Eternights est un jeu d’action-aventure développé par le studio indépendant Studio Sai. Sorti initialement en septembre 2023 sur PS5/PS4 et PC (Steam & Epic Games Store). Passé inaperçu lors de sa première vie commerciale, l’opus s’offre en cette fin d’année une seconde jeunesse avec une sortie sur l’eShop Nintendo Switch aussi furtive qu’inattendue. Le jeu propose un gros mélange d’éléments de jeu de rôle, de dating sim et de beat’em up dans un cadre post-apocalyptique. Comme le met en avant le trailer du jeu, on va se poser une question : comment gérer sa vie et assurer ses dates en pleine apocalypse.
Le Studio Sai est un petit studio indépendant, dont l’équipe entièrement en télétravail, composée de développeurs travaillant ensemble dans plusieurs pays différents. Studio Sai a pour but de créer des jeux sur les relations que l’on peut tisser dans des mondes un peu particuliers. Sai signifie une relation entre deux personnes en coréen, mais pas seulement une relation ; il signifie aussi « distance » entre deux personnes sur un ton poétique.
Attention cependant, le jeu est PEGI 16 à cause de la violence et de certaines répliques assez… osées. Certaines cinématiques montrent des actes de violence et/ou de sang : une créature mutante mutilant un personnage, provoquant des éclaboussures de sang ; le bras d’un personnage coupé par une lame. Certaines interactions font référence à des insinuations/éléments suggestifs dans le dialogue (par exemple : « Nous avons volé beaucoup de porno à mon grand-père » ; « Maintenant, je ne veux pas lui montrer tout de toi. Certaines parties de toi, je veux les garder pour moi » ; « Tu veux que je t’envoie des photos cochonnes ? »).
Une histoire clichée mais surprenante
L’histoire d’Eternights prend place dans un monde où une mystérieuse épidémie transforme les humains en monstres. Dès les premières minutes du jeu, le protagoniste est attaqué par un Corrompu et perd son bras. Cependant, il reçoit un étrange pouvoir d’un personnage mystérieux nommé Sia, une jeune femme dotée de capacités spéciales. Ce pouvoir permet au protagoniste de matérialiser une épée à partir de son bras manquant, lui donnant la possibilité de se défendre contre les créatures infectées. Ce pouvoir semble également avoir un lien avec l’origine de l’infection.
Le protagoniste n’est pas seul dans cette aventure ; il est accompagné de plusieurs personnages clés avec lesquels il tisse des liens. Chaque personnage a sa propre histoire et ses propres motivations, que vous pourrez explorer à travers des séquences de dating sim. Les relations avec ces compagnons ne sont pas juste superficielles, elles influencent directement l’évolution du scénario et des compétences au combat. Le jeu vous pousse à faire des choix importants, non seulement pour renforcer vos relations, mais aussi pour découvrir différentes fins selon les décisions prises.
Attention à la fin du jeu, le plot final risque de vous surprendre et est assez loin des standards habituels sur ce genre de jeu, on ne vous ne dit pas plus pour éviter le spoil, et donc, l’intérêt complet de la fin du jeu qui mérite d’être découvert par vous-même.
Des combats clasico-classique
Le système de combat de Eternights est dynamique et orienté sur des attaques en temps réel. Le joueur utilise le bras magique du protagoniste pour déclencher des combos d’attaques rapides, des parades, ainsi que des compétences spéciales. L’esquive joue un rôle primordial, car certains ennemis sont particulièrement agressifs et ne laissent que peu de place à l’erreur. La maîtrise du timing est donc cruciale pour survivre.
Le bras magique du héros permet également d’exécuter des attaques variées, allant de coups rapides à des attaques de zone plus destructrices. Les pouvoirs obtenus sont directement liés à la progression dans le jeu et aux liens avec les personnages que vous rencontrez. Plus vous renforcez vos relations, plus vous débloquez de nouvelles capacités et options en combat. Les boss offrent des affrontements mémorables, et nécessitent une bonne gestion des compétences débloquées et des ressources accumulées.
Le gameplay repose principalement sur des attaques basiques, des combos et des compétences spéciales liées au bras magique du protagoniste. Si les premiers combats sont excitants et bien rythmés, avec un système d’esquive et de parade intéressant, ils peuvent rapidement manquer de profondeur. Les mouvements disponibles, bien que satisfaisants, ne se renouvellent pas assez au fur et à mesure de la progression. Les combos, même avec les capacités débloquées, finissent par se ressembler.
Un autre facteur qui contribue à cette redondance est la variété limitée des ennemis (le bestiaire). Les monstres que vous affrontez, bien que différents visuellement, adoptent souvent des schémas de comportement similaires (patterns). Vous rencontrez des ennemis de base, des ennemis plus lourds et lents, ainsi que des créatures plus rapides, mais la stratégie pour les affronter change peu d’une rencontre à l’autre. À part quelques ennemis spécifiques avec des mécaniques particulières, la majorité des combats suit une formule assez prévisible, ce qui peut rendre les affrontements moins funs après plusieurs heures de jeu.
Au fil de l’aventure, vous débloquez des compétences supplémentaires en renforçant vos relations avec vos compagnons. Cependant, bien que ces compétences soient intéressantes, elles ne changent pas radicalement la manière d’aborder les combats. Vous avez souvent recours aux mêmes attaques et esquives, sans qu’une vraie diversité stratégique ne se développe. Le jeu encourage l’usage de certaines capacités spécifiques contre des ennemis ou des boss, mais la plupart du temps, le même combo simple suffira pour surmonter les obstacles, créant une sensation de routine.
Les combats contre les boss sont les moments les plus intéressants d’Eternights, mais ils peuvent aussi exacerber cette redondance. Ces affrontements sont souvent plus longs et demandent une bonne gestion des compétences, mais ils reposent parfois sur les mêmes mécaniques, avec des phases où il faut simplement esquiver et attaquer à répétition. Si les boss sont visuellement plus impressionnants, leur pattern n’est pas toujours suffisamment varié pour nous garder motivés tout au long de l’affrontement.
En dehors des combats, la drague post-apo
En dehors des combats, le gameplay est centré sur la gestion du temps et la construction des relations. Eternights intègre un système où chaque journée est divisée en plusieurs plages horaires. Vous devez choisir comment passer votre temps libre : explorer des donjons, renforcer vos relations avec vos compagnons, ou entraîner vos compétences. Ce côté « dating sim » est essentiel pour l’évolution du personnage et pour l’histoire, car chaque interaction sociale débloque de nouvelles capacités et révélations.
Les dialogues sont nombreux et plutôt bien écrits, même si parfois un peu lourdingues, et chaque personnage a une personnalité distincte, avec des dialogues qui renforcent leur crédibilité et leur attachement au joueur. De plus, la gestion du temps ajoute une tension particulière, le joueur est contraint de prioriser ses actions : faut-il explorer davantage ou passer du temps avec un compagnon pour en apprendre plus sur lui et déloquer de nouvelles capacités ?
La durée de vie d’Eternights est, comme toujours, variable selon votre style de jeu. Pour une première partie en ligne droite, le jeu peut être bouclé en une quinzaine d’heures, mais si vous cherchez à développer pleinement vos relations avec tous les personnages et à explorer chaque recoin des donjons, vous pouvez facilement doubler cette durée. Le jeu offre également une certaine rejouabilité avec ses fins multiples, liées aux choix que vous faites tout au long de l’aventure. Attention cependant, la courbe de difficulté du jeu propose des pics rares mais absurdes à certains moments. Et ça tombe bien, puisqu’on peut accéder au menu à tout moment, même en plein combat, pour diminuer la difficulté. C’est tellement étrange de pouvoir accéder à un menu complet même en combat qu’on a l’impression que ce n’est pas voulu par les développeurs.
Comme dit plus haut, le jeu propose tout au long de l’aventure plusieurs choix qui auront un impact dans vos relations sociales et donc sur la fin de l’histoire. Mais beaucoup, beaucoup de choix ne servent à rien et sont forcés par le jeu. Outre la frustration de choisir pour rien, on a même droit à refaire un dialogue complet si on ne valide pas les réponses attendues par le jeu.
Graphiquement, Eternights adopte un style anime très coloré et vibrant, qui contraste avec son cadre post-apocalyptique sombre. Les personnages sont dessinés avec soin et possèdent chacun un design distinct qui reflète leur personnalité. Les animations en combat sont fluides et les effets des compétences magiques sont visuellement satisfaisants. Cependant, bien que le style artistique soit plaisant, les environnements peuvent sembler répétitifs, notamment dans les donjons, avec des décors qui manquent parfois de variété et de détails.
Les donjons dans Eternights constituent une grande partie de l’exploration et des combats. Cependant, ces environnements sont souvent construits autour de schémas similaires, avec des couloirs linéaires et des zones qui se ressemblent d’un donjon à l’autre. Les textures et les décors manquent parfois de détails ou de diversité, ce qui peut donner une sensation de répétition après plusieurs heures de jeu.
Les éléments de décor changent peu d’un donjon à l’autre, et les thèmes des niveaux (comme les ruines, les bâtiments abandonnés ou les laboratoires) ne sont pas suffisamment distincts pour se démarquer. Cette répétitivité peut rendre l’exploration moins intéressante, surtout lorsque vous êtes amené à revisiter certaines zones ou à parcourir de longs segments qui semblent visuellement identiques.
Les zones en dehors des donjons, comme les espaces urbains ou les paysages naturels, suivent également ce schéma répétitif. Bien que le jeu se déroule dans un cadre post-apocalyptique, les rues vides et les bâtiments en ruines manquent parfois de diversité dans leur conception. On retrouve souvent des assets réutilisés (comme des structures ou des objets identiques dans différentes zones), ce qui contribue à l’impression de « déjà-vu ».
Le manque de diversité dans les environnements est d’autant plus flagrant que les personnages eux-mêmes sont bien détaillés et possèdent un design distinct. Cela crée un contraste entre les protagonistes et les décors, renforçant l’impression que ces derniers sont moins travaillés.
La bande-son d’Eternights est l’un des points forts du jeu. Les musiques oscillent entre des thèmes électro dynamiques lors des combats et des morceaux plus doux et mélancoliques durant les moments calmes et les interactions avec les autres personnages. Les bruitages et les effets sonores en combat sont percutants et renforcent l’immersion, bien que les voix, disponibles en anglais et japonais, puissent parfois paraître inégales dans leur performance.
Dans Eternights, les dialogues sont doublés en anglais et en japonais, offrant aux joueurs le choix entre ces deux langues pour accompagner leur expérience. Cependant, la qualité du doublage varie en fonction de la langue choisie et des personnages, d’où la remarque sur l’inégalité des voix.
En version anglaise, certaines performances sont moins convaincantes, notamment dans l’expression des émotions. Les moments dramatiques ou intenses peuvent parfois manquer d’authenticité, rendant certains dialogues un peu plats. Cela peut nuire à l’immersion, surtout lors des scènes cruciales où les relations entre les personnages sont au centre. Oui, les personnages secondaires souffrent plus de ce problème que les principaux, mais cela reste désagréable.
La version japonaise, quant à elle, correspond mieux au style anime du jeu. Les doubleurs nippons sont souvent plus expressifs et naturels, en particulier lors des interactions émotionnelles. Cette option est plus fidèle à l’ambiance et au ton général du jeu. Toutefois, même ici, quelques personnages peuvent paraître moins marquants.
Eternights sur Nintendo Switch est disponible sur l’eShop (29€99) comme en boutique (environ 39€).
Conclusion
Eternights parvient à proposer une expérience hybride et audacieuse, mêlant avec réussite les mécaniques de dating sim et de jeu d’action. L’histoire, bien que classique dans son cadre post-apocalyptique, est suffisamment riche en rebondissements et en interactions humaines pour captiver. Les combats sont dynamiques, même si certains joueurs pourraient trouver le système répétitif à la longue. Le système de gestion du temps et des relations apporte une profondeur bienvenue, surtout pour ceux qui aiment jongler entre action et développement de personnage.
LES PLUS
- Système de combat rapide et dynamique
- Relations bien développées avec les personnages
- Style visuel anime agréable
- Gestion du temps et des choix qui ajoutent de la profondeur
- Bande-son immersive
LES MOINS
- Environnements parfois répétitifs
- Combats pouvant devenir redondants sur le long terme
- Voix inégales en anglais et japonais
- Quelques traductions « Google » maladroites