Nous sommes en 2018 et pour certains éditeurs la 3DS n’est pas considérée comme une console morte. Atlus n’aura de cesse soutenu la console portable de Nintendo en gros titre JRPG jusqu’à la toute fin. Sorti une première fois en 2010 au Japon et en 2011 aux USA sur Nintendo DS, Atlus retente sa chance sur Nintendo 3DS avec un remake de Radiant Historia sous-titré Perfect Chronology pour l’occasion. L’éditeur en profite également pour le faire parvenir jusqu’en Europe, là où la première monture NDS avait totalement snobé le Vieux Continent. Nous avons pu poser nos mains sur ce Remake pour ainsi vous livrer notre bilan sur cette nouvelle aventure temporelle que nous propose Atlus.
Voyager dans le temps à la recherche de la fin parfaite
Le monde est en proie à un incompréhensible phénomène de désertification et deux Royaumes ne trouvent rien de mieux à faire que de se préparer à une guerre ayant pour but de récupérer le plus de terre encore fertile. D’un côté Alistel et son peuple vouant une foi aveugle au prophète Noah et de l’autre Granorg avec à sa tête la tyrannique Reine Protea opposée à un mouvement de Résistance au sein de son royaume. Reste Cygnus, la Terre des réfugiés de guerre et de la désertification ainsi que quelques autres petits Royaumes abritants d’autres races d’Être intelligents et humanoïdes ayant également leur rôle à jouer dans ce récit que nous propose Atlus. L’histoire nous met dans la peau de Stocke, le meilleur espion du Royaume d’Alistel. Son supérieur lui présente une nouvelle mission dans laquelle il devra extraire un agent infiltré. Il sera accompagné de deux compagnons : la jeune Raynie et son ami Marco. A peine le temps de se présenter que Stocke emporte le “White Chronicle” que lui tend son supérieur et commence sa mission. Une journée comme une autre pour le meilleur espion du Royaume, du moins en apparence car le White Chronicle ne semble pas être un simple bouquin poussiéreux.
Ce livre mystérieux envoie des visions étranges à notre agent, des visions de mort. Et notre héros n’aura pas eu beaucoup de temps pour s’en méfier car quelques instants après durant la mission, il assiste à la mort de Raynie, Marco et même la sienne…Ou presque, c’est à ce moment dans un décor plus ou moins céleste qu’apparaissent deux enfants répondants aux noms de Teo et Lippti. Ces deux-là vous souhaitent la bienvenue sur Historia, un monde situé entre les mondes si l’on puit dire cela ainsi. De manière plus simple, vous possédez le White Chronicle, un livre qui s’apparente à une machine à remonter le temps. Les deux enfants ont connaissance de beaucoup de choses mais leur statut les oblige à rester neutres face à vous et à simplement vous dire que certains choix que vous avez pu faire précédemment ont conduits à la fatalité. Il est temps de revenir au moment du choix qui vous a amené à la précédente fatalité et de changer le cours de l’histoire.
La logique veut que si un vieux livre se nomme “White Chronicle” alors un autre existe sous l’appellation “Black Chronicle” et l’histoire ne mettra pas bien longtemps à vous confirmer cela. Un autre individu avec cet ouvrage semble perturber vos actes héroïques à travers le temps. En effet, vous mettrez en lumière l’existence d’une autre timeline en parallèle aux évènements de votre monde dans laquelle certains choix importants sont totalement différents et pourtant les timelines s’influencent entre elles. Si un individu décède dans une timeline, ce même individu décèdera également dans l’autre axe du temps. Il s’agit ainsi non plus de voyager juste à travers le temps mais également entre deux axes du temps afin parfois de sauver un individu voué à jouer un rôle important dans la timeline principale mais dont la mort est liée à son décès dans la timeline secondaire. Une mécanique bien huilée qui cachera de manière subtile la progression linéaire du jeu. On constate finalement cette linéarité en prenant le titre avec du recul et ce n’est pas plus mal.
On apprécie vraiment le camouflage opéré par Atlus sur ce titre. Au-delà de cela, on ne vous a présenté qu’un court morceau du jeu mais le scénario de Radiant Historia est passionnant à parcourir. On s’éloigne des clichés naïfs du JRPG avec des enjeux dramatiques qui nous motivent à prendre pleinement part à cette aventure bourrée de Twist en tout genre. Beaucoup de fins alternatives qui plairont à ceux qui recherchent des jeux aux fins multiples. Des conclusions provenant parfois même de simples quêtes annexes et pas du tout de l’histoire principale. Une bonne idée en soi, mais beaucoup de fins rime également avec des fins anecdotiques qui nous amènent à une conclusion plus que ridicule et un écran de “Game Over” avant de nous renvoyer au moment du choix ayant amené à cette mascarade. On regrettera aussi peut être quelques personnages transparents au-delà du héros principal Stocke. On pourra bien rire de son nom dont on se demande où est allé Atlus pour se dire que cela ferait un bon prénom pour un personnage de RPG, mais force est de constater que Stocke restera dans nos mémoires tant par sa personnalité, ses répliques et sa rationalité. Un personnage très attachant dont on n’a plus été habitué dans le genre et qu’on n’espérait même pas trouver sur une œuvre 3DS. On rira tout de même encore une fois du caractère ridicule de certaines fins du jeu alors que Stocke est censé faire chaque choix avec le poids du monde sur ses épaules. Cela ne vous empêchera nullement de vivre une bonne trentaine d’heures d’une aventure à déguster sans modération, sachant que cette monture 3DS vous propose également des récits inédits ainsi que de nouveaux donjons et de légères améliorations sur l’expérience de jeu comme au niveau des check-points. Parlons d’ailleurs rapidement de ce donjon ainsi que de ce récit inédit qui est, au final et en un seul mot, anecdotique. L’histoire principale se suffit à elle seule et l’on ne vous en dira pas plus pour que vous découvriez cela par vous-même mais attendez-vous à une fin des plus mémorables. Petite note supplémentaire, l’arrivée sur 3DS n’aura pas motivé Atlus à changer la donne en termes de localisation. Le jeu restera uniquement en Anglais et ne motivera donc pas les amateurs du genre ne comprenant pas un traître mot de la langue de Shakespeare.
Un remake à parfaire…
On aura beau qualifier Radiant Historia : Perfect Chronology de remake, on sent tout de même que le travail effectué dessus aura été des plus minimes. Cependant, avant de continuer à descendre le jeu sur ses imperfections, parlons de son gameplay dont on ne pourra taire l’ingéniosité de certaines mécaniques. La progression globale est très très similaire à ce qui se fait dans un JRPG normal. On progresse dans l’histoire à travers divers pays et environnements, quelques donjons, des villes avec nombres de commerces et auberges afin de faire le plein d’objets de soin ou remplir son arsenal en vue des affrontements à venir. L’écran du bas affiche également une pauvre carte à l’aspect carré qui ne fera que nous rappeler l’aspect des maps des JRPG d’une époque révolue. On vous parlait d’affrontements et comme tout JRPG qui se respecte Radiant Historia n’échappe pas à cet élément. En vous promenant sur la carte, vous verrez des silhouettes d’ennemis ou de monstres. Une fois que vous entrez en contact avec eux, le combat commence. On pourrait vous dire que Radiant Historia se résume à un tour par tour dans lequel les stats des différentes unités en ligne déterminent le tour d’action de chacun. Ainsi, plutôt qu’un simple tour par tour avec une phase d’action du joueur et une phase d’action des ennemis, chaque tour d’action dépend surtout de l’agilité des unités et autres paramètres en jeu. Mais même en vous décrivant la chose ainsi, Radiant Historia ne semble pas plus compliqué à comprendre et d’autres JRPG proposent ce genre de tour par tour avec plusieurs commandes à saisir.
Les classiques: Attaquer, Défense, Objet, Technique ou encore Fuite. Pourtant, Atlus a réussi à proposer des subtilités dans ce système qui rend les combats plus intelligents et vous demandera de faire preuve de réflexion avant de valider une action. De votre côté, seuls trois personnages peuvent prendre part au combat. Du côté opposé, des ennemis disposés sur un quadrillage 3×3. Les ennemis peuvent utiliser un tour afin de s’éloigner ou se rapprocher de vous. Gardez en tête qu’un ennemi éloigné vous inflige moins de dégâts. Ajoutons à cela, que vos personnages possèdent des attaques ayant pour effet secondaire de déplacer les ennemis sur cette grille. Vous pouvez ainsi faire en sorte de tous les assembler sur la même case afin de leur infliger des dégâts à tous ou encore poser des pièges sur une case voire pourquoi pas déplacer ces ennemis sur ce piège.
Notons également que vous avez une visibilité sur l’ordre des offensives à venir et que vous pouvez choisir de sacrifier un tour de votre protagoniste afin de déplacer ce tour d’action à votre guise sur cet ordre des offensives. L’effet secondaire à cela étant que le personnage qui a déplacé son tour voit sa défense baisser jusqu’à son prochain tour d’action. Avec tout cela en mémoire, imaginez le genre de combinaison et enchaînement que vous pouvez créer ! Un système de combat prenant avec une subtile part de réflexion. D’ailleurs, tant qu’on en parle, les affrontements de Radiant Historia ne sont pas qu’une promenade de santé. Loin de proposer des affrontements où le game over guette à chaque tour comme dans Shin Megami Tensei, une des licences phares du répertoire JRPG d’Atlus, les combats peuvent être subtilement compliqués et certains ennemis ainsi que des boss peuvent s’avérer particulièrement coriaces pour peu que vous soyez mal préparé. Sachant que pour des raisons qui nous échappent il sera difficile de faire fortune dans Radiant Historia. Un équilibrage du jeu n’aurait pas déplu à ce niveau.
Et ce n’est pas la seule chose qui manque à l’appel en tant que remake! On notera que le jeu reste similaire à ce que proposait initialement la version DS avec un peu plus de détail, de couleur et une autre résolution. Toutefois, on reste très loin de ce que la 3DS peut proposer de mieux et on ose dire que c’est assez moche pour de la 3DS. Reste la cinématique d’intro en animation qui est sympathique à regarder et la seule occasion d’avoir du japonais audio, en effet Atlus ne nous laissera que le doublage anglais qui n’est pas si mauvais. Le tout accompagné du savoir-faire de Shimomura sur les musiques afin de nous motiver dans nos aller-retours incessants dans des environnements très pauvres avec une carte des lieux aux aspects carrés comme les jeux d’une autre époque savent si bien le faire. D’ailleurs aucune fonction 3DS n’est exploitée, pas même la 3D, témoignant ainsi de l’effort et du soin apporté sur ce remake. Ah! Nous sommes mauvaises langues. A l’époque de la DS, la mode du DLC n’était pas encore chez Nintendo. Atlus se rattrapera en proposant une fonctionnalité Online qui vous permettra d’acheter du DLC… D’ailleurs, à ce propos, saviez-vous que l’éditeur a affiné et retravaillé le design de ses personnages et que cela a donné naissance à un petit débat de fans entre les artworks du jeu DS et du présent jeu 3DS? Atlus a voulu être gentil et pour peu que vous enregistriez votre carte bancaire, il vous sera possible d’acheter les anciens artwork des personnages par exemple. Nous sommes convaincus que vous n’avez pas saisi toute l’ironie de nos propos ci-dessus.
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