C’était il y a presque 20 ans sur Nintendo 64, une époque où le studio Rare vivait certainement son âge d’or avec Nintendo. C’est à ce moment que Rare décida qu’un ours avec un sac à dos à l’intérieur duquel loge son meilleur ami qui est un oiseau pouvait devenir le héros d’une toute nouvelle aventure de plate-forme 3D. Les éloges furent nombreux pour Banjo et Kazooie, qui continuèrent ainsi leurs aventures sur Nintendo 64, GBA puis chez la concurrence lorsque Rare ne fit plus partie de Nintendo. Les derniers opus ont pourtant eu des avis plus mitigés et le studio ne semble plus avoir la même aura que par le passé. C’est ainsi que certains exilés ont décidé de se réunir et de monter leur propre studio. Playtonic Games aura longtemps parlé de leur nouvelle licence Yooka Laylee qui aura fait couler beaucoup d’encre jusqu’à sa sortie en se clamant comme étant la relève de Banjo et Kazooie. Après moult péripéties en compagnie d’un caméléon et une chauve-souris, il est temps pour nous de vous livrer un avis non dissimulé sur ce titre !
Un air de Banjo au Ukulélé
Il y a 20 ans, un ours se fit enlever sa petite sœur par une sorcière jalouse de la jeunesse et la beauté de celle-ci. Cet ours embarqua son meilleur ami l’oiseau dans son sac à dos et les deux partirent alors pour une folle aventure à la poursuite de la sorcière en récoltant des esprits perdus, des notes de musiques et des pièces de puzzles. Aujourd’hui, il s’agit de littéralement switcher des éléments. Remplacez l’ours et l’oiseau par un caméléon et une chauve-souris dont le livre magique a été aspiré par la machine d’un gros cochon appâté par le gain qu’il peut tirer de la revente des connaissances des livres du monde entier. On se lance alors dans une nouvelle aventure à la récolte encore d’esprits perdus mais aussi de plumes d’oiseaux et des pages de livres magiques vulgairement renommées Pagies. L’hommage à l’œuvre de cette époque ne se résume pas à ce simple switch, dès le lancement du jeu les hommages pleuvent à n’en plus compter. De l’apparition atypique du logo du studio à l’écran titre du jeu, la police d’écriture, la sélection du slot de sauvegarde jusqu’aux bruitages de dialogue sans oublier l’humour simple allant parfois jusqu’à briser le 4ème mur et à s’autocritiquer. On retrouve bel et bien notre bon vieux Banjo et Kazooie sous une autre apparence, Yooka le caméléon reprenant le rôle un peu naïf et bête de Banjo tandis que Laylee la chauve-souris reprendra les répliques et le caractère plus piquant de Kazooie.
En parlant d’apparence, le style graphique du jeu n’est que la poursuite pure et simple de ce qui se faisait 20 ans auparavant avec Banjo et Kazooie. Un rendu 3D soigné, des animations réussies avec un ton coloré parfois très flashy qui s’associe bien avec l’humour qu’embarque le titre. Rien de véritablement transcendant à en faire cracher les limites de la console hybride de Nintendo, un rendu simple et propre accompagné d’un framerate stable à 30 FPS en portable comme en salon. Il va sans dire que Playtonic Games a effectué un bon travail sur cette version du jeu sur Switch en se permettant même d’apporter en même temps les derniers patchs des autres versions du jeu. Il ne reste plus qu’à accompagner tout cela par les pistes du compositeur Grant Kirkhope qui était déjà derrière Banjo et Kazooie à l’époque et la formule « fan service » avec supplément « nostalgie +++ » est véritablement une réussite…. Du moins en l’apparence.
Quelques notes ratées au Ukulélé
Les premières minutes de jeu nous plongent véritablement dans une véritable avalanche d’éléments nostalgiques à tous les niveaux. On se laisse bercer, on se laisse dériver et arrive à un point où la surdose de nostalgie ne nous inspire plus. On se surprend à lâcher la manette à faire autre chose, même jouer à un autre jeu puis revenir seulement quelques minutes le temps de se relaisser bercer puis abandonner à nouveau. Et on vous parle en étant fan des jeux Banjo et Kazooie de l’époque ! On explore 5 mondes vastes à la recherche de Pagies et de plumes. Des mondes proposant des thèmes différents. De la jungle jusqu’aux marais lugubres en passant par des paysages de neige enchanteurs. Des mondes que l’on peut agrandir une fois moyennant un certain nombre de Pagies à utiliser. De nouveaux lieux et défis se débloquent alors et l’on redécouvre plus ou moins chaque monde. On le redit mais l’apparence de chaque monde est soignée, en termes de jeu de plate-forme le level design est plutôt réussi et inspiré. Reste qu’il ne s’agit que de traverser 5 mondes « seulement » dirons certains, à l’époque nous avions une petite dizaine de monde avec des défis plus variés et une écriture des personnages secondaires plus poussés et plus intéressante. On traverse ici 5 mondes mais on a vite l’impression qu’une bonne moitié des Pagies à trouver sur chaque monde relève d’un défi commun mais se déroulant sur un autre monde. Comme le défi de la course de chariot en 2D ou encore celui de la course chronométrée à travers des anneaux parmi d’autres défis qui deviennent au final redondant. Des défis et une exploration qui impliquent de nombreux personnages secondaires et quelques Boss dont on oublie très vite l’identité car étant aussi plats dans leur physique que dans leur personnalité. C’est-à-dire qu’à côté de Yooka et Laylee, on ne saura que difficilement vous nommer les autres personnages qui apparaissent à l’écran tellement ils sont aussi impactant que l’aventure dans sa globalité. Même les boss qui deviennent des obstacles aussi transparents que leur rôle dans la progression dans le jeu. On apprécie tout de même quelques collaborations et présence de guest-stars issues de jeu indépendant comme le protagoniste de Shovel Knight. Mais pour le reste, on pourra tout juste vous dire qu’à la place du sorcier Mumbo de Banjo et Kazooie, nous avons une étoile de mer astronaute qui utilise sa machine pour vous transformer en quelque chose qui vous aide la plupart du temps à progresser et avoir de nouvelles Pagies. Enfin, à la place de Bottles la taupe, nous avons un serpent civilisé répondant constamment au téléphone et dont le nom nous échappe également mais dont le rôle est identique à Bottles, c’est-à-dire vous apprendre de nouvelle technique afin de pouvoir progresser dans votre aventure.
Une mélodie connue et maitrisée
À une époque où même les plate-formers 3D jouent la carte d’un monde vaste à explorer avec une certaine liberté d’exploration, Yooka Laylee va à l’encontre de ce mouvement afin véritablement de se la jouer Banjo et Kazooie. On ne mentira pas, en termes de surface, nous jouons sur des terrains vastes qui n’ont pas à rougir des productions modernes à plus gros budget surtout après avoir agrandi les mondes avec les Pagies. Pourtant en termes de progression, il arrive un moment où il n’est plus possible d’avancer dans un monde car nous n’avions pas acquis X compétences à acheter avec le serpent dont on ne se souvient plus le nom. Certaines capacités ne s’obtenant même que plus tardivement dans d’autres mondes ce qui implique quelques allers retours pour les amateurs de 100%. Les joueurs sortant tout juste d’un Super Mario Odyssey verront peut-être en Yooka Laylee un gros retour en arrière. Pourtant, pour ceux qui recherchent cette expérience à la Banjo et Kazooie devenue plutôt rare de nos jours, Yooka Laylee nous propose une expérience maitrisée du genre et vous occupera certainement une dizaine ou deux dizaines d’heures selon votre implication et ce que vous vous fixez comme objectif. Les phases de plateformes et les défis sont certes redondants mais efficaces et font appel à une certaine dextérité dans le genre. Il s’agira également d’user au mieux des capacités de Yooka et Laylee afin de surmonter les épreuves. Des capacités parfois complètement calquées sur Banjo et Kazooie même aux niveaux des animations. Les fans retrouveront très vite leurs repères et sauront tout de suite comment diriger Yooka et Laylee puis comment interagir au mieux avec l’environnement. Un nouveau joueur prendra quelques minutes à s’adapter à la formule Banjo et Kazooie mais globalement l’expérience reste aussi accessible qu’un Mario. Reste un problème hérité directement de la licence d’il y a 20 ans, la caméra devient totalement ingérable à certains moments et endroits du jeu. On ne comprend plus du tout ce que l’on voit et certes se la jouer à l’ancienne pour plaire aux fans est une bonne chose mais les fans n’auraient pas dit non à laisser les défauts du passé au passé. Reste pour ceux qui veulent d’un petit instant pause entre la récupération de 2 Pagies, la possibilité de profiter des mini-jeux de l’arcade introduits par un T-rex à l’allure Retro….dont on ne saura toujours pas vous citer le nom. Il est possible de jouer seul ou à plusieurs. Autant vous dire et être franc avec vous tout de suite les mini-jeux sont certes nombreux mais pas si divertissants que ça tout seul et à plusieurs ils ne cassent pas énormément plus de pattes à un caméléon que ça. À la limite s’il vous reste 2 minutes de votre pause à perdre et un collègue avec qui partager un joycon, histoire que le temps passe un peu plus vite…si les temps de chargements immensément longs de la version Switch du jeu vous laissent démarrer un mini-jeu avant la fin de la pause, ce qui n’est pas dit du tout.
Conclusion
La différence entre le Banjo et l’Ukulélé, c’est que 20 ans auparavant le Banjo produisait une mélodie enchanteresse qui aujourd’hui encore résonne dans nos cœurs et nos mémoires. Cette année, Playtonic Games s’est mis à jouer les mêmes mélodies au Ukulélé en tirant trop fortement sur la corde sensible de la mémoire des fans. Résultat, on finit par avoir une pâle copie d’un air qui sonne de manière familière dans nos oreilles mais qui manque d’un ton ou d’une note… d’un « petit quelque chose », comme on aime si bien dire dans le monde artistique, afin d’avoir une musique qui puisse vibrer jusque dans nos coeurs. Attention, la musique en elle-même n’est pas mauvaise, c’est une bonne copie mais on ne pourra que souhaiter à Playtonic Games, si suite il y a, de reprendre l’instrument et essayer de jouer en donnant une âme et une identité à leur prochaine musique et ainsi nous faire fantasmer comme par le passé!
LES PLUS
- La bande-son
- Graphiquement propre
- Le plaisir rétro
LES MOINS
- Aucune identité
- La durée de vie
Outch ! Merci pour le test, on va gentiment attendre une promotion car 40€ voilà quoi ^^
Eh bien… je vais attendre aussi !
Il est vrai que le jeu à l’air tentant à l’achat compulsif, mais .. 40 € et aucun test ne dépasse les 6/10
En attendant une promotion sur le E-Store, car diminuer il ne diminuera jamais 🙂
A 40€ on devrait l’avoir en édition physique!!! Pour moi pas de boite pas de jeu… et 40€ d’économie ^^ le rêve 😀