Le saviez-vous ? Depuis 1972, plus aucun homme (ou femme d’ailleurs) n’a posé un pied sur la Lune… Après ce petit clin d’œil à notre chère Cooky, il est temps de reposer les pieds sur terre et de vous parler de Deliver Us The Moon qui se traduit par… Livrez-nous… La Lune !
Objectif Lune !
Commençons par recontextualiser un peu ! Deliver Us The Moon est la première réalisation du studio néerlandais KeokeN, composé de développeurs ayant travaillé notamment sur Horizon Zero Dawn, ou encore Terraria. Sortie à l’origine sur PC en 2020, ce n’est finalement que 4 ans plus tard que nous pouvons également profiter de l’apesanteur sur Nintendo Switch. Entre temps une suite est d’ailleurs sortie en 2023 (Deliver Us Mars) et fait office de suite au jeu qui nous intéresse aujourd’hui !
Deliver Us The Moon est présenté comme un thriller de science-fiction se déroulant dans un futur apocalyptique où les ressources naturelles de la Terre sont épuisées. Une colonie lunaire fournissant un approvisionnement vital en énergie ne répond plus et notre belle planète bleue se retrouve à l’agonie, sans énergie. Pour remédier à la situation, un astronaute solitaire est envoyé en mission critique sur la Lune afin de sauver l’humanité de l’extinction… Le début d’un périple qui vous fera voyager de la Terre à la Lune…
On a marché sur la lune !
Si l’on devait définir le genre de Deliver Us The Moon, on dirait que c’est une aventure en trois dimensions, à la frontière du film interactif. En effet, l’expérience, ou plutôt les expériences proposées par le jeu sont nombreuses. Nous commençons notre aventure sur Terre, en dirigeant notre personnage en vue subjective… Puis celui-ci enfile sa combinaison d’astronaute et nous passons en vue à la troisième personne… mais toujours sans indication sur le personnage que l’on incarne… Homme ? Femme ? Impossible de le deviner avant les toutes dernières minutes du jeu. Notre protagoniste restant muet tout du long. Cela permettant aussi aux joueurs de s’identifier un peu au personnage principal. Bref toujours dans la vue à la troisième personne, nous devons faire le nécessaire afin de lancer notre fusée en orbite (avec nous à l’intérieur, évidemment). En effet, une tempête de sable menace la base et si nous ne faisons pas vite, tous les efforts pour rejoindre la colonie lunaire seront réduits à néant.
Bien entendu, en faisant travailler nos méninges, nous sommes parvenus à faire démarrer seul notre précieux moyen de transport. La solitude est d’ailleurs l’élément principal du jeu, mais nous y reviendrons un peu plus tard. Une fois dans la fusée, nous devons faire en sorte de la faire décoller, en respectant les bons processus et en actionnant les bons boutons. Par chance, une note affichée face à notre personnage permet de savoir quels sont les boutons du panneau de commande à actionner (sachant qu’en plus, ils virent au bleu quand nous sommes face à ceux qu’il faut utiliser). Vous l’avez compris, l’ensemble est vraiment très dirigiste et relativement facile à comprendre. On ne peut suivre généralement qu’une seule direction et comme par hasard on tombe sur une échelle que l’on peut déplacer, et un peu après, comme par hasard toujours, l’échelle sur laquelle on grimpe se casse, il faut donc trouver une alternative et voilà que l’on tombe sur un ascenseur qui nous ramène dans la pièce où se trouve l’échelle qu’il est possible de déplacer… Ce sentiment d’être continuellement pris par la main est d’autant plus présent à d’autres occasion, notamment lorsque l’on nous indique que pour ouvrir une porte (indispensable à notre progression), il faut saisir l’année de création de la base lunaire… Le genre d’information qui est affichée tous les 4 murs… Difficile de passer à côté !
Néanmoins, malgré ce côté très scripté, visant finalement à mettre en avant l’histoire, le jeu propose des phases plutôt variées. Que ce soit en vue subjective (avec un petit côté Samus dans son armure), mais dans un environnement totalement en apesanteur dans une base spatiale. Là par contre on rigole moins : l’oxygène vient à manquer et on évolue avec autant de facilité que Tintin dans On a marché sur la Lune (évitez de boire un whisky avant ce passage d’ailleurs), car la progression s’avère éprouvante. Certes la sensation d’apesanteur est bien retranscrite, mais les mouvements du personnage sont très lents et le passage devient vite stressant de par la lourdeur des déplacements et la réserve d’air qui s’amenuise au fil des secondes… Il est quasiment indispensable de suivre le chemin et les angles choisis par les développeurs pour réussir à terminer le passage dans les temps. Cela est encore plus vrai lors d’une phase dans l’espace où le moindre écart a pour effet de provoquer votre perte et vous oblige à reprendre depuis le début.
On note également certains passages où il faudra découper des portes (visibles grâce aux attaches jaune brillant luisant à votre approche) ou encore des passages en Scarabée lunaire (un véhicule à 6 roues tout terrain) qui vous permettra de rouler à la surface de la Lune (mais dans un périmètre restant tout de même bien défini).
Au fil de votre progression, vous ferez également la rencontre d’ASE, un robot flottant que vous pourrez contrôler à distance pour progresser en utilisant la tuyauterie pour avancer (ben oui, il y a des conduits de clim sur les bases lunaires).
Celui-ci vous permettra aussi de suivre l’aventure via des séquences « filmées » lors des évènements qui ont causé la coupure de l’alimentation en énergie de la Terre.
Plein feu sur la Lune !
D’ailleurs l’aventure, il est temps d’en parler un peu ! Nous le disions plus haut, la solitude est ici le maître mot et d’une certaine manière, la situation (une personne se retrouvant seule dans l’espace) n’est pas sans rappeler Gravity (même si ici le personnage principal reste muet tout du long). Pourtant, il se passe / s’est passé des choses sur la station, notamment via les documents que vous trouverez au fil de votre progression, ou encore à travers les « vidéos » que vous pourrez visionner grâce à votre ASE. L’occasion de souligner que l’ensemble des textes et des voix sont en français ! Le scénario sonne tellement juste que l’on pourrait presque croire qu’il est prémonitoire. L’histoire se dévoile au fil des documents que vous lirez et des cinématiques projetées par votre ASE.
De manière générale, les comédiens de doublage font du très bon travail et cela participe pleinement à l’immersion. D’ailleurs il n’y a pas qu’au niveau des voix que l’on peut noter du bon travail, il en est de même pour les pistes sonores qui composent le titre, ainsi que l’ambiance sonore globale. On vous recommande d’ailleurs l’usage d’un casque, pour avoir l’impression d’être sur la Lune mais aussi pour profiter pleinement de la bande-son.
Malheureusement si d’un point de vue sonore c’est un sans-faute, il n’en est pas de même d’un point de vue visuel. En effet, le jeu n’est clairement pas aussi beau que sur les autres supports. Même si l’on pouvait s’en douter, on regrette un peu ces textures parfois pas super bien détaillées ou encore cet effet de crénelage et ces ralentissements. Pour le coup, même si le jeu passe en docké, il sera légèrement plus joli en mode portable (qui permet de cacher un peu la misère). L’effet pervers par contre, c’est l’affichage des textes qui pour le coup sont un peu moins lisibles. Néanmoins, ceux affichés aux murs et sur certains documents sont plutôt lisibles. Ces textures-là pour le coup sont relativement propres et lisibles, sans forcément avoir besoin d’appuyer sur un bouton pour lire ce qui est écrit (vous voyez l’idée ?). Mais ne restons pas sur cette mauvaise note et soulignons quand même l’effort des développeurs pour ce portage, mettant à profit l’écran tactile de la Nintendo Switch pour saisir les codes dans le jeu ! Une fonctionnalité qui sonne un peu gadget, mais qui à l’usage s’avère plutôt intuitive et agréable à utiliser (ça contraste avec les phases en apesanteur, ou pas – car le personnage donne toujours la sensation de planer un peu lors de ses sauts, qu’il y ait de la gravité ou non).
Bref, malgré ces graphismes en deçà que ce que l’on pouvait espérer, le jeu reste agréable à parcourir, notamment si vous adhérez à l’histoire et que vous comptez renvoyer de l’énergie à notre bonne vieille Terre qui en a grandement besoin !
Deliver Us The Moon est disponible sur l’eShop au prix de vingt euros.
Conclusion
Tirant plus vers l’aventure interactive que véritablement un jeu de réflexion, Deliver Us The Moon propose une expérience pas loin d’être réellement cinématographique. Notamment grâce à une bande-son impeccable de bout en bout et à un doublage français très convaincant. Néanmoins, nous déplorons le côté un peu trop dirigiste de l’ensemble et des graphismes un peu en deçà… Somme toute, Deliver Us The Moon propose une histoire plutôt intéressante (et très probablement prémonitoire), mais à 19,99 euros ça peut paraitre un peu cher, cela dit avec une petite promo, il reste assez recommandable, si vous êtes capable de faire fi des graphismes et de la maniabilité, notamment lors des phases en apesanteur…
LES PLUS
- L’histoire plutôt intéressante
- L’utilisation de l’écran tactile !
- La sensation d’apesanteur
- L’ambiance sonore (musique et doublage)
- L’impression d’être sur la Lune
LES MOINS
- Les graphismes
- La maniabilité parfois un peu pénible
- Les énigmes pas très compliquées
- Le côté très dirigiste / scripté
- Quelques ralentissements
Petit oublie dans l’article, une version physique devait sortir en 2022 ou 2023 sur Nintendo Switch, mais le jeu a été annulé. Finalement je vois qu’ils ont quand même décidé de sortir le jeu en dématérialisée uniquement.