En 1986, Square Enix ne s’attendait certainement pas à donner naissance à l’un des piliers du JRPG encore aujourd’hui. La licence Dragon Quest a longtemps été un phénomène d’une ampleur inégalée au Japon. C’est également une licence connue pour proposer tous les éléments attendus et classiques d’un RPG japonais, autant dans ses mécaniques que dans son univers et ses histoires. Une série qui a su fidéliser des millions de joueurs japonais encore aujourd’hui et qui reste un phénomène unique à la sortie de chaque opus principal. Aussi célèbre qu’elle puisse être à travers les années, Dragon Quest a eu un commencement, et ce début a été sur Famicom avec la première trilogie de la série. Celle-ci s’apprête à revenir via plusieurs remakes, et nous avons déjà eu la chance de parcourir Dragon Quest III HD-2D Remake qui débarque enfin sur Nintendo Switch !
Remake HD-2D du commencement !
Malgré la numérotation, Dragon Quest III est en fait chronologiquement le premier opus de la première trilogie. Ainsi, en décidant de proposer un remake de cette première trilogie, Square Enix choisit aussi de les sortir dans l’ordre chronologique de leur histoire. En 1988, la surprise était de taille lorsque nous jouions à Dragon Quest III et que nous découvrions qu’il s’agit d’une préquelle. Une surprise qui prendra une autre forme à en croire les paroles des développeurs, qui entendent bien nous surprendre à travers les autres remakes à venir. Toutefois, nous sommes réunis pour parler de Dragon Quest III HD-2D et de sa sortie très imminente. Pour ceux qui en douteraient ou qui auraient des craintes, le jeu est traduit en de nombreuses langues, dont le français.
Dragon Quest III est le commencement de la trilogie Eldrick ou Roto. Nous vivons l’histoire du héros, fils d’Ortega, grand guerrier de renom du royaume d’Aliahan. Nous sommes réveillés par notre mère nous ordonnant de nous rendre voir le roi pour recevoir sa bénédiction et entamer notre périple pour détruire la source du mal rongeant le monde. Une intrigue tout ce qu’il y a de plus classique dans le genre, mais c’est ce classicisme qui fait que chaque opus de la série Dragon Quest est le parfait exemple de ce qu’est un JRPG dans un univers médiéval fantastique. Une histoire avec ses rebondissements attendus ou non, une quête d’orbes afin de sauver le monde, qui nous fait surtout voyager à travers des contrées aux cultures diverses et variées, plus ou moins inspirées des différentes civilisations de notre réalité. Une inspiration qui reprend également des mythes du monde entier.
Le récit de Dragon Quest III nous embarque pour une quête d’une bonne trentaine d’heures de jeu, si nous prenons le parti du joueur qui se concentrera uniquement sur le fil rouge du jeu. Les options de confort que nous développerons plus tard participeront certainement à raccourcir cette durée de vie. Ou peut-être pas, puisque le récit de Dragon Quest III HD-2D Remake propose de nouveaux récits à parcourir, donnant des détails omis dans les versions précédentes du jeu, notamment sur le parcours du père de notre héros, Ortega, avec des fragments de son récit disséminés ici et là dans le monde et narrés par différents personnages à travers de nouvelles scènes. Des fragments d’histoire et des petites références inédites qui auront peut-être des liens avec les prochains remakes. Cela enrichit le lore et l’histoire de Dragon Quest III tout en gonflant légèrement la durée de vie du jeu. Et cela sans compter les annexes, qui doubleront potentiellement notre temps de jeu.
En plus de proposer un peu d’inédit dans son récit, un remake de jeu se doit de passer également par d’autres aspects. L’équipe Asano chez Square Enix, connue pour être derrière Octopath Traveler ou encore Triangle Strategy, montre encore sa maîtrise de l’Unreal Engine et du rendu HD-2D. Dragon Quest III revient avec un rendu pixel d’une beauté exceptionnelle, sublimant le jeu d’origine et modernisant parfaitement le style pour l’adapter à notre époque sans jamais dénaturer sa réalisation d’origine. Les jeux de lumière et de particules sont somptueux, la modélisation des personnages est très propre, les animations d’attaques refaites, et les décors sont bien plus détaillés que jamais. En portable comme en mode TV, le jeu est globalement stable, mais nous notons tout de même de régulières chutes de framerate dans certains décors. Rien qui ne gâche le plaisir de jeu, mais cela doit tout de même être souligné.
La bande sonore orchestrale et arrangée participe également à donner un coup de jeune à l’ensemble. Et pour ne pas perdre les fans de longue date, les habituels jingles et bruitages des jeux de la série sont présents : les jingles de montées de niveaux, les bruitages de fin de combat, d’attaques ou de magie, parmi d’autres. Par ailleurs, nouveauté du remake, nous avons un doublage anglais ou japonais au choix pour donner plus de personnalité et de vie au récit qui se déroule sous nos yeux. Dragon Quest III HD-2D Remake propose un mélange entre travail de son moderne et bruitage connu, un peu vieillot, qui se marie très bien, surtout en portable avec des écouteurs. Ceux qui n’aiment pas lire pointeront certainement l’absence de doublage français. Pourtant, c’est un élément qui est encore très loin d’être une norme dans le jeu vidéo, et avoir la traduction des textes en de nombreuses langues est déjà une très grande victoire pour un jeu à notre époque.
Un classique plus confortable
En termes d’expérience, le jeu propose une progression assez libre dès le début. En effet, alors que notre mère nous ordonne d’aller voir le roi d’Aliahan pour obtenir sa bénédiction et commencer notre quête, il est tout à fait possible de refuser afin de partir explorer la ville. Il est même possible de sortir de celle-ci et explorer l’île sur laquelle nous nous trouvons. Nous pouvons vivre nos premiers combats ou explorer le village de Rêvé au nord du château. Notre avancement restera limité tant que nous n’irons pas voir le roi comme convenu, mais cela reste une pseudo-liberté qui s’apprécie d’autant plus à notre époque, où la progression linéaire devient un étrange défaut pour certains types de joueurs. Pourtant, en soi, la progression dans les villages et les villes reste tout ce qu’il y a de plus classique. Nous pouvons explorer les habitations, faire le tour des boutiques, fouiller des affaires pour dénicher des objets ou parler aux PNJ.
Nous pouvons également nous rendre à l’auberge pour nous reposer et faire changer le cycle jour/nuit. Cycle qui change lorsque nous nous déplaçons sur la carte du monde. Soulignons que, la nuit, les ennemis sont plus dangereux. Puis, tradition de Dragon Quest, nous pouvons sauvegarder notre partie en nous rendant dans une église pour parler au prêtre ou à un représentant de l’église dans une ville. Celui-ci nous propose également de prier pour ressusciter nos personnages ou soigner leurs altérations d’état. Autre tradition de Dragon Quest, la quête des mini-médailles à échanger pour des récompenses, puis surtout les rencontres aléatoires et le système de tour par tour, avec même vue à la première personne lors des animations d’attaques. Un système avec une dimension tactique très classique du tour par tour dans un JRPG, gestion de groupe de héros et de leur magie. Des ennemis à connaître pour exploiter leurs faiblesses, puis un système de personnalité et de vocation influençant leur évolution.
Dragon Quest III HD-2D Remake n’est pas le premier remake de Dragon Quest III, sorti initialement sur NES. Ainsi, le jeu original a déjà eu droit à de nombreuses améliorations et des bonus à travers notamment son remake sur SNES. Notamment une amélioration technique sur laquelle se base ce nouveau Dragon Quest III HD-2D, puis des ajouts de donjons bonus ou de mini-jeux comme le combat de monstres. Son système repris sur Dragon Quest VI, le système de personnalité et des équilibrages sur les différentes vocations disponibles. Ce retour en 2024 propose d’autres améliorations plus ou moins subtiles pour moderniser ce jeu d’une autre époque. Première modernisation, la sauvegarde automatique, qui peut sauver la mise à défaut d’avoir un véritable système de sauvegarde libre. Nous avons tout de même la présence d’une sauvegarde rapide si le besoin se fait sentir de sauvegarder manuellement de manière temporaire.
Notons la présence de raccourcis de commande hors combat bienvenus pour éviter des allers-retours dans les menus. Comme la possibilité de consulter la carte du monde en une pression de touche et se téléporter où nous voulons d’une simple pression de la gâchette en sélectionnant l’endroit où nous voulons aller. Le système de vocation s’enrichit de nouvelles vocations à découvrir. Nous avons également la possibilité de recruter des unités d’une certaine vocation avec une orientation plus proche de ce que nous recherchons. Par ailleurs, Dragon Quest III HD-2D connecte les différents fichiers de sauvegarde du jeu à travers ce système de vocation. Il est ainsi possible de recruter une unité provenant d’un autre fichier de sauvegarde.
Nous avons un système de souvenirs pour enregistrer les propos importants de certains personnages et les consulter à notre guise. Cela permet de faciliter notre progression et de la rendre plus confortable, sans avoir à les noter sur un cahier, à faire des allers-retours incessants entre des villes pour discuter aux bons PNJ et se rappeler d’un détail aidant notre quête, ou à devoir consulter un guide de solution. D’ailleurs, nous avons une note indiquant le fil rouge du jeu et nous permettant de savoir constamment où nous en sommes dans le jeu. Le système de combat au tour par tour reste similaire à ce qu’il proposait à l’époque. Toujours le même déroulé de combat, les tactiques nous permettant d’influencer l’I.A. ou de contrôler les actions de chaque protagoniste nous-même, puis toujours un sac d’objets propre à chaque personnage que nous pouvons personnaliser en piochant dans notre inventaire. En fait, dans les nouveautés notables, nous avons surtout la possibilité de changer la vitesse des actions de combat et du passage des textes.
Nous oublions certainement d’autres subtilités présentes dans Dragon Quest III HD-2D Remake et nous vous laissons ainsi les découvrir par vous-même. Soyez sûr d’une chose, ce retour est la meilleure façon de découvrir Dragon Quest III en 2024. Pourtant, malgré toutes les subtilités, il y a des absences qui nous laissent incrédules et qui servent juste à rappeler le statut de jeu ancien de ce Dragon Quest III. Peut-être une volonté propre des développeurs à rappeler les traditions de la série, mais très archaïques en 2024. Les rencontres aléatoires que nous ne pouvons pas paramétrer nous-mêmes, sauf en utilisant quelques compétences pour diminuer leur fréquence temporairement. Les remakes de RPG aujourd’hui aiment également proposer un système de boost d’XP pour permettre une progression potentiellement moins lourde en gagnant plus d’XP pour faire progresser rapidement nos personnages. Un élément absent ici, bien que Dragon Quest III ne nécessite pas de farm. Le système de souvenirs est bon, mais il faut nous-mêmes presser la touche nécessaire à l’enregistrement d’un souvenir pour l’obtenir.
Si nous ne le faisons pas, il est probable qu’il faille toujours faire des allers-retours pour retrouver un indice que nous avons probablement obtenu d’un PNJ perdu plusieurs heures de jeu auparavant. Il n’était pas difficile d’enregistrer automatiquement ces éléments semi-importants dès l’instant où nous obtenions l’information pour éviter d’être à nouveau perdu. La gestion de l’inventaire est toujours un enfer, puis le système de sac propre à chaque personnage est une absurdité que nous aurions souhaité voir disparaître. Il arrive un moment où nous obtenons un navire pour parcourir les mers du jeu et voyager vers d’autres régions. Malgré l’accélération du navire, soyons honnêtes en disant que le navire reste très lent à manipuler sur une carte du monde très vaste à parcourir, et les rencontres aléatoires très fréquentes que nous ne pouvons contrôler, comme mentionné précédemment. Pour dire les choses, Dragon Quest III HD-2D Remake est à un pixel HD d’être irréprochable, dommage.
Dragon Quest III HD-2D Remake est disponible sur l’eShop comme en physique au prix de soixante euros.
Conclusion
Dragon Quest III HD-2D Remake est une opportunité en or pour tous ceux qui souhaitent (re)découvrir ce monument du JRPG, désormais proposé dans les meilleures conditions possibles pour les joueurs de 2024. Ce remake rend hommage à l’œuvre originale tout en facilitant l’expérience pour le public moderne, même si quelques éléments de gameplay archaïques persistent. Ces détails laissent entrevoir un remake imparfait dans sa modernisation, mais qui n'en reste pas moins d'une grande qualité. Avec sa traduction en plusieurs langues, y compris le français, ainsi que ses nombreuses améliorations, Dragon Quest III HD-2D Remake est indéniablement l’un des meilleurs représentants du genre en 2024, tout comme il l'était à sa sortie en 1988. Un jeu qui continuera sans nul doute d’inspirer les amateurs de JRPG pour les générations à venir !
LES PLUS
- Une réalisation HD-2D époustouflante
- Des scènes inédites enrichissant l’histoire
- Un gameplay classique, solide et fidèle au genre
- Système de personnalité et de vocation
- Des améliorations notables dans l’expérience de jeu
- Une bande-son orchestrale de grande qualité
- Choix du doublage anglais ou japonais
- Une excellente durée de vie
- Un scénario classique aux nombreux rebondissements
- Des fragments de récit inédits ajoutant de la profondeur
- Un monde vaste, riche en inspirations culturelles variées
- Traduction en français
- Un incontournable du RPG à emporter partout !
LES MOINS
- Des baisses de framerate notables
- Quelques éléments de gameplay demeurent archaïques
- Absence inexplicable de certaines améliorations modernes
- Pas de doublage en français
- La taille du monde peut désorienter les joueurs
- Une progression parfois déroutante
- Peut allonger artificiellement la durée de jeu
- Un scénario avec des rebondissements parfois prévisibles
Plus intéressant que Eiyuden et Star Ocean ?