Solar Sail Games, studio indépendant londonien et Curve Digital, éditeur désormais connu sur les plateformes Nintendo, sortent leur jeu de rôle et de survie sur PC et Nintendo Switch. C’est un titre développé par une très petite équipe se comptant sur les doigts d’une main. Un monde ouvert sombre et mystérieux, des créatures dangereuses, une brume étrange, une histoire de maternité, nous avons tenté de survivre dans les souterrains de Smoke and Sacrifice. Voici notre test.
Le jeu raconte l’histoire de Sachi, une mère forcée d’abandonner son fils à la suite d’un rituel instauré par les anciens du village. Chaque famille doit sacrifier son premier-né à l’Arbre Solaire. L’éblouissant arbre remplace la lumière du soleil, qui a disparu, permettant ainsi de poursuivre les récoltes. On assiste donc à une cérémonie assez particulière et triste où l’enfant disparaît via une technologie steampunk inconnue. Sept ans plus tard, Sachi travaille toujours aux champs mais le village est subitement attaqué et un mystérieux personnage lui laisse entrevoir que son fils est peut-être encore en vie. Elle parvient ainsi à se faufiler dans le temple, à l’endroit même où son fils a été sacrifié, et réussit à se téléporter dans un monde souterrain complètement hostile en cherchant son fils. C’est le point de départ de cette aventure et, sans aller plus loin dans le scénario, on peut dire que la promesse scénaristique tient la route avec un début et une fin. Tout au long de notre quête, on rencontre divers PNJ qui auront besoin de notre aide en retour d’informations pour retrouver la trace du fils perdu. Cela porte essentiellement sur la recherche de ressources particulières, la neutralisation d’ennemis dérangeants ou encore la réparation d’objets.
Le monde découvert par Sachi est extrêmement dangereux et obéit à des règles spécifiques. Le premier danger qui vous entoure étant la fumée. Il y a un cycle jour/nuit et l’épaisse fumée sera présente partout la nuit, rendant les ennemis encore plus féroces. Pour ne pas être intoxiqué rapidement, il faudra se fabriquer une lanterne à base de lucioles capturées. Pour cela, il faut au préalable se fabriquer un filet. Mais comme dans le dernier Zelda, tous les objets et armes ont une durée de vie limitée. Ils s’usent ainsi plus ou moins rapidement, il faut donc veiller à toujours avoir suffisamment de matériaux si besoin. La fumée, vous apprendrez à vivre avec, l’écosystème et les créatures, c’est une toute autre histoire. Les créatures pullulent, se reproduisent, se chassent mutuellement, donnant vie à un environnement extrêmement dangereux. Et ce n’est pas pour rien que nous insistons sur ce terme. Les débuts sont très rudes, le jeu ne proposant aucun niveau de difficulté. Ainsi, on se retrouve face à des dangers à chaque instant à savoir des hérissons pouvant attaquer à distance, des sortes de poulpes explosifs, des abeilles très agressives, des poissons peu ordinaires, des robots, des spectres et autres créatures imposantes et redoutables.
Dès le début, on comprend que cela ne sera pas une partie de plaisir, le die & retry deviendra vite une habitude. Ici, le système de jeu est extrêmement punitif et force le joueur à retenter sa chance encore et encore pour y arriver. Certaines situations sont rageantes car l’équipement de notre personnage évolue mais il reste très vulnérable. Selon la puissance des coups reçus ou du nombre d’ennemis présents autour de nous, la mort arrive bien trop rapidement. Rajoutons à cela les emplacements de sauvegardes peu nombreux, il arrive parfois de lâcher la manette pour y revenir bien plus tard sous peine de frôler la crise de nerf. Oui, on est dans un jeu de survie mais il faut que ça ait du sens de mourir, que nos erreurs soient cohérentes. Ici, ce sont simplement des ennemis qui infligent des dégâts trop importants. On a vraiment l’impression que la difficulté est hyper mal dosée par moment. Côté prise en main, cela n’aide pas vraiment car Sachi peut aller de gauche à droite et de haut en bas dans ses déplacements donc la précision est moins importante lors des phases d’attaques. Elle dispose d’une esquive qui est en réalité un simple saut et des pouvoirs magiques.
Progressivement, le jeu va introduire une seconde jauge en plus de la santé, une jauge d’esprit. Cette dernière est liée au pendentif de Sachi capable de repousser la fumée et d’invoquer un bouclier de défense mais elle se consomme très vite. C’est une aide supplémentaire pour éviter de suffoquer trop vite. Le jeu étant en mode ouvert sans aucun temps de chargement, les allers retours sont fréquents, les développeurs ont ainsi positionné des tubes de voyage rapide comme dans SteamWorld Dig. Cependant, il faudra payer pour les débloquer et donc rendre service aux PNJ qui errent un peu partout à la recherche de ressources précises. Le craft est la composante centrale du jeu, il va donc falloir constamment récolter diverses ressources et les transformer. Vous pouvez créer des recettes de cuisine, des armes (couteaux, masses, bombes…), des outils (filets, marteaux…), des chaussures selon les environnements à traverser ou encore des pièges. De ce côté-là, il y a énormément à découvrir tout au long de la progression et l’inventaire va vite se remplir. Sa gestion devient très vite fastidieuse car tout est mélangé mais on peut tout de même utiliser des coffres pour stocker. Il suffit de bien gérer ses ressources, utiliser régulièrement les établis et marmites sur votre chemin pour vous équiper correctement.
Globalement, le titre dispose d’une réalisation soignée. Dessinées à la main, les illustrations de Smoke and Sacrifice sont superbes malgré les doutes exprimés par certains joueurs. On traverse le plus souvent des marécages mais aussi des plaines glacées, des villages, des terres brulantes et électriques. Il y a toujours une ambiance très sombre mais c’est voulu par le contexte et votre lanterne viendra illuminer les décors. Gros travail également sur les personnages qui sont vraiment réussis visuellement, bourrés de petits détails. Côté bestiaire, c’est varié mais on regrette fortement l’absence d’informations sur les points faibles d’un ennemi avant un combat, cela repose sur la connaissance des patterns et une certaine lassitude s’installe au bout d’un moment à force de recroiser les mêmes ennemis, on finit par les esquiver sachant que l’on débloque aussi des masques pour passer inaperçu. La bande-son est très naturelle mais peu marquante, une fois le jeu fini, on se souviendra plutôt des bruitages environnants que des mélodies d’ambiances. Rien à redire sur les différents modes d’affichages, jeu très propre à la fois sur TV et portable même si l’on note à de rares occasions des ralentissements.
Conclusion
Il a fallu s’accrocher avec Smoke and Sacrifice, le début du jeu étant très rude. Une fois un certain cap passé et un personnage suffisamment bien équipé, l’aventure fût plaisante. La promesse narrative est partiellement tenue, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de dialogues mais à un certain nombre de quêtes annexes pour espérer progresser dans l’intrigue principale. Les souterrains de ce bas-monde sont très dangereux et la mort n’est jamais très loin mais l’aspect survie est assez bien géré avec le crafting au cœur du jeu. Le système de combat reste très simple, souvent brouillon mais il parvient à s’appuyer sur les environnements pour triompher des créatures. Ce n’est pas une mauvaise expérience de survie loin de là mais on ne peut clairement pas le mettre entre toutes les mains.
LES PLUS
- Le système de craft
- Visuellement charmant
- Une histoire touchante
LES MOINS
- Des débuts bien difficiles
- Les combats trop brouillons
- La gestion de l’inventaire
- Aucune information sur le bestiaire
- De rares ralentissements