The Phantom (ou parfois en français Le Fantôme du Bengale) est une série de bandes dessinées américaine créée par Lee Falk. Elle est diffusée sous forme de comic strip depuis 1936. Il s’agit du premier justicier costumé et masqué, opérant depuis Bengalla, un pays fictif situé en Afrique. Avec sa tenue en spandex violet reconnaissable, c’est un personnage sous-représenté parmi les super-héros actuels ou réactualisés, et ce n’est clairement pas le film de 1996 qui lui aura permis de regagner en popularité. Voyons si le jeu The Phantom d’Art of Play Interactive saura combler l’absence de ce vengeur masqué dans nos médias actuels.
Vous avez vu un fantôme ?
Pour la petite histoire, The Phantom, de son vrai nom Kit Walker, descend d’une lignée de vingt générations de justiciers qui ont tous pris la même identité. Lorsqu’un nouveau Fantôme prend la relève, il doit prêter serment sur un crâne et jurer de consacrer sa vie à la destruction de la piraterie, de l’avidité, de la cruauté et de l’injustice sous toutes leurs formes. Le jeu met en scène le Fantôme de la vingt-et-unième lignée. Son uniforme consiste en un masque noir et une combinaison moulante violette, avec deux Colts .45 à la ceinture. Il n’a pas de super-pouvoirs et doit compter sur sa présence d’esprit, sa carrure et ses compétences en combat pour s’en sortir. À noter également que le personnage est un ami des bêtes puisqu’il est régulièrement accompagné d’un loup, d’un cheval et d’un faucon, qui lui viennent en aide dans ses aventures.
Le jeu démarre par une petite scénette en mode bande dessinée, où notre héros se dispute avec sa femme, Diana Palmer, dans leur repaire, la « Skull Cave », au cœur de la jungle de Bengalla. Mais soudain, les tambours de la jungle retentissent, annonçant des ennuis. Ni une ni deux, The Phantom grimpe sur son cheval pour découvrir ce qu’il se passe. Rapidement, vous apprendrez que la confrérie « Singh » a kidnappé l’enfant du Fantôme, déclenchant ainsi une quête de sauvetage et de vengeance à travers plusieurs pays du monde pour retrouver et sauver son fils.
Un scénario simple, mais pour un beat ’em all 2D, il n’en faut pas plus pour donner envie au joueur de distribuer des mandales à tous les sales types qui se présentent en face de lui. Et cela tombe bien, car si la plupart des jeux de cette catégorie brillent rarement par leur scénario, c’est souvent parce que tout est axé sur le gameplay et le plaisir du jeu.
Bouh j’ai peur !
Pour parcourir les 15 niveaux du jeu, vous pourrez incarner The Phantom ou sa femme, Diana Palmer, en mode solo ou coop local 2 joueurs. L’histoire vous emmène à travers la jungle africaine, l’Inde, la Suède, l’Australie et les États-Unis, bref, vous allez voir du pays ! Le jeu adopte un style bande dessinée, aussi bien entre les missions pour raconter l’histoire qu’en jeu, avec des décors et des personnages au design fin et soigné. On a vraiment l’impression de jouer à l’intérieur d’une BD. Cependant, bien que l’animation des personnages soit plutôt bonne, on regrette le manque de vie dans les décors et la rigidité de certains sprites.
Dans la pratique, The Phantom et Diana Palmer disposent de quelques attaques de poings et de pieds, d’une attaque de prise, d’une attaque de mêlée à portée large et de quelques armes à feu, bien que les munitions soient limitées. Les deux personnages possèdent un compteur de puissance qui, une fois rempli, permet de déclencher un coup spécial. The Phantom peut également appeler Devil, son fidèle loup, pour attaquer un ennemi, et Diana peut invoquer un aigle pour infliger des dégâts, mais cela est cantonné à trois fois par niveau.
Concernant le gameplay, si vous avez déjà joué à un beat ’em all 2D, vous savez donc à quoi vous attendre. Cependant, il ne faut pas espérer un Streets of Rage 4, car l’écart entre ces deux jeux est flagrant. Malgré les efforts du studio Art of Play Interactive pour proposer quelque chose d’attrayant, une fois la manette en main, on ressent les limitations budgétaires. Le gameplay manque de dynamisme et de satisfaction. Ce n’est pas mauvais, mais à peine acceptable.
Jouer The Phantom ou Diana Palmer ne donne pas du tout l’impression d’être cool ou puissant. Les coups des personnages manquent de peps, l’utilisation des armes à feu est tellement ridicule dans leurs dégâts que lancer des sucres d’orge sur les adversaires causerait certainement plus de dommages. Les hitboxes sont parfois curieuses en combat, et pour ce qui est des projectiles (notamment les missiles tombant du ciel), vous serez touché même si vous vous tenez un peu plus loin à la verticale de l’endroit où ils sont censés atterrir…
De plus, la variété des ennemis est très faible. Chaque niveau possède un modèle d’ennemi spécifique lié au pays dans lequel vous êtes, mais sinon, les autres adversaires sont toujours identiques. Vous aurez donc l’impression d’avoir affronté les mêmes vilains du début à la fin, sans vraiment ressentir d’évolution ou de différence. Cela donne une impression négative au joueur qui ne prendra plus de plaisir dans les combats déjà ennuyeux, et qui alourdira le jeu par un effet de redondance.
Les combats de boss ne se distinguent pas non plus dans ce titre, puisqu’ils sont au nombre de deux et se résument à suivre le même schéma : réduire une portion de vie, combattre une vague de sbires, esquiver une attaque simple et recommencer. La pire partie du jeu réside dans les séquences de poursuite, qui concluent quatre des niveaux du jeu. Que ce soit à cheval, en moto, en bateau ou en taxi, ces phases sont ennuyeuses et interminables, ne faisant que souligner le manque de dynamisme du jeu.
On ne pourra pas non plus compter sur les musiques du titre pour apporter du panache ou de l’ambiance, car elles sont très en retrait et relativement insipides. À plusieurs reprises pendant nos sessions de test, nous avons dû monter le volume ou vérifier les paramètres pour nous assurer que la musique était toujours activée car elle semblait disparaître littéralement durant le jeu.
The Phantom sort le 12 mars 2025 sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 22,99 euros, en anglais uniquement.
Conclusion
On peut remercier l’équipe d’Art of Play Interactive pour avoir dépoussiéré cette licence et ramené The Phantom dans les jeux vidéo. Il est clair que l’équipe a un grand respect pour le personnage de Lee Falk. Malheureusement, le projet n’a pas dû bénéficier d’un gros budget, et il est dommage de voir que le soin apporté au design des personnages n’a pas été étendu au reste du jeu. Le manque de dynamisme et la variété limitée des ennemis, ajoutés à des phases ennuyeuses, ternissent l’expérience du joueur. Il ne faudra pas plus d’une heure et demie pour boucler l’aventure, qui sera finalement plus déplaisante qu’intéressante. Phantom, tu étais poussière, et tu redeviendras poussière.
LES PLUS
- Le personnage de Phantom
- Les graphismes BD assez fins
- Coop locale 2 joueurs
- 15 niveaux c’est très correct
LES MOINS
- Diana n’est pas aussi cool
- Les décors manquent de vie
- Les ennemis sont vraiment trop peu nombreux
- Le jeu manque de dynamisme
- Les phases de poursuite sont mauvaises
- Trop court
- Les musiques en retrait, voire absentes
- Ne donne pas du tout envie d’y retourner