Là où de nombreux éditeurs cherchent à innover dans le gameplay et le scénario, d’autres ne cherchent pas à réinventer la roue et tentent d’améliorer des concepts déjà exploités. C’est le cas du jeu Late Shift. L’effet papillon avait déjà été exploité par des jeux comme Heavy Rain et Until Dawn, où des choix se présentent à vous et déterminent la direction que suivra le scénario. Le renouveau ici avec Late Shift est qu’il n’est plus question de jeu vidéo interactif mais d’un film interactif. Qu’est-ce ça donne dans le concret ? Nous allons voir ça.
Tout d’abord, il faut avouer que c’est étrange de regarder un film sur Switch (de manière positive). Par rapport au catalogue de jeux habituel, ça change et c’est intéressant. Dès le début du jeu, on est plongé dans l’ambiance avec pour narrateur le personnage principal. Celui-ci explique son raisonnement autour des choix que nous faisons au quotidien. Lorsque nous devons intervenir pour faire un choix, l’interface reste discrète sans trop envahir l’écran, ce qui ne brise pas l’immersion. C’est plutôt habile et la fenêtre de temps donnée pour effectuer le choix n’est ni trop longue, ni trop courte.
Vous avez entre 2 et 3 possibilités qui apparaissent à l’écran et qui vous permettent de continuer le scénario avec le choix que vous avez effectué. Ce qui est impressionnant, c’est le montage qui a été réalisé pour que tous les choix aient pu être filmés et mis en scène. Un point amusant et je trouve positif, c’est l’interaction entre le scénario et le personnage principal. Le personnage de Matt est un étudiant en mathématiques et qui est fan des statistiques et probabilités. Il est d’ailleurs en train de réviser la théorie des jeux au début du scénario, ce qui est totalement en raccord avec le jeu en lui-même. De ce fait, on sent que l’ensemble est fluide et cohérent et qu’une réflexion autour de ce sujet a été menée en amont.
Au niveau du gameplay, on reste plutôt passif. On regarde le film se dérouler sans vraiment agir à part pour intervenir ponctuellement. Le scénario se termine plutôt rapidement. Il faut compter environ entre 1h30 et 2h si vous faites le jeu d’une traite. Évidemment, plusieurs fins sont disponibles : 7 au total. Cependant, en commençant une seconde partie pour tenter de débloquer une autre fin en prenant d’autres décisions, on se rend compte qu’on n’est pas si libre que ça. Malgré des choix drastiquement opposés, on retombe très souvent sur une ligne principale qui remet en question la possibilité d’offrir des choix. On peut supposer que pour des raisons de budgets, plusieurs scènes ont été groupées et utilisées plusieurs fois. Mais au final, peu importe le choix que l’on fait, le scénario n’évolue pas tant que ça. Parmi les 7 fins possibles et tous les choix à disposition, on retombe très vite sur une ligne directrice imposée et qui frustre un peu lors de la seconde partie. De plus, sur toutes les fins, seule une fin unique est une « happy end ». C’est un peu dommage.
Autre problème rencontré, il n’y a pas de principe de sauvegarde dans le déroulement du film. Si vous quittez le jeu en cours de partie, vous devrez recommencer l’intégralité de la scène où vous étiez sans vraiment savoir où elle a commencé ni où elle se termine. Une sauvegarde via le menu pause n’aurait pas été de trop, surtout sur une console qui est grandement utilisée pour son mode portable. Ensuite, histoire de pinailler un peu, les scènes de combat sont vraiment mal jouées. Ca crève l’écran et c’est assez drôle quand on le remarque. Cependant, cela reste assez rare et ne nous sort pas du jeu mais il est difficile de fermer les yeux dessus une fois qu’on s’en est rendu compte. Pour finir sur une note positive, la musique est plutôt bien équilibrée. Elle reste discrète par moment et mais reprend le dessus avec de bons thèmes qui portent les scènes. Tout comme un film au final, elle est suffisamment bien utilisée pour contribuer à l’immersion.
Conclusion
En conclusion, Late Shift n'est pas un mauvais jeu mais il pourrait être bien meilleur. Il est bien trop court mais surtout, son fil rouge arbitraire nous laisse penser que nos choix ne servent à rien. On s’en rend compte avec les nombreuses scènes ré-utilisées alors que les choix ont été complètement différents d'une partie à l'autre. Néanmoins, le tout reste bien géré, soigné et intéressant mais trop peu de réel contenu. Plus de jeux de ce type seraient intéressants avec un meilleur budget et s'ils ne laissent pas un arrière goût amer quand on les termine.
LES PLUS
- Expérience originale
- Un montage surprenant
- Une bande son bien utilisée
- Un lien entre le jeu et le personnage
LES MOINS
- Rejouabilité très limitée
- Beaucoup trop court
- Pas réellement de sauvegarde
- Manque de budget flagrant dans plusieurs scènes