Décidément, les Tortues Ninja n’arrêtent plus les sorties vidéoludiques cette année ! Ainsi, après Teenage Mutant Ninja Turtles Arcade: Wrath of the Mutants et Les Tortues Ninja – Le destin de Splinter c’est à Tortues Ninja : Les Mutants se Déchaînent que nous allons jouer aujourd’hui… Il est temps de (res)sortir les katanas, Cowabunga !
Ninja Turtles: Teenage Years
Tortues Ninja : Les Mutants se Déchaînent est donc le troisième titre mettant en scène les célèbres tortues à sortir cette année… Après un Arcade Wrath (plutôt décevant) qui reprenait les personnages de l’avant-dernière série TV, nous avons eu droit au très bon Roguelike « Le Destin de Splinter » qui tirait plus son inspiration des comics. Cette nouvelle itération quand à elle s’inspire directement du film sorti l’été dernier, Ninja Turtles: Teenage Years.
Ce nouveau film a complètement revu les origines des Tortues et des nombreux autres animaux mutants qu’elles ont croisés au fil de leurs aventures précédentes. Ces nouvelles aventures sont produites et scénarisées (en partie) par Seth Rogen. Cet humoriste américain est notamment connu pour Supergrave, mais aussi pour l’adaptation du Frelon Vert ou encore de Preacher. Mine de rien, le bonhomme s’y connaît en adaptation, et propose généralement un travail/une revisite de qualité. Et même s’il est vrai que cette nouvelle version des Tortues, dans leurs années ado, a que de quoi faire grincer les dents de certains fans, force est d’admettre que le film est plutôt bon, et que la revisite offre une histoire intéressante. Si vous ne l’avez pas encore vu, on ne va pas vous le « divulgâcher », mais nous vous recommandons vivement son visionnage puis de revenir ici ensuite ! D’autant plus que ce nouveau jeu s’avère en être la suite directe…
Attention, on vous aura prévenu, à partir de maintenant il risque d’y avoir quelques spoilers… Nous retrouvons donc nos chevaliers d’écailles quelques mois après les évènements du film et leur victoire sur Superfly. Les mutants vivent désormais dans les égouts avec les tortues, mais voilà que d’autres mutants prennent Manhattan d’assaut, voyant dans la ville de New-York une nouvelle terre d’accueil. Mais ces petits nouveaux, astucieusement appelés des démutants, commencent à mettre le boxon. Voilà même que Bebop et Rocksteady (pourtant rangés du bon côté) commencent aussi à faire des leurs… Forcément, l’attitude des mutants ne fait pas bon effet sur la population (surtout après l’attaque du mutant Kaiju dans le film), et la ville met en place un couvre-feu. Il est donc temps pour nos 4 chevaliers d’écailles de comprendre pourquoi les démutants veulent tout démonter…
4 ados d’écailles, dans la ville
Comme vous vous en doutez, ce nouvel opus débute comme un beat them all classique. On ne choisit pas sa tortue de départ mais on enchaîne les 4 frères au gré du premier niveau, afin de se familiariser avec les commandes de base. Les attaques, les coups spéciaux, les enchaînements, les contres (on en reparle plus bas), les sauts (on en reparle plus bas aussi) et la course. Nous profitons également des dialogues entièrement doublés en français des différents protagonistes et nous apprécions le style graphique qui reprend (quasi à l’identique) celui du film. Et alors que l’on casse du démutant en se disant que ce sera notre pizza quotidienne au gré des niveaux, le jeu nous assène un mae geri en pleine face… !
En effet, voilà qu’une fois la phase tutoriel terminée, nous nous retrouvons en tenue décontractée pour Léo, dans le repaire des Tortues et après une discussion avec notre père (le vénérable Maitre Splinter), nous découvrons que nos jeunes tortues adolescentes peuvent vaquer tranquillement à d’autres occupations, sans forcément avoir à dégainer directement les katanas ! Une découverte plutôt surprenante, surtout lorsque l’on s’attend à un beat them all… Nous pouvons alors explorer une mini carte de Manhattan et nous rendre dans divers lieux pour rencontrer d’autres personnages (humains et/ou mutants) avec lesquels il est possible d’interagir pour créer des liens d’amitié. Ces petites « quêtes » annexes sont plus des dialogues avec ces nouveaux personnages, mais elles permettent aussi d’explorer un peu plus la personnalité de chacune des tortues. Bien évidemment, les missions où il faut taper sur les vilains démutants sont également de la partie ! Elles sont indiquées sur la carte, avec un décompte du jour avant lequel la mission devra être réalisée, mais en attendant que le compteur atteigne zéro, vous pourrez (ou non) discuter avec les autres personnages dans les autres lieux matérialisés sur la carte.
Cette approche plutôt originale est une première dans un jeu Tortues Ninja, et il faut avouer qu’il est plutôt intéressant de passer aussi du temps avec les tortues en dehors des combats (une facette des personnages qui est d’ailleurs évoquée dans le film). Dans cet univers, les tortues aspirent à se faire reconnaître d’égal à égal avec les humains, et à vivre une vie au grand jour (bien loin de la philosophie Ninja qui consister plutôt à vivre dans l’ombre). Mais dans l’absolu, ça marche ! Cela donne un léger petit côté RPG à l’ensemble.
Héros à demi-carapaces
En effet, le fait d’interagir avec les différents personnages, permettra de débloquer des capacités au niveau de l’arbre des compétences de chacune des tortues. (oui, oui, chacune à son arbre et bien évidemment des personnages spécifiques avec lesquels échanger). Léo par exemple discutera avec Toby, un jeune entrepreneur qui a monté un bâtiment de coexistence pour mutants et humains et qui donnera à notre tortue au bandeau bleu et aux katanas trop stylés les clés pour être un bon chef. Raph quant à lui fera ami-ami avec Émilie, une nageuse amputée d’une jambe qui rêve de participer aux jeux paralympiques. Chacune des tortues trouvera son pendant « humain » et les échanges (même s’ils ne sont pour le coup pas doublés) seront intéressants et travaillés.
Ensuite, pour acquérir ces nouvelles compétences débloquées par ces discussions, il faudra les échanger contre des points de compétences, que vous pourrez obtenir en récupérant des VHS de film de Kung Fu, disséminées au sein des niveaux ou pouvant également être gagnées en affrontant des ennemis dans les différents niveaux. Des points en plus vous seront également octroyés en fonction de votre score lors de ces affrontements, un rang S vous gratifiant forcément de points supplémentaires.
Toujours au niveau des choses à collecter, vous pourrez également obtenir des jetons, que vous pourrez échanger dans la salle d’arcade de Wingnut (la chauve-souris devenue fille) contre un bonus qui s’activera automatiquement lors de votre mission suivante. Au fil de votre progression vous débloquerez également de nouvelles applications pour votre smartphone (ben oui, les tortues sont des ados). Vous aurez ainsi accès à un appareil photo, à une application permettant de modifier l’aspect de certains personnages, à une application Geckoffiti qui vous permettra de coller des autocollants tout stylés partout où vous voulez et enfin à une application Digimutants, qui vous demandera de trouver des poké…des mutants dans les différentes zones que vous pourrez explorer en mode « détente ».
Les tortues pourront également remplir des missions de livraisons de pizza en un temps limité (un peu anecdotiques) pour la pizzeria de Ray, Bebop et Rocksteady ! Ainsi que des affrontements mentaux contre des vagues d’adversaires, organisés par maitre Splinter. Il sera même possible de chercher les graffitis cachés dans les différents niveaux pour ensuite bénéficier d’un cours d’art de rue chez Mondo Gecko (et débloquer ce faisant de nouveaux autocollants)… !
Il n’y a pas à dire, le contenu est franchement riche et les activités proposées dépassent le cadre d’un simple beat them all, d’ailleurs la durée de vie s’en ressent (comptez une bonne dizaine d’heures de jeu). Qui plus est, l’histoire est plutôt bien travaillée (même si sans trop de surprises) et introduit un tout nouvel ennemi (par contre vous ne croiserez pas Shredder ou le clan des foot). On se plaira à suivre la quête principale, mais surtout les quêtes annexes. Même si ces dernières restent de simples discussions avec les personnages.
Certains dialogues sont jubilatoires, comme ce passage où Maitre Splinter se moque du premier jeu Tortues Ninja sorti sur NES et de sa difficulté légendaire… On retrouve même des références aux premiers films Tortues Ninja et au fameux Go Ninja Go (même si la VF fait un peu perdre ce petit clin d’œil). Vous l’aurez compris, les dialogues sont travaillés et drôles, s’intégrant parfaitement à l’univers des Tortues. On regrette un peu que les passages « annexes » ne soient, en revanche, pas doublés.
On pourrait donc en rester là et se dire que tout est parfait dans ce nouveau jeu Tortues Ninja… ?
Encore un coup du TCRI !
Il est désormais temps de se pencher un peu plus sur la partie technique/jouabilité du titre et il faut avouer… que c’est là que le bât blesse…
Malgré les indéniables qualités et propositions offertes par le titre, celui-ci souffre d’un énorme problème de temps de chargement ! Ces derniers semblent interminables (même si en réalité ils tournent autour de 35 à 45 secondes). Alors oui, cela peut sembler peu lu comme ça, mais sachez qu’il y a des temps de chargement avant un niveau, avant et après chaque dialogue et après chaque niveau. Idem si vous devez recommencer votre partie… En fait, nous avons eu la désagréable sensation de passer notre temps à attendre avant de pouvoir à nouveau profiter du jeu. Ces coupures finissent par lasser et coupent complètement notre élan, créant des phases beaucoup trop longues où l’on ne fait rien ! Pire encore, certaines fois, les animations qui accompagnent les chargements se figent et la musique s’arrête quelques secondes de plus, donnant l’impression que le jeu a planté (même si, heureusement, ce ne fut pas le cas !).
Outre ces temps de chargement, l’autre problème du jeu, c’est sa gestion de la caméra. Cette dernière est fixe, même si elle suit le personnage, mais elle reste toujours dans des angles pas très optimaux, surtout quand on se retrouve face à des phases de plateforme où la moindre chute vous oblige à recommencer… Il n’est pas possible de bouger la caméra, et de fait il est parfois compliqué de savoir où va atterrir notre personnage. Ce problème se ressent également dans les combats, qui deviennent très vite fouillis et font que par moments, on ne sait même plus où se trouve notre personnage… Mention pas du tout spéciale aux ennemis qu’on ne voit pas correctement et qui, grâce aux défauts de la caméra, arrivent à nous faire chuter sur la route (entrainant une collision avec une voiture) ou sur la voie de métro (entrainant la collision avec un wagon). Encore une fois, c’est dommage, car le jeu est plutôt joli et chacune des tortues est facilement reconnaissable.
De par son bandeau de couleur évidemment, mais aussi dans sa façon de se mouvoir, propre à chaque tortue. Par contre, au niveau des attaques, c’est parfois un peu le bazar aussi. Même s’il est possible de faire quelques enchaînements, on se retrouve très vite à presser les mêmes boutons, pour obtenir assez facilement un rang S. On en parlait plus haut, il y a un système de contre, mais honnêtement, nous n’avons jamais eu l’impression de réussir à le réaliser (ce qui nous a d’ailleurs un peu embêté lors du combat contre un des boss qui demandait à réussir cette technique, même si nous avons finalement réussi à nous en sortir).
Rien à dire par contre du côté des graphismes qui reprennent les éléments du film, tout comme le doublage, intégralement en français ! Qui s’avère très convaincant… On regrettera juste la synchronisation labiale un peu à côté des lèvres qui gâche un peu le très bon travail des comédiens de doublage ! La musique et les bruitages, par contre, restent assez anecdotiques.
Le jeu propose un mode deux joueurs (on peut se demander pourquoi ne pas avoir poussé jusqu’à 4 ?), qui fonctionne plutôt bien. Malgré les écueils indiqués plus haut, il reste sympathique de pouvoir profiter du jeu à deux en simultané.
Ce qui est vraiment dommage finalement, c’est que la richesse du contenu proposée est finalement gâchée par la (trop) grosse quantité de temps de chargement…et les quelques défauts de jouabilité inhérents à la caméra.
Tortues Ninja : Les Mutants se Déchaînent est disponible sur l’eShop comme en physique au prix de quarante euros.
Conclusion
Totalement respectueux de l’univers du film dont il est tiré, Tortues Ninja : Les Mutants se déchaînent aurait pu être un très bon jeu ! Aurait, car il est totalement plombé par ses interminables temps de chargement qui cassent complètement le rythme du jeu… Sans compter les placements de la caméra qui rendent très souvent les phases d’action assez illisibles (un comble pour ce type de jeu). C’est dommage, car l’aventure propose des à-côté intéressants et originaux, comme cette gestion des cycles jours et nuits pour vaquer à d’autres occupations et faire avancer les histoires parallèles à l’histoire principale… Au final cette nouvelle aventure des tortues est à réserver aux fans ultimes du dernier film et de son univers, sous réserve d’une bonne promo, histoire de s’offrir une soirée pizza avec la différence… !
LES PLUS
- Respect de l’univers du film
- Textes et voix en français
- Le mode 2 joueurs
- Le petit côté RPG
- Les histoires parallèles
LES MOINS
- Les temps de chargement !
- La bande-son plutôt neutre
- Les mauvais placements de caméra
- Pas de mode 4 joueurs