autres concurrents contrôlés par l’ordinateur courent contre nous. L’année suivante, l’éditeur sort Sprint 4 qui, comme son nom l’indique, est cette fois jouable jusqu’à 4 joueurs. Et techniquement, le jeu est désormais en couleur. Ces deux titres seront suivis de Sprint 8 (jouable donc jusqu’à 8 joueurs, non, ce n’est pas le huitième jeu de la série, prenez des notes, bon sang !!!), puis de Sprint 1 en 1978 où cette fois un seul joueur est en piste face à des adversaires contrôlés par l’ordinateur. Enfin, en 1986, ce sont Super Sprint et Championship Sprint qui débarquent (ce dernier sera aussi porté sur les consoles de l’époque et introduira alors la présence d’un éditeur de circuits). Les deux derniers titres de la série auront droit des années plus tard à des portages sur PC, Game Boy Advance ou encore GameCube dans le cadre des compilations Midway Arcade Treasures.
Bien des années plus tard, Atari sort à présent une nouvelle version de son titre, cette fois avec une vue en 3D isométrique. Développé par le studio Headless Chicken, basé au Costa Rica, ce nouveau jeu se nomme NeoSprint et propose notamment un panel de 9 voitures et de nombreux circuits répartis entre quatre environnements différents. Jouable en solo ou jusqu’à huit joueurs en multijoueur local, NeoSprint offre également un éditeur de circuits qui lui offre sur le papier une durée de vie appréciable.
Roulez, petits bolides !
Passé un rapide tutoriel en guise d’introduction pour nous apprendre les commandes de base du jeu, nous voilà rendus sur l’écran principal du titre. Pour les joueurs solitaires, le mode principal sera le mode Campagne. Celui-ci se compose de trois coupes différentes, chacune comportant quatre championnats. Ces derniers sont subdivisés en quatre courses de trois tours : trois courses où nous sommes opposés à plusieurs adversaires contrôlés par l’ordinateur (trois pour les premières coupes, et jusqu’à sept pour les dernières), et une dernière course où nous affrontons un seul pilote. On notera d’ailleurs une petite tentative de scénarisation à ce niveau, puisque celui-ci nous lance une petite “pique” verbale avant la course pour nous motiver à le battre. Et interagit brièvement avec nous une fois la ligne d’arrivée franchie.
À l’issue de chaque championnat, et en fonction de notre classement final, nous débloquons de nouvelles livrées pour les différentes voitures du jeu ainsi que de nouveaux éléments de piste ou de décor pour l’éditeur de circuits. Pour revenir sur les possibilités de customisation de notre bolide (et de notre pilote), il faut noter que celles-ci restent sommaires puisque l’on ne peut changer que de couleur, avec quelques variantes puisque certaines livrées proposent des bandes sur la carrosserie mais c’est à peu près tout… Enfin, le mode Campagne reste court puisqu’il vous faudra compter environ 2 à 3 heures à tout casser pour terminer toutes les coupes, un peu plus si vous souhaitez compléter tous les championnats avec l’intégralité des médailles en or.
Passons maintenant rapidement sur les autres modes solo ; on retrouve des courses d’obstacles où l’on retrouve les circuits du mode campagne avec divers obstacles à éviter (des cônes de signalisation, des flaques d’huiles, etc.) et des boosts nous donnant temporairement plus de vitesse, l’objectif étant de battre un chrono donné pour obtenir une médaille de bronze, d’argent ou d’or. Un mode Time Trial qui, comme son nom l’indique, consiste à établir le meilleur temps sur chaque circuit, est également présent ainsi qu’un mode Grand Prix où l’on pourra non seulement concourir sur les circuits déjà existants dans le jeu, mais également “mixer” ces derniers avec nos propres créations ou celles d’autres joueurs. Dans tous les cas, des succès dans ces différents modes de jeu permettent eux aussi de débloquer de nouveaux éléments pour l’éditeur de circuits.
Et c’est justement cet éditeur de circuits, qui avait initialement été introduit sur la version console de Championship Sprint en 1988, qui constitue l’un des intérêts majeurs du jeu. À notre disposition, quatre environnements différents (forêt, désert, neige et ville) dans lesquels nous allons pouvoir exercer nos talents de concepteur de pistes. Disposant d’un tutoriel, ce mode est plutôt intuitif et nous permet de créer sans trop d’efforts une variété de circuits assez large. Au choix, on pourra faire des tracés plats ou au contraire en construire sur plusieurs niveaux avec des rampes, des ponts, des sauts, des éléments de décor etc. De même, le nombre d’éléments disponibles (déblocables via les différents modes solo, rappelons-le !) permet de varier les plaisirs et seul le nombre de blocs disponibles sera une limite à notre créativité ! Car oui, il ne sera sans doute pas possible de reproduire des circuits réels comme le Nürburgring ou encore le circuit du Mans, mais le panel est suffisamment large pour s’amuser, d’autant plus que l’on pourra également découvrir comme dit plus haut les créations réalisées par d’autres joueurs, ce qui ouvre du coup beaucoup de possibilités !
Un gameplay simple et agréable
Console ou Joy-Con en main(s), la prise en main est facile et la conduite des différentes voitures s’appréhende très facilement, un autre très bon point de NeoSprint. Les commandes sont basiques, puisque le joystick du Joy-Con gauche sert à diriger votre voiture, et les touches A, B, X et Y de son homologue droit permettent respectivement à accélérer, freiner, repositionner sa voiture sur le circuit (en cas de crash) et à utiliser le frein à main. Enfin, la touche L sert quant à elle à identifier votre voiture et sa position pendant une course. Au sujet des touches, et même si on s’y fait à la longue, on regrette quand même que B serve à freiner et Y à utiliser le frein à main : il vous arrivera sans doute au début de freiner (et ça freine fort !) alors que déraper vous aurait fait perdre moins de temps… De même, certains d’entre vous auraient aussi trouvé intéressant de pouvoir réaffecter les touches de sorte à utiliser les gâchettes ZL et ZR pour l’accélérateur et le frein.
Au sujet des différentes voitures (Formule 1, Sport Prototype, Muscle Car, etc.), il n’y a pas de grandes différences de comportement routier, pour l’essentiel il faudra jongler entre les trois paramètres qui les définissent (accélération, vitesse maxi et maniabilité) afin de trouver la monture idéale pour tel ou tel circuit ou championnat. Quant à la caméra, celle-ci peut être axée sur le circuit et fixe, dévoilant alors l’intégralité du circuit sur l’écran, ou alors centrée sur notre voiture auquel cas elle sera plus proche de la piste et suivra notre progression durant les courses. Le premier type de caméra sera à utiliser quasi-exclusivement en mode docké, et sur un écran de bonne taille, car en mode portable il est très peu lisible. Quant au second, il est en revanche parfaitement adapté pour un usage nomade. Il n’en reste pas moins que dans les deux cas, deux soucis se posent ; d’une part, les circuits pouvant être sur plusieurs niveaux différents, notre véhicule et la piste ne sont pas forcément très visibles quand on passe sous un pont et qu’il y a un virage, par exemple : la visibilité est trop réduite, se limite à un trou dans la partie supérieure où l’on aperçoit à peine notre engin, et on a vite fait de venir heurter les bords de piste et de perdre un temps précieux. D’autre part, les circuits comportent parfois des sauts, des rampes et/ou des virages relevés. Et la vue isométrique sans changements d’angles de caméra n’est pas idéale pour appréhender les déformations du terrain…
Techniquement à la ramasse…
Parlons maintenant des choses qui fâchent réellement. À commencer par la réalisation : les graphismes, sans être mauvais, ne font pas honneur à la Nintendo Switch que ce soit en mode docké ou portable. Certes, il y a de petites animations au bord de la piste avec par exemple des télésièges animés sur le bord des circuits enneigés, des flocons qui semblent tomber sur l’écran et également quelques effets bienvenus comme ce vortex lorsqu’on prend l’aspiration d’un anniversaire ou encore de la fumée qui se dégage des pneus quand on dérape ou du moteur quand on a trop fait de bisous aux barrières. Au registre des bonnes notes, sachez que NeoSprint nous propose une “photo finish” en ralenti très sympathique quand vous terminez une course au coude à coude avec un adversaire. Mais il n’en reste pas moins qu’il subsiste un flou global persistant à l’écran durant les courses qui finit par être désagréable. Clairement, en 2024, la Switch sait faire bien mieux ! De plus, si le framerate ne pose pas de souci sur des circuits “simples”, il n’en va pas de même dès qu’il y a trop d’éléments (décor, adversaires, effets de fumée ou autres) à l’écran, et l’on peut alors noter quelques saccades très marquées. Dans le registre des bons points, on notera par contre que les temps de chargement entre les courses sont très rapides, de l’ordre de 4 à 5 secondes, ce qui est parfaitement adapté à ce style de jeu qui mise avant tout sur des parties rapides et nerveuses.
L’IA est aussi d’un niveau très correct en mode solo, puisque vos concurrents ne sont pas figés sur une trajectoire fixe et commettent de temps à autres des erreurs. Des erreurs qui pourront parfois vous servir pour les dépasser, mais qui pourront aussi vous pénaliser si jamais ils venaient à vous percuter !
Le domaine de la bande-son quant à lui souffle le chaud et le froid ; les musiques présentes dans les différents menus et durant les courses ne sont pas mauvaises, loin de là (NDLA : elles nous rappellent personnellement un peu celles d’Art Of Rally). En revanche, elles sont très peu nombreuses et le thème de fin de course reste le même, peu importe que l’on finisse premier ou dernier. Enfin, en course, les mélodies ont tout de même le bon goût de rester à un niveau sonore suffisamment faible, sans avoir à toucher les réglages, pour rester appréciables et ne pas finir par taper sur le système… En revanche, le son des voitures est catastrophique, nous renvoyant presque à l’époque de la NES, tout comme celui des collisions qui est également un peu trop marqué… Côté bruitages, on pourra tout juste sauver les quelques effets qui accompagnent les phases d’aspiration en course, qui sont quant à eux bienvenus et sympathiques.
NeoSprint est disponible au prix de vingt-cinq euros sur l’eShop.
Conclusion
NeoSprint sort le 27 juin prochain sur l’eShop, au prix de 24,99 euros et il prendra 1,7 Gb d’espace sur votre console ou votre carte SD. Reste qu’à ce prix, la pilule reste dure à avaler ; c’est cher, très cher, beaucoup trop cher pour ce que NeoSprint propose : outre un mode solo court et qui malgré quelques tentatives de scénarisation s’avère répétitif (mais là n’est pas forcément l’intérêt principal du jeu), on déplore un manque de soin dans la réalisation avec des graphismes juste passables. Et si les musiques sont sympathiques sans être inoubliables, les sons des voitures et des collisions finiront par être irritants. A contrario, le jeu s’avère fun à jouer à plusieurs, l’éditeur de circuits présent représente un vrai plus et le gameplay, sans être exceptionnel est très bon, n’importe quel joueur prenant facilement et rapidement ses marques. Bref, tout n’est pas à jeter dans ce NeoSprint, loin de là, il peut offrir des heures de fun à plusieurs mais on ne saurait que trop vous conseiller d’attendre une promotion pour vous l’offrir…
LES PLUS
- L’éditeur de circuits plutôt complet et intuitif
- Musiques discrètes mais sympathiques
- Facilité de prise en main
- Temps de chargements rapides facilitant les parties rapides
- Très fun en multijoueur
LES MOINS
- Tarif bien trop élevé pour le contenu
- Réalisation manquant cruellement de soin
- Mode solo assez court et surtout très répétitif
- Sons des différentes voitures et des collisions très pauvres
- Personnalisation des mécaniques et des pilotes anecdotique