Super Meat Boy, le jeu sorti en 2010 des studios Team Meat, a débarqué sur Nintendo Switch le 11 Janvier de cette année. Attachez-bien votre serviette autour du cou, armez-vous d’une fourchette et d’un couteau et allons décortiquer ensemble ce jeu de plateforme au protagoniste taillé comme une bavette.
Au démarrage du jeu, le décor est planté avec de petites scènes d’animations racontant l’intrigue du jeu : d’un côté vous avez Meat Boy et Bandage Girl qui s’aiment. De l’autre, vous avez Dr Fœtus que personne n’aime et qui par conséquent, déteste tout le monde, mais en particulier Meat Boy. C’est donc pour cela, qu’après avoir collé une raclée à notre morceau de venaison, le Dr kidnappe la fille pansements ! Bref, une bonne vieille histoire de dulcinée enlevée par un frustré !
Une fois dans l’ambiance à vous de choisir : démarrer une partie, consulter vos statistiques, revoir les replay que vous aurez enregistrés en favoris ou aller dans les options. Côté paramètres, comme dans la plupart des jeux, vous avez les réglages sonores et le choix de la langue, français y compris. Un tuto, composé de 3 images, résume bien comment jouer; Meat Boy touche une lame, il meurt. S’il retrouve Bandage Girl, il gagne et enfin s’il ramasse des pansements il peut débloquer d’autres personnages. Pour finir avec les choix du menu principal, une petite nouveauté : Le mode course. Dès 2010 les développeurs y pensaient déjà et quoi de mieux que la dernière console de big N pour inaugurer cette fonctionnalité, puisque un hommage à ses ancêtres est rendu tout au long du jeu ?
Vous pourrez jouer à deux en écran divisé, dans n’importe quelle configuration, dock, nomade, manettes pro, Joy-con partagés ou non. Vous démarrez depuis le même tableau et ensuite il faudra être le premier à parcourir les niveaux qui s’enchainent pour chaque joueur, peu importe où l’autre en est dans son parcours. Par exemple, vous pourrez déjà être arrivé au 15e tableau, pendant que votre adversaire recommence sans cesse le troisième stage en enchainant les morts horribles. De beaux concours de speedrun sont possibles avec ce mode complétement frénétique !
Même si la technologie avance et que les jeux sont toujours plus beaux, nous le savons, quand la nostalgie nous rattrape, ce sont les graphismes et les musiques d’antan qui nous piquent le cœur. Graphiquement, Super Meat Boy sur Nintendo Switch est une belle réussite. Le style est épuré mais efficace, le personnage principal laisse du sang partout sur son passage et ça éclabousse dans tous les sens. Nous sommes sur des décors en images fixes avec des pièges et ennemis animés. Parfois nous avons droits à des effets de fumée, de lumière, de surtension ou encore des oiseaux qui s’envolent quand on arrive quelque part, fait tout de même étrange dans ces mondes apocalyptiques.
Lorsqu’on se retrouve dans le monde noir où les modes rétro, le design est adapté en conséquence et nous met directement dans l’ambiance. Les transitions et cinématiques sont dans un style flash qui s’intègre très bien avec tout le reste. Enfin, chaque décor est pensé, optimisé pour être glauque au possible et nous reconnaissons bien là le style de McMillen. En mode TV ou en console portable, le jeu est tout aussi agréable à regarder. En abordant la bande sonore de Super Meat Boy, il faut commencer par saluer l’excellent travail de Dany Baranowsky (Crypt of the Necrodancer, Binding Isaac). Mélangeant un style guitare glam-rock à des boucles de synthés électro, en passant de la drum and bass, excellent style pour faire du speed run, au bon vieux hard rock pour affronter un boss sans oublier les remix façon chiptune lorsque vous parcourez les Warp Zone. Lorsque vous êtes dans le monde noir, la bande son du monde blanc est remixée en conséquence et c’est vraiment jouissif. D’ailleurs, le double album CD « Nice to meat you » est quasiment introuvable de nos jours, en version physique. L’artistique à une grande part dans Super Meat boy, mais cela ne fait pas tout. Là où le titre excelle c’est dans son gameplay. Le concept est simple, pour sauver votre chère et tendre, vous devrez la rejoindre d’un bout à l’autre du tableau, plus ou moins court, semé de pièges tordus et ennemis en tous genres.
Chaque fois que vous atteindrez la belle, Dr Fœtus l’emportera dans le tableau suivant, après vous avoir collé une patate, jusqu’à ce que vous arriviez à le coincer. Le jeu est composé de cinq différents chapitres comportant eux même une vingtaine de stages en comptant celui du boss. Pour chaque stage, lorsque vous réussissez à en venir à bout en dessous du chrono proposé, un « A+ » vous est attribué. Lorsque vous jouez un tableau pour la première fois, vous êtes dans ce que l’on appelle le monde blanc. Cela paraît difficile à croire mais c’est la version vanille de Super Meat Boy. Une fois que vous avez obtenu le grade A+ sur un tableau, vous pouvez y revenir dans le monde noir, où c’est ici que les choses se gâtent vraiment. Il s’agit du même stage dans lequel ont étés ajoutés des pièges sadiques pour augmenter la difficulté. Là encore, si vous voulez repousser les limites, il vous sera possible de décrocher un « A+ » dans le monde noir. En comptant les Warp Zone cachées, ce sont plus de deux cent cinquante stages qui vous attendant dans Super Meat Boy.
Dans votre périple pour sauver chère et tendre, vous traverserez donc cinq chapitres plus farfelus les uns que les autres. La forêt qui est relativement simple aussi bien en monde blanc que noir. L’hôpital abandonné où des tas de seringues usagées trainent un peu partout et dont la cinématique d’intro rend hommage à Castelvania. L’usine de sel (aie ça pique) où vous ferez la rencontre d’un certain Brownie… Ici encore, une référence qui ne laisse pas dans l’indifférence en cinématique d’intro, un clin d’œil à Adventures of Lolo. Une fois l’usine passée c’est dans les enfers qu’il faudra poursuivre Dr Fœtus. Ici Meat Boy en apprendra un peu plus sur la mort et sur ce que deviennent ses congénères une fois passés de l’autre côté. Pour introduire les enfers, la cinématique est directement inspirée de Ninja Gaïden.
Pour finir, une ville à l’ambiance post apocalyptique dont l’intro est une référence directe à celle de Megaman 2. Pour ne pas spoiler, nous nous arrêterons là dans le détail des chapitres, mais sachez qu’il y a quelques surprises. Côté Warp Zone, il existe dans Super Meat Boy, deux types de niveaux cachés. Ceux qui comportent trois niveaux, pour lequel vous aurez trois vies par stage et où il est possible de récupérer deux pansements (à condition de finir le troisième niveau et de les avoir récoltés). Les trois tableaux sont toujours dans un style retro (4bit, 8bit ou Gameboy) et il est possible d’y débloquer des personnages. Et puis il y a des Warp Zone spéciales, qui n’apparaissent qu’une fois par monde. Elles sont dédiées à un personnage bien spécifique, qui a droit à sa cinématique d’intro et c’est avec lui et ses capacités spéciales, que vous devrez terminer les trois stages, mais cette fois-ci, vous avez « vies infinies ». Une fois terminé, vous débloquez le personnage en question utilisable, comme tous les autres, dans tous les modes de jeu.
Que ce soit dans la vingtaine de Warp Zone comme nous venons de le voir, les cinématiques ou encore avec certains personnages à débloquer, les clins d’œil à l’époque retro gaming ne manquent pas. Dans cette catégorie, les graphismes font plus vrais que nature et la musique chiptune est un réel enchantement pour les amateurs du genre.
Lorsque nous nous penchons sur le level design des stages, nous ne pouvons-nous empêcher de le comparer à la série de films Saw : Edmund McMillen emmène les joueurs dans des pièges, plus alambiqués les uns que les autres, en leur laissant toujours une chance de s’en sortir. Tout est calculé au pixel près pour passer d’une plateforme à l’autre, quand il s’agit d’utiliser le turbo ou non, quand il faut slalomer entre les lames de scie et les pics acérés. Tout cela ne serait possible sans une maniabilité parfaite et c’est ce que nous offre la Team Meat. C’est grâce à cela que le jeu atteint le panthéon des jeux de plateforme et il ne pourrait en être autrement tant la précision est poussée au maximum pour pouvoir atteindre votre but, surtout si vous pratiquez le speed run. Pour jouer, seulement 2 boutons sont nécessaires. Sauter et accélérer (ou coup spécial). Le reste se passe au joystick ou à la croix pour déplacer le personnage. Un tout petit regret, manette en main, aucune vibration HD n’a été intégrée.
Conclusion
Certains pourront reprocher à Edmund McMillen son côté sado-maso-scato-sanguinaire totalement gratuit, mais c’est aussi ce qui plaît à ses nombreux fans; un humour gore et sans retenue. Super Meat Boy est à la fois une référence et une déclaration d’amour aux meilleurs jeux de plateforme de l’âge d’or du jeu vidéo. Cela commence par ses initiales qui rappellent celles du célèbre plombier, en passant par un gameplay parfait , une maniabilité microchirurgicale et sans faille. Enfin, si nous combinons tout cela à une réalisation graphique et musicale hyper soignée, nous obtenons un jeu incontournable pour tous les fans de ce que nous appellerons Die & Retro !
LES PLUS
- Equilibre parfait entre gameplay, difficulté, level design et maniabilité.
- Bande son
- Warp Zones retro
- Clins d’œil dans les cinématiques
LES MOINS
- Pas de tactile
- Pas de vibrations HD