C’est un fait. La sixième extinction de masse est en cours. Il nous faut agir afin de pouvoir préserver les écosystèmes, les multiples populations animales et végétales, et par rebond, l’Homme. Si la survie de toutes les espèces s’imbrique, chacun peut agir à son échelle afin de pouvoir apporter sa pierre à cet édifice. L’urgence est telle que certains développeurs font le choix de mener ce combat aussi dans leurs jeux. Un choix honorable et qu’il nous tardait tant de découvrir… Mais le résultat est-il satisfaisant, aussi bien dans le message promulgué que dans le fun distribué aux joueurs ?
Développé et édité par Broken Rules, Gibbons : Beyond the Trees annonce son orientation dès son ouverture. Un message à l’attention des joueurs est projeté sur l’écran, soulignant la détresse de notre précieuse Nature. Une première approche qui ne peut que nous séduire, forcément sensibles à la dégradation de tout ce qui était merveilleux jadis, désormais perdu, de tout ce qui est si beau aujourd’hui mais dont la fragilité donne l’alerte. L’aventure peut débuter, tandis qu’une famille de grands singes vient à se déployer sur notre écran.
La lutte pour la survie
Le titre aidera sans mal les plus novices sur la reconnaissance des primates. Pour les autres, il ne fait nul doute que les animaux mis à l’honneur dans le soft sont des gibbons. Les couleurs utilisées sont pourtant atypiques (bonjour la vie en fluo !), mais leurs longs bras et la brachiation (le déplacement de branches en branches à l’aide des bras) ne laissent guère grande place au doute.
L’aventure débute auprès d’un couple et de leur jeune protégé. L’un des deux adultes prend le petit avec lui et commence à s’élancer dans les airs, passant avec aisance d’une branche à une autre. Nous prenons les commandes du second grand singe. Le déplacement de ce dernier est parfaitement expliqué, avec des commandes simples. Quelques petits bugs d’affichage sont néanmoins à souligner lors de la réalisation de ce test : « Maintenez R appuyé pou… ». Rien de bien affolant puisqu’il est facile et intuitif de comprendre la locomotion de notre petit héros poilu.
Le soft se concentre dans la très, très, grande majorité du temps au déplacement de ce singe, tel « un running game » un peu plus évolué, où il convient de se suspendre de branches en branches, d’arbres en arbres. La redondance des actions est donc extrême, malgré quelques nuances à apporter dans la mobilité du gibbon.
Au fil des distances parcourues, l’histoire prend bien entendu une tournure dramatique. L’essence même du soft repose sur la dénonciation de la dégradation de l’environnement, et par rebond, de la destruction des espèces. Nous ne vous en dirons pas plus afin de ne pas divulguer les quelques surprises… Même si nul doute que vous avez déjà de fortes (et probablement justes) suspicions.
Passion brachiation
Tandis que la déforestation se tiendra au gré de vos déplacements horizontaux, la prise en main se fera sans mal. Mais un certain manque de fluidité est à souligner à de multiples reprises, cassant le rythme pourtant presque dansant. Le balancement des singes provoque en effet un semblant de ballet aérien réussi, laissant place à la poésie dans un contexte qui se veut quelque peu pessimiste. L’effort graphique des développeurs reste à souligner, avec un style simple mais cohérent, dans un style qui parviendra à toucher petits et grands, sans dialogue, mais avec beaucoup de justesse malgré tout dans le choix des différents décors.
L’alternance du jour et de la nuit est présente, mais laisse supposer une activité sans arrêt de nos grands singes, qui passent leur temps à se balancer, sans même songer à se nourrir ni même à dormir. Dans les faits, la mobilité de ces animaux est réelle et peut de fait refléter une certaine réalité. Mais nous aurions apprécié davantage de vraisemblances dans le quotidien des gibbons, avec notamment une mise en lumière plus fréquente des relations entre les différents individus.
L’aventure est parfois entrecoupée de séquences mettant en scène les animaux et les alentours. Ces dernières sont bien trop courtes et auraient mérité plus de consistance. Lorsqu’on aime, on en veut toujours plus ?
L’aventure se clôture rapidement, comptez entre une et deux heures pour atteindre la fin de l’histoire principale. Par la suite, il sera possible de revenir à votre guise dans les différents chapitres du jeu, mais aussi de vous essayer à délivrer quelques espèces emprisonnées dans des cages tandis que vous déambulez toujours avec vos longs bras agiles. Une seconde aventure qui permet de rallonger quelque peu la durée de vie générale du jeu, mais qui montre néanmoins rapidement ses limites puisque le principe reste sensiblement le même que dans l’aventure principale.
Gibbon : Beyond the Trees est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 14 euros environ (actuellement en promotion à moins de 10 euros jusqu’au 10 juin prochain).
Le saviez-vous ?
Les gibbons sont capables d’accomplir des bonds de plus de 10 mètres afin de passer d’une branche à une autre ! Ces grands singes sont aussi particulièrement célèbres pour leurs cris, grands porteurs de messages, comme celui de la délimitation de leur territoire ou encore une de leurs multiples démarches pour resserrer les liens sociaux. L’esprit de famille est en effet très fort chez les gibbons, avec une fidélité exemplaire. Les partenaires restent unis pour la vie et donnent naissance à un petit tous les 3 ans environ.
Conclusion
Difficile d’être parfaitement objectifs dans un jeu dont le thème est si fort et si percutant dans nos esprits protecteurs des habitants de notre planète. Pourtant, malgré un parcours esthétiquement réussi et quelques bonnes idées sur le chemin, l’aventure de notre grand singe se veut assez répétitive et manque sensiblement de profondeur. Le manque d’activités possibles, avec pour principale et stricte ligne de conduite la brachiation, risque de laisser le joueur sur sa faim… La dénonciation portée par le soft n’en reste pas moins percutante et parfaitement louable, mais celles et ceux qui veulent véritablement prendre part à l’action pourraient bien être déçus.
LES PLUS
- Une idée de base, un point d’ancrage dénonciateur, qui ne peut que toucher les joueurs.
- Bel esthétisme général
- Bonne prise en main
LES MOINS
- Redondance des actions, peu nombreuses
- Manque de réalisme dans le quotidien des grands singes
- Quelques ralentissements à souligner
- Durée de vie courte