Ah les jeux de simulation… Quelle catégorie de jeux étranges. Si les concepts sont souvent très aguicheurs, donnant envie de tester de nouveaux métiers, la réalisation est la plupart du temps catastrophique (nous pensons instinctivement à Electrician Simulator ou Subway Simulator). C’est donc avec appréhension mais aussi pleins d’espoir que nous nous attaquons à Food Truck Simulator. Le jeu est développé par un expérimenté du genre, le studio polonais Drago Entertainment, qui a notamment sorti Gas Station Simulator. Est-ce que Food Truck Simulator, disponible à vingt euros sur l’eShop depuis le 2 juillet 2024, réussira à nous séduire ?
Un concept addictif
Food Truck Simulator, comme son nom l’indique, est un jeu de simulation dans lequel nous gérons un food-truck. Il est composé de deux modes de jeux : le mode bac à sable qui est plutôt anecdotique et le mode histoire que nous allons vous détailler de suite.
Dans ce mode histoire, nous débutons en étant un peu maussade : notre père vient de décéder et nous héritons d’un food-truck comme seul legs. Celui-ci est assez mal équipé, et puis il n’est pas très beau alors nous débutons par un tutoriel assez long.
Toute la personnalisation du food-truck passe par notre ordinateur. La prise en main est assez compliquée, abrupte, le jeu bugue une ou deux fois, et nous commençons à prendre peur : est-ce que Food Truck Simulator est jouable ?
Difficilement, mais oui, il est jouable. Notre ordinateur permet donc de personnaliser notre véhicule. Nous pouvons le décorer, l’orner de jolies roues mais nous pouvons surtout améliorer son équipement.
Après cette première étape, nous apprenons à commander la nourriture. Là encore, tout se passe sur l’ordinateur. Sans trop comprendre pourquoi (nous nous en doutons un peu), nous voici en train d’acheter du pain, des steaks, du bacon, du fromage…
Et là, nous découvrons que pour avoir une remise sur nos achats, il faut se dépêcher au magasin. Si nous récupérons dans le temps imparti notre commande, nous pouvons en effet avoir un rabais sur nos achats. La conduite est assez simple et se fait comme la plupart des jeux avec une voiture.
Et la cuisine dans tout ça ? Nous y venons. Pour cuisiner dans Food Truck Simulator, il faut d’abord se diriger avec son véhicule vers une des zones de vente. Ces zones ont des horaires d’ouverture et des demandes culinaires différentes.
Il y a quatre plats possibles dans le jeu, qui proposent chacun un gameplay différent. Il y a le burger, la pizza, les frites et les makis. Une zone de vente pourra par exemple ouvrir de huit à vingt heures où les clients demanderont par exemple des pizzas et des sushis.
Un gameplay plutôt bien pensé
Une fois dans la zone de vente et notre personnage dans le food-truck, les choses sérieuses commencent : il va falloir préparer les repas pour les clients ! Chaque client peut commander un à deux plats avec des recettes variées.
Pour faire la cuisine, il faudra avant tout vérifier le gaz et allumer les équipements nécessaires. Pour un burger, nous devrons chauffer la viande à la bonne cuisson, couper les pains et les cuire (pour les griller), découper les tomates (ou les oignons), rajouter la sauce avant de mettre le tout dans un emballage carton.
Pour une pizza, il faudra préparer la pâte, mettre la sauce tomate avant de rajouter tous les ingrédients demandés (tomates, piments, mozzarella, etc.). Nous devrons finalement chauffer au four la pizza, puis la mettre dans un emballage carton.
Pour les frites, c’est plus simple. Une fois que l’huile est rajoutée dans la friteuse, nous aurons à tremper les frites à l’intérieur et à attendre la bonne cuisson. Une fois dans l’emballage carton, nous pourrons alors mettre la sauce (et parfois de la mozzarella).
Finalement, pour les makis, il faudra chauffer le riz, choisir le bon nori (épicé ou basique), rajouter les ingrédients, rouler le riz, découper le maki, mettre les makis dans l’emballage (plastique cette fois-ci !) et rajouter si besoin wasabi ou sauce soja.
Une fois la commande terminée, nous gagnerons de l’argent pour la commande, mais aussi un pourboire si nous respectons le temps limité, ainsi que du prestige. Le prestige comme l’argent permettent de débloquer de nouveaux éléments pour le food-truck.
Une fois la journée finie (nous la terminons quand nous voulons, mais il y aura moins de clients pendant les heures creuses), nous devons nettoyer les équipements pour laisser un environnement de travail propre. Et puis, soyons honnêtes, qui aurait envie de manger une nourriture préparée sur une table sale ?
Mais une maniabilité catastrophique sur certaines recettes
Chaque journée de vente est assez longue, globalement une heure équivaut à une minute, et la cuisine peut durer jusqu’à douze minutes, ce qui constitue une bonne durée manette en main.
En plus de cela, le jeu nous propose des petits boulots assez étonnants : nous pouvons aussi gagner de l’argent en nettoyant une station service ou en livrant des objets.
Après ce long tutoriel de quelques heures saupoudrées d’une histoire qui se tient sur un fil (un père mort, un rival venue de nulle part qui brûle votre food-truck, des amis inattendus qui vous exploitent), nous voilà dans le grand bain.
Et là c’est la douche froide : nous découvrons que dorénavant, tous les aliments sont périssables. Ce qui insinue que les stocks préparés fièrement pendant le tutoriel vont pourrir si nous ne les cuisinons pas rapidement.
Bon, nous aurions bien voulu être prévenus de cet aspect du gameplay pendant le tutoriel, cela nous aurait évité de faire des stocks pour finalement jeter la moitié de nos réserves. Mais sinon, Food Truck Simulator est plutôt intéressant. Jusqu’au tutoriel, le gameplay était amusant et se renouvelait en permanence.
Les recettes étaient funs et la cuisine était même assez addictive. Un maki par là, une pizza par ici, nous devenions des pros et le côté simulation, en vue à la première personne, fonctionnait admirablement bien.
Une liste de défauts longue comme le bras
Cependant, passées ces premières heures de découverte, le soufflé retombe et tous les défauts techniques, les bugs, la réalisation un peu aléatoire nous sautent aux yeux pour nous rappeler que Food Truck Simulator est un jeu sympa mais qui présente trop de limites criantes pour devenir un bon jeu.
Parlons déjà des défauts techniques, et notamment de maniabilité. Elle est catastrophique. Si les burgers et les frites sont plutôt simples à préparer, tout devient compliqué dès qu’il s’agit de couper et de déplacer des petits éléments (comme une tranche d’oignon par exemple).
Par exemple, déplacer des makis dans leur emballage est une épreuve qui nécessite une dextérité inédite, même à la manette pro. Nous ne vous expliquons même pas l’effort pour réussir cette tâche en mode portable avec les Joy-Con…
D’autres points sont assez mal conçus : la taille du curseur pour ouvrir le tiroir du cuiseur de riz est ridiculement petite, et si nous pouvons sélectionner toutes les tranches pour les ranger dans un tiroir, il est impossible de les jeter en même temps. Jeter une à une les dix tranches de mozzarella périmées peut ainsi se révéler fastidieux et gâche le plaisir du jeu. Food Truck Simulator nous fait regretter le fameux combo souris-clavier, bien plus adapté pour ce type de jeu.
Toujours dans la longue liste des désagréments, Food Truck Simulator a des menus peu intuitifs et bugue régulièrement : il y a même des bugs qui nous ont obligés à recommencer l’aventure depuis le début!
Il y en a d’autres, moins contraignants mais quand même embêtants. Il est par exemple compliqué de naviguer sur la carte du jeu ! Nous avons aussi sur certaines zones de vente des clients qui traversent notre food-truck. Certains s’arrêtent même à l’intérieur en attendant la commande. Autant dire que c’est peu pratique…
Le jeu est traduit en français, mais les textes sont écrits en tout petit ! Les personnes comme nous avec des problèmes de vue ne sont clairement pas favorisées et il faut cligner des yeux ou se rapprocher de l’écran pour pouvoir lire les dialogues.
Les temps de chargement… Les temps de chargement. Trente secondes à plus d’une minute d’attente à chaque fois que nous changeons de décor… De plus, pendant le temps de chargement, le temps passe aussi dans le jeu et si vous voulez prévoir une bonne journée de vente, il faudra prendre en compte cette donnée.
Des graphismes pixelisés de partout
Et imaginez, par exemple, qu’un des personnages vous appelle à la scène d’après… Il faudra attendre près d’une minute avec une sonnerie de téléphone insupportable.
Voilà. Nous pourrions conclure finalement, que si le jeu est addictif au départ, il manque des choses dans le gameplay pour nous faire rester dans la durée. Il n’y a aucun façon de personnaliser les recettes, de proposer certains plats plutôt que d’autres aux clients, et finalement, il manque ce qui nous plaît dans les jeux de cuisine : la créativité !
Tourner autour de quatre plats finit par être redondant et nous aurions voulu pouvoir expérimenter avec les ingrédients, tenter des choses…
Malgré tout, pour vingt euros, le contenu est conséquent… Si vous êtes prêts à affronter cette flopée de problèmes. Il vous faudra du courage, car même si nous nous sommes amusés quelques heures, il y a eu des bugs, des bugs, et de la frustration.
Les graphismes ne sont pas beaux. Il y a une impression de pixel à chaque image du jeu, bien loin de la version PC et des images de l’eShop. Face à ces images trompeuses, vous pouvez vous référer à nos images issues de la version Nintendo Switch du jeu ainsi qu’à la vidéo de gameplay que nous avons réalisée.
La bande-son, notamment la musique d’ouverture, est sympathique mais elle est assez limitée. Elle ne gêne pas cependant le joueur contrairement aux graphismes pixelisés qui peuvent empêcher la bonne compréhension des commandes.
Ci-joint, une vidéo de trente-cinq minutes de gameplay.
Conclusion
Food Truck Simulator est un jeu frustrant. Si le concept est bon et que le gameplay est addictif au départ, la réalisation, la maniabilité, les bugs, les graphismes pixelisés, les temps de chargement mais aussi le gameplay qui finit par devenir répétitif finissent par nous dégoûter du jeu. Dommage, il y avait clairement du potentiel mais celui-ci est inexploité.
LES PLUS
- Addictif, du moins au début
- Une durée de vie (en théorie) illimitée
- Un gameplay intéressant avec quatre recettes
LES MOINS
- Des bugs handicapants
- Une maniabilité catastrophique
- Des bugs moins handicapants, mais quand même bien gênants
- Une réalisation techniquement limitée
- Un gameplay qui s’épuise et devient répétitif
- Des temps de chargement (et le temps du jeu qui continue en même temps !)
- Des textes écrits en tout petit
- Les graphismes pixelisés