Afterlove EP est le dernier jeu de Mohammad Fahmi, créateur indonésien de la licence Coffee Talk et de What Comes After, décédé tragiquement en 2022. C’est une expérience qui mélange à la fois le visual novel, le jeu de rythme et le dating simulator qui débarque sur l’eShop le 14 février 2025 au prix de quinze euros. Est-ce qu’Afterlove EP est le chant du cygne du créateur à faire sur notre Nintendo Switch ?
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un niveau courant en anglais est nécessaire pour jouer à Afterlove EP.
Une histoire autour du deuil avec de belles intentions…
Dans Afterlove EP, nous incarnons Rama, un jeune chanteur, guitariste et compositeur du groupe Sigmund Feud, un groupe indonésien localement reconnu.
Cependant, alors qu’ils viennent de terminer un concert, sa compagne, Cinta, décède brutalement. Rama, en plein deuil, se morfond alors pendant une année en ignorant tout son entourage.
Un an après, Rama émerge de sa léthargie. Il décide de reformer son groupe et de présenter à ses collègues de nouvelles chansons. Mais le groupe est loin d’être ravi du retour de l’enfant prodigue. Pourquoi l’accepteraient-ils alors qu’il les a ignorés pendant près d’un an ?
Rama va aussi devoir gérer la voix de Cinta qui, depuis son décès, ne la quitte plus. Cette dernière commente toutes ses situations et le déconcentre énormément… ce qui n’aide pas pour entretenir des relations avec les autres.
Afterlove EP est un visual novel assez classique avec quelques touches de jeu de rythme et de dating simulator. Le gameplay est assez simple. La journée est séparée en deux temps dans lesquels nous allons réaliser une activité.
Les possibilités ne sont pas très nombreuses ; nous pouvons avancer dans une des romances possibles, nous pouvons jouer de la musique dans la rue (en improvisant des paroles), nous pouvons aller chez notre psychologue ou alors nous pouvons ressasser nos souvenirs avec Cinta.
Nous avons aussi très régulièrement des activités imposées par le jeu comme les répétitions avec notre groupe. La plupart du temps sur le jeu, nous lirons une grande quantité de dialogues avec parfois des choix à prendre (qui impacteront peu le déroulement du récit).
En plus de son côté visual novel et dating simulator, Afterlove EP propose aussi lors de chaque répétition (et à deux-trois autres petits moments) des phases de jeux de rythme. Nous devrons utiliser la croix directionnelle dans le bon timing et dans la bonne direction afin de faire un « perfect ».
… Mais avec un concept qui est une fausse bonne idée
Globalement, Afterlove EP est un bon visual novel avec des défauts scénaristiques qui l’empêchent de briller. Le jeu a de bonnes idées, de belles intentions, mais ces dernières sont sapées par un manque d’ambition général.
L’histoire est sympathique, les personnages sont de qualité, et tous ceux qui cherchent un récit cosy sans trop d’interactivité pourront sans problème suivre les aventures de Rama. Certains personnages sont même très réussis comme Kak Mus le barista.
Certaines scènes sont touchantes, notamment vers la fin de partie et pourront facilement vous émouvoir. L’ambiance générale, une plongée dans le deuil avec un apprenti musicien, est assez agréable et rafraichissante.
Malgré tout, le scénario s’enferme dans un concept de voix intérieure qui s’apparente à la fausse bonne idée. Cinta n’a pas grand-chose d’intéressant à dire mais pourtant qu’est-ce qu’elle parle !
Elle énonce des évidences et ses interventions cassent malheureusement le rythme du récit. Certains passages forts en tension sont tout simplement ruinés par cette voix qui rajoute son grain de sel… pour rien.
Les bons sentiments étouffent aussi le récit : nous avons parfois la sensation d’être dans un livre de citations positives sur la vie au lieu d’être dans une histoire avec des personnages en mouvement.
Nous ne comptons pas le nombre de fois que nous avons levé les yeux au ciel à cause de phrases, qui, dans le fond, sont très belles, mais qui dramaturgiquement nous sortent du récit.
La structure est trop lisible et les scénaristes d’Afterlove EP n’ont pas réussi à rendre la progression des personnages fluide. Nous avons parfois l’impression de « sautes » dans l’histoire. Parfois, nous passons des bons moments avec les membres de notre groupe puis sans raison, le lendemain, à la répétition, ces derniers nous lancent des punchlines à la chaîne.
Un scénario qui manque parfois de rythme
C’est d’autant plus frustrant car, nous insistons vraiment dessus, Afterlove EP est un visual novel sympathique avec des qualités indéniables. Il a de belles intentions et le jeu pourrait trouver son public.
Le manque d’ambition général ternit aussi énormément la copie du jeu. Le jeu de rythme est intéressant… mais il est bien trop répétitif et son gameplay n’évolue pas. Heureusement, le mode auto nous sauve un peu.
Le côté dating simulator est lui aussi intéressant… Mais il y a peu de romances disponibles, et ces dernières évoluent aussi de façon très prévisible. Nous avons peu d’impact dessus et quand nous en avons, nous ne le comprenons pas (notons tout de même que chaque personnalité proposée est agréable à découvrir).
Le faux sentiment de liberté donné par le jeu peut aussi frustrer. Nous croisons parfois des personnages importants dans l’histoire et nous sommes incapables de leur parler ! Nous nous sentons parfois restreints dans nos mouvements et nos possibilités.
Les animations, pourtant jolies, ne se renouvellent que très peu. Toutes les scènes musicales répètent les mêmes motifs qui finissent par nous lasser. Pour un jeu où la musique est centrale (pour le récit comme pour les personnages), ce sont des endroits où nous espérions un peu plus de choses.
Un sentiment finalement mitigé quand vient le générique de fin
Finalement, tout ce que nous vous évoquons ne sont que des petits détails, mais des détails, qui, une fois accumulés, pèsent sur le joueur et son expérience.
À l’heure de notre test, en 1.0.5, le jeu connaissait des bugs assez marqués en fin de partie (multiples crashs et freezes) qui ont failli nous faire abandonner. Nous espérons qu’un patch viendra résoudre ces problèmes.
Dernier petit point noir, mais Afterlove EP n’est pas traduit en français. Bien que le texte ne soit pas très compliqué à comprendre, nous vous recommandons un niveau courant en anglais.
Afterlove EP possède en revanche une belle durée de vie pour son prix de vingt euros. Il faudra quelques heures (5 à 8 environ, en fonction de votre rythme) pour arriver au bout de votre première aventure. Le rejouabilité est assez intéressante avec les romances à découvrir et les quelques interactions que nous ne pouvons pas faire en une seule run.
Les graphismes sont intéressants, avec un style manga qui reproduit la ville de Jakarta. Il y a beaucoup de choses à découvrir avec quelques endroits certes inutiles au récit mais agréables à visiter.
Les personnages sont réussis, avec un bémol cependant pour la psychologue qui a un visage trop enfantin. Nous avons eu du mal à croire que cette personne aux traits très jeunes puisse être psychologue.
La musique est sympathique même si elle souffre du manque d’ambition du titre. Les pistes sont de qualité et nos oreilles ont passé un bon moment. Cependant, lorsque Rama se met à improviser dans la ville (et nous avons choisi dans notre partie d’improviser énormément), nous n’avons qu’un seul voire deux accords de guitare pour nous nourrir… quelle frustration !
Nous vous joignons une vidéo de la première heure du jeu afin de vous faire votre propre avis.
Conclusion
Afterlove EP est un visual novel sympathique qui manque d’un petit quelque chose pour devenir une expérience inoubliable. Le jeu a beaucoup de qualités, entre ses graphismes manga, sa musique de qualité, et son histoire autour du deuil, cependant, il a aussi énormément de petits défauts qui finissent par ternir l’expérience et frustrer le joueur. Attention, le jeu n’est pas traduit en français.
LES PLUS
- Une histoire touchante autour du deuil t
- Un beau message et de belles intentions
- Des musiques de qualité
- De jolis graphismes
- Le personnage de Kak Mus, particulièrement réussi
- Une durée de vie et une rejouabilité intéressantes
LES MOINS
- La voix intérieure, fausse bonne idée
- Un récit qui manque de rythme
- Une structure dramaturgique qui manque de subtilité
- Un manque d’ambition général (jeu de rythme, animations, etc.) qui finit par nous frustrer
- Un faux sentiment de liberté
- Des bugs marqués en fin de partie