Quel parcours que celui de Super Meat Boy sur les consoles Nintendo. Et ce n’est pas le seul jeu de la Team Meat (quel palindrome de la part des développeurs au passage) à avoir eu des problèmes pour arriver sur une console Nintendo. On pense aussi à The Binding Of Isaac Rebirth qui est enfin arrivé sur N3DS. Prévue au départ pour le WiiWare (et le Xbox Live Arcade de la 360), la sortie de Super Meat Boy sur Wii avait été annulée car malgré tous les efforts de la Team Meat, le jeu dépassait toujours les 50 Mo maximum autorisés par Nintendo pour un jeu WiiWare. Après toutes ces années la réglementation a évolué, Nintendo a sorti la Wii U et le jeu est arrivé récemment sur les consoles Playstation. Le contexte était idéal pour sortir cette nouvelle version sur Wii U et la Team Meat l’a fait, après tant d’années, Super Meat Boy débarque enfin sur une console Nintendo !
Super Meat Boy a été l’un des fers de lance du jeu vidéo indépendant et de sa vague de jeux, à son arrivée sur PC et Xbox 360 en 2010. Sorti de l’imaginaire d’une toute petite poignée de personnes (principalement deux), ce jeu de plateforme hardcore ne se cachait pas de faire référence à des légendes. Son acronyme SMB ne fait certainement pas penser innocemment à Super Mario Bros comme on peut le penser. Le jeu est donc constitué d’une multitude de niveau de plateforme, entièrement en 2D. Les niveaux sont courts et les commandes assez simples au premier abord mais c’est clairement l’un des die and retry les plus emblématiques sorti à ce jour car c’est probablement l’un des plus précis et exigeants, tout en étant juste avec le joueur.
Les niveaux ne sont jamais bien longs et on entrevoit même souvent la sortie dès l’arrivée dans le niveau, sur le même écran. La copine de Meat Boy, Bandage Girl, a été enlevée par le Dr. Fetus que personne n’aime et on part donc à la poursuite de ce méchant un peu bizarre dans les niveaux. L’histoire de ce bout de viande vivant est forcément un peu barrée. Bandage Girl représente la porte de sortie des niveaux. Certains niveaux ne prennent à peine plus que la taille de votre écran mais ça n’empêche pas les développeurs de mettre beaucoup de pièges. Le tout est d’ailleurs assez clair pour le joueur en général, les graphismes 2D cartoon paraîtront un peu brouillon pour certains mais ils confèrent un style au jeu. On reste dans quelque chose de propre et lisible, sur ce point c’est assez bien. Le même style est utilisé dans d’autres jeux de la Team Meat, on reconnaît souvent le studio à ça. Les couleurs vives sont de mises (surtout le rouge, vous le remarquerez assez vite) et seules les clés ne seront parfois pas repérées instantanément par nos yeux, mais c’est peut être volontaire.
Techniquement ce portage Wii U est irréprochable car ce qu’on attend de Super Meat Boy c’est de la fluidité et là-dessus, même si le jeu n’est pas gourmand, je n’ai eu qu’une ou deux chutes de framerate lorsque j’ai fait le jeu. Mais pourquoi autant vous parler de précision ? La force de Super Meat Boy c’est bien son gameplay, infaillible à sa sortie et encore aujourd’hui! La formule, assez simple, marche toujours aussi bien : un bouton pour sauter et un autre pour accélérer. Le moindre contact avec les ennemis tue Meat Boy. Les ennemis sont différents dans chaque monde mais vous ne pourrez que les éviter, ils font office d’obstacle. En revanche il y a des boss et il faudra trouver un certain schéma pour les battre, encore une fois tout se base sur l’esquive vu qu’on ne peut éliminer personne. Là où le gameplay fait fort c’est qu’il y a tellement de sauts différents que la maîtrise du gameplay est essentielle. Si vous n’y avez jamais joué, les premiers pas risquent d’être durs mais on progresse vite, c’est un vrai jeu à skill. On ne progresse pas parce qu’on monte des niveaux ou qu’on gagne des techniques, on progresse dans notre manipulation du jeu, il y a une vraie progression du joueur et de sa compétence à maîtriser la vitesse et les sauts de son personnage, c’est un jeu à speedrun.
Les différentes variétés de sauts se font en fonction de notre pression plus ou moins longues sur le bouton A, de notre vitesse avant de sauter (là encore très variable) ou encore de la surface sur laquelle on part, si on est en wall jump ou pas. Un rien peut changer la longueur d’un saut et ce n’est jamais la faute du jeu si on rate, seulement le joueur qui a mal calculé son coup. Super Meat Boy est exigeant et ne transgresse jamais ses règles tout du long. Il reste l’un des seuls jeux du genre à avoir un gameplay à la mesure de son challenge. Et on est fier après avoir réussi à sortir d’un niveau bien difficile, Super Meat Boy est très gratifiant et vous vous verrez évoluer et devenir meilleur alors que vous n’aurez pas plus de mouvements qu’au début du jeu, le gameplay est une vraie réussite et constitue quasiment toute l’expérience avec l’inertie très réussie du personnage.
En plus de ça, le jeu ne se gêne pas pour être complet avec 6 mondes composés d’une vingtaine de niveaux, un monde bonus encore plus difficile, des warp zone assez difficiles qui nous mènent dans de courts enchaînements de niveaux et enfin les dark world, ou mondes noirs. Il faut savoir que notre performance sur chaque niveau est chronométrée. A la fin du niveau un écran de replay assez intéressant cumule tous les replay et les diffuse tous simultanément. Si le temps réalisé est très bon on obtient le rang A+, chaque niveau terminé avec ce rang peut être joué dans une version bien plus difficile. Si vous voulez terminer le jeu à 100% il faudra passer par là et maîtriser le jeu comme un chef sur les derniers dark world, un vrai challenge. Un très bon point n’a également pas été épargné. Les portages Wii U de jeux indépendants sont souvent exceptés de fonctions en ligne comme les classements mais sur Meat Boy ils sont toujours là avec un tableau des temps en ligne pour chaque niveau, les temps sont enregistrés au centième de seconde près.
Dans ce jeu qui va vite la musique ne coupe pas quand on meurt, comme dans beaucoup de die and retry où on enchaîne les morts. L’OST est donc assez importante et là aussi elle est assez réussie mais il y a un bémol. La version qui sort sur Wii U est un portage de la nouvelle version sortie sur les consoles Playstation il y a quelques mois. Cette nouvelle version a bénéficié d’une toute nouvelle bande son suite à un différend entre le compositeur et la Team Meat. Les plus fans du jeu regrettent l’ancienne bande son et il est vrai qu’elle était souvent plus punchy et le côté cheap tune était en règle générale un peu plus présent. C’est un peu mon avis, cette nouvelle OST est en dessous mais si on la prend sans comparaison elle est vraiment bonne et retranscrit bien l’ambiance de chaque niveau comme le faisait aussi l’ancienne. Mon plus gros regret reste sur un des clins d’oeils, chaque monde du jeu est introduit par une cutscene faisant référence à un jeu rétro. Le premier est un jeu mythique et dans la version originale, le thème du jeu était quasiment repris note par note, c’était une sacré introduction ! Mais Super Meat Boy comporte pas mal de clins d’oeils à des jeux et ce sera à vous de les repérer.
Cette version Wii U apporte l’écran du Gamepad pour jouer sans regarder la télé et le rendu est assez bon pour Meat Boy. Cette 2D pas très précise passe quasiment aussi bien sur notre écran HD que sur l’écran du Gamepad, même si les couleurs sont forcément plus fades. En tout cas il n’y toujours pas de ralentissements, comme toujours l’input lag en jouant sur l’écran du Gamepad est extrêmement faible et c’est un plaisir de faire une poignée de niveau sans se mettre forcément devant sa TV. La manette Wii U Pro est aussi compatible si on lance le jeu depuis l’écran titre avec cette manette, ça vous donne le choix ! En tout cas Super Meat Boy ne propose pas de mode multijoueur.