Crayon Shin-chan est un manga de Yoshito Usui. Depuis sa création en 1990, son style de dessin très atypique et son humour participent à la notoriété de l’œuvre jusqu’à en faire une licence adaptée en de nombreux types de médias, et ce même après le décès de l’auteur en 2009. Cela inclut des adaptations en jeux vidéo, dont Crayon Shin-Chan : Shiro of Coal Town qui arrive pour la fin de l’année en occident sur Nintendo Switch. Ce n’est pas le premier jeu vidéo de la licence, ni le premier sur cette console. Cette fois, si l’éditeur reste Neos Corporation, le développement a été confié à H.a.n.d. Nous avons eu la chance de vivre les nouvelles aventures de Shin-chan sur Nintendo Switch, expérience que nous allons désormais détailler.
À la découverte d’Akita et Coal Town
De base, le récit de la licence Shin-Chan nous dépeint le quotidien de Shin-Chan, jeune garçon de 5 ans, et de ses proches. L’histoire se déroule dans la ville de Kasukabe située dans la préfecture de Saitama, légèrement au nord de Tokyo. C’est une série fleuve humoristique dans laquelle on suit la vie de l’enfant aux côtés de sa famille, ses voisins et amis. Certains moments prennent des libertés en proposant des mélanges de fantaisie et de science-fiction afin de divertir un public de tout âge. Shiro of Coal Town se déroule quelque part après le précédent jeu Shin chan : Me and the Professor on Summer Vacation. Après ses vacances dans la préfecture de Kumamoto, Shin-Chan quitte la préfecture de Saitama et Kasukabe pour celle d’Akita.
Avant de développer davantage, soulignons que comme le précédent jeu, ce nouvel opus n’est pas disponible en français. Il faudra jouer avec ou pour vos enfants pour traduire l’anglais, l’allemand ou l’espagnol. Revenons à l’aventure qui nous attend. Shin-Chan passe ses journées à s’amuser dans la vaste demeure de son grand-père, à visiter les alentours et à se faire de nouveaux amis. Un beau jour, le petit chien de la famille, Shiro, semble plus agité que d’habitude et insiste étrangement pour que Shin-Chan le suive. Il le guide jusqu’à un endroit désert du voisinage, sur un étrange quai donnant sur des rails abandonnés. Pourtant, après inspection de notre jeune héros avec son compagnon canin, un mystérieux petit train arrive à quai. L’enfant et Shiro montent donc à bord, en direction d’une destination inconnue.
Nous sommes sur une œuvre de fiction naïve et enfantine. Ainsi, si des enfants nous lisent, laissez-nous vous donner un conseil. Ne faites pas comme Shin-Chan et ne montez jamais tout seul dans un train, d’autant plus si vous ne savez pas où il va. Pour en revenir à notre Shin-Chan et son compagnon Shiro, ils arrivent finalement dans une étrange ville avec une architecture ressemblant bien plus à un genre de bidonville du tiers-monde qu’à une ville du Japon. Nous sommes accueillis par une petite fille répondant au nom de Sumi. Un peu plus âgée que Shin-Chan, elle semblait attendre sa venue, persuadée qu’il sauvera Coal Town, la ville dans laquelle il vient d’arriver.
Ce qui motive cette croyance, c’est aussi le fait qu’à Coal Town, les chiens blancs comme Shiro sont vus comme des divinités porteuses de bonnes nouvelles. Nous ne développerons pas plus pour ne pas spoiler les éventuels fans de la licence Shin-Chan qui prévoient de découvrir le jeu. Ceci étant dit, cette aventure s’étend sur une petite dizaine d’heures dépendamment de la manière dont nous jouons. L’expérience et la longueur seront différentes si nous choisissons simplement de compléter l’histoire du jeu ou si nous voulons finir le jeu à 100%. Un long métrage interactif qui aurait pu être une bonne idée de cadeau de fin d’année et d’expérience de jeu pour les enfants si celui-ci était traduite en français…
La progression est similaire à ce que proposait le précédent jeu Switch, à savoir un petit jeu d’aventure pour enfants, rythmé par une horloge et un cycle jour/nuit. Les journées proposent une expérience similaire à un Animal Crossing-like en moins riche. On passe notre temps à trouver de nouvelles espèces d’insectes, de poissons et à jouer à des mini-jeux. Nous pouvons donc pêcher, utiliser notre filet et interagir avec diverses plantes et objets. Chaque journée démarre le matin et se termine en fin d’après-midi. Aucune horloge réelle, le temps passe en traversant les différents plans de décor du jeu. Après avoir dîné, nous avons le droit à quelques dernières activités en soirée, mais les zones explorables seront très limitées.
Deux villes, deux ambiances
Entrons en détail sur les activités proposées dans le jeu. La pêche se limite à voir votre hameçon bouger fortement et appuyer sur A en le voyant plonger. En jouant avec les vibrations activées, il est plus aisé de comprendre quand appuyer en plus de nous immerger un peu plus. La capture d’insectes se limite à sortir son filet et à capturer un insecte qui brille. Nous avons un carnet d’insectes et de poissons à remplir avec les informations de chaque espèce en consultant un des personnages du jeu. Selon notre implication, il nous récompense par un peu d’argent que nous pouvons utiliser pour acheter des objets, des matériaux ou des ingrédients. Les yens s’obtiennent aussi en répondant aux requêtes de vos nouveaux amis et habitants des deux villes ou parfois en remplissant certaines requêtes affichées sur des tableaux.
Contrairement au premier jeu qui prenait son temps à introduire la mécanique, nous avons cette fois-ci rapidement accès à un potager et il vous permettra de faire pousser des légumes. Cette activité se limite à aller sur le potager pour arroser les plantes. En avançant dans le jeu, nous débloquons la possibilité d’arroser les différentes parcelles en une action grâce à un arroseur. Les légumes combinés à d’autres ingrédients nous permettent de remplir des requêtes en lien avec le développement du restaurant de Coal Town. Les habitants nous parleront de recettes qu’ils aimeraient y trouver et en réunissant les ingrédients, il devient possible de les créer. Puis, nous pouvons ensuite proposer ces plats à la clientèle pour aider le restaurant à tourner tout en se faisant un peu d’argent. Ne vous attendez pas à un mini-jeu de serveur, nous pouvons écouter et recommander un client une seule fois par jour. La somme remportée varie en fonction de la qualité de nos conseils.
En restant sur Coal Town, en plus du restaurant, nous débloquons à un moment un mini-jeu de course de wagons. Pour gagner, il faut obtenir plus de points que son concurrent à la fin du temps imparti. Tout au long du circuit, nous avons des pierres précieuses plus ou moins grosses à attraper. Chaque pierre rapporte un certain nombre de points. Il faut aussi faire attention aux virages qui peuvent nous ralentir d’un coup et nous faire perdre des points. Nous pouvons acheter de nouveaux wagons plus ou moins rapides et maniables, tout comme des éléments permettant d’influencer l’issue des courses (le tir de projectiles pour ralentir et faire baisser les points de notre adversaire ou la possibilité d’encaisser les virages sans ralentir.) Chaque élément utilisable est assigné à une des touches Y, B et A et leur utilisation demande ensuite un petit temps de recharge avant qu’on puisse s’en servir à nouveau. Un mini-jeu bien plus interactif, amusant et marquant que les autres activités. Certaines courses sont liées à la trame principale et il faudra les remporter pour faire avancer l’histoire.
C’est sur ce rythme journalier et cet enchaînement d’activités que nous pouvons progresser dans cette nouvelle aventure Shin-Chan. L’autre point intéressant de ce second jeu est la progression assez unique entre le village du début et Coal Town. Au village, nous avons un quotidien assez banal avec quelques romances entre des PNJ se développant chaque jour tandis que Coal Town nous fait vivre le quotidien d’une ville dans laquelle certains œuvrent à la construction d’infrastructures pour une vie plus confortable quand d’autres engendrent un conflit fraternel qui influence la destinée de la ville. Un genre de double histoire à apprécier, sans oublier des activités plus ou moins différentes que l’on soit au village ou en ville. Autre point à mentionner, il est impossible de se rendre à Coal Town et d’explorer certaines zones du village en soirée.
Parlons de la réalisation du jeu. Celle-ci respecte énormément les dessins du manga/anime. Le studio h.a.n.d. fait bien mieux que les développeurs du précédent jeu Shin-Chan sur Nintendo Switch. Les personnages en 3D cel-shading sont bien plus fins, détaillés et bien mieux modélisés. Concernant l’environnement, nous avons un genre de réalisation 3D sur décors de dessins 2D qui fonctionne très bien et nous donne l’impression d’évoluer dans un film d’animation Shin-Chan. Petit bémol de ce choix de réalisation, une appréciation des perspectives et des distances assez difficile. Pas un énorme problème vu les interactions que nous avons en jeu mais qui reste problématique lorsque nous voulons attraper un insecte et que nous ne savons pas exactement où il se situe dans le décor.
Terminons sur les musiques qui sont calmes et apaisantes avec des bruitages manga souvent absurdes afin de bien accompagner tout le casting. Cette ambiance sonore va de paire avec la réalisation pour s’immerger dans l’œuvre et avoir d’autant plus l’impression d’évoluer dans un film d’animation. Le calme permet aussi de mieux apprécier la ruralité et le côté “vacances et voyage” du jeu. Le doublage japonais est de qualité. Certains n’apprécient pas la façon de parler de Shin-Chan assez atypique et débile mais c’est également ce qui participe à l’humour de la série, en plus du fait de pouvoir se balader sous la forme de son postérieur. Nous pourrions nous plaindre aussi de ce calme qui ne permet pas forcément de retenir un thème sonore en particulier mais qui se révèle en fait être une mélodie tout ce qu’il y a de plus générique.
Shin chan: Shiro and the Coal Town est disponible sur l’eShop au prix de quarante euros.
Conclusion
Shin chan : Shiro of Coal Town est un titre qu’on pourrait comparer à un genre d’Animal Crossing très lite pour enfant et dans l’univers de la licence Shin-Chan. L’histoire respecte et suit la continuité du manga de Yoshito Usui, avec un casting plus ou moins connu. Le développement subtile d’une trame entre la campagne d’Akita et Coal Town ainsi que des activités plus ou moins différentes d’un lieu à l’autre sont loin d’être une mauvaise idée. Malgré l’ambiance sympathique, le reste laisse à désirer, surtout le gameplay ultra répétitif en comparaison avec le précédent jeu, et le côté gestion qui fournit plus de choses qu’avant mais qui reste globalement pauvre. Si vous êtes un adulte en quête d’un genre Animal Crossing, c’est une expérience qui aura du mal à convaincre à cause de cette sensation d’expérience très limitée, faisant la moitié de ce qu’elle devrait proposer. Pour un enfant, le jeu devient un jeu de gestion très sympathique avec un côté film d’animation tout aussi plaisant. Malheureusement, l’absence de traduction fait qu’il est impossible pour nous de recommander Shin Chan: Shiro of Coal Town au public cible en France et dans les régions francophones.
LES PLUS
- La réalisation Cel-shading très réussie
- Immersion visuelle comme dans un film d’animation
- Une durée de vie d’une dizaine d’heures (voire plus pour obtenir les 100%)
- La progression entre Akita et Coal Town
- Les activités différentes entre les deux endroits
- Le petit côté gestion sympathique
- Les courses de wagons assez amusantes
- Une ambiance sonore très apaisante
- Un doublage japonais de qualité
- Une belle expérience pour les enfants
LES MOINS
- Une appréciation des distances pas évidente
- Assez pauvre et nul en gameplay pour un adulte
- Ce sentiment qu’il fait les choses à moitié en plus d’être très répétitif
- Des thèmes sonores peu marquants
- Les grommellements de Shin-Chan peuvent énerver
- Un jeu pour enfants mais pas traduit en français…