A l’occasion de la réédition des livres « L’histoire de Nintendo » de Florent Gorges, nous vous proposons un petit retour dans le temps afin de découvrir les mystérieuses origines de Nintendo.
A moins de vivre totalement reculé de l’univers vidéo ludique, personne ignore l’existence de Nintendo. Une grande partie des jeunes adultes d’aujourd’hui a grandi avec cette marque, lui confiant ses soirées en solo ou entre amis, mais aussi tout son argent de poche. Agrippant fermement notre petite manette (devenant d’ailleurs de plus en plus volumineuse au fil des années, exceptés les ovnis wiimotes), nous étions scotchés devant notre écran, ne réagissant pas aux répétitifs « A table !! », abimant les tubes cathodiques à laisser la TV fonctionner pendant ce même repas pour ne pas perdre notre partie en cours, et finalement hurlant de douleur lorsque par malheur notre petit frère/petite sœur/petit cousin/ petit chat du voisin avait malencontreusement effacé notre dernière sauvegarde de Zelda. Nintendo, c’est finalement une grande histoire de cœur pour nombreux d’entre nous… et pourtant, ses origines ne remontent pas véritablement à la NES comme il est encore fréquent de le lire, ni même aux diverses « Game And Watch » qui se vendent à prix d’or sur les brocantes… les origines de Nintendo restent globalement peu connues, pourtant elles sont particulièrement surprenantes ! Remontons ensemble bien plus loin que notre jeunesse pour découvrir la petite enfance de Nintendo.
Notre histoire débute en 1889 (rappelons que la NES est sortie en 1987 en Europe, nous en sommes donc encore bien loin !). A cette époque, les divertissements sont bien différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui. Fusajiro Yamauchi, un entrepreneur japonais, souhaite tenter sa chance dans le domaine des loisirs et monte une petite entreprise de cartes à jouer : Nintendo Koopaï (que nous pouvons traduire par « Laissons la chance au ciel » en français). Impliqué dans la conception de ses cartes, M. Fusajiro fait le choix de les concevoir personnellement et leur attribue même le nom de Hanafuda (jeu des fleurs en japonais). Son affaire prospère et rapidement la petite entreprise devient particulièrement populaire, la production explose et parvient à s’exporter jusqu’en occident. Alors que l’entreprise est en plein succès, M. Fusajiro prend sa retraite et cède sa place confortable au mari de son unique fille : M. Sekiryo Kaneda. Sous la demande de M. Fusajiro, ce dernier change de nom et se fait désormais appeler M. Sekiryo Yamauchi.
Sous le contrôle de son nouveau dirigeant, la société reste prospère et dynamique. En 1933, elle se nomme désormais Yamauchi Nintendo & Co. La société Marufuku Co, quand à elle, a pour mission la distribution des cartes à jouer à l’étranger.
En 1949, M. Sekiryo décède, mais l’entreprise est aussitôt reprise par son fils M. Hiroshi Yamauchi (qui restera le président de Nintendo jusqu’en 2002). Rapidement, la société change à nouveau de nom pour Nintendo Playing Card Co. . La société poursuit sa production de cartes à jouer, toujours aussi demandées et populaires. Néanmoins voilà maintenant plus de 50 ans que l’entreprise existe… L’entreprise touche dès lors un peu à tout, avec plus ou moins de succès : les portions de riz individuelles, le développement d’une chaine de taxis, il y aurait même une affaire de Love hotel dans le coup… à chaque entreprise ses petits secrets ! En 1959, le petite révolution débute, les cartes à jouer incorporent désormais les personnages de Disney. Bien entendu, les enfants y sont particulièrement réceptifs et notre belle société parvient à agrandir sa cible, déjà pourtant bien conséquente. Le succès se poursuit…
L’innovation est désormais de mise. En 1963, la société poursuit son ascension en se lançant dans la fabrication des jouets. Dès lors la société change une fois encore de nom et devient celui que nous connaissons : Nintendo & Co. L’Ultra Hand (vendu 600 yens) sera le premier jouet à succès de la firme. Son concept ? Une sorte de « Go go gadgeto au bras ! » avant l’heure (le dessin animé date de 1983), grâce à l’Ultra Hand, vous disposez d’un bras télescopique et pouvez attraper à distance l’objet de votre convoitise du moment : idéal pour attraper votre verre en restant avachi sur le canapé ! Plus d’un million de ventes pour ce jouet, tout de même… pour un gogo gadget ! Il ne sera pourtant distribué qu’au Japon…
D’autres jouets tout aussi « passionnants » verront le jour. Le Love testeur (déjà le titre… on adore !) permet de tester la compatibilité entre deux personnes alors qu’elles se touchent les mains (comme quoi, les années passent mais rien de change… maintenant, ce sont des SMS surtaxés qui nous prédisent nos chances de conclure !) et sera présenté dans les fêtes foraines et les parcs d’attractions, tandis que l’Ultra scope (vendu 2980 yens) vous permettra de vous plonger dans la peau d’un espion pour jouer les petites concierges dans la chambre de votre grande sœur ou carrément chez vos voisins (rien ne change vous dis-je !).
En 1970, alors que les locaux continuent à s’agrandir, Nintendo s’intéresse désormais à la technologie et notamment aux concepts mettant en scène des capteurs de lumière afin d’imaginer des jeux de tirs plus réalistes. Malgré quelques difficultés de parcours, Nintendo parvient à nouveau à susciter l’intérêt des japonais et poursuit toujours son chemin sur la route du succès.
Dès 1975, Nintendo souhaite intégrer un microprocesseur dans ses jouets… malheureusement le coup de fabrication reste très élevé et freine les projets. Néanmoins, la collaboration avec Mitsubishi Electronic apporte un soutien à Nintendo qui parvient à concrétiser ses jouets électroniques.
C’est donc dès 1977 que Nintendo lance sur le marché les toutes premières consoles de jeux : la Color TV Game 6 (vendu 9800 yens et contenant 6 versions du jeu Light Tétris, ressemblant au célèbre Pong), la Color TV Game 15 (une version améliorée de la précédente et coûtant 18 000 yens) et la Color TV Game 112 (vendu 12 500 yens et comportant un volant et un levier de vitesse). Chacune dispose donc de ses propres caractéristiques et son chiffre n’est autre que le nombre de jeux dont elle dispose (112, très respectable !). Devinez….? Le succès est à nouveau au rendez vous ! En 1978, la Computer TV Game (aussi appelée la Computeur Othello) nait et permet de jouer au célèbre jeu Othello. La firme commence à ressembler à celle que nous connaissons aujourd’hui…
C’est en 1979 que Nintendo arrive aux USA. Les gamers de l’époque fréquentent les salles d’arcade et Nintendo souhaite se faire un nom sur le marché… M. Minoru Arakawa et sa femme sont responsables de ce nouveau projet. Avec l’aide de Ron Judy et Al Stone (déjà partenaires de Nintendo), ils prennent le risque d’importer une grande quantité du jeu Radarscope, un shoot them up d’arcade particulièrement populaire au Japon. Malheureusement, la distance séparant l’Amérique du Japon porte préjudice aux affaires de Nintendo et le succès ne sera guère au rendez vous une fois le jeu disponible. Ne s’arrêtant pas face à cet échec, M. Arakawa rebondi rapidement et implante une usine sur Seattle afin de réduire considérablement le temps de transport. Les Radarscopes qui n’ont pas encore trouvé de salles pour les accueillir y sont placés et des bornes sont dès lors disponibles pour un autre jeu. Reste à trouver la bonne idée pour susciter l’engouement du public.
Shigeru Miyamoto (le voilà qui arrive !), alors jeune concepteur, rentre en scène. Imaginatif, il est le papa de « Donkey Kong », toujours bien connu de nos jours. Comme vous pouvez l’imaginer, le jeu rencontre un franc succès et de nouvelles machines doivent être commandées aux Japon puis assemblés aux USA afin de satisfaire la demande.
De nos jours, la commercialisation des cartes à jouer est toujours d’actualité et la marque réalise elle même ses propres tournois de Bridge… Nintendo est décidément plein de surprises !
La suite… à venir !
Le saviez vous ?
Mais d’où provient ce Mario ? Et d’abord pourquoi Mario ? Souvenez vous… le premier petit bonhomme rouge que vous avez du croiser dans un jeu vidéo portait secours à sa princesse dans Donkey Kong. A l’époque, ce petit énergumène s’appelait Jumpman (je vous laisse deviner pourquoi…). Le hasard a fait que le nouveau propriétaire des bureaux de Seattle avait un air de ressemblance avec le personnage qui sautille à tout va, et devenez quel était son prénom ? Bingo… vous l’avez !